vendredi 31 juillet 2020

EZECHIEL 20

Reconnu comme prophète de l’Eternel, Ezéchiel reçoit la visite des anciens de la communauté d’Israël en vue d’une consultation de leur Dieu. Que veulent-ils connaître de sa part ? Quelles inquiétudes les portent à entreprendre cette démarche ? Nous ne le saurons pas. D’entrée de jeu, Ezéchiel leur fait valoir la réponse de Dieu à leur souhait. Elle est un fin de non-recevoir. Pour autant, le refus net et catégorique de Dieu d’entrer en discussion avec les anciens d’Israël n’équivaut pas à un silence. Dieu a, au contraire, beaucoup de choses à leur dire. Les anciens d’Israël présents devant le prophète ne sont pas les représentants de leur propre personne, ni même de leur génération. Ils sont les successeurs de ceux qui, depuis des siècles, les ont précédés. Peut-être sont-ils préoccupés de connaître ce qui va se passer pour eux en leur temps. Mais ce n’est pas sous cet angle que Dieu les considère. Dieu ne peut leur parler d’avenir sans que le passé, qui les a conduits dans la situation dans laquelle ils sont, soit réglé. Puisqu’ils sont venus consulter Dieu, que les anciens d’Israël se taisent et écoutent ! Qu’ils entendent ce que Dieu a à reprocher au peuple dont ils sont les mandataires ! Aux yeux de Dieu, l’avenir, pour exister, ne peut faire fi d’un passé fait de dettes accumulées. C’est à la miséricorde et à la patience infinies de Dieu qu’Israël doit sa survie jusque-là. Avant de parler d’espérance, un inventaire chronologique précis, détaillé doit être fait des contentieux qui pourrissent la relation du peuple de Dieu avec son Dieu. C’est à cela qu’Ezéchiel, conduit par l’Eternel, va ici se donner.

V 5 à 9 : le temps d’Israël en Egypte

C’est à l’Eternel seul qu’Israël doit son élection en tant que peuple choisi entre tous pour être son peuple. Cet engagement unilatéral, pris par Dieu au temps d’Abraham, incluait non seulement les pères, mais tous les descendants de la famille de Jacob. Mis à part par Dieu, Israël ne doit son existence et sa particularité qu’à la révélation dont il a été l’objet dès sa naissance. La foi d’Israël est la foi reçue par ses pères le jour où Dieu s’est fait connaître à eux et les a appelés. Le Dieu d’Israël a pour nom le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Peuple mis à part, Israël a vécu longtemps sans terre. Dès l’origine cependant, la promesse d’un pays fut incluse dans l’appel adressé à Abraham : Genèse 12,2 ; 17,8. Exilé en Egypte, les fils d’Israël se sont multipliés, formant un peuple nombreux. Etrangers sur la terre du Pharaon, ils étaient appelés à vivre dans l’espérance de la réalisation des promesses de Dieu pour eux.

Ce ne fut pas le cas. Lisant le début de l’Exode, nous courrons le risque de ne garder du séjour d’Israël en Egypte que le rude joug de l’esclavage auquel il a été astreint. L’inventaire de Dieu témoigne d’autre chose. Il rend compte ici déjà de l’infidélité des Israélites à l’égard de leur Dieu. Séduits par les idoles de l’Egypte, les Israélites se sont mis à imiter les abominations commises dans le pays. Si leur libération du joug pesant du Pharaon se produisit, elle ne fut due qu’à la grâce de Dieu et à sa fidélité au engagements pris au temps des pères. Dieu a agi ici en faveur d’Israël, non pas à cause de lui, mais en raison de sa gloire et de sa réputation parmi les nations, liées désormais au devenir de son peuple.

Ce premier point évoqué nous met en garde contre le danger, dans notre lecture de la Parole de Dieu et de l’histoire, du révisionnisme. Parce que nous sommes pécheurs, nous avons tendance à nous présenter face à Dieu comme des victimes de qui il a eu pitié. Là n’est pas la vérité. Nous sommes d’abominables rebelles qui méritaient la juste condamnation de Dieu, et qu’il a sauvé par pure grâce. Oui ! Nous étions esclaves, asservis au joug de Satan, notre Pharaon. Mais nous n’étions pas innocents du malheur qui était le nôtre. Si nous n’en sommes pas convaincus, la suite de l’inventaire dressé ici par Dieu nous en convaincra.

V 10 à 20 : dans le désert

Nul doute que le désert dans lequel Dieu conduit Israël dès sa sortie d’Egypte n’est pas le cadre rêvé pour goûter à la liberté dans laquelle il vient d’entrer. Mais ne considérer que cette réalité, c’est faire abstraction de tout ce que Dieu a donné comme preuves de sa bonté envers son peuple. La sortie d’Israël d’Egypte nous est présentée dans toute l’Ecriture comme l’événement fondateur de la nation hébraïque. Elle fut marquée par des prodiges d’une telle puissance qu’aucun récit n’en rapporte d’identique pour aucun peuple : Deutéronome 4,34. L’entêtement du Pharaon suivi des 10 plaies qui l’obligent à céder à la volonté de Dieu, le passage de la mer Rouge qui assure le salut d’Israël et provoque la destruction de l’armée égyptienne, démontrent à Israël et aux peuples environnants qui est le Dieu qui a fait alliance avec lui. La manifestation de la puissance de Dieu n’est pas l’unique révélation donnée à Israël. Dans le désert, il reçut également du haut du Sinaï ses bonnes lois, ses règles et ses commandements par lesquelles l’homme vit s’il les met en pratique. L’épître aux hébreux et le récit de l’Exode nous rapportent la frayeur que connut le peuple à la vue des terribles phénomènes qui se produisirent à ce moment : Exode 19,16 à 23 ; Hébreux 12,18 à 21. Par la loi, Dieu concrétisa une nouvelle fois l’alliance par laquelle il s’unit à son peuple, alliance qu’il confirme par le don du sabbat. Ainsi, même si le désert est devant eux, les Israélites ont reçu avant d’y entrer maintes preuves de l’engagement de leur Dieu à assurer leur salut et leur bonheur.

Toutes ces marques d’attention de Dieu envers son peuple ne suffisent malheureusement pas à l’attacher à lui. Né rebelle, Israël le reste tout au long de sa marche dans le désert. Non seulement le peuple doute et murmure contre son Dieu à chaque difficulté, mais il ne garde pas les préceptes recommandés par la loi. Il s’adonne, comme il en avait coutume à l’idolâtrie. « M’avez-vous offert des victimes et des sacrifices pendant 40 ans au désert, communauté d’Israël, questionne Dieu des siècles plus tard ? Vous avez porté la tente de Moloc et l’étoile de votre dieu Remphan, ces images que vous avez faites pour les adorer : Amos 5,25-26 ; Actes 7,42 et 43. » Ont-ils respecté le sabbat que Dieu leur a donné comme un jour à part lui étant consacré ? L’épisode de la manne y répond : Exode 16,27 à 29. Le récit de l’Exode témoigne qu’à de multiples reprises Dieu aurait pu abandonner son peuple et le livrer à sa colère pour qu’il périsse dans le désert. Mais, à cause de son nom, il ne le fait pas. Dieu a promis de conduire Israël dans un pays d’abondance où il aura à portée de main tout ce dont il a besoin pour vivre. Il se doit de le faire. Dieu a engagé sa réputation auprès des autres nations en l’arrachant de l’Egypte. Il ne peut le délaisser en cours de route. Dieu laissera la génération sortie d’Egypte périr dans le désert, mais renouvellera sa promesse à leurs fils, les incitant à se désolidariser de l’attitude rebelle de leurs pères. La suite montre si les espoirs de Dieu seront déçus ou récompensés.

La traversée du désert est riche d’enseignements pour nous. Elle nous rappelle qu’aucun miracle extérieur produit par Dieu n’a le pouvoir de changer la nature intérieure de l’homme. Les Israélites du temps de Jésus virent des prodiges inouïs s’opérer sous leurs yeux. Pour autant, la plupart restèrent incrédules, allant même jusqu’à réclamer la mort du Messie que Dieu leur avait envoyé. « Il faut que vous naissiez de nouveau, assure Jésus à Nicodème, un chef des Juifs : Jean 3,7. » Il y a là une nécessité que toutes les pérégrinations d’Israël dans le désert attestent.

V 21 à 26 : les fils des pères de la nation

On pourrait croire que, témoins du jugement dont ont été l’objet leurs pères incrédules, les fils de la 1ère génération sortie d’Egypte, en prennent acte. Il n’en fut rien. Dans le désert, les fils reproduisirent les mêmes comportements que leurs pères. Non seulement ils ne respectent pas les règles que leur prescrit la loi de leur Dieu, mais ils commettent sous ses yeux des abominations plus grandes encore que celles de leurs pères, allant jusqu’à offrir en sacrifice leurs propres enfants à ce qu’ils croient être Dieu. Ici, témoin d’un tel extrême, la question se pose : comment le peuple de Dieu peut-il être à ce point mystifié qu’il ne voit pas le caractère monstrueux de ses actes ? Comment un peuple qui a connu Dieu en arrive-t-il à déformer le sens de ses paroles au point de faire le contraire de ce qu’il ordonne, tout en croyant lui obéir ?

