vendredi 29 janvier 2021

EZECHIEL 42

 

V 1 à 14 : visite des dépendances

Après le temple, le guide d’Ezéchiel poursuit sa visite par les dépendances qui jouxtent le temple. Echelonnées sur trois étages de largeur différente, réparties en cellules, les salles qui composent les dépendances servent de « réfectoire » pour les prêtres. C’est là qu’ils mangent la part des offrandes très saintes qui leur revient parmi tout ce qui est apporté par les croyants dans le temple. Tout le temps de leur service, les prêtres sont habillés d’une manière adéquate à leur fonction. Ce n’est que lorsqu’ils quittent le lieu saint pour s’approcher du peuple qu’ils se dépouillent de leurs vêtements sacerdotaux pour en revêtir d’autres. Ils laissent alors leurs vêtements de service dans les dépendances conçues à cet effet.

Deux faits notoires sont à relever au sujet des prêtres. Le premier est qu’Ezéchiel désigne nommément qui, parmi les Lévites, occupera au temps de la royauté de Christ sur terre la fonction de prêtres. Ce sont, dit-il, les descendants de Tsadok : Ezéchiel 40,46. Ce privilège n’est pas dû au hasard. Il est le résultat de la fidélité dont ont fait preuve Tsadok et ses fils au temps où ils exerçaient la sacrificature, à l’inverse d’autres qui se sont montrés traîtres, tels Abiathar qui embrassa le parti d’Adonija contre David : Ezéchiel 48,11 ; 1 Rois 1,7. Fidèle à David, le roi choisi par Dieu, Tsadok fut aussi celui qui, en son temps, oignit Salomon comme roi : 1 Rois 1,34. La distinction de Tsadok et l’élévation de sa lignée témoigne du fait que notre obéissance à Dieu n’est jamais vaine. Au jour choisi par Dieu, le Seigneur lui-même saura la valoriser en donnant à ses fidèles la grâce de jouir de prérogatives qui seront refusées à d’autres.

Le second élément que fait ressortir la description que fait Ezéchiel de l’exercice de la sacrificature est que celle-ci est amputée, au regard de celle du passé, de la fonction de grand-prêtre. Le grand-prêtre est Jésus lui-même qui, dans le ciel, se tient dans la présence de Dieu pour son peuple : Hébreux 4,14. Il est aujourd’hui et pour toujours assis à la droite de la majesté divine : Hébreux 8,1. Pour se faire, il a traversé pour nous le tabernacle plus grand et plus parfait qui n’est pas construit de main d’homme, c’est-à-dire qui n’est pas de cette création : Hébreux 9,11. L’absence de souverain sacrificateur dans le dernier temple confirme le fait que celui-ci n’existe une fois de plus que de manière temporaire. Le culte rendu en ce temp est un savant mélange de judaïsme et de christianisme. Les éléments vétérotestamentaires que l’on y retrouve n’ont pas pour objet d’annoncer, mais de rappeler ce que Christ est et a fait pour nous. Ceux qui manquent (le voile, le souverain sacrificateur) sont là pour dire qu’en Christ tout est accompli. « Ainsi donc, frères, puisque nous avons, au moyen du sang de Jésus, une libre entrée dans le sanctuaire par la route nouvelle et vivante qu’il a inaugurée pour nous au travers du voile, c’est-à-dire, de sa chair, et puisque nous avons un souverain sacrificateur établi sur la maison de Dieu, approchons-nous avec un cœur sincère, dans la plénitude de la foi, les cœurs purifiés d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’une eau pure : Hébreux 10,19 à 22. »

V 15 à 20 : le mur d’enceinte

Suite à la visite du temple et de ses annexes, le guide d’Ezéchiel le conduit au-dehors pour mesurer l’enceinte du lieu. Celle-ci formait un carré dont chaque côté mesurait 1 km ½ . Tous les commentateurs du livre sont unanimes pour dire qu’une telle surface dépasse les dimensions du mont Morija où se trouve l’emplacement du temple actuel. Est-ce à dire pour autant que la vision d’Ezéchiel nous rapporte des mesures symboliques ? Nous ne devons pas aller trop vite dans cette affirmation. La 1ère chose qu’Ezéchiel révèle dans son livre est que le temple futur ne se situera plus dans la ville, mais à quelque distance. La ville et le temple seront séparés par une portion qui sera destinée aux habitations des Lévites : Ezéchiel 45,1 à 8. D’autre part, il nous faut considérer le fait que ce n’est pas parce qu’une chose n’est pas possible aujourd’hui qu’elle ne peut l’être demain. Penser ainsi, c’est dénier à Dieu sa toute-puissance et le confiner à l’existant. Or, l’Ecriture mentionne à plusieurs reprises que les bouleversements liés à la venue du Messie affecteront profondément la géographie de la terre sainte. « L’Eternel paraîtra, et il combattra ces nations, comme il combat au jour de la bataille. Ses pieds se poseront en ce jour sur la montagne des oliviers, qui est vis-à-vis de Jérusalem, du côté de l’orient ; la montagne des oliviers se fendra par le milieu, à l’orient et à l’occident, et il se formera une très grande vallée : une moitié de la montagne reculera vers le septentrion, et une moitié vers le midi… Tout le pays deviendra comme la plaine, de Guéba à Rimmon, au midi de Jérusalem ; et Jérusalem sera élevée et restera à sa place, depuis la porte de Benjamin jusqu’au lieu de la première porte, jusqu’à la porte des angles, et depuis la tour de Hananeel jusqu’aux pressoirs du roi : Zacharie 14,3-4.10. » Plutôt que de douter, il nous faut prêter foi à la Parole qui nous est donnée. L’histoire d’Israël, depuis le début, repose sur l’impossible : la naissance d’Isaac, la sortie d’Egypte, le passage de la Mer rouge, la chute de Jéricho… Elle se terminera de la même façon qu’elle a commencé, en témoignage à la puissance de Dieu, dont l’une des vertus principales et d’appeler les choses qui ne sont pas comme si elles étaient : Romains 4,17.

Quelle est la fonction du mur d’enceinte qui entoure le temple et ses parvis ? Comme tous les autres, ce mur a valeur de séparation. Il est érigé, dit Ezéchiel, pour servir de frontière entre le saint (le lieu où se trouve le temple) et le profane (le reste du monde). Le mur franchi, on entre dans un lieu sacré, le lieu de la présence de Dieu. Ici, seules les personnes habilitées à s’y trouver peuvent s’y tenir. Aucune des activités qui s’y pratiquent n’est neutre. Toutes sont en lien direct avec le culte, la sainteté, le sacrifice qui rend possible la communion entre Dieu et les siens. Le lieu saint sera le phare qui éclairera les nations et attirera les peuples vers la montagne de l’Eternel : Esaïe 2,2 à 5. « Tous les survivants de toutes les nations venues attaquer Jérusalem, dit Zacharie, y monteront chaque année pour adorer le roi, l’Eternel, le maître de l’univers, et pour célébrer la fête des tentes : Zacharie 14,16. » « Tes portes, dit Esaïe en parlant de Jérusalem, seront constamment ouvertes, elles ne seront fermées ni le jour ni la nuit pour laisser entrer chez toi les ressources des nations, ainsi que leurs rois en cortège : Esaïe 60,11. » Que Dieu fasse bientôt rayonner sa gloire sur Jérusalem !


mercredi 27 janvier 2021

EZECHIEL 41

 

V 1 à 26 : visite de l’intérieur du temple

L’enceinte et le parvis extérieur mesurés, le guide d’Ezéchiel le fait entrer après lui dans le temple. Si le temple a une structure qui épouse les anciennes habitations de Dieu au milieu de son peuple (le tabernacle, le temple de Salomon et celui construit au temps d’Hérode), il se démarque d’elles par la disparition en son sein de certains éléments et la présence d’autres qui n’y figuraient pas auparavant. Le temple a une entrée qui mène au lieu saint, puis au lieu très saint. Dans la première partie du temple, le lieu saint, le prêtre Ezéchiel n’a pu qu’être frappé par le vide du lieu comparé à ce qui se trouvait autrefois dans le tabernacle et dans le temple de Salomon. Il n’y avait plus ni chandelier, ni table avec les pains de proposition, ni autel avec de l’encens. Seule une table vide occupait l’endroit. La table a toujours été dans l’Ecriture un symbole de communion. Alors qu’il célèbre les bons soins de l’Eternel, son berger, David exprime la sécurité qu’il trouve dans la présence de son Dieu par la table qu’il dresse devant lui face à ses adversaires : Psaume 23,5. A-t-on déjà vu deux amis s’attabler pour communier ensemble face à des ennemis qui veulent leur peau ? Peu avant sa mort, Jésus voulut instituer pour ses disciples un mémorial destiné à leur rappeler ce qu’il allait faire pour eux. C’est assis à table avec eux qu’il inaugura la première Cène, repas qui devait être perpétué par tous les croyants jusqu’à son retour : Matthieu 26,20. La Cène est la table du Seigneur : 1 Corinthiens 10,21. Qui accueille le Seigneur le fait entrer chez lui et a le privilège de souper avec lui : Apocalypse 3,20. Entrer dans le temple de Dieu, c’est depuis la venue de Jésus avoir accès direct à la communion avec lui. C’est pourquoi il n’y a désormais besoin de nul autre symbole qu’une table pour l’attester.

