V 1 à 5 :
la chute de Gog
Alors qu’il partait en vainqueur
et pour vaincre, c’est pour sa chute, dit Ezéchiel, que l’Eternel fera venir
Gog et ses troupes sur les montagnes d’Israël. La gloire de Dieu dans le monde,
dit Paul, se manifeste de deux manières. Dieu manifeste sa puissance et sa
colère par des vases rebelles qu’il destine à la perdition. Il manifeste
d’autre part la richesse de sa gloire par la compassion qu’il exerce envers des
vases préparés pour elle : cf Romains 9,22-23.
Rien dans la grande bataille finale de l’histoire, qui verra la défaite des
ennemis invétérés d’Israël et la restauration de la nation, ne sera à la honte
de Dieu. Il en sera de la défaite de Gog comme de celle du Pharaon ancien dont
les armées furent englouties dans la Mer rouge. En ce temps, le salut d’Israël
et la ruine de l’Egypte furent l’objet de la louange du peuple de Dieu à sa
gloire. « Je chanterai en l’honneur de l’Eternel car il a fait éclater
sa gloire, il a précipité le cheval et son cavalier dans la mer. L’Eternel est
ma force et le sujet de mes louanges, c’est lui qui m’a sauvé…, chanta le peuple
de Dieu : Exode 15,1 et 2. » La
même réalité se reproduit ici. La victoire de Dieu sur Gog et ses troupes sera,
à vue humaine, si improbable et si fracassante que le salut d’Israël ne pourra
que magnifier le nom et la grandeur de son Dieu.
V 6 et 7 :
destruction de Magog, le pays de Gog
Les représailles de l’Eternel envers Gog ne se
limiteront pas à la destruction de son armée sur les montagnes d’Israël. Alors
que Gog et ses alliés seront sur la terre sainte, un déluge de feu s’abattra
sur son pays et de multiples autres. Ce feu viendra-t-il directement du
ciel ? Ou sera-t-il le fait des ennemis naturels de Gog qui, profitant de
sa défaite, voudront achever l’œuvre de destruction commencée en Israël ?
Les armes nucléaires que les nations ont à disposition aujourd’hui pour se
faire la guerre leur suffisent largement pour rayer un continent de la carte.
Que l’Eternel soit la cause première du feu qui s’abattra sur Magog, ou que
celui-ci le consume par des causes secondes, le résultat est le même. Toutes
les nations doivent reconnaître qu’il y a un Dieu puissant qui garde, protège
et secourt Israël. La ruine complète de Gog et Magog est un événement qui fait
désormais référence pour tous. Le Dieu auquel il est rendu témoignage par les
hauts faits du passé dans la Bible n’est pas une fiction. Il est le seul et
unique Dieu, le Dieu qui a choisi Israël comme peuple et qui s’est révélé par
ses prophètes. Que toute la terre se tienne devant lui dans la crainte et le
silence !
V 8 à 16 :
butin et purification
Qui dira, après avoir lu ce
passage du livre d’Ezéchiel, que les prophéties bibliques ne sont pas
précises ? Après avoir identifié qui étaient les belligérants et le lieu
de la dernière bataille qui se livrera dans ce monde, le prophète reçoit de Dieu
la révélation de ce qui se produira dans le pays d’Israël suite au jugement qui
décimera Gog et ses armées. Un délai de sept mois sera nécessaire pour procéder
à la purification du pays tant les morts seront nombreux. Le butin pris sur
l’ennemi sera si considérable que, pendant cette période, Israël n’aura nul
besoin de puiser dans ses richesses naturelles pour pourvoir à ses besoins de
chauffage. Il lui suffira de se servir du matériel laissé sur place par les
armées vaincues. La purification complète du pays nécessitera une investigation
minutieuse. Là où l’on découvrira le cadavre d’un soldat, des inspecteurs le
signaleront par un repère. Puis des fossoyeurs prendront en charge la dépouille
trouvée pour l’enterrer avec le reste de l’armée de Gog dans un lieu
précis : la ville Hamona (foule bruyante).
Ces directives pragmatiques
données ici par Dieu peuvent étonner. A-t-on besoin de tels renseignements
écrits des siècles avant que les faits ne se produisent ? Les détails de
la Parole de Dieu ne sont pas vains. Parce qu’ils sont vérifiables, ils
crédibilisent sa véracité plus que toutes ses grandes annonces. Alors que
Cyrus, le roi de Perse, n’existait pas, ni son empire, c’est lui qu’Esaïe cite
comme le chef qui ordonnera la reconstruction du temple : Esaïe 44,28. Des siècles avant l’évènement, Michée
prédit que c’est à Bethléem que naîtra le Messie d’Israël : Michée 5,1. Confirmée par les Evangiles, l’annonce du
prophète est marquée par le sceau de l’authenticité divine. Le caractère précis
des annonces faites ici par Ezéchiel ne dessert pas le poids de la prophétie
donnée. Au contraire ! Il l’oblige à être vraie. Car si les détails sont
explicites, le reste ne peut être que certain.