La réponse nous est donnée par Paul dans le Nouveau Testament. L’égarement dans lequel peut tomber un peuple, ou des membres de celui-ci, n’est jamais le fait du hasard. Il est le résultat du refus persistant d’entendre et de pratiquer la vérité connue et révélée. La connaissance de Dieu, dit Paul, est accessible par ses œuvres à toutes les créatures. Pour la nier, la plupart se sont égarés dans leurs raisonnements et leur cœur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres… C’est pourquoi Dieu les a livrés à l’impureté… à leur sens réprouvé, à des passions déshonorantes, à leur intelligence déréglée… : Romains 1,21 à 30. L’égarement dans lequel tombent certains hommes n’est pas le résultat d’une simple faiblesse d’esprit. Elle est le fait d’une puissance d’erreur qui saisit l’esprit de ceux qui périssent parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité qui les aurait sauvés : 2 Thessaloniciens 2,10. Oui ! Le pire spectacle qui puisse nous être donné de voir dans ce monde ne nous est pas donné par les athées. Il est celui des extrêmes insensés dans lesquels un peuple religieux, qui refuse d’écouter Dieu, est capable d’aller.

Le récit de l’histoire d’Israël depuis sa sortie d’Egypte jusqu’à l’époque d’Ezéchiel couvre des siècles d’histoire. Mais celle-ci, au fur et à mesure de sa réalisation, n’a rien de surprenant. Sa perspective a déjà été dessiné dans le désert. Puisqu’Israël s’obstine à contredire systématiquement les attentes de Dieu à son sujet, Dieu lui-même l’avertit : la bénédiction promise, dans laquelle il veut le faire entrer, finira par lui échapper. Parce que l’Eternel s’y est engagé, Israël occupera son pays. Mais il n’y demeurera pas. Sa rébellion l’en chassera et les Juifs n’existeront plus sous la forme d’une nation, mais d’un peuple dispersé, éparpillé parmi tous les peuples. Dès le début, le peuple de Dieu est prévenu. Il ne peut subsister que dans la mesure où il obéit à son Dieu. Que la leçon que nous donne l’histoire d’Israël soit sans cesse présente devant nos yeux et gravée pour notre salut dans nos cœurs !

V 27 à 30 : les infidélités du peuple à Canaan

Comme promis, Dieu fit entrer Israël dans le pays qu’il avait préparé pour lui. A l’image des deux étapes précédentes (la sortie d’Egypte, la traversée du désert), l’entrée d’Israël dans le pays de Canaan fut l’occasion pour lui de voir se déployer la puissance de Dieu de manière extraordinaire. Le pays promis par Dieu, en effet, n’était pas vide, mais occupé par sept peuples plus puissants que lui : Deutéronome 7,1 ; Actes 13,19. Pour qu’Israël s’y installe, il n’avait pas d’autre choix que de les chasser et les détruire. Les batailles furent nombreuses. Israël apprit que pour vaincre, il ne devait pas s’appuyer sur sa force, mais sur celle de Dieu. Avec Dieu, il fit des exploits. Aucune forteresse ne fut inexpugnable, aucun peuple ne put tenir contre lui, lorsque la main de Dieu agissait pour lui. La conquête de Canaan s’acheva en quelques générations et Israël habita le bon pays que Dieu, dans sa grâce, lui avait réservé.

Au regard des actions répétées de Dieu en sa faveur depuis la sortie d’Egypte, il est légitime d’attendre d’Israël, parvenu au but, une reconnaissance marquée par le désir profond d’honorer son Sauveur. « Quand l’Eternel t’aura fait entrer dans le pays des Cananéens, des Héthiens, des Amoréens, des Héviens et des Jébusiens, qu’il a juré à tes pères de te donner, pays où coulent le lait et le miel, tu rendras ce culte à l’Eternel dans ce même mois », avait prescrit Moïse à Israël avant le passage de la Mer rouge : Exode 13,5. La vocation première d’Israël, parmi toutes les nations, était d’être le peuple qui adore et vénère le vrai Dieu. Pour se faire, des fêtes avaient été instituées rappelant les grandes délivrances de Dieu en sa faveur. Des instructions précises avaient été données à Moïse et Aaron sur la façon dont Dieu devait être servi et célébré. Mais, à l’image des générations précédentes, les fils d’Israël en Canaan se corrompirent. A la place d’adorer Dieu dans le lieu qu’il avait choisi pour y mettre son nom, les enfants d’Israël investirent tous les hauts lieux du pays pour offrir leurs sacrifices aux idoles qui, à leurs yeux, symbolisaient la fertilité et la fécondité. Ils reproduisirent dans le pays les mêmes monstruosités que leurs ancêtres idolâtres. Une nouvelle fois, l’infidélité gagna Israël qui se prostitua, dans la terre que Dieu lui avait donnée, à de multiples divinités. Aussi, interroge Dieu, est-ce le temps pour les anciens de la communauté de le consulter ? N’a-t-il pas déjà maintes fois démontré sa longanimité envers eux ? Que veulent-ils demander de plus qu’ils n’aient déjà reçu à multiples reprises ? Le temps de la patience et du dialogue est clos. Un autre est à la porte pour lequel les anciens feraient bien de se préparer.

V 32 à 38 : châtiment et purification

En conclusion du réquisitoire dressé contre Israël, l’Eternel met le doigt sur la véritable cause de sa rébellion récurrente à son égard. Par son élection, le peuple de Dieu est lié à son Dieu. L’alliance qui les unit l’un à l’autre établit entre eux des obligations. Israël est le peuple choisi de Dieu pour le révéler au monde. Il est à cet effet l’objet de sa bonté et des ses faveurs. Mais la contrepartie nécessaire à cette grâce est qu’Israël n’est pas libre de ses mouvements. Israël appartient à Dieu et, en tant que peuple, est appelé à vivre sous son gouvernement et sa loi. C’est contre cette disposition que, dans toutes les générations, les Israélites regimbent. Que Dieu soit le Dieu de leur salut et de leur délivrance, ils s’y accommodent volontiers. Mais que Dieu leur impose son autorité, ils le refusent. Ils veulent, à l’image des autres nations, choisir eux-mêmes les dieux qu’ils veulent servir. Ils récusent le fait d’avoir à rendre compte à ce Dieu qui les a rachetés.

Au regard de l’inventaire des faits, la tragédie qu’est l’histoire d’Israël depuis sa naissance tient en résumé à une seule chose : son refus d’assumer les contraintes liés à son statut de peuple élu de Dieu. Israël, qu’il le veuille ou non, est un peuple mis à part par Dieu. Sa destinée ne lui appartient pas, elle sert uniquement au dessein de Dieu. Comme il en est pour le peuple de la Nouvelle Alliance, Israël doit macher avec Dieu pour être libre. Il doit soumettre sa nature rebelle aux injonctions et à la puissance de Dieu, sans quoi il ne peut y avoir que heurts, souffrances et luttes : cf Galates 5,16 à 18. Le plan de Dieu à son égard doit s’accomplir. Il ne pourra l’être que si Israël est mâté.

Aussi Dieu annonce-t-il aux anciens de la communauté venus le consulter ce qui va se produire dans l’avenir. Malgré leur volonté d’autonomie et d’indépendance à son égard, Dieu régnera avec puissance sur eux. Il le fera dans un premier temps en exécutant à leur encontre les malédictions inhérentes à la loi. Israël veut être libre de son Dieu. Il va goûter par la dispersion parmi les peuples ce que cela signifie d’être privé de sa présence. Là, dans le désert, Dieu va les juger. Comme le berger sépare les brebis et les boucs, Dieu va faire le tri entre tous ceux qui sont issus d’Israël. Parce qu’il n’a rien appris de l’histoire, Israël va revivre l’épisode de l’exode dans le désert à une plus grande échelle. Le châtiment finira par porter son fruit. Mis sous discipline, Israël reviendra à son Dieu et renouera avec lui. La sélection opérée, seuls ceux qui seront entrés dans les liens de l’alliance retourneront dans le pays pour participer à sa reconstruction et à sa restauration finale. Les autres ne pourront vivre ni dans les pays où ils sont étrangers, ni dans leur propre terre. Ils forgeront au milieu des peuples la légende du Juif toujours errant.

Comme Israël, les rachetés de Dieu parmi les nations forment ensemble son peuple élu. L’élection est une faveur insigne. Elle nous confère un statut au devenir inimaginable. Mais elle ne peut se vivre dans la plénitude de ce qu’elle inclut que dans la mesure où elle s’accompagne d’une joyeuse soumission à la royauté de Dieu et de son Christ. Toute rébellion ne peut conduire qu’au malheur, à la souffrance et à la sévère discipline de Dieu. Que Dieu nous donne chaque jour la grâce de revenir à lui et de nous réjouir, comme la jeune mariée, des liens qui nous unissent à notre Epoux céleste.

V 39 à 44 : promesses de rétablissement

Quel avenir attend Israël ? Si c’était là la question que voulaient poser les anciens de la communauté, ils en auront, malgré le refus de l’Eternel de les entendre, la réponse. Quoi que le peuple fasse, le futur d’Israël ne dépend pas de lui. Il est entièrement suspendu à la volonté de Dieu qui, dès l’origine, a porté ses regards sur lui pour en faire son peuple. Or, lorsque Dieu décide quelque chose, rien, ni personne, pas même la résistance que lui opposent les intéressés, ne peut rendre caduque la réalisation de son projet. Ce fait est la raison première pour laquelle l’Eternel refuse d’écouter les anciens. L’œuvre de Dieu n’est et ne sera jamais la réponse consentie de Dieu aux désirs des hommes. Elle n’est pas la résultante d’un dialogue qui aboutit à un compromis entre Dieu et l’homme. L’œuvre de Dieu s’accomplit par la capacité de Dieu seul à réaliser les projets de son cœur.