Que signifie être chrétien ? Quelle est l’invitation qui se cache derrière l’appel que Dieu nous adresse par son Fils ? Paul y répond ! « Dieu est fidèle, dit-il, lui qui vous a appelés à la communion de son Fils Jésus-Christ : 1 Corinthiens 1,9. » Devenir chrétien, c’est avoir communion avec Dieu par Jésus-Christ, son Fils. Dans le temple nouveau que Dieu a bâti en Christ, la communion est au cœur de tout. Elle est le fondement de notre vie avec Dieu, du privilège qui nous est octroyé de nous tenir dans sa présence. C’est pourquoi, tout au long de notre marche, il nous est demandé de veiller à ce qu’elle ne se rompe pas. Dès que le péché fait irruption dans notre vie, il nous faut le confesser de manière à ce que, par la vertu du sang de Christ, la communion entre nous et Dieu soit rétablie : 1 Jean 1,6-7. En communion avec Dieu par Jésus-Christ, nous sommes aussi en communion les uns avec les autres. C’est pourquoi nous participons ensemble à la table du Seigneur au même pain et à la même coupe : 1 Corinthiens 10,16-17. Le souhait final de l’apôtre aux Corinthiens résume à lui seul le désir qui est celui de Dieu pour chacun de nous : « Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous ! :2 Corinthiens 13,13. »

Le second élément qui ne manqua pas de frapper Ezéchiel dans sa visite du temple est l’absence du voile qui, jadis, séparait le lieu saint du lieu très saint. Il y avait, certes, des portes, mais Ezéchiel les voit ouvertes. Dans les anciennes habitations de Dieu au milieu de son peuple, le voile était porteur d’une signification prophétique capitale. « Le Saint-Esprit montrait par là que le chemin du lieu très saint n’était pas encore ouvert, tant que le premier tabernacle subsistait : Hébreux 9,8. » La présence du voile interdisant l’accès au lieu très saint indiquait que les prescriptions données par Dieu dans l’Ancienne Alliance ne pouvaient répondre parfaitement aux nécessités qui s’imposaient pour rétablir la communion entre Dieu et l’homme. Ces prescriptions, dit l’auteur de l’épître aux hébreux, étaient imposées seulement jusqu’à une époque de réforme : Hébreux 9,10. « Mais Christ est entré une fois pour toutes dans le lieu très saint, non avec le sang des boucs et des veaux, mais avec son propre sang, ayant obtenu une rédemption éternelle : Hébreux 9,12. » Il est entré dans le lieu très saint, au-delà du voile, non pour lui mais pour nous et, d’une certaine façon, avec nous : Hébreux 6,20. C’est pourquoi, au jour de sa mort, le voile du temple ancien se déchira en deux du haut jusqu’en bas : Matthieu 27,51. «Ainsi donc, frères, nous avons l’assurance d’un libre accès au sanctuaire par le sang de Jésus, accès qu’il a inauguré pour nous comme un chemin nouveau et vivant au travers du voile, c’est-à-dire de sa chair, et nous avons un grand prêtre institué sur la maison de Dieu. Approchons-nous donc d’un cœur sincère, avec une pleine foi, le cœur purifié d’une mauvaise conscience et le corps lavé d’une eau pure : Hébreux 10,19 à 22. » Purifiés par le sang de Christ, en communion avec Dieu, nous avons un libre accès à la présence de Dieu : tel est le sens de la présence des autels du sacrifice à l’entrée du temple, de la table dans le lieu saint et de l’absence de voile entre le lieu saint et le lieu très saint dans le temple nouveau.

samedi 23 janvier 2021

EZECHIEL 40

 

5ème PARTIE : LE RENOUVELLEMENT DU CULTE

CHAPITRES 40 à 48

Deux visions encadrent le livre d’Ezéchiel. La première est celle de la gloire de Dieu décrite au 1er chapitre. Elle inaugure le départ de la gloire de Dieu du pays à cause de l’idolâtrie pratiquée par ses habitants, y compris ses élites. La seconde couvre les 9 chapitres de la fin du livre. Elle est celle du temple de Dieu restauré. Elle nous parle du retour de la gloire de Dieu dans le pays après la défaite définitive des forces du mal qui animaient l’empire du monde. Au moment où Ezéchiel reçut sa première vision, il avait 30 ans. Le prophète était déjà en exil depuis 5 ans : Ezéchiel 1,1. La seconde vision lui parvint dans la 25ème année d’exil. Ezéchiel a alors 50 ans. La période qui court de 30 à 50 ans est celle de l’exercice de la sacrificature pour les prêtres destinés à cette fonction. A cause de sa situation d’exilé, Ezéchiel n’aura jamais l’occasion d’exercer la prêtrise. Dieu le consolera en lui donnant une vision qu’il est le seul dans l’Ecriture à avoir reçu : celle du temple glorieux qui sera érigé au jour de la royauté du Messie sur terre.

Si la vision que reçoit Ezéchiel est pour un temps lointain, elle fait partie intégrante du message que Dieu lui donne pour ceux qui vivent près de lui. Le plan de la maison a pour objet de les faire rougir de leur conduite : Ezéchiel 43,10. La beauté, la grandeur, la gloire du temple sont si impressionnants qu’ils ne peuvent que confondre les Israélites qui viennent de perdre le leur. Les dimensions du temple futur témoignent de l’amplitude glorieuse du projet de Dieu pour Israël… et de la folie qu’a été leur idolâtrie qui a conduit la gloire de Dieu à quitter le pays. La majesté du temple nouveau a pour objectif de conduire les auditeurs d’Ezéchiel à la repentance. La vision a aussi un but pragmatique. Elle servira en son temps de guide pour sa construction par ses architectes et ses bâtisseurs : Ezéchiel 43,11.

Qui visite un haut lieu d’architecture pour la première fois a besoin d’un guide. Ezéchiel est celui que Dieu nous a donné. Parce qu’il ne nous est pas aisé de visualiser ce que le prophète nous décrit, je vous invite à vous reporter aux vidéos citées en marge. Elles vous donneront un aperçu détaillé de la ville et du temple dont le prophète parle ici.[1] [2] [3]

CHAPITRE 40

V 1 à 4 : visite guidée

Alors qu’il se trouve à Suse en Babylonie, c’est dans le pays d’Israël qu’Ezéchiel est transporté dans la vision qu’il reçoit de son Dieu. Dès le début du récit d’Ezéchiel, il est essentiel souligner cette vérité : tout ce que le prophète va recevoir, tout ce qui va lui être montré ne relève pas de réalités qui se trouvent dans le ciel, mais qui, en un temps donné, existeront en Israël. La vision que reçoit ici Ezéchiel confirme le message qu’il a délivré dans les chapitres précédents. Si, jusqu’à la défaite Gog, la réputation de Dieu en Israël a été salie et ternie, la restauration du pays va ouvrir une ère sans pareille dans son histoire. Dieu va magnifier son nom au-delà de tout ce qui a été vu jusqu’à présent. L’opprobre attaché à l’appellation sous laquelle Dieu se désignait dans le passé, le Dieu d’Israël, ne sera désormais plus de mise. Pour toutes les nations, pour tous les peuples, les noms de Dieu et celui d’Israël, indissolublement liés, seront synonymes de gloire, de majesté et de primauté sur tout ce qui peut se nommer.

Saisi par l’Esprit de Dieu, Ezéchiel, 14 ans après la prise de Jérusalem, est déposé sur une haute montagne de son pays. Bien qu’il connaisse sa patrie, Ezéchiel n’identifie pas le lieu où il se trouve. Soit le prophète ne le reconnait pas, soit il n’a pas la liberté de le nommer. Le fait qu’Ezéchiel se retrouve sur une position dominante témoigne d’une volonté de Dieu. Dieu veut que ce qu’il va lui montrer soit vu de tous et de loin. Il veut que les réalités qui constituent l’objet de la vision dominent la vie du nouvel Israël, qu’elles soient perçues comme le centre de son existence. Encore distant de ce qui se trouve sur cette montagne, Ezéchiel discerne de loin des bâtiments qui lui font penser à une ville. Il verra plus tard que cette ville n’est autre que le temple de Dieu. Un nouveau déplacement aéroporté conduit Ezéchiel à l’entrée du lieu vu de loin, face à un homme qui va lui servir de guide. Bien qu’ayant un aspect humain, le guide d’Ezéchiel ne lui est pas semblable. Son aspect, dit-il, ressemble à celui du bronze (ou l’airain). Il avait sur lui quelque chose qui relevait à la fois de l’humain et du céleste. Le guide d’Ezéchiel tenait dans ses mains deux choses. La 1ère était un cordon de lin, outil qui servait à mesurer de grandes longueurs. La seconde était une canne, outil utilisé pour métrer des mesures courtes. L’objectif du guide n’est pas seulement de faire visiter à Ezéchiel le lieu où il se trouve. Il veut que celui-ci prenne note de tout ce qui va lui être montré et retienne les mesures qui vont être relevées pour les communiquer à la communauté d’Israël. Une telle directive n’est pas donnée pour rien. Elle suppose que le plan de ce qui va être révélé à Ezéchiel serve de guide pour le jour où la vision se réalisera. Le fait que ce rapport se trouve dans le livre du prophète témoigne qu’il a rempli fidèlement sa mission.

