jeudi 23 juillet 2020

EZECHIEL 19

C’est par une complainte qu’Ezéchiel, sous l’inspiration de l’Esprit, conclut la partie de son livre prophétique, débutée au chapitre 13 et consacrée aux dirigeants qui siégeaient à Jérusalem. Dans cette section, Ezéchiel n’a eu de cesse de condamner le péché, l’idolâtrie, l’infidélité des responsables du peuple, cause première du jugement qui va les atteindre. La complainte d’Ezéchiel résume et noue l’ensemble des annonces faites par le prophète sur la famille des princes du peuple.

La complainte commence à mettre à l’honneur une lionne, la génitrice des multiples lionceaux qui sont l’objet de sa lamentation. Cette lionne courageuse, avisée, qui s’est donnée à la difficile tâche d’éducation de sa progéniture, se réfère à Josias. L’Ecriture le rapporte à deux reprises : Josias fut un roi exceptionnel. Sa piété, son zèle pour Dieu, sa volonté d’éradiquer l’idolâtrie du milieu de son peuple furent tels qu’au jour de sa mort Jérémie composa une complainte sur lui, destinée à perpétuer son souvenir : 2 Chroniques 35,25. Cependant, malgré l’exemple qu’il fut, Josias ne fut pas suivi par ses fils. Aucun d’entre eux n’imita ni n’emprunta les voies suivies par leur père. Issus d’un tel roi paré d’une si belle réputation, les fils de Josias ont cru à tort qu’ils étaient, par la vertu des bénédictions de l’alliance, invincibles. Puisque leur père jouissait de la faveur de Dieu, ils ne pouvaient eux-mêmes qu’en être l’objet. La mise au point de l’Eternel au chapitre précédent met les choses au clair et annonce ce qui va se produire pour eux en raison de leur impiété.

Mère d’une nombreuse portée, la lionne a porté son choix sur l’un de ses lionceaux pour lui succéder. L’heureux élu a grandi et est devenu un jeune lion courageux et fort. Ses exploits n’ont pas tardé à faire sa renommée parmi les nations. Ce jeune lion était Joachaz, le successeur de Josias sur le trône. Le livre des rois et des chroniques ne détaillent pas quels furent les actes de Joachaz. Mais ils témoignent du fait que son imprudence et son arrogance auront pour conséquence d’abréger son règne à 3 mois. Destitué par le Pharaon, Joachaz sera remplacé sur le trône par son frère Eliakim, dont le nom sera changé en Jojakim : 2 Chroniques 36,1 à 4.

Jojakim, le nouveau lionceau élevé à la royauté, n’apprit rien des déboires arrivés à son frère. Pétri de la même pâte, il connaîtra le même sort que lui. Certes, la durée du règne de Jojakim surpassa largement celle de son prédécesseur : 11 ans. Mais, au fil du temps, il fit preuve des mêmes imprudences qui lui valurent à son tour destitution et exil à Babylone. C’est ici ce que relate la complainte d’Ezéchiel depuis le début jusqu’au verset 9.

Après l’image de la lionne, la complainte d’Ezéchiel se poursuit par l’usage d’un autre symbole d’Israël, largement utilisé par les prophètes et par Ezéchiel lui-même (Ezéchiel 15) : la vigne (cf Esaïe 6 ; Osée 10,1 ; Jérémie 2,21 ; 12,10). Si l’image de la lionne resserrait le focus du message de la complainte du prophète sur la seule famille de Josias, la seconde l’étend à Israël en son entier. Car, comme l’a montré le prophète, si le jugement qui vient concerne d’abord les descendants de Josias, il ne se limite pas à eux. L’exil des derniers princes d’Israël sonne le glas de la nation. Plantée par Dieu, la vigne qu’était Israël jouissait de toutes les conditions favorables pour s’épanouir et porter les fruits attendus par son vigneron. Elle portait en son sein de multiples sceptres royaux qui, en certaines périodes de son histoire, ont fait sa célébrité. Pensons à David, Salomon, Ezéchias, Josias… ! La vigne qu’était Israël n’avait pas à rougir. Enfant méprisée à sa naissance, elle était devenue, comme l’avait signifié le prophète, une magnifique jeune femme qui faisait parler autour d’elle : Ezéchiel 16,14. C’est par sa propre corruption qu’elle est tombée. Si ce sont ses ennemis qui l’ont brûlée, c’est du milieu d’elle qu’est sorti le feu qui l’a consumé. Désormais, la belle vigne doit se contenter de n’être rien. Dépouillée de ses sceptres royaux, elle survivra, mais devra se satisfaire d’être contenue dans la faiblesse : Ezéchiel 17.

C’est toujours le péché qui est la cause de la chute des belles et grandes civilisations qui, un temps, ont fait l’admiration des nations du monde. Israël en est ici l’exemple. Son malheur, comme le nôtre, est que nous n’apprenons rien de l’histoire, de la chute et de la décadence des grands peuples qui nous ont précédé. Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. C’est la stupidité des princes de ce monde, leur orgueil et leur vanité insensés, qui causent leur ruine. « La justice élève une nation, Mais le péché est la honte des peuples : Proverbes 14,34. »

 


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