Puisque le cœur du peuple n’est pas disposé à se soumettre à son autorité, Dieu ne le retient pas. Que le peuple continue à adorer ses idoles de bois et de pierre ! Cela ne gêne en rien ce qui se passera à la fin des temps. Car l’heure vient où le peuple lui-même va se prendre en dégoût pour ses turpitudes. L’heure vient, où de toutes les contrées où il avait été dispersé, le peuple de Dieu va revenir dans sa terre, sous l’effet de l’action puissante de Dieu, pour lui apporter ses offrandes et ses dons les meilleurs. L’heure vient où Israël entrera pleinement dans la vocation qui est la sienne dès l’origine : servir de support et de témoin de la gloire de Dieu parmi toutes les nations. L’heure vient où, par sa grâce insistante envers lui, Israël reconnaîtra que l’Eternel est son Dieu.

Il se peut que, dans les luttes et les combats que nous vivons dans notre chair, nous nous demandions parfois si Dieu a la capacité de mener à terme son projet avec nous. Ce chapitre y répond. En vertu de sa grâce souveraine, l’élection de Dieu est la garantie de la glorification dont elle est le but. Puisque Dieu nous a choisis par grâce pour servir à la manifestation de sa gloire, c’est sur lui seul que repose la capacité de réaliser ce qu’il a à cœur. Le combat pour nous amener à entrer dans les vues de Dieu pour nos vies peut être rude, intense. Mais la victoire finale est assurée. C’est avec la joie de tout notre cœur que, par sa grâce, nous le servirons. Cette grâce, mise en œuvre dès l’élection, possède en elle toutes les ressources dont Dieu a besoin pour arriver à ses fins. Le tableau final que nous offre l’Apocalypse, au sujet des myriades qui se tiennent devant le trône de Dieu dans l’adoration, nous en donne la garantie. Oui ! C’est bien de lui, par lui et pour lui que se font toutes choses !

Les pérégrinations d’Israël d’Abraham à Ezéchiel témoignent d’une autre nécessité : celles de la mort et de la résurrection de Jésus, le Messie. Qu’est le témoignage d’Israël pendant des siècles, sinon celui de l’incapacité de l’homme naturel de se soumettre à Dieu ? Israël ne peut subsister que par le pardon. Il ne peut vivre que par une justification qui requiert l’offrande d’un sacrifice expiatoire pour son péché. C’est ce que la mort de Jésus offre, non seulement à Israël, mais au monde entier. Israël ne peut aimer Dieu que si les dispositions fondamentales de son cœur sont changées. Il ne peut être saint que si l’Esprit de Dieu lui-même l’habite. C’est ce que la résurrection de Jésus permet pour lui comme pour nous. Au terme de cet inventaire douloureux, nous ne pouvons que louer Dieu qui, par sa grâce, finit toujours par triompher de nous !


jeudi 23 juillet 2020

EZECHIEL 19

C’est par une complainte qu’Ezéchiel, sous l’inspiration de l’Esprit, conclut la partie de son livre prophétique, débutée au chapitre 13 et consacrée aux dirigeants qui siégeaient à Jérusalem. Dans cette section, Ezéchiel n’a eu de cesse de condamner le péché, l’idolâtrie, l’infidélité des responsables du peuple, cause première du jugement qui va les atteindre. La complainte d’Ezéchiel résume et noue l’ensemble des annonces faites par le prophète sur la famille des princes du peuple.

La complainte commence à mettre à l’honneur une lionne, la génitrice des multiples lionceaux qui sont l’objet de sa lamentation. Cette lionne courageuse, avisée, qui s’est donnée à la difficile tâche d’éducation de sa progéniture, se réfère à Josias. L’Ecriture le rapporte à deux reprises : Josias fut un roi exceptionnel. Sa piété, son zèle pour Dieu, sa volonté d’éradiquer l’idolâtrie du milieu de son peuple furent tels qu’au jour de sa mort Jérémie composa une complainte sur lui, destinée à perpétuer son souvenir : 2 Chroniques 35,25. Cependant, malgré l’exemple qu’il fut, Josias ne fut pas suivi par ses fils. Aucun d’entre eux n’imita ni n’emprunta les voies suivies par leur père. Issus d’un tel roi paré d’une si belle réputation, les fils de Josias ont cru à tort qu’ils étaient, par la vertu des bénédictions de l’alliance, invincibles. Puisque leur père jouissait de la faveur de Dieu, ils ne pouvaient eux-mêmes qu’en être l’objet. La mise au point de l’Eternel au chapitre précédent met les choses au clair et annonce ce qui va se produire pour eux en raison de leur impiété.

Mère d’une nombreuse portée, la lionne a porté son choix sur l’un de ses lionceaux pour lui succéder. L’heureux élu a grandi et est devenu un jeune lion courageux et fort. Ses exploits n’ont pas tardé à faire sa renommée parmi les nations. Ce jeune lion était Joachaz, le successeur de Josias sur le trône. Le livre des rois et des chroniques ne détaillent pas quels furent les actes de Joachaz. Mais ils témoignent du fait que son imprudence et son arrogance auront pour conséquence d’abréger son règne à 3 mois. Destitué par le Pharaon, Joachaz sera remplacé sur le trône par son frère Eliakim, dont le nom sera changé en Jojakim : 2 Chroniques 36,1 à 4.

Jojakim, le nouveau lionceau élevé à la royauté, n’apprit rien des déboires arrivés à son frère. Pétri de la même pâte, il connaîtra le même sort que lui. Certes, la durée du règne de Jojakim surpassa largement celle de son prédécesseur : 11 ans. Mais, au fil du temps, il fit preuve des mêmes imprudences qui lui valurent à son tour destitution et exil à Babylone. C’est ici ce que relate la complainte d’Ezéchiel depuis le début jusqu’au verset 9.

Après l’image de la lionne, la complainte d’Ezéchiel se poursuit par l’usage d’un autre symbole d’Israël, largement utilisé par les prophètes et par Ezéchiel lui-même (Ezéchiel 15) : la vigne (cf Esaïe 6 ; Osée 10,1 ; Jérémie 2,21 ; 12,10). Si l’image de la lionne resserrait le focus du message de la complainte du prophète sur la seule famille de Josias, la seconde l’étend à Israël en son entier. Car, comme l’a montré le prophète, si le jugement qui vient concerne d’abord les descendants de Josias, il ne se limite pas à eux. L’exil des derniers princes d’Israël sonne le glas de la nation. Plantée par Dieu, la vigne qu’était Israël jouissait de toutes les conditions favorables pour s’épanouir et porter les fruits attendus par son vigneron. Elle portait en son sein de multiples sceptres royaux qui, en certaines périodes de son histoire, ont fait sa célébrité. Pensons à David, Salomon, Ezéchias, Josias… ! La vigne qu’était Israël n’avait pas à rougir. Enfant méprisée à sa naissance, elle était devenue, comme l’avait signifié le prophète, une magnifique jeune femme qui faisait parler autour d’elle : Ezéchiel 16,14. C’est par sa propre corruption qu’elle est tombée. Si ce sont ses ennemis qui l’ont brûlée, c’est du milieu d’elle qu’est sorti le feu qui l’a consumé. Désormais, la belle vigne doit se contenter de n’être rien. Dépouillée de ses sceptres royaux, elle survivra, mais devra se satisfaire d’être contenue dans la faiblesse : Ezéchiel 17.

C’est toujours le péché qui est la cause de la chute des belles et grandes civilisations qui, un temps, ont fait l’admiration des nations du monde. Israël en est ici l’exemple. Son malheur, comme le nôtre, est que nous n’apprenons rien de l’histoire, de la chute et de la décadence des grands peuples qui nous ont précédé. Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. C’est la stupidité des princes de ce monde, leur orgueil et leur vanité insensés, qui causent leur ruine. « La justice élève une nation, Mais le péché est la honte des peuples : Proverbes 14,34. »

 


mardi 21 juillet 2020

EZECHIEL 18

Les jugements de Dieu qui se produisent sur un peuple, en l’occurrence ici Israël, ne surviennent pas par hasard. Ils sont l’aboutissement de longues années pendant lesquelles la patience de Dieu a supporté les multiples désobéissances et révoltes du peuple qui la compose. Lorsque le châtiment arrive, il frappe une génération qui n’est pas forcément celle qui est la plus fautive. Celle-ci peut alors avoir l’impression qu’elle paye pour les autres, c’est-à-dire pour les fautes commises par les générations précédentes qui n’ont pas su se laisser corriger et avertir. En raison de ce fait, un proverbe auquel l’Eternel répond ici, circulait au temps d’Ezéchiel. Ce proverbe disait ceci : « Ce sont les pères qui mangent des raisins verts et ce sont les enfants qui ont mal aux dents. » Autrement dit : ce sont les pères qui ont fauté, mais ce sont les fils qui en supportent les conséquences.

Il est nécessaire pour juger de la validité de ce proverbe de comprendre les trois échelons à partir desquels s’organise dans un pays, et plus particulièrement en Israël, la vie communautaire.

A.       La nation

Le 1er échelon est celui de la nation. Il est facilement identifiable dans l’Ecriture, surtout dans les livres des prophètes. Lorsque Dieu se prononce sur une nation, c’est en vertu de l’histoire de cette nation et de ses péchés commis en tant que telle que le jugement est exercé. Les chapitres 1 et 2 du livre d’Amos sont un exemple explicite de cette manière d’agir de Dieu.