V 5 à 16 : vision du parvis extérieur du temple, côté Est

Conduit à l’endroit où il avait vu de loin comme une ville sur une haute montagne, Ezéchiel se trouve placé face au temple. Au vu de la place que prend dans le livre sa description détaillée, la prophétie a pour but de souligner la place centrale qu’occupera celui-ci au jour de la royauté terrestre du Messie d’Israël. La centralité du temple dans l’Israël restauré, devenu pour le monde le lieu de la manifestation de la gloire de Dieu, témoigne de la nécessité de faire du culte rendu à Dieu le noyau de la vie de l’humanité. Alors que, depuis la genèse, Dieu était rejeté à la périphérie de la vie des hommes, le règne du Messie rétablit l’ordre originel des choses. Au centre de tous les regards, de toutes les attentions, se trouve le Seigneur, à qui chacun est appelé à rendre son culte. Placé au centre de la terre, le temple, tel un aimant, est appelé à attirer vers Dieu le cœur de tous les hommes de quelque endroit qu’il se trouve. Le temple est le lieu de rassemblement des peuples autour de Dieu et autour de son peuple.

En tant que petite communauté rassemblée dans la foi autour de notre Seigneur, parfois dans de simples maisons, nous ne prêtons guère d’attention à la majesté du cadre dans lequel, dans le passé, nos pères ont voulu rendre culte à Dieu. Nous n’avons pas forcément raison sur ce point. Si le fait de nous retrouver dans des lieux de vie habituels invite nos contacts à pressentir que notre Dieu est un Dieu proche et accessible, l’architecture impressionnante des temples et cathédrales du passé suggérait d’emblée aux visiteurs de ces lieux qu’il se trouvait face à un Dieu souverain revêtu de royauté et de grandeur. Le cadre dans lequel nous rendons notre culte n’est pas le seul élément qui témoigne du Dieu auquel nous croyons. Mais il n’est pas neutre. Avec d’autres, tels notre tenue, nos attitudes, le contenu de nos chants, le saint respect que nous avons de son nom, il transmet quelque chose de la conscience que nous avons de qui il est.

La visite que fait Ezéchiel du temple qui se trouve devant lui commence par ses abords. Ezéchiel voit en premier le mur d’enceinte qui entoure le temple de tous côtés. La hauteur du mur comme sa largeur sont identiques. Elles font 3 mètres. Puis Ezéchiel entre par le côté Est dans le parvis extérieur du temple. Il franchit une porte au-delà laquelle se trouve des locaux de forme carré, ayant pour tous leurs côtés la même mesure de trois mètres. Ce qui frappe dès le début est la symétrie de la construction. Les mesures sont précises, identiques pour nombre d’éléments. Dans le passé déjà, David le faisait remarquer pour la ville de Jérusalem. « Nos pas se sont arrêtés, disait-il, dans tes portes, Jérusalem ! Jérusalem, tu es construite comme une ville qui forme un ensemble parfait : Psaume 122,3. » Dieu, dit Paul, n’est pas un Dieu de désordre : 1 Corinthiens 14,33. Il est un Dieu qui aime l’harmonie. Il a fait le corps, qui est une image de son temple, de manière à ce que chaque membre trouve sa place à l’endroit où il l’a voulu pour l’unité de l’organisme : 1 Corinthiens 12,12 à 14. La construction du corps ne relève pas d’une fantaisie, mais d’une disposition réfléchie par Dieu : 1 Corinthiens 12,24, tout comme le temple que visite Ezéchiel. Quelle impression les visiteurs de nos communautés ont-ils de notre Dieu en nous voyant ? Quelle image de sa personne nos attitudes, la façon avec laquelle nous sommes devant lui, le cadre, l’atmosphère qui se dégage de nos rencontres, leur renvoie-t-elle ? C’est à cette première réflexion que nous invite la visite guidée du temple auquel nous convie Ezéchiel ?

V 17 à 37 : les entrées

Après avoir vu l’entrée côté Est, Ezéchiel sera conduit successivement par son guide vers l’entrée Sud (v 24) et l’entrée Nord (v 35). Il y avait ainsi trois voies d’accès, à partir de l’extérieur vers le parvis intérieur du temple. Le côté Ouest ne comportait pas d’entrée pour la simple et bonne raison que le temple se trouvait adossé à ce côté. Ce triple accès au temple correspondait à une intention : celle de faciliter l’accès à tous les pèlerins venus des quatre coins du pays et du monde pour adorer. Si, dans le passé, l’accès au temple était réservé aux seuls Juifs circoncis, ce qui était marqué par le fait que le tabernacle ou le temple de Salomon ne disposaient que d’une entrée, cela n’est plus le cas ici. Paul rappelle que l’un des bénéfices de la croix est d’avoir renversé le mur qui séparait autrefois Juifs et païens : Ephésiens 2,14. L’ordre donné à Jésus à ses disciples après la résurrection est de faire de toutes les nations des disciples, ce qui sera pleinement réalisé au jour de sa royauté : Matthieu 28,19. La façon avec laquelle est conçu le temple que voit Ezéchiel n’a pas seulement pour objet de communiquer à ses visiteurs une idée de la majesté et de la grandeur de celui que l’on vient adorer. Elle est aussi porteuse d’un message d’ouverture et d’accueil de ce Dieu. Avec ses trois ouvertures, le temple semble dire avec Jésus : « Venez… ! », une invitation sans cesse réitérée dans toute la Parole de Dieu : Psaumes 34,11 ; 46,8 ; 66,5.16 ; 95,1 ; 95,6 ; 100,2 ; Esaïe 2,3.5 ; 45,20 ; 55,1.3 ; Jérémie 50,5 ; 51,10 ; Osée 6,1 ; Michée 4,2 ; Matthieu 11,28 ; 22,4 ; 25,34. « L’architecture, dit l’architecte japonais Tadao Ando, est un langage universel, une affaire de géométrie mais aussi de spiritualité. Selon les circonstances, on peut choisir un carré ou un triangle, mais, au fond, le résultat de tout cela doit être un lieu qui parle au cœur des humains.[4] »

V 38 à 43 : des tables pour les sacrifices

Poursuivant sa visite du côté de l’entrée Nord, Ezéchiel vit une salle destinée à être le lieu où étaient lavées les victimes offertes en holocaustes. De chaque côté de l’entrée du vestibule de cette salle se trouvaient deux tables sur lesquelles on devait égorger les animaux offerts en sacrifices. Les sacrifices offerts dans le temple étaient du même type que ceux définis dans le lévitique : holocaustes, sacrifices d’expiation et de culpabilité. Au total, ce fut huit tables qu’Ezéchiel dénombra en vue de cette utilisation.

La présence de ce mobilier, rattaché à la période précédant la venue de Christ, n’a pas manqué tout au long des âges d’interroger les commentateurs. Selon l’auteur de l’épître aux hébreux, une lettre destinée spécifiquement aux Juifs, la mort et la résurrection de Christ signent l’arrêt définitif du système ancien par lequel les Juifs s’approchaient de Dieu. « Les dons et les sacrifices présentés (sous l’Ancienne Alliance), dit-il, ne peuvent pas rendre parfait, sur le plan de la conscience. Avec les aliments, les boissons, les diverses ablutions et les règles relatives au corps, c’étaient des prescriptions imposées seulement jusqu’à une époque de réforme : Hébreux 9,9-10. » Cette époque de réforme survenue, on comprend mal pourquoi dans le nouveau temple érigé au temps de la royauté terrestre de Christ, il est nécessaire de réintroduire des éléments dépassés par sa venue.

