V 1 à 3 : le jour
de l’Eternel
Il existe dans la parole
prophétique un jour unique, un jour qui ne ressemble à aucun autre. Il est le
jour de l’Eternel. Tous les jours que Dieu a fait sont à lui. C’est pourquoi
ils doivent être un sujet de joie pour son peuple : Psaume 118,24. Mais il y a un jour particulier qui ne
revient qu’à Dieu. C’est le jour où, sa patience tarie, l’Eternel tire le trait
de ce que lui doivent les nations et exerce sans retenue sa vengeance contre
elles. Le jour de l’Eternel a été un thème récurrent chez bon nombre de
prophètes. Joël en a fait le sujet principal de son livre. Il le décrit comme
le jour du ravage du Tout-Puissant : Joël 1,15.
Ce jour sera si terrible que personne n’aura la force de le soutenir : Joël 2,11. En ce jour, Dieu convoquera les armées du
monde dans la vallée de Josaphat, la vallée de leur jugement : Joël 3,14. Opprimé, le peuple de Dieu aspire à la
venue de ce jour. Amos prévient cependant : le jour de l’Eternel ne sera
pas lumière, mais ténèbres : Amos 5,20. Il
sera, selon Esaïe, un jour cruel, de colère et d’ardente fureur, qui réduira la
terre en solitude et en exterminera les pécheurs : Esaïe
13,9. Le jour de l’Eternel sera le temps du jugement des nations : Esaïe 30,3, la période qui, de la part de Dieu, leur
est spécifiquement réservée : Ezéchiel 30,3.
Si le jour de l’Eternel est un
jour obscur pour les nations sans Dieu, il revêt pour le peuple de Dieu une connotation
toute autre. Le jour de l’Eternel est le jour de la venue en gloire de notre
Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ. C’est le jour que le peuple de Dieu racheté
attend avec impatience. Bien que survenant à l’improviste : Luc 21,34, le jour de la parousie ne saurait le
surprendre. Car celui-ci ne vit pas dans les ténèbres, mais dans la
lumière : 1 Thessaloniciens 5,4. En ce
jour-là, Christ viendra pour être glorifié dans ses saints et admiré dans tous
ceux qui auront cru : 2 Thessaloniciens 1,10.
Veillons donc et prions en tout temps, afin que nous ayons la force d’échapper
à tout ce qui se produira à ce moment-là, et de paraître debout devant le Fils
de l’homme : Luc 21,36.
V 4 à 9 :
l’Egypte et ses soutiens anéantis
Le monde dans lequel vit Ezéchiel
a de nombreux traits de ressemblance avec le nôtre. C’est un mode multipolaire,
fait de puissances qui s’agrègent en blocs qui finissent par s’opposer l’un à
l’autre. Roi du Nil, l’Egypte n’est pas une puissance solitaire. Elle est un
crocodile auquel sont attachés par ses écailles de nombreux poissons : Ezéchiel 29,4. La puissance de l’Egypte repose sur une
alliance faite avec de nombreux peuples, comme l’était celle de l’URSS au XXème
siècle. A cause des liens qui la rattachent à ses affidés, son jugement ne la
touchera pas elle seule, mais tous les états qui lui sont alliés. L’épée qui
s’abattra sur l’Egypte ne pourra laisser indemne ses soutiens. Aux yeux du
conquérant qui la combat, l’Egypte est une entité qui les inclut tous.
L’Ethiopie (le Soudan actuel), Puth (la Lybie ou la Somalie moderne), Lud et
Cub sont l’Egypte, le bloc dont elle est la puissance majeure. L’affaiblissement
de celle-ci ne peut se faire que d’une manière. Elle nécessite que l’alliance
qui l’unit à ses alliés soit démantelée. Nebucadnetsar ne conquerra pas
seulement l’Egypte. L’Ethiopie tremblera à sa chute, car elle sait qu’après
elle, son tour vient. Comme le fut la fin de Tyr, celle de la coalition qui
était à la base de la puissance de l’Egypte a un effet didactique pour le
peuple de Dieu. Elle lui rappelle la leçon fondamentale qui fut à l’origine de
sa naissance, lors de sa sortie d’Egypte au temps de Moïse. Cette leçon est que
l’Eternel seul doit être son appui, la source de sa sécurité, la puissance qui
lui sert d’appui. Tout autre recours est un roseau qui finit par casser et
blesser quiconque s’appuie sur lui : Ezéchiel 29,7.
Entrer dans une alliance quelle
qu’elle soit, n’est pas sans conséquence. L’alliance lie entre elles toutes les
parties qui la composent. Au jour de sa puissance, les éléments faibles de
l’alliance ont tout à gagner dans le fait d’y être inclus. Ils jouissent de la
protection et de la sécurité que leur offre la puissance forte qui en est le
moteur. Au jour de l’adversité, ils ne pourront pas échapper à son sort. Unis
dans la vie, ils le seront dans la douleur et jusque dans la mort. Si, sur le
plan politique, rares sont les pays hors de toute alliance, sur le plan
spirituel, aucun homme ne connaît de neutralité. Que nous le voulions ou non,
nous sommes tous rattachés par alliance à Dieu ou à Satan. Le sort final qui
touche à l’un embrasse tous ceux qui lui sont unis. Au jour du jugement, dit
Jésus, les rebelles ne pourront être séparés de celui qu’ils ont suivi. Ils
iront dans le feu éternel qui lui a été préparé avec ses anges : Matthieu 25,41. Les bénis de Dieu partageront, quant à
eux, pour une félicité éternelle, la gloire et les bienfaits de son
royaume : Matthieu 25,34. Béni soit Dieu
pour l’alliance par laquelle il nous a rattachés à Son Fils Jésus-Christ pour
l’éternité !