B.      La famille

Dès le départ de l’histoire de la foi, Dieu inclut la famille de celui qui croit dans les bénédictions qui lui sont promises : Genèse 17,7 à 9 ; Actes 2,39. Les enfants des parents croyants sont partie prenante de la bénédiction dont les parents sont l’objet, mais aussi, dans certains cas, solidaires avec la malédiction qui frappe leurs parents : Josué 7,24 à 26 ; Exode 20,5-6.

C.      L’individu

C’est ici la raison de la récrimination sous-entendue dans le proverbe qui circulait au temps d’Ezéchiel. Elle pose la question de savoir si, aux yeux de Dieu, l’individu a une existence spécifique qui le rend personnellement responsable de ses actes devant Dieu ou s’il ne fait que subir le sort ou bénéficier des grâces du groupe plus large dont il fait partie. La réponse de Dieu est clairement affirmative. Et pour la prouver, l’Eternel va énoncer au prophète trois cas de figure qui l’attestent.

Avant de les examiner, il nous faut tirer quelques conclusion de ce que nous avons vu ici. La première est que le jugement qui frappe une nation ne signifie pas que tous les individus qui la composent sont fautifs au même niveau. Si Dieu envoie une famine ou une guerre dans un peuple, les justes de ce peuple ne seront pas épargnés. Dieu saura cependant, au jour du jugement final, différencier la responsabilité de chacun. Si des pères ont péché, Dieu, et c’est peut-être une nouveauté ici, s’engage à ne pas châtier les fils à cause d’eux. Ainsi, dans l’Ecriture, il paraît que les enfants sont au bénéfice des bénédictions qui reposent sur leurs parents, mais ils sont séparés d’eux quand il s’agit du jugement.

Les trois cas de figure énoncés par le Seigneur pour justifier de Sa façon de juger chacun :

1er cas de figure : le cas du juste : v 5 à 9

Si nous évoquons le jugement de Dieu, jugement qui s’applique à chacun à partir des mêmes critères, la 1ère question qui se pose est la suivante : sur quelle base ce jugement se fait-il ? A quoi Dieu regarde-t-il ? Tient-il compte d’abord des antécédents familiaux de la personne, du milieu dans lequel elle a évolué, des opportunités et des malchances qui se sont présentées à lui durant son parcours ? Rien de tout cela n’entre en ligne de compte. Dans le portrait du juste que l’Eternel dépeint ici devant nos yeux, un seul critère est appliqué pour évaluer la justice du prévenu qui comparait devant Lui. Le juste est celui dont le comportement et les actes témoignent du respect dont il fait preuve à l’égard des prescriptions et des règles énoncées par la loi de Dieu. La 1ère dimension examinée dans la vie du juste est celle qui touche à sa relation avec Dieu. Le juste aime-t-Il Dieu ? Le considère-t-Il réellement comme son Dieu ? La preuve en est donnée par son refus catégorique de participer à toute forme d’idolâtrie. La seconde dimension touche à son attitude envers ses prochains. Le premier d’entre eux est sa femme. Est-il fidèle à la femme de son cœur ou porte-t-il les yeux sur celle d’autrui ? Dans ses rapports avec son épouse, la pureté prend-elle le pas sur ses désirs ? L’examen s’étend ensuite à son comportement social. Exploite-t-il les autres ou est-il honnête et intègre dans ses affaires ? Fait-il preuve de bonté et de miséricorde pratique envers les nécessiteux ? Peut-il prêter sans exiger d’intérêt et est-il impartial dans les jugements qu’il prononce ? Pour ma part, je dois l’avouer : sans la médiation de Jésus pour ma vie, il m’est impossible, à la lumière de ces critères, de me définir comme juste. Je ne peux que louer Dieu pour la justification dont je suis l’objet de sa part en lui !

2ème cas de figure : le fils injuste du juste : v 10 à 13

Les critères de Dieu établis dans le 1er cas de figure, quel sera le jugement que Dieu prononcera sur le fils d’un juste qui se moque de l’exemple qu’est son père et se comporte en impie devant Dieu ? Il est évident qu’une telle question ne se poserait pas si, comme nous l’avons vu, la situation des individus en Israël n’était rattachée à un cadre plus large, celui de la famille. Le présupposé qui fonde le jugement de Dieu sur les fils est lié à la promesse que Dieu a faite d’inclure les enfants dans la bénédiction accordée aux pères qui marchent dans les voies de Dieu. Le jugement que Dieu prononce sur un fils impie ne tient pas seulement aux péchés manifestes dont il s’est rendu coupable par sa conduite profane et dissolue, mais aussi au fait que, comme Esaü, il a méprisé les bénédictions dont il était l’objet dans le cadre de l’alliance de Dieu avec la famille. La jurisprudence évoquée ici a valeur d’avertissement pour tous les fils de croyants au travers des siècles. Que personne ne se trompe à ce sujet ! Ce n’est pas le fait de naître dans une famille ou une lignée qui est au bénéfice des promesses de Dieu liées à l’obéissance de la foi qui garantit le salut. Le fils doit marcher sur les traces du père pour connaître et jouir de la faveur de Dieu… et en faire bénéficier sa postérité après lui. Le fils du juste jouit d’un privilège supérieur à celui de l’injuste, mais il est aussi chargé d’une plus grande responsabilité. Il est redevable à Dieu de la mesure supérieure de grâce qu’il a reçu par l’exemple de son père, poids qui le rend plus coupable que celui qui n’a pas eu ce modèle pour les mêmes péchés. « La promesse de Dieu est pour vous et vos enfants, dira Pierre à la Pentecôte… aussi longtemps que les enfants marchent dans les voies de leurs pères justes, ajoute ici Ezéchiel.

3ème cas de figure : le fils juste qui a pour modèle un père injuste : v 14 à 18

Le 3ème cas de figure que présente l’Eternel à Ezéchiel décrit la situation inverse du second. Alors que, dans le second, le fils péchait en ne suivant pas le modèle de justice qu’était son père, c’est ici le contraire qui se produit. Un fils qui a un père impie décide, par amour et par déférence envers Dieu, de se distancer de la conduite de son géniteur pour se conformer aux ordonnances et aux prescriptions données par Dieu dans sa loi. Qu’en sera-t-il de lui ? Sera-t-il, en vertu du lien familial indissoluble qui le lie à son père, englobé avec lui dans la réprobation divine à l’égard du chef de famille ? La réponse de Dieu est négative. Si le fils qui pèche, alors qu’il a sous les yeux le modèle de vie exemplaire d’un père juste, est doublement coupable du mal qu’il commet, celui qui sert Dieu sous l’autorité d’un père impie est doublement digne de l’approbation divine. Le jugement de Dieu sur chaque vie tient compte de toutes les influences, bonnes ou mauvaises, à partir desquelles se sont faits les choix qui sont à l’origine du comportement de chacun. Quoi qu’il en soit, l’âme qui pèche n’a pas d’excuse. Elle est coupable et, comme telle, elle doit subir la sanction que mérite le péché : la mort : Romains 6,23.

Quelles applications tirer des 3 cas de figures que Dieu vient de soumettre à Ezéchiel ? C’est ce à quoi la section suivante va répondre.

V 19 à 24 : applications

Dans les 3 cas de figure que l’Eternel a soumis à Ezéchiel, le même principe directeur se dégage de la façon avec laquelle Il juge chaque cas. Alors que, dans le cadre de l’alliance, les fils sont liés aux pères et les pères aux fils, en ce qui concerne le jugement final, chacun est jugé personnellement selon la conduite qu’il a adopté et la mesure de son obéissance à la loi de Dieu. Le rapport de causalité entre les générations est aboli pour privilégier le sens de la responsabilité individuelle. Parce que Dieu est juste, c’est selon la justice que le comportement de chacun sera apprécié. Si la théologie de l’alliance inclut les fils dans la bénédiction octroyée aux pères en vertu de la foi, elle les dissocie les uns des autres dans le jugement final qui sera porté sur chaque vie. Si le principe énoncé ici au temps d’Ezéchiel a pu étonner certains Juifs, il n’est pas nouveau. Au temps d’Abraham déjà, le premier qui fut bénéficiaire avec sa famille des promesses de l’alliance, il avait cours. Preuve en est par le fait que c’est là l’argument principal que le patriarche utilisera pour plaider devant Dieu en faveur de Sodome et de ses habitants. « Supprimeras-tu vraiment le juste avec le méchant ?... Celui qui juge toute la terre n’appliquera-t-il pas le droit ? : Genèse 18,22 à 26 ? »

Quel qu’ait été le parcours de chacun et le milieu qui l’a vu naître, le Juge de la terre appliquera envers chacun le droit. Personne ne pourra dire en éternité qu’il se trouve à une place indue, contraire à la justice et au droit. Le sort final de chacun de nous est, d’une certaine façon, entre nos mains maintenant. Si, saisi par la conscience de la gravité du mal qu’il commet, le méchant se repent et y renonce, s’il revient à Dieu de tout son cœur, le mal qu’il a fait dans le passé ne lui sera pas imputé. S’étant lui-même condamné, il ne le sera pas par Dieu. Il vivra grâce à la justice qu’il a pratiquée. Si, malgré la connaissance qu’il possède par expérience du bien qu’est une vie droite, le juste se met à se renier en faisant le mal, le même principe sera appliqué. La justice n’agira pas pour lui de manière rétroactive. Le juste devenu méchant sera jugé en fonction de l’état dans lequel le trouvera le Juge au moment de sa comparution devant lui. Aucun de ses actes de justice du passé ne sera pris en compte, puisqu’il a choisi de les renier au profit du mal.