Sans fournir d’explication complète, il nous faut tenir compte de ces quelques éléments de réponse. La 1ère chose dont nous devons nous souvenir est que les révélations reçues par Ezéchiel sont d’abord destinées à ses contemporains exilés. Ezéchiel exerce son ministère dans la période la plus funeste de l’histoire d’Israël. La ville de Jérusalem et le temple sont détruits. Le pays est dépossédé de ses habitants. La gloire de Dieu est bannie du pays. A vue humaine, l’avenir du peuple élu est des plus sombre. La vision qu’Ezéchiel communique a pour but de raviver l’espoir des Israélites exilés. Ce n’est pas parce qu’Israël a failli dans sa mission que Dieu est incapable d’accomplir ses promesses. La gloire de Dieu reviendra, après des siècles d’absence dans le pays. Israël sera le phare spirituel des nations qui afflueront à Jérusalem pour rendre gloire à son Dieu. La seconde chose dont il faut nous rappeler est qu’Ezéchiel s’adressant à des Juifs leur parle le langage qu’ils comprennent. Toute la culture juive de l’approche de Dieu repose sur le système lévitique des sacrifices. Le salut du monde, des nations, a dit Jésus, vient des Juifs : Jean 4,22. Est-ce pour le signifier aux nations que Dieu, d’une manière qui n’en est que l’ombre, le rappelle par ce mobilier et ces rites aux pèlerins venus du monde entier pour adorer le Dieu d’Israël ? Ne prenons-nous pas aujourd’hui la Cène dans nos Eglises dans ce but ? Les sacrifices offerts par les prêtres dans le nouveau temple n’auraient pas de vertus purificatrices, mais valeur de rappel. Il fallait pour que le péché soit expié que le sang soit versé. Christ est la victime parfaite dont les sacrifices offerts ici ne sont que l’ombre. Le dernier élément à prendre en compte est le fait que, si glorieux soit le temple présenté ici, il n’est pas la dernière habitation de Dieu parmi les hommes. Nous sommes ici encore dans un état temporel, auquel succèdera l’éternité. Or Jean le précise dans son Apocalypse : dans les temps éternels, « il n’y aura plus de temple dans la ville. Car le Seigneur Dieu tout-puissant est son temple, ainsi que l’Agneau : Apocalypse 21,22. » Le salut, la rédemption des nations passe par Israël. Le dernier temple cumule tous les symboles de la révélation dont Christ est le centre et l’accomplissement.

lundi 18 janvier 2021

EZECHIEL 39

 

V 1 à 5 : la chute de Gog

Alors qu’il partait en vainqueur et pour vaincre, c’est pour sa chute, dit Ezéchiel, que l’Eternel fera venir Gog et ses troupes sur les montagnes d’Israël. La gloire de Dieu dans le monde, dit Paul, se manifeste de deux manières. Dieu manifeste sa puissance et sa colère par des vases rebelles qu’il destine à la perdition. Il manifeste d’autre part la richesse de sa gloire par la compassion qu’il exerce envers des vases préparés pour elle : cf Romains 9,22-23. Rien dans la grande bataille finale de l’histoire, qui verra la défaite des ennemis invétérés d’Israël et la restauration de la nation, ne sera à la honte de Dieu. Il en sera de la défaite de Gog comme de celle du Pharaon ancien dont les armées furent englouties dans la Mer rouge. En ce temps, le salut d’Israël et la ruine de l’Egypte furent l’objet de la louange du peuple de Dieu à sa gloire. « Je chanterai en l’honneur de l’Eternel car il a fait éclater sa gloire, il a précipité le cheval et son cavalier dans la mer. L’Eternel est ma force et le sujet de mes louanges, c’est lui qui m’a sauvé…, chanta le peuple de Dieu : Exode 15,1 et 2. » La même réalité se reproduit ici. La victoire de Dieu sur Gog et ses troupes sera, à vue humaine, si improbable et si fracassante que le salut d’Israël ne pourra que magnifier le nom et la grandeur de son Dieu.

V 6 et 7 : destruction de Magog, le pays de Gog

 Les représailles de l’Eternel envers Gog ne se limiteront pas à la destruction de son armée sur les montagnes d’Israël. Alors que Gog et ses alliés seront sur la terre sainte, un déluge de feu s’abattra sur son pays et de multiples autres. Ce feu viendra-t-il directement du ciel ? Ou sera-t-il le fait des ennemis naturels de Gog qui, profitant de sa défaite, voudront achever l’œuvre de destruction commencée en Israël ? Les armes nucléaires que les nations ont à disposition aujourd’hui pour se faire la guerre leur suffisent largement pour rayer un continent de la carte. Que l’Eternel soit la cause première du feu qui s’abattra sur Magog, ou que celui-ci le consume par des causes secondes, le résultat est le même. Toutes les nations doivent reconnaître qu’il y a un Dieu puissant qui garde, protège et secourt Israël. La ruine complète de Gog et Magog est un événement qui fait désormais référence pour tous. Le Dieu auquel il est rendu témoignage par les hauts faits du passé dans la Bible n’est pas une fiction. Il est le seul et unique Dieu, le Dieu qui a choisi Israël comme peuple et qui s’est révélé par ses prophètes. Que toute la terre se tienne devant lui dans la crainte et le silence !

V 8 à 16 : butin et purification

Qui dira, après avoir lu ce passage du livre d’Ezéchiel, que les prophéties bibliques ne sont pas précises ? Après avoir identifié qui étaient les belligérants et le lieu de la dernière bataille qui se livrera dans ce monde, le prophète reçoit de Dieu la révélation de ce qui se produira dans le pays d’Israël suite au jugement qui décimera Gog et ses armées. Un délai de sept mois sera nécessaire pour procéder à la purification du pays tant les morts seront nombreux. Le butin pris sur l’ennemi sera si considérable que, pendant cette période, Israël n’aura nul besoin de puiser dans ses richesses naturelles pour pourvoir à ses besoins de chauffage. Il lui suffira de se servir du matériel laissé sur place par les armées vaincues. La purification complète du pays nécessitera une investigation minutieuse. Là où l’on découvrira le cadavre d’un soldat, des inspecteurs le signaleront par un repère. Puis des fossoyeurs prendront en charge la dépouille trouvée pour l’enterrer avec le reste de l’armée de Gog dans un lieu précis : la ville Hamona (foule bruyante).

Ces directives pragmatiques données ici par Dieu peuvent étonner. A-t-on besoin de tels renseignements écrits des siècles avant que les faits ne se produisent ? Les détails de la Parole de Dieu ne sont pas vains. Parce qu’ils sont vérifiables, ils crédibilisent sa véracité plus que toutes ses grandes annonces. Alors que Cyrus, le roi de Perse, n’existait pas, ni son empire, c’est lui qu’Esaïe cite comme le chef qui ordonnera la reconstruction du temple : Esaïe 44,28. Des siècles avant l’évènement, Michée prédit que c’est à Bethléem que naîtra le Messie d’Israël : Michée 5,1. Confirmée par les Evangiles, l’annonce du prophète est marquée par le sceau de l’authenticité divine. Le caractère précis des annonces faites ici par Ezéchiel ne dessert pas le poids de la prophétie donnée. Au contraire ! Il l’oblige à être vraie. Car si les détails sont explicites, le reste ne peut être que certain.

V 17 à 20 : un sacrifice offert aux rapaces

Tout au long de l’Ecriture, l’invitation au partage d’un repas est un signe fort d’accueil, d’amitié ou de déférence de la part de celui qui l’initie. Ainsi, lorsque l’Eternel apparut, accompagné de deux anges, à Abraham pour lui confirmer la naissance d’Isaac, la première chose que fera le patriarche sera de leur préparer un bon repas : Genèse 18,1 à 8. Au jour où, après avoir jugé les peuples, le Seigneur établira son règne sur le mont Sion, Esaïe dit que, pour fêter cette heure, le Seigneur préparera pour tous les peuples à Sion un festin de plats succulents et de bons vins : Esaïe 25,6. Jésus lui-même, pour signifier la communion étroite qui liera les citoyens du royaume, utilisera souvent la symbolique du repas : Matthieu 8,11 ; 22,1 à 11 : Luc 12,37 ; 13,29. Pour l’heure, c’est un type d’invités particuliers que l’Eternel demande à Ezéchiel, son serviteur, de convoquerr pour se rassasier du fruit de sa victoire : les rapaces. Comme tout être que Dieu a fait, les rapaces ont été créés pour une fonction précise. Charognards, ils sont les fossoyeurs du monde animal. Grâce à eux, les carcasses d’animaux morts ne pourrissent pas à l’air libre. Elles sont minutieusement dépecées et dévorées. La chair engloutie, il ne reste des dépouilles que les os. Au jour du carnage de Gog, l’Eternel convoquera les vautours pour un festin inédit de chair humaine. Qu’il soit prince ou simple soldat, là où seront leurs cadavres, là s’assembleront les aigles. Le spectacle de ce festin est si incongru que l’Apocalypse même s’en fait l’écho : Apocalypse 19, 17-18. Dans le monde animal, les vautours sont pour les carnassiers des aides utiles. Ils sont des indicateurs sûrs de la présence d’un cadavre. C’est aussi le rôle qu’auront, au jour du carnage de Gog, les rapaces venus se repaître de chair et de sang. Ils serviront de guide aux inspecteurs parcourant le pays pour marquer d’un repère la présence d’un humain décédé dans le combat. La nature s’unira à Israël pour fêter la victoire du grand Roi sur ses ennemis !

V 21 à 29 : l’honneur de Dieu rétabli parmi les nations

Gog et ses armées vaincues, Israël délivré et rétabli dans sa terre, l’honneur de Dieu est rétabli. Aussi compliquée et chaotique paraisse l’histoire de l’humanité, elle ne tourne en fait qu’autour d’une seule question : à qui ce monde doit-il ce qu’il est ? Alors que nos premiers parents furent créés par Dieu, le prodige du diable fut de détourner leurs cœurs de la gloire qu’ils auraient dû rendre à Dieu pour leurs vies. Depuis ce jour, la gloire qui devait être rendue à Dieu est détournée. Chaque potentat, tel un vautour se jetant sur une carcasse, cherche à s’en accaparer une part. Dieu, pourtant, face à cette situation, ne resta pas inactif. Rachetant Israël, il manifesta sa gloire en Egypte. A main forte et à bras étendu, par de multiples actes de puissance, il démontra qu’il était le vrai Dieu de l’univers. Mais Israël, le peuple qu’il élut, faillit. Il se détourna de lui pour s’attacher à de vaines idoles. Aussi Dieu l’abandonna-t-il. Vaincu par ses ennemis, Israël connaîtra l’exil, la déportation et la dispersion parmi les nations, entachant la réputation et l’honneur de son Dieu.

