V 1 à 14 :
la résurrection d’Israël
a.
Vision des ossements desséchés : v 1 à 3
Le chapitre 36 se termine par une
promesse certaine. L’exil, la déportation des Israélites de leur pays n’est pas
le dernier chapitre de leur histoire. La terre dévastée d’Israël sera de
nouveau habitée. Si la prophétie est source d’espoir, il est possible qu’elle
ait rencontré chez ceux qui l’entendaient un certain scepticisme. Comment
Israël pouvait-il renaître ? Des morts peuvent-ils revivre ? Avec
quelle force les Israélites pourraient-ils reconquérir leur terre ?
Une fois de plus, la vision dont
va être l’objet Ezéchiel le démontre. Lorsque Dieu fait une promesse, c’est en
vertu de sa puissance qu’il l’accomplit. Lorsque Dieu parle, la chose arrive,
lorsqu’il l’ordonne, elle existe : Psaume 33,9.
Incrédule de nature, le peuple de Dieu a trop souvent besoin de voir pour
croire. Aussi l’Eternel va-t-il donner à Ezéchiel une visualisation sans
équivoque de l’avenir d’Israël. La vision sera si stupéfiante et improbable
qu’elle ne pourra que conforter la faible foi de ceux qui, malgré leurs doutes,
veulent croire à la parole de Dieu. Croire que Dieu peut relever un malade est
relativement aisé pour la foi. Mais qui aurait l’audace de s’attendre à ce
qu’il ressuscite un mort ? C’est pourtant ce miracle de la résurrection
qu’Ezéchiel va proposer par l’Esprit de Dieu à la foi de ses contemporains.
Pour se faire, Dieu transporte le
prophète à un endroit qu’il ne situe pas : une vallée. Celle-ci n’est pas
comme les belles vallées d’Israël, tapissées de champs de fleurs et égayées par
des arbres fruitiers colorés. La vallée est un ossuaire, pleine d’ossements
desséchés. Tout, dans ce lieu, respire la mort et le désespoir. Lorsque la vie
est encore là, chacun se dit qu’il y a encore un espoir. Mais lorsque la mort a
fait son œuvre, que peut-on encore espérer ? Si encore, la mort venait
juste de se produire ! On verrait les corps dans leur entier, encore
chauds de la vie qui les habitait. Mais que faire d’os qui paraissent être là
depuis des décennies, si ce n’est des siècles ?
L’Eternel interroge Ezéchiel. Que
pense-t-il ? Croit-il possible que les ossements qu’il a sous les yeux
puissent revivre ? Le prophète est prudent dans sa réponse. Il ne se
montre ni incrédule, ni présomptueux. Dans le 1er cas, il aurait nié
la capacité de Dieu d’opérer un tel prodige. Dans le second, il aurait fait
preuve d’une témérité dans la foi qui sortirait de l’humain. Ezéchiel préfère
laisser à Dieu le soin de répondre lui-même à la question. La question à
laquelle Dieu le sollicite de répondre n’entre pas dans des catégories qui
relève des limites humaines. Elle est du ressort de la seule volonté et
puissance de Dieu. La résurrection d’un être ne peut se faire que si Dieu le
décide. Elle est la marque par excellence de la puissance de Dieu. C’est
pourquoi, sage comme il est, Ezéchiel refuse de prendre une position quelconque.
b.
Prophétie sur les os : v 4 à 8
Il ne suffit pas à l’Eternel de
communiquer à Ezéchiel la vision qui est la sienne sur l’avenir d’Israël.
L’Eternel veut associer le prophète à la réalisation de celle-ci. Aussi, après
l’avoir questionné sur le devenir des ossements desséchés qu’il lui a montré,
le Seigneur va un pas plus loin avec son serviteur. Dieu lui révèle ce qu’il va
faire et, suite à cette révélation, il donne l’ordre à Ezéchiel d’enclencher
par l’oracle de sa prophétie le processus de résurrection de la nation. La parole
de Dieu, prononcée par le média qu’est le prophète, opère avec la même
puissance que si elle sortait de la bouche de Dieu. Alors qu’il parle, les os
desséchés amoncelés dans la vallée se mettent en mouvement. Ils se rapprochent
les uns des autres. Des nerfs leur apparaissent, la chair se met à croître sur
eux. Et bientôt des êtres humains habillés de leurs peaux, paraissent devant le
prophète. Le miracle de la résurrection physique d’Israël se produit sous les
yeux d’Ezéchiel. Elle est la première étape de la vision. Pour l’heure, le
peuple de Dieu existe. Mais il lui manque encore l’essentiel. Aucun esprit ne
l’anime. Les corps que voit Ezéchiel sont reconnaissables. Mais ils ne sont pas
encore debout, mais couchés. Ils ont l’apparence d’être, mais ne sont pas
encore.