Le principe directeur que Dieu met en avant dans le jugement qu’il rend témoigne d’une disposition constante de son Être à l’égard des pécheurs. Parce qu’Il est un Dieu porté à la bienveillance, qui ne désire pas la mort du pécheur mais sa conversion, Dieu patiente avant de juger. Il offre à chacun la possibilité de rentrer en soi-même pour se juger, avant que Lui ne le fasse. Dieu ne trouve aucun plaisir à livrer à la mort le pécheur. Il ne veut pas qu’il meure, mais qu’il vive. Aussi, la souffrance des réprouvés ne provient-elle pas de Dieu, mais du remords continuel que représente pour eux le fait de récolter ce qu’ils ont semé. Le ver qui les ronge et ne meurt point est celui du regret : regret trop tardif pour les fautes commises, regret du souvenir de toutes les occasions manquées données par Dieu pour qu’ils changent de conduite, regret de se trouver désormais dans une situation figée sans retour en arrière possible… C’est par l’unique grâce de Dieu que nous sommes sauvés. Mais c’est en vertu du principe de responsabilité que les « damnés » seront là où ils se trouveront ! Garde, ô Dieu, mon cœur de toute habitude de mal et donne-moi de me repentir aussi vite que possible dès que le péché a pris l’ascendant sur ma vie !

V 25 à 32 : réponse aux contestations de l’assemblée

Ecoutant ce que dit ici le Seigneur, il nous est difficile, à nous qui vivons dans une époque marquée par l’individualisme, de comprendre la réaction négative de certains Israélites quant à la manière d’agir de Dieu en ce qui concerne le jugement. En effet, dans la mentalité juive de l’époque, ce n’est pas l’individu mais la famille qui est la cellule de base de la relation contractuelle entre Dieu et son peuple. Dissocier l’individu de la famille est si contraire à l’habitude qu’une telle procédure de la part de Dieu passe aux yeux de certains comme un procédé injuste. Pour autant, Dieu ne se rétracte pas. Il réitère ce qu’il n’a cessé de marteler tout au long de ce chapitre. Les enfants ne paieront pas pour le péché des pères, et vice-versa. La justice des pères ne sauvera pas leurs enfants, et vice-versa. Chacun est redevable devant lui de ses choix moraux et de son comportement.

La réaction du peuple à l’égard de Dieu nous fait penser à celle, décrite en Matthieu 11,16 à 19, que Jésus rencontrera en son temps. Alors que la génération qui subissait le jugement de Dieu se plaignait de payer pour les fautes des pères : v 2, Dieu lui répond que ce n’est pas le cas. Même si la nation tout entière passe par le jugement pour ses péchés, chaque individu rend compte pour lui-même devant Dieu. Personne en éternité ne recevra de la part de Dieu un salaire qui ne lui sera pas dû. Le Juge de la terre appliquera envers chacun les préceptes du droit et de la justice, et rien d’autre. Loin de satisfaire les revendicateurs, la réponse de Dieu les irrite sur un autre point. Quoi que Dieu fasse, sa manière d’agir n’est pas correcte. Le vrai problème ne se situe pas du côté de Dieu, mais de celui des Israélites. Et il est double.

Le premier a trait au péché. Le peuple est si peu conscient de la gravité de son péché qu’il en vient à taxer Dieu d’injustice. Alors que l’annonce du terrible jugement de Dieu sur le péché devrait les jeter sur leurs genoux pour implorer sa miséricorde, les israélites passent leur temps à discuter et contester. Tant qu’il en sera ainsi, le jugement sera inévitable. Qui juge Dieu ne s’est pas encore vu tel qu’il est devant sa sainteté. Le second a trait à sa grâce. Au lieu de disputer Dieu au sujet de ses voies, les israélites, s’ils étaient conscients de sa disposition bienveillante à l’égard des pécheurs, saisiraient l’opportunité qu’il leur donne de se repentir comme ce qu’elle est : une grâce inouïe, inespérée, presque trop belle pour être vraie. L’aveuglement des israélites quant à la gravité de leurs péchés les rend aveugle sur la beauté de la grâce dont ils peuvent être l’objet. La situation de l’époque d’Ezéchiel est celle que nous rencontrons encore aujourd’hui. Que le racheté de Dieu exulte ! Car si le Très-Haut lui a ouvert les yeux sur sa faute, c’est pour les orienter ensuite vers la croix où son pardon lui est offert.


samedi 11 juillet 2020

EZECHIEL 17

Alors que jusque là l’Eternel s’est adressé à Ezéchiel par des messages, pour la 1ère fois ici et dans l’Ecriture, Il utilise l’outil de la parabole pour exprimer à Son peuple ce qu’Il veut lui communiquer. La parabole est une histoire énigmatique qui invite ceux qui l’entendent à la réflexion afin de découvrir le message qu’elle contient. Dans le cas présent, l’Eternel ne se contente pas de formuler l’énigme, Il en donne aussi l’explication. Ce sera rarement le cas pour Jésus qui utilisera de manière courante la parabole pour décrire les mystères du royaume des cieux.

La parabole des deux aigles que raconte ici Ezéchiel ne se réfère pas à des évènements lointains. Elle a pour but d’illustrer la folie du reste qui, à Jérusalem, au lieu de se satisfaire de sa situation, est entré dans la révolte contre le roi de Babylone en faisant appel à la puissance du Pharaon d’Egypte pour l’en délivrer. Les faits historiques relatifs à la parabole que Dieu donne à Ezéchiel nous sont relatés dans le livre des rois et des chroniques : 2 Rois 24,7 à 25,27 ; 2 Chroniques 36,11 à 21. Il est remarquable ici de voir à quel point le récit de la parabole se réalise dans les détails. Le premier aigle venu pour arracher la cime du cèdre du Liban et l’emporter dans son pays est Nebucadnetsar. La haute branche de l’arbre exilée est le roi Jojakin. A sa place, Nebucadnetsar va installer sur le trône de Juda Sédécias, le plant de la parabole installé dans une terre fertile. Sédécias ne va pas l’entendre de la sorte. Révolté contre le roi de Babylone qui le maintenait dans la faiblesse, il va tendre les mains vers l’Egypte pour s’affranchir de la tutelle de Nébucadnetsar. Sa tentative ne lui réussira pas. Le roi de Babylone reviendra dans le pays pour le dévaster une nouvelle fois et lui ôter ce qui reste de ses richesses et de ses trésors. La révolte de Sédécias, aux conséquences néfastes pour lui, en aura d’heureuses pour Jojakin. Revenu dans son pays, Nebucadnetsar relèvera l’ancien roi de Juda, le fera asseoir à sa table et lui donnera une place supérieure à tous les autres rois retenus avec lui à Babylone, ce que précise la fin du chapitre.

Si l’enseignement de la parabole a une portée historique, il n’est pas dénué d’enseignement spirituel. Au contraire ! Ce qui va arriver à Sédécias, installé au pouvoir par le roi de Babylone, témoigne de l’attachement que Dieu porte au respect des alliances dans lesquelles les hommes sont engagés. Car, bien que roi, Sédécias n’était pas libre de ses mouvements. Il était tenu, par les liens du contrat par lequel il avait été établi roi, à une allégeance envers le souverain de qui il dépendait pour la pérennité de son règne. Il était l’obligé de Nebucadnetsar. Il était possible que cette situation ne lui convienne pas. Mais, si c’était le cas, il aurait pu refuser la dignité royale qui lui était proposé. Aussi, dans sa révolte, ce n’est pas Sédécias que l’Eternel soutient, mais Nebucadnetsar. Notons ici que si l’aspiration de Sédécias est de se débarrasser du joug babylonien, il ne peut prétendre le faire au nom de la liberté d’Israël. Car c’est sous le joug de l’Egypte qu’il se place pour se libérer de celui de Nebucadnetsar. Cette réalité témoigne du fait que, hors du joug du Seigneur sur nos vies, il nous est impossible de vivre dans un état de liberté totale. Que ce soit d’une manière ou d’une autre, nous serons asservis. La plus belle servitude que nous puissions connaître est celle qui nous place dans la dépendance de notre Dieu.

Or l’alliance dans laquelle nous sommes entrés avec Dieu en Christ, nous sommes redevables devant Dieu de nos engagements dans les alliances qui nous lient aux hommes. Celles-ci sont multiples. Elles touchent à notre relation conjugale (l’alliance du mariage : Proverbes 2,17), le contrat qui nous lie à notre employeur, la redevabilité que nous avons d’aimer et de servir nos frères et sœurs dans l’Eglise… Ne pensons pas que, si nous faisons défaut à nos engagements, nous nous en tirerons sans dommage. Dieu nous demandera compte de toute parole et tout engagement que nous n’avons pas tenu. Béni sois-tu, ô Dieu, pour la fidélité constante dont Tu fais preuve dans l’alliance que Tu as contractée en Christ avec nous !


mardi 7 juillet 2020

EZECHIEL 16

Qu’est-ce donc qui justifie la sévérité du jugement de Dieu sur Jérusalem ? Dans l’Ecriture, les jugements que Dieu prononce sont toujours établis sur la base du même paramètre. Alors que nous, humains, prononçons trop souvent des jugements hâtifs, à partir d’une connaissance partielle des êtres ou des événements constitutifs de leur histoire, Dieu juge toujours en toute connaissance de cause de tous les antécédents, les faits et les opportunités qui ont fabriqué la trame du vécu de l’objet de Son jugement. Parce que Dieu est ce qu’Il est, le regard, l’appréciation qui décident des arrêts qu’Il prononce sur les êtres et les nations, proviennent toujours de la vue d’ensemble parfaite que Dieu possède de leur parcours. Le jugement n’est pas toujours dernier, mais au temps où il est prononcé, il est toujours juste, car rien de ce qui fait l’anamnèse de l’objet qu’il concerne n’est inconnu du Juge. Quelle connaissance Dieu a-t-Il de Jérusalem, la ville qu’Il juge au temps d’Ezéchiel ? Ce chapitre est là pour nous le montrer !