Pourtant, dit Dieu, « Je suis l’Eternel. Je ne donnerai pas ma gloire à un autre, ni mon honneur aux idoles… C’est pour l’amour de moi, pour l’amour de moi, que je veux agir : Esaïe 42,8 ; 48,11. » Bien qu’Israël soit délaissé pour un temps par son Dieu, il n’est pas possible que l’histoire du monde s’achève avec sa ruine. C’est pour Dieu une question d’honneur. Car Dieu s’est lié à Israël. Israël est son peuple et l’Eternel est son Dieu. La dispersion ne peut durer qu’un temps. La restauration doit la suivre afin qu’Israël sache, mais aussi toutes les nations, la vérité sous-jacente de l’histoire. Cette vérité est que l’Eternel seul est Dieu, une affirmation répétée plus de 50 fois dans le livre. Mille fois au cours de son périple, le peuple de Dieu a eu l’occasion de le voir. Mais rien ne le démontrera autant que la défaite complète, à la fin de l’histoire, des armées de la terre dans la dernière bataille conduite par Gog sur les montagnes d’Israël.

Suite à la délivrance inouïe dont elle sera l’objet, Israël ne réitérera pas le vécu qui suivit sa sortie d’Egypte. Dieu lui-même y veillera par le seul moyen lui permettant de s’assurer l’allégeance de son cœur : le don de son Esprit à chaque membre de la communauté. Israël tout entier sera alors l’Eglise de Dieu. La présence de Dieu sera si réelle et si manifeste en son sein qu’aucune nation ne s’essaiera à l’attaquer. Peuple mis à part, Israël remplira aux yeux du monde la vocation qui était la sienne dès l’origine : être au milieu des nations le témoin du Dieu saint. Pour ce peuple, il faut un temple. Le reste du livre d’Ezéchiel a pour objet de nous le décrire.

samedi 9 janvier 2021

EZECHIEL 38

 

a.       La coalition autour de Gog : v 1 à 6

De tout temps, la préoccupation première de Dieu gravite autour du sort de ses élus. L’histoire du monde ne se produit pas de manière anarchique. Elle a pour centre le peuple de Dieu. La désobéissance d’Israël, son rejet du Christ, a ouvert aux nations les portes de l’Evangile. Pendant des siècles, Israël a été écarté de l’histoire. Ce temps, pendant lequel le peuple physique du Messie a connu l’exil, n’a pas été perdu. L’Eglise de Jésus-Christ s’est développée parmi les non-Juifs, intégrant des hommes de toute nation, toute tribu, toute langue : Apocalypse 5,9. Cette période est appelée dans le langage prophétique le temps des nations : Luc 21,24. Pour autant, Israël n’est pas banni à jamais du dessein de Dieu. Enfermé pour un temps dans la désobéissance, le peuple juif n’est, pas plus que les nations, hors de portée de la grâce salvatrice et restauratrice de Dieu : cf Romains 11,28 à 32. Israël réintégré dans l’alliance, le temps des nations, marqué par la patience de Dieu, arrive à son terme. Il cède la place au jour annoncé par de nombreux prophètes, le jour de l’Eternel, jour de sa colère qui manifestera que l’Eternel est le Dieu d’Israël.

C’est, révèle Ezéchiel, par une coalition conduite par Gog, du pays de Magog, le prince de Rosh, Méshec et Tubal, que se livrera sur les terres d’Israël la bataille qui mettra fin une fois pour toutes à l’animosité des peuples contre Israël. De tout temps, bien que privés de leur territoire, les Juifs ont souffert du simple fait d’être Juifs. Accusés par les chrétiens d’être un peuple déicide, par les musulmans d’être des faussaires de la parole de Dieu, les Juifs n’ont vécu, presque nulle part, en sécurité. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que la restauration de l’Etat hébraïque provoque parmi les nations une réaction violente. Objet de la grâce de Dieu, la prospérité du peuple juif suscite bien des jalousies et éveille bien des convoitises. La coalition regroupée autour de Gog en sera l’expression concrète.

Qui est ce Gog, prince des derniers temps, qui entraînera derrière lui des peuples aussi divers que la Perse et l’Ethiopie, dans l’objectif commun d’envahir Israël pour s’accaparer ses biens ? Plusieurs indices nous aident à cerner le portrait de ce personnage. En premier, le pays de Magog, dont il est le roi, est cité dès la genèse. Magog, Méshec, Tubal et Gomer sont mentionnés comme des fils de Japhet, fils de Noé, en Genèse 10,2. Togarma était lui-même fils de Gomer. Tous ces peuples se sont constitués après le déluge, et dispersés sur la terre après l’épisode de Babel. Sur le plan géographique, Ezéchiel les situe à l’extrême Nord d’Israël, au septentrion. Si le nom de Gog apparaît ici la 1ère fois pour désigner le grand ennemi d’Israël des temps de la fin, Ezéchiel précise qu’avant lui les anciens prophètes en ont souvent parlé : v 17. On peut citer parmi eux Esaïe et, surtout, Jérémie. Alors que les Israélites se tournaient vers les faux dieux pour connaître l’avenir, Esaïe, dans un vibrant plaidoyer, rappelle que seul l’Eternel peut prédire de loin ce qui va arriver. Pour accréditer cette parole, il révèle la venue future d’un conquérant surgi du septentrion qui broiera les peuples comme le potier l’argile : Esaïe 41,25. Jérémie voit, lors de sa vocation, une marmite bouillante venir du Nord, de laquelle sortira le mal qui se déversera sur tous les habitants du pays. La vision concerne, non seulement une nation, mais tous les peuples du royaume du septentrion : Jérémie 1,15. Cette menace sera réitérée tout le long du livre : Jérémie 4,6 ; 6,1.22 ; 46,20 ; 47,2 ; 50,3. Les prophéties de Jérémie concernaient le peuple qui lui était contemporain. Elles l’avertissaient de l’invasion future du roi de Babylone. Mais elles avaient une portée plus lointaine aussi. Le prophète sépare à plusieurs reprises la Babylonie (située plutôt au nord-est d’Israël) des royaumes du septentrion, situés à l’extrême nord : Jérémie 25,26 ; 50,3.9.41 ; 51,48. Comparé au Pharaon qui retint les enfants d’Israël dans un dur esclavage, le roi du Nord figure parmi ceux qui, longtemps, ont gardé prisonniers un grand nombre d’Israélites en les empêchant de retourner dans leurs terres : Jérémie 16,15 ; 23,8 ; 31,8. Frappé par la main de Dieu, le roi du nord sera, contre son gré, contraint de libérer ses captifs, perdant du coup une main d’œuvre qui faisait sa richesse. La venue du roi du Nord sur les montagnes d’Israël scelle en quelque sorte sa revanche. Elle est une manière pour lui de récupérer son bien perdu. Il vient, dit Ezéchiel, comme une tempête (en hébreu « shoah »), terme qui, sur le plan historique récent, en dit long sur ses intentions. C’est ni plus ni moins que la dévastation totale d’Israël que la coalition nordique vise par son attaque soudaine et brutale.

A la lumière de tous ses renseignements, de nombreux commentateurs juifs et chrétiens associent la coalition nordique à une ligue d’Etats antisémites conduite par la Russie. La Russie est l’Etat qui se trouve en ligne directe à l’extrême Nord d’Israël. Outre la Russie, la coalition nordique incluerait la Turquie (Méshek et Tubal), l’Iran (la Perse), et d’autres nations moindres. Un des arguments qui plaide en faveur de cette interprétation est aussi le fait que, suite à l’effondrement de l’URSS, c’est de Russie qu’est sorti le plus gros contingent de Juifs revenus en Israël (2 à 3 millions). Avec leur départ, la Russie a perdu les cerveaux qui lui donnaient son intelligence dans nombre de domaines. Il n’est ainsi pas impossible que, jaloux de la prospérité du nouvel Etat, le roi du Nord, tel l’antique Pharaon, veuille reconquérir le nouvel Israël pour le piller de ses biens et de son savoir-faire. L’avenir nous dira si cette interprétation correspond à la réalité.