V 10 à 19 :
la dévastation qui attend l’Egypte
La dévastation de l’Egypte,
annoncée par Ezéchiel, correspond à un objectif précis de la part de Dieu. Dieu
n’a pas seulement pour objet de ruiner l’Egypte. Par le jugement, Dieu s’en
prend aux symboles de sa puissance. Le but du châtiment qui s’abat sur l’Egypte
est de manifester aux yeux des Egyptiens et de toutes les nations que l’Eternel
seul est Dieu. C’est pourquoi les cibles visées ne sont pas prises au hasard.
Elles sont représentatives de l’identité spirituelle de l’Egypte. Qui connait
l’Egypte sait que c’est à ses dieux qu’elle doit son rayonnement et sa gloire.
Il convient donc que, pour faire éclater la magnificence de son nom, l’Eternel
s’en prenne aux hauts lieux cultuels significatifs de ses divinités :
Thèbes (No), Memphis, Pathros, Tsoan, …
« Dans l’histoire
égyptienne, No (appelée aussi Thèbes) a longtemps servi de ville phare pour la
partie sud de l’Egypte. Située sur la rive est du Nil, à plus de 700 kilomètres
du Caire, elle était le centre du culte d’Amon, le « roi des dieux ».
Elle a atteint son apogée entre 1500 et 1000 av J-C., étant alors la capitale
d’un vaste Empire comptant parmi les plus riches et les plus célèbres cités de
l’Antiquité. Le site de la Thèbes antique, correspondant à Louxor et Karnak
aujourd’hui, offre le plus grand rassemblement de monument antiques, couvrant
une superficie de 26 à 29 kilomètres carrés. Le magnifique temps d’Amon, sur la
rive est à Karnak, est le plus grand jamais construit et, jusqu’à l’époque
moderne, il pouvait se vanter de posséder les colonnes les plus importantes au
monde : 10 mètres de circonférence, 21 mètres de hauteur. Les pharaons ont
fait le récit de leurs exploits sur les parois du temple… Sur la rive ouest du
Nil se trouve la nécropole royale qui comprend de nombreux temples mortuaires et
tombes des souverains du Nouvel Empire (1570 – 1070 av J-C.) : le
magnifique temple mortuaire de la reine Hatsheput, la célèbre tombe de
Toutankhamon, le temple mortuaire de Ramsès III, qui relate sur ses murs sa
victoire de 1176 av J-C. contre les peuples de la mer… Jérémie, le premier, a
annoncé que l’Eternel interviendrait contre le dieu Amon de No, le pharaon et
les dieux de l’Egypte : ils seraient livrés entre les mains de Nebucadnetsar,
le roi de Babylone : Jérémie 46,25-26… Plus tard, les Perses ont aussi mis
la ville à sac. A l’époque romaine, la gloire de Thèbes n’était plus qu’un
souvenir.[1] »
Annoncée par Jérémie et Ezéchiel,
la conquête de Thèbes et de l’Egypte par Nebucadnetsar, est restée dans les
annales de son histoire. Une tablette en argile fragmentaire la confirme. Pour
abaisser la superbe de l’Empire égyptien, Dieu n’a pas fait dans la dentelle.
Il a voulu prendre pour instrument le plus violent, le plus impitoyable des peuples
de l’époque. Si le temps de la patience de Dieu est celui de sa tempérance, le
jour de sa colère ne laisse aucune place à la pitié. Il est l’expression de la
fureur sainte et jalouse de Dieu, une fureur qui ne laisse à ceux qui en sont
l’objet aucun espoir de salut.
V 20 à 26 :
brisement du Pharaon et exil des Egyptiens
Si l’Egypte est le sujet de la
section prophétique traitée ici par Ezéchiel, nous devons nous souvenir que le
but de Dieu à travers elle est de s’adresser à Juda pour lui signifier à quel
point la confiance qu’il a mis en Pharaon pour le délivrer de la main de
Nebucadnetsar est illusoire : Ezéchiel 29,7.
Il fut un temps en effet au cours duquel Juda crut vraiment que le Pharaon et
ses armées le délivreraient de la main du roi de Babylone. Le prophète Jérémie
relate cet épisode. Alors que les babyloniens assiégeaient Jérusalem, ils
durent un instant relâcher l’étau qui l’enserrait à cause de l’armée du Pharaon
venue voler à son secours. Cette tentative ne fera pas long feu. Le Pharaon
rebroussera chemin : Jérémie 37,5 à 8. Il retournera dans ses terres, comme un guerrier dont
un bras serait cassé. Blessé, diminué, le Pharaon n’aura pas le temps de se
remettre de sa défaite. Après avoir terminé son œuvre en Juda, puis à Tyr,
Nebucadnetsar se souviendra de l’Egypte. Il prendra le pays et terminera d’abattre
la puissance du Pharaon qui, défait, gémira devant lui comme le font les
mourants à l’approche de leur dernière heure. Les deux bras cassés, Pharaon
devra lâcher son épée au profit de Nebucadnetsar fortifié par la puissance de
Dieu. Le paradoxe est ici à son comble. Alors que Juda, peuple de Dieu, fait
appel à Pharaon pour se protéger de son assaillant, c’est lui que l’Eternel
fortifie et arme pour le vaincre ainsi que son allié. L’Eternel qui,
logiquement, aurait dû se tenir dans le camp de Juda, se trouve dans celui de son
ennemi pour lui enseigner ce qu’il lui en coûte d’être infidèle à son Dieu. Notre
Dieu a mille moyens pour rappeler à son peuple qui il est. Qu’il nous donne la
grâce de l’honorer par la fidélité plutôt que par le châtiment !
[1] La Bible
avec notes d’études archéologiques et historiques : page 1200 :
Société Biblique de Genève