V 1 à 5 : les antécédents de Jérusalem

Si Jérusalem est devenue ce qu’elle a été au temps de David ou Salomon, il n’en a pas toujours été ainsi. Avant d’être la ville sur laquelle Dieu portera Son choix pour en faire la capitale d’Israël, Son peuple élu, Jérusalem a eu un passé beaucoup moins glorieux. Amoréenne et hittite par ses origines, Jébus (le 1er nom de la ville) était une cité méprisable, de peu d’importance. Si ce n’était le fait de la grâce de Dieu, Jébus ne serait jamais devenue la ville qu’elle est devenue, Jérusalem, une cité au rayonnement mondial. A peine née, Jébus, à cause du désintérêt que lui portait ses voisins, n’avait que peu de chances de vivre. Laissée à elle-même, elle serait disparue aussi rapidement qu’elle était apparue.

« Le paradoxe de Jérusalem pourrait se résumer en quelques mots, dit Vincent Lemire : une bourgade ne présentant pas une importance stratégique majeure, dépourvue de ressources naturelles enviables, est devenue le centre névralgique d’un conflit régional aux répercussions mondiales… Le site de Jérusalem cumule pourtant de nombreux handicaps. Au cœur d’une zone montagneuse, il est à l’écart de grandes routes commerciales ; le principal axe routier reliant la Transjordanie à la plaine côtière passe en effet au nord de Jérusalem. La première agglomération tenait tout entière sur un éperon rocheux situé au sud de l’actuelle esplanade des Mosquées.[1] »

Comme il en est de Jérusalem, il est vital pour la qualité de notre relation avec Dieu que nous nous souvenions d’où nous venons, ce que nous étions avant que Dieu porte Son choix pour faire de nous Son peuple. Rien venant de nous n’était digne d’un intérêt de Sa part. Ce qui fait notre valeur et notre gloire ne vient ni de nos origines, ni de nos qualités naturelles, mais de la distinction dont nous avons été l’objet par la grâce de l’élection : cf Galates 1,13 à 15.

V 6 à 8 : l’alliance de grâce de Dieu fait naître Jérusalem

Programmée pour mourir dès sa naissance, Jérusalem ne doit sa survie qu’à Dieu. C’est par la volonté de Dieu que, malgré les circonstances adverses et défavorables qui ont entouré la naissance de Jérusalem, celle-ci a subsisté. L’histoire de Jérusalem rejoint ainsi dans ses origines celle de multiples enfants de Dieu qui, au vu du contexte dans lequel ils ont vu le jour, n’avaient pratiquement aucune chance de vivre. Ces récits nous enseignent que, quelle que soit les contingences qui président à notre arrivée dans ce monde, ce ne sont pas les éléments extérieurs qui décident de la pérennité de notre vie, mais Dieu.

Ayant survécu suite à son entrée précaire dans ce monde par la volonté de Dieu, Jérusalem n’est pas restée l’enfant sale et chétive qu’elle était. Par la bonté de Dieu, elle s’est multipliée, développée jusqu’à devenir une magnifique jeune femme désirable. Jérusalem cependant n’avait toujours pas d’époux. Elle continuait à vivre dans l’état de nudité qui l’avait vu apparaître, vulnérable et sans défense. Cette période de la vie de Jérusalem, symbole d’Israël, nous est bien connue. Elle correspond à l’adolescence d’Israël, temps où il n’a pas encore d’existence propre et où il est au service de l’Egypte qui l’exploite pour les intérêts qu’il y trouve. Mais la grâce de Dieu qui a permis à Israël de naître, puis de se développer, ne va pas s’arrêter là. Le temps vient où le projet secret de Dieu pour lui va être sen œuvre. Israël va être plus qu’une enfant qui doit sa vie à la compassion de Dieu. Le temps des amours venu, c’est au mariage que l’Eternel pense pour elle. Et qui peut-elle avoir comme meilleur époux que Celui qui l’a aimé dès sa naissance ?

V 9 à 14 : la gloire d’Israël

Choisi par Dieu, Israël ne doit dans ce monde son rayonnement, sa gloire que par les richesses que Dieu lui a données comme peuple élu dans Son amour. Sorti d’Egypte, Israël a été débarrassée de son ancienne condition, affranchie de l’esclavage. Héritant d’un pays magnifique où coulent lait et le miel, elle est devenue un véritable royaume dont la réputation s’est étendue de plus en plus parmi les nations. En effet, le projet de Dieu pour Israël dépasse de loin le cadre d’une amnistie de ses péchés ou la délivrance de sa condition misérable. Dieu veut être l’époux d’Israël. Il veut que, parmi les peuples, Israël soit la démonstration de l’élévation, de la dignité, de la beauté que confère le statut d’élu et de choisi. Il a choisi Israël pour qu’il devienne le témoignage du rayonnement de Sa propre gloire. C’est pourquoi Il estime que rien n’est trop beau pour parer, orner, magnifier le peuple qu’Il a choisi. Le femme, dit l’apôtre Paul, est la gloire de son mari. Elle contribue plus que quiconque à sa réputation, l’élévation de son nom : cf Proverbes 31,23. Aussi convenait-il pour Dieu qu’Israël, dans les attentions dont il fut l’objet de Sa part, n’ai rien à envier à qui que ce soit !

Ce qui est vrai pour Israël l’est aussi pour nous, l’Israël de Dieu aujourd’hui. Les richesses dont nous sommes l’objet de Sa part ne sont pas les mêmes que celles de l’Israël géographique. Mais, nous pouvons exalter Dieu pour Sa grâce. Aucun peuple, aucune nation, aucun sectateur d’aucune religion ne peut se vanter de posséder ce que nous avons. Qui d’autre que nous connaît Dieu en intimité ? Qui d’autre que nous peut s’approcher de Lui sans crainte, pardonné, justifié, reçu, accueilli, adopté en Jésus-Christ ? Qui d’autre que nous est appelé par Lui saints, justes, bien-aimés ? A qui d’autre que nous a-t-Il fait la promesse d’être rendus un jour semblable à Lui ? Que, par notre vie, nous puissions être le témoignage de la beauté, de la joie, de la richesse que signifie le fait d’être les élus du cœur de Dieu !

V 15 à 23 : prostitution

Quel a été le péché d’Israël ? Quelque part, il est le même que celui qui a présidé à la chute de l’ange déchu. Alors qu’Israël a reçu de Dieu tout ce qui faisait sa renommée, sa gloire et sa beauté parmi les nations, il a utilisé ses atouts pour servir ses propres fins et attirer à lui une infinité d’amants. C’était pour Lui, pour magnifier Son nom que l’Eternel avait paré Israël de tant de charmes et d’atours. Par elle, Il voulait que Sa gloire, en tant qu’Epoux, soit manifestée et célébrée au-dessus de tout. Mais Israël n’en a pas jugé ainsi. Au lieu de voir la grâce reçue comme le moyen que lui a donné son Dieu pour exalter Son nom, Israël l’a détourné pour servir ses propres fins. Il a troqué sa mission d’épouse pour se muer en séductrice. En place de s’offrir à Dieu, Israël s’est prostitué à de multiples divinités, détournant de leur but initial les atours dont Dieu l’avait gratifié dans Son amour. Dans sa frénésie idolâtre, rien de ce que Dieu lui avait donné n’a été préservé. Tout, jusqu’à ses fils et ses filles, a été sacrifié à sa passion dévorante. Israël a mis en oubli, non seulement la bonté dont il a été l’objet de Dieu, mais Sa grâce envers lui et l’état misérable duquel celle-ci l’a retiré.

La conduite d’Israël envers son Dieu met le doigt sur le caractère pervers de l’idolâtrie, péché qui est le sujet d’accusation premier du départ de la gloire de Dieu du milieu de Son peuple, thème du livre d’Ezéchiel. Dans le cas d’Israël, l’idolâtrie est autre chose que le fait d’apporter sa louange ou son adoration à d’autres dieux que l’Eternel, comme le font les païens. L’idolâtrie est une trahison d’un être aimé quant à l’amour dont il a été l’objet de la part de celui qui l’a aimé. C’est une façon de détourner vers d’autres objets l’amour par lequel on s’est lié par alliance à celui avec lequel on ne fait désormais plus qu’un. L’idolâtrie est de la part d’Israël un abus de la grâce donnée, un cocufiage divin, un acte de malversation patenté à l’égard de toutes les bontés et largesses gracieuses dont il a été l’objet de la part de son Dieu. La démarche de l’idolâtrie n’est pas le fait d’une faiblesse due à l’attrait irrésistible qu’exerce un amant sur le cœur de l’épouse qu’est Israël pour Dieu. C’est le fruit d’une entreprise de séduction volontaire de sa part, validée par de multiples démarches initiées par Israël. C’est une action décidée d’utiliser de manière comptable les richesses reçues de l’Epoux divin pour attirer à soi des galants dans le seul but de trouver sa satisfaction dans le désir de plaire.