V 17 à 20 :
un sacrifice offert aux rapaces
Tout au long de l’Ecriture,
l’invitation au partage d’un repas est un signe fort d’accueil, d’amitié ou de
déférence de la part de celui qui l’initie. Ainsi, lorsque l’Eternel apparut,
accompagné de deux anges, à Abraham pour lui confirmer la naissance d’Isaac, la
première chose que fera le patriarche sera de leur préparer un bon repas :
Genèse 18,1 à 8. Au jour où, après avoir jugé
les peuples, le Seigneur établira son règne sur le mont Sion, Esaïe dit que,
pour fêter cette heure, le Seigneur préparera pour tous les peuples à Sion un
festin de plats succulents et de bons vins : Esaïe
25,6. Jésus lui-même, pour signifier la communion étroite qui liera les
citoyens du royaume, utilisera souvent la symbolique du repas : Matthieu 8,11 ; 22,1 à 11 : Luc 12,37 ; 13,29.
Pour l’heure, c’est un type d’invités particuliers que l’Eternel demande à
Ezéchiel, son serviteur, de convoquerr pour se rassasier du fruit de sa
victoire : les rapaces. Comme tout être que Dieu a fait, les rapaces ont
été créés pour une fonction précise. Charognards, ils sont les fossoyeurs du
monde animal. Grâce à eux, les carcasses d’animaux morts ne pourrissent pas à
l’air libre. Elles sont minutieusement dépecées et dévorées. La chair
engloutie, il ne reste des dépouilles que les os. Au jour du carnage de Gog,
l’Eternel convoquera les vautours pour un festin inédit de chair humaine. Qu’il
soit prince ou simple soldat, là où seront leurs cadavres, là s’assembleront
les aigles. Le spectacle de ce festin est si incongru que l’Apocalypse même
s’en fait l’écho : Apocalypse 19, 17-18.
Dans le monde animal, les vautours sont pour les carnassiers des aides utiles.
Ils sont des indicateurs sûrs de la présence d’un cadavre. C’est aussi le rôle
qu’auront, au jour du carnage de Gog, les rapaces venus se repaître de chair et
de sang. Ils serviront de guide aux inspecteurs parcourant le pays pour marquer
d’un repère la présence d’un humain décédé dans le combat. La nature s’unira à
Israël pour fêter la victoire du grand Roi sur ses ennemis !
V 21 à 29 :
l’honneur de Dieu rétabli parmi les nations
Gog et ses armées vaincues,
Israël délivré et rétabli dans sa terre, l’honneur de Dieu est rétabli. Aussi
compliquée et chaotique paraisse l’histoire de l’humanité, elle ne tourne en
fait qu’autour d’une seule question : à qui ce monde doit-il ce qu’il est ?
Alors que nos premiers parents furent créés par Dieu, le prodige du diable fut
de détourner leurs cœurs de la gloire qu’ils auraient dû rendre à Dieu pour
leurs vies. Depuis ce jour, la gloire qui devait être rendue à Dieu est
détournée. Chaque potentat, tel un vautour se jetant sur une carcasse, cherche
à s’en accaparer une part. Dieu, pourtant, face à cette situation, ne resta pas
inactif. Rachetant Israël, il manifesta sa gloire en Egypte. A main forte et à
bras étendu, par de multiples actes de puissance, il démontra qu’il était le
vrai Dieu de l’univers. Mais Israël, le peuple qu’il élut, faillit. Il se
détourna de lui pour s’attacher à de vaines idoles. Aussi Dieu l’abandonna-t-il.
Vaincu par ses ennemis, Israël connaîtra l’exil, la déportation et la
dispersion parmi les nations, entachant la réputation et l’honneur de son Dieu.
Pourtant, dit Dieu, « Je
suis l’Eternel. Je ne donnerai pas ma gloire à un autre, ni mon honneur aux
idoles… C’est pour l’amour de moi, pour l’amour de moi, que je veux agir :
Esaïe 42,8 ; 48,11. » Bien qu’Israël
soit délaissé pour un temps par son Dieu, il n’est pas possible que l’histoire du
monde s’achève avec sa ruine. C’est pour Dieu une question d’honneur. Car Dieu
s’est lié à Israël. Israël est son peuple et l’Eternel est son Dieu. La
dispersion ne peut durer qu’un temps. La restauration doit la suivre afin qu’Israël
sache, mais aussi toutes les nations, la vérité sous-jacente de l’histoire.
Cette vérité est que l’Eternel seul est Dieu, une affirmation répétée plus de
50 fois dans le livre. Mille fois au cours de son périple, le peuple de Dieu a
eu l’occasion de le voir. Mais rien ne le démontrera autant que la défaite
complète, à la fin de l’histoire, des armées de la terre dans la dernière
bataille conduite par Gog sur les montagnes d’Israël.
Suite à la délivrance inouïe dont
elle sera l’objet, Israël ne réitérera pas le vécu qui suivit sa sortie d’Egypte.
Dieu lui-même y veillera par le seul moyen lui permettant de s’assurer l’allégeance
de son cœur : le don de son Esprit à chaque membre de la communauté. Israël
tout entier sera alors l’Eglise de Dieu. La présence de Dieu sera si réelle et
si manifeste en son sein qu’aucune nation ne s’essaiera à l’attaquer. Peuple mis
à part, Israël remplira aux yeux du monde la vocation qui était la sienne dès l’origine :
être au milieu des nations le témoin du Dieu saint. Pour ce peuple, il faut un
temple. Le reste du livre d’Ezéchiel a pour objet de nous le décrire.
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