Sur le plan humain, c’est à l’initiative de Gog que cette coalition se formera. Mais, comme toujours, derrière les projets des hommes, c’est le dessein de Dieu qui s’accomplit. Sans qu’il le sache, à l’instar du Pharaon d’Egypte au temps de Moïse, Gog est l’outil que Dieu va utiliser dans les derniers temps pour provoquer le jugement des nations hostiles à Israël. Les mots utilisés pour décrire l’excitation qui va s’emparer du conquérant et le pousser à entreprendre cette guerre soulignent que la chose ne se fera pas en un jour. Gog va méditer son projet, le construire. Celui-ci va l’obséder jusqu’à s’emparer de lui totalement. Gog va en parler à ses alliés. Il va dépêcher secrètement des émissaires pour rallier d’autres, animés des mêmes sentiments que lui envers Israël. Au jour J, les troupes armées vont se lever et passer à l’attaque.

b.       Les pensées funestes de Gog : v 7 à 12

Qu’est-ce qui, au fond de lui, motive le roi de Gog à lancer cette attaque soudaine contre Israël ? Tout d’abord, Ezéchiel le souligne, le roi de Gog a une mission divine. Pour que le royaume de Dieu s’établisse, il faut que toutes les forces du mal qui agitent le monde et dressent les peuples les uns contre les autres soient anéanties. La coalition menée par Gog va être le déclencheur du jugement de Dieu sur les nations. En s’attaquant à la nation juive reconstituée, Gog ne s’en prend pas à un pays comme les autres. Il prend à parti un peuple dont l’existence relève du miracle de Dieu. Il commet la même faute que le Pharaon ancien qui, malgré toutes les preuves de l’évidence de l’action de Dieu en faveur d’Israël, s’est acharné pour sa propre perte à le poursuivre dans le but de l’assujettir à nouveau. Sorti d’une guerre qui avait comme objectif de le détruire (la seconde guerre mondiale), l’Israël d’aujourd’hui est le fait du miracle de Dieu. C’est lui désormais qui l’assure de sa protection. La fournaise de laquelle il sort ne se reproduira plus. Il y a eu une shoah contre Israël, il n’y en aura pas deux.

La seconde motivation qui pousse Gog à agir contre Israël relève d’une erreur de jugement. Gog a jaugé las capacités de défense d’Israël. Il les a comparés aux siennes cumulées à celles de ses alliés. Il a estimé que la force était largement de son côté. Au décompte des troupes qui sont avec lui, Gog a jugé qu’Israël ne fait pas le poids. Que pourrait-il face à une multitude surarmée comme elle l’est ? Dans son calcul, Gog oublie le facteur premier de la sécurité d’Israël : le Dieu qui l’a ramené à main forte et à bras étendu sur le territoire délaissé depuis des siècles par ses ancêtres exilés. Doté ce jour d’une des meilleures armées du monde, le nouvel Israël, face à Gog, devra apprendre que son salut ne se trouve pas dans sa force militaire, mais en Dieu seul. Si ce n’est lui qui agit, tous ses équipements et son arsenal seront vains pour le sauver.

La 3ème motivation mise en avant par le prophète est l’emplacement géographique d’Israël. Israël est le centre, littéralement le nombril de la terre. Placé au carrefour de trois continents, Israël est comme le pivot autour duquel tourne le monde. « La Palestine, a dit Rudyard Kipling, est la boucle du ceinturon qui entoure le monde. » Il y a pour Gog un intérêt stratégique évident à conquérir Israël. Par lui, il a, par exemple, accès à des débouchés maritimes qui lui seraient fermés autrement. Toutes les conquêtes guerrières ont pour objectif des enjeux géostratégiques. La dernière n’y échappera pas.

La dernière motivation tient au butin que Gog espère récupérer en s’assujettissant le peuple juif. La reconstitution d’Israël, chacun le sait, n’est pas seulement le miracle de la renaissance d’un peuple, retrouvant sa terre et sa langue, disparu de l’échiquier du monde depuis des siècles. Il est aussi le témoin d’un prodige économique sans pareil. Grenier du monde, terreau de cerveaux à la pointe de la technologie, Israël domine les peuples par son intelligence et son savoir-faire. La concentration de talents si grands dans un espace si restrient ne peut qu’exciter la convoitise. Gog ne vient pas en Israël pour traiter une alliance, mais pour le piller de ses richesses… qui sont autant de signes de la bénédiction divine sur son peuple reconstitué. Il devra apprendre que si l’on peut voler des hommes, on ne vole pas Dieu.

c.       Réaction du reste des nations : v 13 à 16

Si Israël est la première nation concernée par l’attaque de la coalition nordique, elle n’est pas la seule. Le monde est ainsi fait que tout mouvement qui se produit sur l’échiquier international perturbe l’ensemble des peuples. A la vue des troupes menées par Gog, déferlant de l’extrémité du septentrion, plusieurs nations vont s’interroger. Quelles sont les visées de Gog ? Pour quelles raisons mène-t-il cette attaque soudaine sur Israël ? Le pillage de ses ressources est-il son seul but ? Les interrogations viendront aussi bien de peuples du continent africain (Seba et Dedan) que du côté des nations bordant la Méditerranée (Tarsis). A priori, la réaction première ne sera pas militaire. On sait cependant, par les deux dernières guerres mondiales qui se sont produites, que rapidement un conflit de l’ordre de celui qui nous est présenté ici, ne peut que s’étendre au monde entier.

Derrière l’internationalisation du conflit, c’est le projet ultime de Dieu qui se met en œuvre. Ezéchiel l’a dit précédemment : c’est entraîné par Dieu que Gog sortira de son territoire avec ses alliés pour conquérir Israël : v 4. La guerre de Gog est le grand rendez-vous fixé par Dieu avec toutes les nations. C’est la dernière guerre, celle qui verra les armées du monde se rencontrer toutes au même endroit pour leur jugement : Zacharie 12,9. « Je rassemblerai, dit Dieu, toutes les nations pour qu’elles attaquent Jérusalem… Puis l’Eternel sortira et combattra ces nations, comme il combat le jour de la bataille : Zacharie 14,2.3. » Le jour de la bataille des peuples contre Jérusalem et l’Israël restauré sera le jour de l’Eternel, jour de colère et de fureur annoncé par de multiples prophètes : Esaïe 8,9-10 ; 24,21 à 23 ; Michée 4,11 à 14 ; Habakuk 3,7 à 15 ; Sophonie 1,14 à 18 ; 3,6 à 8 ; Jérémie 30. Joël en précise le lieu, la vallée de Josaphat : Joël 4,1 à 3 (l’Harmaguédon de l’Apocalypse : Apocalypse 16,14 à 16). La suite du récit d’Ezéchiel nous raconte, à la manière d’un reporter, ce qui arrivera ce jour-là.

d.       Stupeur et tremblement : v 17 à 23

Quelles que soient leur nature, les œuvres de Dieu ne se font jamais dans la précipitation. C’est longtemps d’avance que Dieu prépare les évènements qui mettent en route la réalisation de ses projets. La chute de l’Assyrien est soudaine, mais cela fait des lustres que le bucher est préparé pour lui : Esaïe 30,33. Satan sera, à la fin des temps, jeté dans l’étang de feu et de souffre. Mais le feu éternel qui lui est destiné est prêt depuis des siècles : Matthieu 25,41. Le jour de l’Eternel est proche, dit Sophonie, car l’Eternel a préparé un sacrifice : Sophonie 1,7. Qui lit la Parole de Dieu n’a nul besoin de consulter les voyants et les devins. Par elle, Dieu nous fait connaître longtemps à l’avance ses projets. La Bible ne nous relate pas seulement les hauts faits passés de Dieu. Elle nous révèle aussi de manière explicite comment se finit l’histoire. La déclaration de guerre du roi de Gog contre Israël sera subite. Mais depuis des millénaires, l’événement a été rapporté par les prophètes. Il suffit donc au peuple de Dieu de lire les Ecritures pour savoir à quoi s’en tenir.

Il y a dans l’histoire un jour particulier où la colère longtemps contenue de Dieu contre ses ennemis va exploser. C’est, dit Ezéchiel, le jour où Gog débarquera avec ses armées sur les montagnes d’Israël. Les peuples, avant ce jour, ont pu traiter Israël comme ils l’ont voulu. Ils se sont partagé son territoire. Ils ont disséminé sa population parmi toutes les nations : Joël 3,2. Mais l’heure est venue pour elles en ce jour de rendre compte de leurs exactions. Car, dit l’Eternel, qui touche à Israël touche à la prunelle de ses yeux, l’endroit le plus sensible de son être : Zacharie 2,8. Au jour où Gog pénétrera sur la terre d’Israël, il n’y a aucune nation qui ne ressentira le courroux de Dieu et n’en constatera stupéfaite les effets. Un tremblement de terre énorme secouera le pays et, de là, toute la surface de la terre. Les échos de ce séisme terrible et unique se font entendre dans bien des endroits dans l’Ecriture : Apocalypse 6,12 à 16 ; 11,3 ; 16,18 à 20 ; Aggée 2,6-7. Les montagnes seront renversées, les falaises s’écrouleront et toutes les murailles tomberont à terre. Des tsunamis énormes agiteront les océans provoquant la frayeur de ses occupants. Les dépôts de grêle longtemps réservés pour le jour de la bataille : Job 38,22-23, seront lâchés : Apocalypse 11,19 ; 16,21. Quel que soit le lieu où se trouvent hommes et animaux, chacun le comprendra : ce qui se passe ici n’est pas l’expression de phénomènes naturels. Dieu est en grande colère et il le fait savoir !