Il nous faut apprendre de l’extrémité à laquelle est parvenue Israël dans le détachement de son cœur à l’égard de Dieu, Son Epoux qui a tant fait pour lui. Une des causes récurrentes de la trahison des cœurs vis-à-vis de Dieu tient au même oubli : celui de la purification de ses anciens péchés : 2 Pierre 1,9. Le fait de se souvenir d’où il venait, de la condition à laquelle Dieu l’avait arraché, fut, pour l’apôtre Paul, un aiguillon qui, toute sa vie, le garda dans la gratitude et l’amour pour son Dieu : 1 Timothée 1,13. Que notre cœur sache une fois pour toutes qu’aucune affection ou passion ne peut lui donner une plénitude, un bonheur qui puissent égaler ceux que Dieu prodigue.

V 23 à 34 : perversité déterminée

Ce passage du livre d’Ezéchiel est sans aucun doute l’un des plus crus de l’Ecriture. Il l’est au point où certains commentateurs recommandent de ne pas en faire la lecture publique. Son obscénité tient à une seule raison. Par elle, Dieu veut montrer à Israël quelle vue lui offre le spectacle de sa bassesse. Quel qu’il soit, le péché de l’être humain produit toujours les mêmes effets sur le cœur de l’homme. Il le rend aveugle, l’endurcit, l’insensibilise. Qui s’habitue au péché ne se rend plus compte de sa gravité ou de sa perversité. Parce qu’il devient l’élément quotidien dans lequel il vit, le péché perd aux yeux de celui qui le pratique sa noirceur et sa puanteur. Pour qu’il en saisisse le caractère, il lui faut le voir avec d’autres yeux que les siens, ceux de Dieu. Il n’y a qu’au moment où nous voyons notre cœur comme Dieu le voit que nous en devenons horrifiés. Comme Nathan le dira à David, après son adultère avec Bath-Shéba et le meurtre d’Urie, son mari, nous réalisons alors que nous sommes cet homme-là, ce monstre qui nous indigne : 2 Samuel 12,7. Il nous faut ainsi être nous-mêmes choqués par ce que nous sommes pour nous amener à nous prendre en dégoût et nous repentir. Cette juste vision sur nous-mêmes ne peut venir de nous. Elle résulte de la lumière crue que Dieu jette sur nos ténèbres, lumière qui nous fait voir sans filtre le caractère avili de nos actes et de notre conduite.

Comment Dieu voit-Il l’idolâtrie d’Israël ? Elle est à Son égard, dit-il, semblable à la manière d’agir d’une prostituée qui invite n’importe quel passant à s’accoupler avec elle. Sans distinction, sans sentiment, sans autre considération que celle de s’offrir au premier venu, la prostituée est prête à écarter les jambes pour accueillir son client. A la rigueur a-t-elle ses préférences ! Entre un client rachitique et un bel homme au corps d’esthète et « au gros membre », elle préfèrera le second. Mais ici s’arrête ses critères de sélection. Ce qui motive la prostituée n’est ni l’amour, ni même le plaisir, mais le gain. A ce sujet, dit Ezéchiel, Israël est pire qu’elle. Aucun prostituée ne paye ses clients pour qu’ils aient une relation sexuelle avec elle. Ce qu’une putain ne fait pas, Israël le fait. Comme si le fait de tromper son Dieu ne lui suffisait pas, Israël ira jusqu’à faire venir de loin (Egypte, Assyrie, Babylonie) les dieux de ces nations pour s’unir à eux. Israël ne tombera pas séduite dans leurs bras, mais après les avoir lui-même recherchés. Ses actes ne sont pas ceux d’une prostituée, mais d’une experte en prostitution, qualité dont elle a fait son métier au point d’en faire rougir ses voisines philistines qui, pourtant, ne connaissent pas son Dieu. Après ce qu’Israël a connu de Lui, qui aurait pu imaginer qu’il tombe dans un tel état de vulgarité ? Qui aurait pu penser qu’Israël devienne ce pays où, partout, fleurissent les hauts-lieux de sa prostitution ? Qui ne comprendrait dès lors la sévérité du jugement de Dieu sur lui ?

Ce qu’est devenu Israël témoigne d’un autre aspect de la perversité du péché. C’est le caractère insatiable de la passion qui le nourrit. Le péché est comme les 4 choses qui, selon le livre des proverbes, ne disent jamais assez : Proverbes 30,15-16. Il ne laisse jamais tranquille celui qui le pratique. Il lui faut constamment des nouveautés, quitte à faire descendre toujours plus bas celui qui s’y donne dans la déchéance. Le péché n’a ni limite, ni frontière. Il est capable de s’ingénier au mal dans des proportions insoupçonnées. La soif insatiable de plaisir qui le meut témoigne d’une réalité qui, cependant, glorifie Dieu. Cette réalité est que l’homme a été fait pour une félicité que seul Dieu peut apporter. A la Samaritaine qui avait connu 6 hommes, le Seigneur Jésus l’a dit : Quiconque boit de cette eau aura encore soif. Mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif : Jean 4,13-14. Seul le Seigneur peut satisfaire le cœur qui a été fait pour Lui. C’est la leçon que doit apprendre Israël, et chacun de nous avec lui.

V 35 à 43 : le châtiment de la prostituée

La métaphore de la prostituée utilisée par Ezéchiel n’est pas qu’une figure de style. Si elle a pour premier objet d’exprimer ce que l’idolâtrie d’Israël est aux yeux de Dieu, les détails rapportés épousent la réalité de ce que fut la conduite du peuple de Dieu. De nombreux exemples pourraient être cités de cette volonté d’Israël, dans sa folle passion pour les idoles, d’imiter les pratiques abominables des nations étrangères. Il suffit de lire ce que furent les règnes de Jéroboam, d’Achab, d’Achaz, d’Amatsia ou de Manassé. La conduite des rois d’Israël et de Juda fut ainsi souvent hors de sens. Tantôt, comme le fit Achaz, roi de Juda, le souverain adoptait les dieux des peuples qui l’avaient vaincu, espérant par ce moyen renouer avec la victoire : 2 Chroniques 28,23. Ailleurs, folie plus grande encore, il faisait venir chez lui, tel Amatsia, les dieux qui n’avaient été d’aucun secours pour aider les peuples qu’il avait vaincu : 2 Chroniques 25,14. Non seulement l’idolâtrie aveugle et possède, mais sa pratique effrénée par les rois d’Israël et de Juda témoigne qu’elle est hors de toute raison.

Comment à la fois punir et purifier Israël de son idolâtrie ? Le principe adopté par Dieu est le même depuis le début des temps. Il s’agit de faire goûter au pécheur le mal dont son péché est porteur. Israël a préféré se détacher de Dieu pour s’unir à de multiples amants : ce sera par la colère de ses amants qu’elle connaîtra son châtiment. Epouse de Dieu, Israël avait acquis une dignité qui imposait le respect. Par son infidélité, elle s’est rendue abjecte, méprisable, non seulement aux yeux de Dieu, mais aussi à ceux à qui elle s’est unie. Quelle estime les habitants d’un quartier pourrait-il avoir pour une femme qui court la rue pour se prostituer à tous les passants ? La traînée n’a plus d’honneur, elle n’inspire plus aucune considération. Elle ne peut susciter à son égard que mésestime et abus. Si Israël va être l’objet du pillage de ses amants, ce n’est pas d’eux, mais de Dieu qu’elle reçoit ici le salaire de ses œuvres. Israël n’était pas une fille de la rue. Elle était une princesse choyée par son époux, parée telle une femme digne d’un rang royal. Son principal péché, déjà dénoncé, est d’avoir oublié d’où elle venait, de quelle faveur elle avait été l’objet. Pour revenir à ce qu’elle était, il faut que tout ce qu’elle a construit loin de son Dieu, lui soit ôté. C’est cette œuvre de jugement et de démolition, prélude à sa restauration, que vont opérer dans la fureur tous ses amants. Leur courroux à son égard sera le moyen par lequel la colère de Dieu sera assouvie contre elle.

V 44 à 52 : héritage familial

 Le constat est là ! Elu de Dieu, Israël, dans sa nature, n’est en rien différent des peuples par lesquels il est lié par les liens du sang. Israël n’est pas né saint. Il n’a pas été mis à part par sa naissance comme Jésus l’a été, immaculé, intact de tout péché. Israël est né comme tous les pécheurs. Il porte en lui la nature et les inclinaisons mauvaises de ceux de qui il provient. Sa mère était une Hittite et son père un Amoréen. Les dieux qu’ils servaient n’étaient pas Celui qu’Israël a connu par élection. Les peuplades qui sont autour de lui, réputées pour leur idolâtrie qui, telle Sodome, leur a valu le jugement de Dieu, ne lui sont pas étrangères. Israël est sa sœur, comme elle l’est aussi de Samarie.