Cette première étape est celle
que nous connaissons aujourd’hui. Depuis 70 ans, Israël figure de nouveau parmi
le cortège des nations. Des villes ont été reconstruites. Le Néguev, jadis
mort, est redevenu un jardin arrosé. Mais la nation n’a pas renouée avec son
Dieu. Israël a un parlement, un président. Il est à la pointe de la technologie
et du savoir-faire mondial dans de nombreux domaines. Mais, sur le plan
spirituel, il est un peuple qui ne diffère quasiment en rien des autres. Il
manque à Israël la vie que l’Esprit de Dieu seul peut donner. La promesse de
Dieu est cependant certaine. Il n’a pas qu’en vue de redonner à Israël sa
terre, ses villes, sa capitale. « C’est mon Esprit que je mettrai en
vous, a-t-il promis : Ezéchiel 36,22. »
C’est le grand miracle de la période finale de l’histoire qu’attendent tous
les vrais croyants. La première étape de la prophétie accomplie, il est
impossible que la seconde ne se réalise pas.
c.
Prophétie à l’intention de l’Esprit : v 9 à 14
Pour la seconde fois, Dieu fait
participer Ezéchiel à la mise en œuvre du processus qui va parachever la
résurrection d’Israël. C’est le privilège des serviteurs de Dieu d’être, non
seulement visionnaires, mais encore ouvriers avec lui. Dieu pourrait faire son
œuvre sans eux. Mais il se plaît à travailler avec eux en leur conférant à la
fois sa parole et son autorité. Mesurons-nous la grâce qui nous est faite
d’avoir part à la connaissance de ses desseins, puis d’y entrer pour en être
acteur ? Rien n’est plus valorisant, nous le savons, d’être au moment
voulu parmi ceux qui font l’histoire. Inspirés par Dieu, chaque jour, nous
entrons dans les œuvres qu’il a préparées d’avance pour nous afin que nous les
pratiquions : Ephésiens 2,10. Nous
construisons pierre après pierre le royaume de Dieu. Que notre fierté soit,
comme pour Ezéchiel, d’être les outils par lesquels il fait son ouvrage
aujourd’hui ici-bas.
Alors que la première parole
d’Ezéchiel s’adressait aux os desséchés de la nation d’Israël, c’est l’Esprit
que le prophète de Dieu doit solliciter pour parachever l’œuvre de résurrection
de la nation. Il n’est, disons-le nettement, dans le pouvoir d’aucun homme de
commander l’œuvre de l’Esprit. Jésus lui-même l’a certifié : l’Esprit de
Dieu est souverainement libre. Il agit comme il veut et lorsqu’il le
veut : Jean 3,8. En ordonnant à l’Esprit
d’agir, Ezéchiel ne prend pas autorité sur lui. Il n’agit pas sur une décision
de sa propre volonté, mais en obéissance à un ordre reçu. Ezéchiel est rendu
participant d’une vision dont l’accomplissement n’a pas lieu sur le champ, mais
dans l’avenir. La finalité de l’œuvre de Dieu lui ayant été révélé, Dieu lui
commande d’agir par la foi dans sa parole donnée. Ezéchiel ne commande pas
Dieu. Il est, par sa grâce, ouvrier avec lui, semblable à celui qui recevrait
l’ordre d’appuyer sur l’interrupteur pour que la lumière jaillisse après que
l’électricien eut terminé les travaux d’installation du circuit électrique.