Alors que, sur ordre de Dieu, les éléments se déchaînent, sur le terrain militaire, le scénario qui se produisit au temps du roi Josaphat se répète : Joël 3,2.12. Israël n’aura pas à combattre. De ses yeux, il contemplera ce que Dieu est capable de faire quand sa main agit. Le récit de la bataille qui se livra au temps de Josaphat anticipe dans le détail le déroulé des évènements qui scelleront le sort de Gog et de ses armées. L’Eternel, dit le texte, plaça une embuscade contre la coalition qui réunissait les Ammonites, les Moabites et les habitants de la région montagneuse de Séir. Ils se dressèrent alors les uns contre les autres et finirent par se massacrer sous les yeux du peuple de Dieu : 2 Chroniques 20,22-23. Il en sera de même, dit Ezéchiel, avec la coalition conduite par Gog. Ils s’entretueront et retourneront leurs armes les uns contre les autres, épargnant le peuple de Dieu : v 21 ; Zacharie 14,13. Leurs épées, sorties contre Israël, seront l’instrument de leur propre jugement. Ainsi, dit Dieu, je manifesterai ma sainteté et me ferai connaître aux yeux de beaucoup de nations. Elles reconnaîtront alors que je suis l’Eternel.

samedi 2 janvier 2021

EZECHIEL 37

 

V 1 à 14 : la résurrection d’Israël

a.       Vision des ossements desséchés : v 1 à 3

Le chapitre 36 se termine par une promesse certaine. L’exil, la déportation des Israélites de leur pays n’est pas le dernier chapitre de leur histoire. La terre dévastée d’Israël sera de nouveau habitée. Si la prophétie est source d’espoir, il est possible qu’elle ait rencontré chez ceux qui l’entendaient un certain scepticisme. Comment Israël pouvait-il renaître ? Des morts peuvent-ils revivre ? Avec quelle force les Israélites pourraient-ils reconquérir leur terre ?

Une fois de plus, la vision dont va être l’objet Ezéchiel le démontre. Lorsque Dieu fait une promesse, c’est en vertu de sa puissance qu’il l’accomplit. Lorsque Dieu parle, la chose arrive, lorsqu’il l’ordonne, elle existe : Psaume 33,9. Incrédule de nature, le peuple de Dieu a trop souvent besoin de voir pour croire. Aussi l’Eternel va-t-il donner à Ezéchiel une visualisation sans équivoque de l’avenir d’Israël. La vision sera si stupéfiante et improbable qu’elle ne pourra que conforter la faible foi de ceux qui, malgré leurs doutes, veulent croire à la parole de Dieu. Croire que Dieu peut relever un malade est relativement aisé pour la foi. Mais qui aurait l’audace de s’attendre à ce qu’il ressuscite un mort ? C’est pourtant ce miracle de la résurrection qu’Ezéchiel va proposer par l’Esprit de Dieu à la foi de ses contemporains.

Pour se faire, Dieu transporte le prophète à un endroit qu’il ne situe pas : une vallée. Celle-ci n’est pas comme les belles vallées d’Israël, tapissées de champs de fleurs et égayées par des arbres fruitiers colorés. La vallée est un ossuaire, pleine d’ossements desséchés. Tout, dans ce lieu, respire la mort et le désespoir. Lorsque la vie est encore là, chacun se dit qu’il y a encore un espoir. Mais lorsque la mort a fait son œuvre, que peut-on encore espérer ? Si encore, la mort venait juste de se produire ! On verrait les corps dans leur entier, encore chauds de la vie qui les habitait. Mais que faire d’os qui paraissent être là depuis des décennies, si ce n’est des siècles ?

L’Eternel interroge Ezéchiel. Que pense-t-il ? Croit-il possible que les ossements qu’il a sous les yeux puissent revivre ? Le prophète est prudent dans sa réponse. Il ne se montre ni incrédule, ni présomptueux. Dans le 1er cas, il aurait nié la capacité de Dieu d’opérer un tel prodige. Dans le second, il aurait fait preuve d’une témérité dans la foi qui sortirait de l’humain. Ezéchiel préfère laisser à Dieu le soin de répondre lui-même à la question. La question à laquelle Dieu le sollicite de répondre n’entre pas dans des catégories qui relève des limites humaines. Elle est du ressort de la seule volonté et puissance de Dieu. La résurrection d’un être ne peut se faire que si Dieu le décide. Elle est la marque par excellence de la puissance de Dieu. C’est pourquoi, sage comme il est, Ezéchiel refuse de prendre une position quelconque.

b.       Prophétie sur les os : v 4 à 8

Il ne suffit pas à l’Eternel de communiquer à Ezéchiel la vision qui est la sienne sur l’avenir d’Israël. L’Eternel veut associer le prophète à la réalisation de celle-ci. Aussi, après l’avoir questionné sur le devenir des ossements desséchés qu’il lui a montré, le Seigneur va un pas plus loin avec son serviteur. Dieu lui révèle ce qu’il va faire et, suite à cette révélation, il donne l’ordre à Ezéchiel d’enclencher par l’oracle de sa prophétie le processus de résurrection de la nation. La parole de Dieu, prononcée par le média qu’est le prophète, opère avec la même puissance que si elle sortait de la bouche de Dieu. Alors qu’il parle, les os desséchés amoncelés dans la vallée se mettent en mouvement. Ils se rapprochent les uns des autres. Des nerfs leur apparaissent, la chair se met à croître sur eux. Et bientôt des êtres humains habillés de leurs peaux, paraissent devant le prophète. Le miracle de la résurrection physique d’Israël se produit sous les yeux d’Ezéchiel. Elle est la première étape de la vision. Pour l’heure, le peuple de Dieu existe. Mais il lui manque encore l’essentiel. Aucun esprit ne l’anime. Les corps que voit Ezéchiel sont reconnaissables. Mais ils ne sont pas encore debout, mais couchés. Ils ont l’apparence d’être, mais ne sont pas encore.

Cette première étape est celle que nous connaissons aujourd’hui. Depuis 70 ans, Israël figure de nouveau parmi le cortège des nations. Des villes ont été reconstruites. Le Néguev, jadis mort, est redevenu un jardin arrosé. Mais la nation n’a pas renouée avec son Dieu. Israël a un parlement, un président. Il est à la pointe de la technologie et du savoir-faire mondial dans de nombreux domaines. Mais, sur le plan spirituel, il est un peuple qui ne diffère quasiment en rien des autres. Il manque à Israël la vie que l’Esprit de Dieu seul peut donner. La promesse de Dieu est cependant certaine. Il n’a pas qu’en vue de redonner à Israël sa terre, ses villes, sa capitale. « C’est mon Esprit que je mettrai en vous, a-t-il promis : Ezéchiel 36,22. » C’est le grand miracle de la période finale de l’histoire qu’attendent tous les vrais croyants. La première étape de la prophétie accomplie, il est impossible que la seconde ne se réalise pas.

c.       Prophétie à l’intention de l’Esprit : v 9 à 14

Pour la seconde fois, Dieu fait participer Ezéchiel à la mise en œuvre du processus qui va parachever la résurrection d’Israël. C’est le privilège des serviteurs de Dieu d’être, non seulement visionnaires, mais encore ouvriers avec lui. Dieu pourrait faire son œuvre sans eux. Mais il se plaît à travailler avec eux en leur conférant à la fois sa parole et son autorité. Mesurons-nous la grâce qui nous est faite d’avoir part à la connaissance de ses desseins, puis d’y entrer pour en être acteur ? Rien n’est plus valorisant, nous le savons, d’être au moment voulu parmi ceux qui font l’histoire. Inspirés par Dieu, chaque jour, nous entrons dans les œuvres qu’il a préparées d’avance pour nous afin que nous les pratiquions : Ephésiens 2,10. Nous construisons pierre après pierre le royaume de Dieu. Que notre fierté soit, comme pour Ezéchiel, d’être les outils par lesquels il fait son ouvrage aujourd’hui ici-bas.

Alors que la première parole d’Ezéchiel s’adressait aux os desséchés de la nation d’Israël, c’est l’Esprit que le prophète de Dieu doit solliciter pour parachever l’œuvre de résurrection de la nation. Il n’est, disons-le nettement, dans le pouvoir d’aucun homme de commander l’œuvre de l’Esprit. Jésus lui-même l’a certifié : l’Esprit de Dieu est souverainement libre. Il agit comme il veut et lorsqu’il le veut : Jean 3,8. En ordonnant à l’Esprit d’agir, Ezéchiel ne prend pas autorité sur lui. Il n’agit pas sur une décision de sa propre volonté, mais en obéissance à un ordre reçu. Ezéchiel est rendu participant d’une vision dont l’accomplissement n’a pas lieu sur le champ, mais dans l’avenir. La finalité de l’œuvre de Dieu lui ayant été révélé, Dieu lui commande d’agir par la foi dans sa parole donnée. Ezéchiel ne commande pas Dieu. Il est, par sa grâce, ouvrier avec lui, semblable à celui qui recevrait l’ordre d’appuyer sur l’interrupteur pour que la lumière jaillisse après que l’électricien eut terminé les travaux d’installation du circuit électrique.