Ce qui fait la gravité du péché d’Israël est qu’il a été l’objet d’un privilège qui aurait pu le différencier totalement des peuples qui font partie du cercle étroit de sa famille. Mais il n’en a rien fait. Au contraire, dit Ezéchiel ! Israël s’est corrompu à un tel point qu’au regard des abominations commises, ses sœurs, qui ont connu le jugement de la colère de Dieu, paraissent justes. Il y a, en effet, deux manières d’être justifié devant Dieu. La première tient à la grâce de Dieu seule. Elle est octroyée à tout pécheur qui en est l’objet sans aucun mérite de sa part. Il y en a une autre moins courante. Elle est le fruit de la comparaison entre les privilèges reçus. Plus une nation, un peuple, a reçu de Dieu bénédiction, lumière, abondance, plus on est en droit d’attendre de sa part une réponse de gratitude envers Lui, correspondante aux privilèges reçus. Si ce peuple favorisé devient, malgré la connaissance et la bonté dont il a été l’objet, pire que les autres qui n’ont pas bénéficié de ces dons, la justice réclame qu’il soit davantage châtié qu’eux. Sur le plan de la justice de Dieu, les autres restent coupables de leurs péchés, comme c’est le cas pour Sodome. Mais, à cause de l’équité, leur condamnation mérite, au regard des deux situations, non pas d’être annulée, mais reconsidérée quant à la mesure de culpabilité qu’on leur a prêté au moment de la sentence prise contre eux.

Le raisonnement que tient ici Ezéchiel n’est pas hérétique. Paul tenait le même sous la Nouvelle Alliance. « Si donc l’incirconcis (le païen), dit l’apôtre, respecte les commandements de la loi, son incirconcision ne sera-t-elle pas comptée comme circoncision ? Ainsi, l’homme qui accomplit la loi sans être circoncis physiquement ne te condamnera-t-il pas, toi qui la transgresses tout en ayant la loi écrite et la circoncision ? : Romains 2,26-27. » De même, qu’Israël soit de la même race que Sodome, le prophète n’est pas le seul à l’affirmer ! L’apôtre Jean aussi ose l’écrire : Apocalypse 11,8.

 Nous ne devons jamais oublier de quelle race perverse nous venons. Si nous le perdons de vue, jetons un œil à droite ou à gauche ! Regardons ce que ceux de nos familles qui ne sont pas au bénéfice de la grâce, deviennent ou sont devenus. Livrés à nous-mêmes, soustraits à l’influence bénéfique de l’Esprit de Dieu, sachons que nous pouvons être pires qu’eux. Parlant aux Corinthiens, Paul s’indigne qu’il se trouve au milieu d’eux une immoralité qu’on ne mentionne pas même chez les non-croyants : 1 Corinthiens 5,1. Nous avons du mal à le croire, mais la diatribe d’Ezéchiel nous persuade de cette possibilité. Que le Seigneur, par Son Esprit, nous secourt contre nous-mêmes et nous garde dans la sainte crainte de Son nom !

V 53 à 58 : promesses de restauration

Quelle est l’arrière-pensée de Dieu en rappelant à Israël les liens très étroits qui le lie à des peuples comme Sodome et Samarie qui ont été l’objet de Son jugement ? Il est double. Le premier, le plus immédiat est qu’Israël éprouve une honte profonde pour ses péchés. La réputation de Sodome et de Samarie n’est plus à faire. Parmi toutes les nations, elles sont connues pour leur perversité. Qu’Israël, le peuple choisi de Dieu, racheté par Lui à main forte et à bras étendu, soit ravalé à un rang inférieur aux leurs est la pire humiliation qu’il puisse recevoir. Celle-ci cependant n’est pas exagérée. Elle correspond devant Dieu à la réalité de l’état dans lequel Israël se trouve. Comme il en fut pour Sodome et Samarie, ses sœurs, l’heure est venue pour Israël d’être l’objet de la risée des autres peuples qui l’entourent. Israël, pour son bien et sa guérison, doit éprouver une telle honte pour ce qu’il est devenu, qu’il ne doit plus supporter de se regarder en face. Ce premier but atteint, Dieu peut agir pour révéler quel objectif secret se cache derrière l’humiliation.

Cet objectif est celui que Dieu poursuit, non seulement pour Israël, mais pour tout homme qui, comme lui, passe par la case remords et regret pour les fautes qu’il a commises. C’est l’objectif de la restauration par la grâce. Dieu, dit Paul dans la sagesse qui lui a été donnée, a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire miséricorde à tous : Romains 11,32. La désobéissance dans laquelle Dieu nous enferme n’est pas une prison dans laquelle nous sommes appelés à rester. Elle est le prélude nécessaire à notre libération. Par la désobéissance d’Israël, Dieu, dit Ezéchiel, ouvre la porte au pardon et à la restauration de ses sœurs impies, moins coupables que lui. Comment Dieu pourrait-il faire grâce à Israël, Son peuple choisi, qui s’est avili à Ses yeux plus que les pires des nations païennes, sans leur tendre aussi la main pour les accueillir. La grâce triomphante de Dieu est le plus beau mystère de l’Ecriture. Elle est le secret le plus profond de Son être, celui qui a pris au dépourvu les puissances adverses incapables de concevoir l’extrémité des limites de l’amour longanime de Dieu. A la vue de la victoire de la grâce sur le péché de tous, Paul ne peut s’empêcher d’exalter les voies insondables de Dieu. « Combien profondes sont les richesses de Dieu, sa sagesse et sa science ! Nul ne peut sonder ses jugements. Nul ne peut découvrir ses plans : Romains 11,33. » La grâce souveraine de Dieu est le seul espoir duquel les pécheurs ne peuvent jamais désespérer !

V 59 à 63 : nouvelle alliance

Où se trouve l’avenir d’Israël ? Israël, dès son enfance, a été le peuple choisi par Dieu. Plus tard, alors que sous la conduite de Moïse Il le sortit d’Egypte, Il conclut avec lui une alliance sur la base de la loi. Par cette alliance, Israël devenait le peuple de Dieu, sujet de Sa protection et de Sa bénédiction, s’il Lui restait fidèle. Manifestement, ce ne fut pas le cas. Par son idolâtrie et ses désobéissances répétées, Israël rompit l’un après l’autre ses engagements envers son Dieu. Que peut dès lors encore espérer Israël ? L’alliance conclue sur la base de la loi ne lui laisse qu’une perspective : le rejet et la condamnation.

Si l’espoir d’Israël ne peut se trouver dans l’alliance conclue sur la base de la loi, alliance qui conditionne les promesses de Dieu à son obéissance, il n’en est pas pour autant totalement anéanti. Car au-delà de l’alliance mosaïque, Israël existe, en tant que peuple de Dieu, par le choix souverain de Dieu déterminé par Sa grâce. Israël ne s’est pas montré digne de Son appel et de Son élection. Mais celle-ci ne peut être rendu caduque par ce fait. L’élection d’Israël dès son enfance ne repose que sur le choix souverain de Dieu motivé par Sa grâce. Toute l’histoire qu’Ezéchiel a égrainé dans ce chapitre l’atteste. Le statut de peuple de Dieu qu’Israël possède lui a été attribué sans aucun mérite et sous aucune condition. S’il l’a acquis sur cette base, il lui est impossible de le perdre sur une autre. C’est pourquoi le Seigneur l’atteste : l’alliance de grâce par laquelle Israël a été établi peuple de Dieu est une alliance éternelle. Elle peut l’être parce que celle-ci repose uniquement sur l’engagement de Dieu à la fidélité sur la base de Sa grâce souveraine. Israël n’a ici rien à apporter, ni à prouver. Tout est dû à la grâce de Dieu pour Sa seule gloire !

Si la grâce souveraine de Dieu est le seul fondement qui assure la pérennité d’Israël comme peuple de Dieu, le bénéfice qu’il en retire ne le touche pas lui uniquement. La grâce de Dieu possède en elle des pouvoirs que rien d’autre ne peut égaler. La désobéissance d’Israël rendant impossible sa disqualification comme peuple de Dieu devient source d’espoir, non seulement pour lui, mais pour ses sœurs. Condamnées elles aussi pour leurs péchés, elles peuvent, au regard de la grâce dont Israël bénéficie, trouver à leur tour espoir en son Dieu. Car Israël, s’il a été élu dès son enfance par Dieu, ne l’a pas été pour lui. Il l’a été pour servir d’exemple à tous les peuples de l’accueil dont ils peuvent faire l’objet de Sa part en vertu de Sa grâce. Israël doit passer par la repentance et l’humiliation à cause de ses péchés. Mais ce passage obligé n’est pas une fin en soi. Il est le prélude d’une restauration destinée à être une bénédiction pour le monde entier : cf Romains 11,12. « Si Israël, le peuple élu de Dieu qui L’a tant déshonoré, a pu être rétabli sur la base de la grâce souveraine de Dieu, pourquoi ne le serions-nous pas, se diront les peuples ? Allez ! Venez et montons à la montagne de l’Eternel pour nous repentir, plaider Sa grâce en notre faveur et L’adorer ! »

La conviction d’Ezéchiel sur l’indissolubilité du statut de peuple de Dieu d’Israël à cause de la grâce souveraine de Dieu qui fonde son existence dès son enfance, rejoint celle que Paul défend et étaye dans son épître aux Galates. Se fondant sur la promesse que Dieu fit à Abraham, le père d’Israël, au sujet de sa descendance, Paul écrit que ce testament antérieur à la loi, ne peut être aboli par l’alliance contractée sur la base de la loi 430 ans plus tard : Galates 3,17. Ce qui est le plus ancien est aussi ce qui est le plus fondamental. Or, en nous rattachant à la foi d’Abraham, nous sommes nous aussi, païens devenus chrétiens, les objets de la même promesse. Béni soit Dieu pour l’alliance éternelle qui fait de nous Ses enfants sur la base de sa grâce souveraine !



[1] Jérusalem, histoire d’une ville-monde : Vincent Lemire : Editions Champs histoire