La parole prophétique d’Ezéchiel
proclamé, le miracle se produit. Le prophète voit les corps sans vie s’animer
et se lever. Bientôt c’est aune armée nombreuse qui se met en mouvement. En
conclusion, Dieu rappelle à son serviteur le sens de la vision reçue. Elle a
pour objet de ranimer l’espoir dans les cœurs du peuple exilé. Dans l’état dans
lequel il se trouve, il a perdu toute espérance. Il pense avoir atteint, à
cause de ses péchés, le point de non-retour. La belle histoire d’Israël, peuple
sorti de l’esclavage pour être une nation libre sous la conduite de son Dieu,
est finie. C’est compter sans la puissance de l’Esprit de Dieu, Esprit de vie
et de résurrection. C’est cet Esprit qui, le 3ème jour, a relevé
Jésus de la mort, et ravivé l’espérance éteinte des disciples : cf Luc 24,21. Ce que Dieu a fait pour Jésus, il l’a aussi
fait d’une autre manière pour ses disciples. Evoquant la vie nouvelle reçue,
Paul dira : Il nous a ressuscités avec Christ… : Ephésiens 2,6. L’Eglise est le témoignage vivant que
Dieu peut constituer une nation d’êtres renouvelés à partir d’hommes en état de
décomposition spirituelle. La résurrection de Jésus, prémices de toutes les
autres : 1 Corinthiens 15,20, est la
garantie de la réalisation de la vision prometteuse d’Ezéchiel à l’égard
d’Israël ! Que bientôt la vie de l’Esprit ressuscite le peuple d’Abraham,
d’Isaac et de Jacob !
V 15 à 28 :
un seul peuple
a.
Illustration : v 15 à
19
L’un des épisodes les plus
tragiques de l’histoire d’Israël fut sans nul doute la division du royaume en
deux Etats séparés. Cette scission se produisit après Salomon, à l’aube du
règne de Roboam, son fils. Elle fut actée par le ralliement de dix tribus sur
douze à Jéroboam : cf 1 Rois 12. Le royaume
davidique fut désigné comme celui de Juda et le reste des tribus garda le nom
d’Israël. Dans le langage prophétique, la partie séparée de Juda fut souvent
associée à Ephraïm : Esaïe 7,17. Fils cadet
de Joseph après Manassé, Ephraïm est celui qui, dès l’origine, fut l’objet de
la préférence de Dieu quant aux bénédictions futures : Genèse 48,8 à 20. A ce sujet, Juda n’était pas en
reste. A la mort de Jacob, père de toutes les tribus, c’est à lui que le
patriarche fera la promesse de la royauté sur ses frères jusqu’à la venue du
Shilo (le Conducteur) issu de sa descendance : Genèse
49,8 à 10. La séparation des tribus fut une coupure entre deux clans,
objets chacun de promesses reçues de Dieu. Il n’était pas possible au jour
futur de la résurrection de la nation qu’un tel état de fait perdure. Ezéchiel
reçoit ici l’ordre d’annoncer la réunion des deux anciens Etats en un seul, par
une illustration accessible à la compréhension de tous.
Sous les yeux des Israélites
présents, Ezéchiel prit un premier morceau de bois portant le nom de Juda. Puis
il en prit un second portant le nom de Joseph, père d’Ephraïm. Sur l’ordre de
Dieu, il rapprocha les deux bois l’un de l’autre pour qu’ils n’en deviennent qu’un.
La démonstration était limpide. Alors que, depuis des siècles, Israël est
divisé en deux, à l’avenir le peuple de Dieu sera un. Le bois de Joseph ne sera
plus séparé de celui de Juda, mais lié à lui. Car c’est de Juda que vient le
salut de la nation, selon la promesse formulée jadis par Jacob. La scission
d’Israël n’a jamais été dans la pensée de Dieu. Elle est le fruit amer de
l’idolâtrie et de l’orgueil humain, la conséquence de l’infidélité de Salomon
dans ses derniers jours : 1 Rois 10,31 à 35.
Par l’exil, Dieu va mettre le passé de la nation à plat. Les compteurs seront
remis à zéro. La grâce dont l’Israël nouveau sera l’objet solutionnera tous les
anciens contentieux. C’est ce qu’Ezéchiel va maintenant préciser.
Assurément, il ressort de l’histoire
d’Israël que c’est du péché des hommes que surgissent les divisions dans le
peuple de Dieu. Les sectes, dit Paul, sont inévitables : 1 Corinthiens 11,19. Elles sont un mal qui a le mérite
de mettre en évidence ceux qui sont attachés à la vérité et les autres. A long
terme, le fractionnement du christianisme en multiples partis n’est pas une
bonne chose. La prière de Jésus pour ses disciples, avant son départ, plaide
pour l’unité, non pour la segmentation : Jean
17,20-21. La prophétie d’Ezéchiel souligne que seul Dieu a le pouvoir
d’unir à nouveau ce que l’homme a séparé. Ce que Dieu fera pour Israël, il a le
pouvoir de le réaliser aussi pour l’Eglise. La persécution, l’épreuve, l’exil
en sont l’un des moyens. Ensemble, dans la peine, le chagrin, la survie, il n’y
a plus de séparation. Nous nous retrouvons tous aux pieds de notre Seigneur,
unis et frères. Le moment de la grande remise à zéro du compteur de l’Eglise
est du ressort et de la capacité de Dieu seul ! Que Dieu nous préserve
cependant les uns et les autres d’être une cause de division parmi son
peuple !
b.