La parole prophétique d’Ezéchiel proclamé, le miracle se produit. Le prophète voit les corps sans vie s’animer et se lever. Bientôt c’est aune armée nombreuse qui se met en mouvement. En conclusion, Dieu rappelle à son serviteur le sens de la vision reçue. Elle a pour objet de ranimer l’espoir dans les cœurs du peuple exilé. Dans l’état dans lequel il se trouve, il a perdu toute espérance. Il pense avoir atteint, à cause de ses péchés, le point de non-retour. La belle histoire d’Israël, peuple sorti de l’esclavage pour être une nation libre sous la conduite de son Dieu, est finie. C’est compter sans la puissance de l’Esprit de Dieu, Esprit de vie et de résurrection. C’est cet Esprit qui, le 3ème jour, a relevé Jésus de la mort, et ravivé l’espérance éteinte des disciples : cf Luc 24,21. Ce que Dieu a fait pour Jésus, il l’a aussi fait d’une autre manière pour ses disciples. Evoquant la vie nouvelle reçue, Paul dira : Il nous a ressuscités avec Christ… : Ephésiens 2,6. L’Eglise est le témoignage vivant que Dieu peut constituer une nation d’êtres renouvelés à partir d’hommes en état de décomposition spirituelle. La résurrection de Jésus, prémices de toutes les autres : 1 Corinthiens 15,20, est la garantie de la réalisation de la vision prometteuse d’Ezéchiel à l’égard d’Israël ! Que bientôt la vie de l’Esprit ressuscite le peuple d’Abraham, d’Isaac et de Jacob !

V 15 à 28 : un seul peuple

a.       Illustration : v 15 à 19

L’un des épisodes les plus tragiques de l’histoire d’Israël fut sans nul doute la division du royaume en deux Etats séparés. Cette scission se produisit après Salomon, à l’aube du règne de Roboam, son fils. Elle fut actée par le ralliement de dix tribus sur douze à Jéroboam : cf 1 Rois 12. Le royaume davidique fut désigné comme celui de Juda et le reste des tribus garda le nom d’Israël. Dans le langage prophétique, la partie séparée de Juda fut souvent associée à Ephraïm : Esaïe 7,17. Fils cadet de Joseph après Manassé, Ephraïm est celui qui, dès l’origine, fut l’objet de la préférence de Dieu quant aux bénédictions futures : Genèse 48,8 à 20. A ce sujet, Juda n’était pas en reste. A la mort de Jacob, père de toutes les tribus, c’est à lui que le patriarche fera la promesse de la royauté sur ses frères jusqu’à la venue du Shilo (le Conducteur) issu de sa descendance : Genèse 49,8 à 10. La séparation des tribus fut une coupure entre deux clans, objets chacun de promesses reçues de Dieu. Il n’était pas possible au jour futur de la résurrection de la nation qu’un tel état de fait perdure. Ezéchiel reçoit ici l’ordre d’annoncer la réunion des deux anciens Etats en un seul, par une illustration accessible à la compréhension de tous.

Sous les yeux des Israélites présents, Ezéchiel prit un premier morceau de bois portant le nom de Juda. Puis il en prit un second portant le nom de Joseph, père d’Ephraïm. Sur l’ordre de Dieu, il rapprocha les deux bois l’un de l’autre pour qu’ils n’en deviennent qu’un. La démonstration était limpide. Alors que, depuis des siècles, Israël est divisé en deux, à l’avenir le peuple de Dieu sera un. Le bois de Joseph ne sera plus séparé de celui de Juda, mais lié à lui. Car c’est de Juda que vient le salut de la nation, selon la promesse formulée jadis par Jacob. La scission d’Israël n’a jamais été dans la pensée de Dieu. Elle est le fruit amer de l’idolâtrie et de l’orgueil humain, la conséquence de l’infidélité de Salomon dans ses derniers jours : 1 Rois 10,31 à 35. Par l’exil, Dieu va mettre le passé de la nation à plat. Les compteurs seront remis à zéro. La grâce dont l’Israël nouveau sera l’objet solutionnera tous les anciens contentieux. C’est ce qu’Ezéchiel va maintenant préciser.

Assurément, il ressort de l’histoire d’Israël que c’est du péché des hommes que surgissent les divisions dans le peuple de Dieu. Les sectes, dit Paul, sont inévitables : 1 Corinthiens 11,19. Elles sont un mal qui a le mérite de mettre en évidence ceux qui sont attachés à la vérité et les autres. A long terme, le fractionnement du christianisme en multiples partis n’est pas une bonne chose. La prière de Jésus pour ses disciples, avant son départ, plaide pour l’unité, non pour la segmentation : Jean 17,20-21. La prophétie d’Ezéchiel souligne que seul Dieu a le pouvoir d’unir à nouveau ce que l’homme a séparé. Ce que Dieu fera pour Israël, il a le pouvoir de le réaliser aussi pour l’Eglise. La persécution, l’épreuve, l’exil en sont l’un des moyens. Ensemble, dans la peine, le chagrin, la survie, il n’y a plus de séparation. Nous nous retrouvons tous aux pieds de notre Seigneur, unis et frères. Le moment de la grande remise à zéro du compteur de l’Eglise est du ressort et de la capacité de Dieu seul ! Que Dieu nous préserve cependant les uns et les autres d’être une cause de division parmi son peuple !

b.       Le fondement de l’unité : v 20 à 28

Selon certains sites Internet, le grand but poursuivi par les élites de ce monde est de procéder à une réinitialisation complète du monde. Par elle, c’est son unité qui est visée, unité qui, seule, peut garantir sa paix et sa sécurité. Avant celle du monde, Ezéchiel révèle que c’est à la réinitialisation d’Israël que son Dieu travaille. Celle-ci inclut, comme le prophète vient de le figurer, le retour de la nation en une seule entité. Sur quoi repose l’unité future d’Israël ? Quels en sont les fondements-clés ? C’est ce qu’Ezéchiel nous dit ici !

Pour procéder à la résurrection d’Israël, Dieu le prend là où il se trouve au moment où il entreprend d’agir. Israël exilé, dispersé parmi les nations, doit être rassemblé. C’est la première étape du processus qui conduit à son rétablissement. Le miracle s’est opéré sous nos yeux et se poursuit encore de nos jours. De tous les coins et de tous les pays du monde, les Juifs partent pour faire leur alya, c’est-à-dire leur retour en terre d’Israël. Mort physiquement, déraciné, Israël, en tant que peuple, revit, existe à nouveau. Il n’est pas une semaine dans l’année qui ne nous rappelle le miracle de la renaissance de la nation hébraïque. Après des siècles d’exil, de dispersion, Israël se retrouve, non plus divisé en deux Etats, mais réuni en un seul. Le fait n’est jamais souligné. Mais, par la reconstitution de la nation en une seule entité, la réinitialisation politique du pays s’est accomplie. Elle n’est pas la plus capitale, mais elle était nécessaire pour que la seconde phase du processus de renouveau, d’ordre spirituel, se réalise. La pérennité future d’Israël ne dépend, en effet, pas seulement de son unité étatique. Israël, un temps, fut un seul peuple, conduit par un seul souverain élu par Dieu. Mais cet état de fait ne suffît pas pour le garder uni. L’idolâtrie entraîna sa division. Il faut donc, pour assurer la sécurité à venir de la nation, plus qu’un retour physique dans sa terre. Il lui faut une réinitialisation spirituelle. C’est ce que Dieu va opérer en elle et que nous attendons encore.

La vraie renaissance d’Israël nécessite plus qu’une résurrection physique. Elle requiert la purification complète de toutes les idoles dont le peuple s’est entiché dans le passé et le rejet de tous les crimes commis autrefois. Pour se faire, Israël doit revenir de tout son cœur à son Dieu et se placer volontairement sous la gouvernance de David, le roi que Dieu lui a choisi. Ce n’est que sous son autorité que le cœur du peuple sera disposé à mettre en pratique sa parole et suivre ses prescriptions. Cette royauté davidique éternelle dont parle Ezéchiel, est celle de Jésus-Christ, le Messie et Fils de David : Matthieu 1,1 ; 22,43 à 45. La conversion de tout Israël à Jésus-Christ est l’élément clé de sa pérennité. C’est vers elle que pointe toute l’espérance eschatologique dessinée par Paul pour l’avenir : Romains 11,11 à 14,25-26. Opérée dans le cœur des Israélites, ceux-ci n’auront plus jamais à craindre l’errance et le déracinement. Leurs enfants et petits-enfants pourront s’établir à jamais dans le pays. L’alliance de paix conclue avec eux par Dieu sera une alliance éternelle, irrévocable. Elle sera garantie par la présence même de Dieu au milieux d’eux, dans le sanctuaire qui lui sera bâti. A leur tour, après Israël, les nations reconnaîtront que son Dieu est le vrai Dieu et son Roi le seul digne de régner. Alors s’opérera la grande réinitialisation du monde sous l’autorité du Christ-Jésus, seul capable d’annuler pour toujours les effets destructeurs et diviseurs de l’idolâtrie et du péché.