Le fondement de l’unité : v 20 à 28
Selon certains sites Internet, le
grand but poursuivi par les élites de ce monde est de procéder à une réinitialisation
complète du monde. Par elle, c’est son unité qui est visée, unité qui, seule, peut
garantir sa paix et sa sécurité. Avant celle du monde, Ezéchiel révèle que c’est
à la réinitialisation d’Israël que son Dieu travaille. Celle-ci inclut, comme
le prophète vient de le figurer, le retour de la nation en une seule entité. Sur
quoi repose l’unité future d’Israël ? Quels en sont les fondements-clés ?
C’est ce qu’Ezéchiel nous dit ici !
Pour procéder à la résurrection d’Israël,
Dieu le prend là où il se trouve au moment où il entreprend d’agir. Israël
exilé, dispersé parmi les nations, doit être rassemblé. C’est la première étape
du processus qui conduit à son rétablissement. Le miracle s’est opéré sous nos
yeux et se poursuit encore de nos jours. De tous les coins et de tous les pays
du monde, les Juifs partent pour faire leur alya, c’est-à-dire leur
retour en terre d’Israël. Mort physiquement, déraciné, Israël, en tant que
peuple, revit, existe à nouveau. Il n’est pas une semaine dans l’année qui ne
nous rappelle le miracle de la renaissance de la nation hébraïque. Après des
siècles d’exil, de dispersion, Israël se retrouve, non plus divisé en deux
Etats, mais réuni en un seul. Le fait n’est jamais souligné. Mais, par la
reconstitution de la nation en une seule entité, la réinitialisation politique
du pays s’est accomplie. Elle n’est pas la plus capitale, mais elle était
nécessaire pour que la seconde phase du processus de renouveau, d’ordre
spirituel, se réalise. La pérennité future d’Israël ne dépend, en effet, pas
seulement de son unité étatique. Israël, un temps, fut un seul peuple, conduit
par un seul souverain élu par Dieu. Mais cet état de fait ne suffît pas pour le
garder uni. L’idolâtrie entraîna sa division. Il faut donc, pour assurer la
sécurité à venir de la nation, plus qu’un retour physique dans sa terre. Il lui
faut une réinitialisation spirituelle. C’est ce que Dieu va opérer en elle et
que nous attendons encore.
La vraie renaissance d’Israël
nécessite plus qu’une résurrection physique. Elle requiert la purification
complète de toutes les idoles dont le peuple s’est entiché dans le passé et le
rejet de tous les crimes commis autrefois. Pour se faire, Israël doit revenir
de tout son cœur à son Dieu et se placer volontairement sous la gouvernance de
David, le roi que Dieu lui a choisi. Ce n’est que sous son autorité que le cœur
du peuple sera disposé à mettre en pratique sa parole et suivre ses
prescriptions. Cette royauté davidique éternelle dont parle Ezéchiel, est celle
de Jésus-Christ, le Messie et Fils de David : Matthieu
1,1 ; 22,43 à 45. La conversion de tout Israël à Jésus-Christ est l’élément
clé de sa pérennité. C’est vers elle que pointe toute l’espérance
eschatologique dessinée par Paul pour l’avenir : Romains
11,11 à 14,25-26. Opérée dans le cœur des Israélites, ceux-ci n’auront
plus jamais à craindre l’errance et le déracinement. Leurs enfants et petits-enfants
pourront s’établir à jamais dans le pays. L’alliance de paix conclue avec eux
par Dieu sera une alliance éternelle, irrévocable. Elle sera garantie par la
présence même de Dieu au milieux d’eux, dans le sanctuaire qui lui sera bâti. A
leur tour, après Israël, les nations reconnaîtront que son Dieu est le vrai
Dieu et son Roi le seul digne de régner. Alors s’opérera la grande
réinitialisation du monde sous l’autorité du Christ-Jésus, seul capable d’annuler
pour toujours les effets destructeurs et diviseurs de l’idolâtrie et du péché.
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