SUR
L’EGYPTE : Ezéchiel 29,1 à 32,32
V 1 à 3 :
raison de l’animosité de Dieu contre l’Egypte
Après les Etats voisins d’Israël,
c’est vers le Pharaon, roi d’Egypte, que l’Eternel appelle Ezéchiel à se
tourner. A cause du lien particulier qui la lie à Israël depuis sa naissance,
l’Egypte est sans nul doute la nation la plus citée de toute la Bible après
lui. La carte d’identité d’Israël précise que c’est d’Egypte qu’il est sorti.
L’Egypte est pour Israël l’ancienne maison de la servitude. La délivrance
d’Egypte n’a pas été qu’une épopée humaine. Elle est l’affirmation de la
suprématie de Dieu sur tous les faux dieux qui étaient l’objet d’un culte dans
le pays.
Si l’Eternel demande à Ezéchiel
de prophétiser sur l’Egypte, ce n’est nullement en raison du passé. Ce qui
s’est fait dans le passé n’est plus d’actualité. Dieu, qui a châtié à l’époque
de Moïse le Pharaon, ne revient pas sur ce sujet. Le péché qui attire le
jugement de Dieu sur l’Egypte est celui dont il se rend coupable au temps
d’Ezéchiel, et non il y a des siècles. Il est le même que celui de Tyr, le
péché de l’orgueil et de la suffisance. Les raisons qui sont à l’origine de la
vantardise du Pharaon sont différentes de celles qui gonflaient la poitrine du
roi de Tyr. Mais la nature de leur vanité est la même. Le Pharaon, comme le roi
de Tyr, se prend pour un dieu. Il se croit tout-puissant. Il pense que c’est à
lui seul qu’il doit le pouvoir qu’il a de terroriser les autres. Il se comporte
comme le roi du Nil, un crocodile monstrueux qui s’abuse de son pouvoir. S’il
était intelligent, celui-ci saurait que c’est à Dieu qu’il doit l’environnement
dans lequel il baigne. Mais le Pharaon l’a oublié. Il ne se voit plus comme une
créature, mais comme celui de qui tout dépend en Egypte. Ayant ravi à Dieu la
gloire qui lui est due, Dieu estime qu’il est temps de le ramener lui aussi à
la raison.
V 4 à 5 :
l’affaiblissement de la puissance de l’Egypte
Aussi puissant soit-il, le
Pharaon d’Egypte ne pourra éviter ce que Dieu a prévu pour lui pour le
corriger. Après le roi de Tyr, il sera la prochaine proie qui tombera dans la
nasse de Nebucadnetsar. Roi du Nil, il se croyait invincible. Parce qu’il exerce
un pouvoir absolu dans la sphère où il règne, le Pharaon commet la même erreur
que tous ceux qui sont dans son cas. Il se pense au-dessus de tout. Il ne
réalise pas qu’à côté de lui, il existe d’autres puissances qui, si Dieu le
veut, peuvent mettre fin d’un jour à l’autre à son empire. Puisque le milieu
dans lequel le Pharaon règne l’aveugle, Dieu, pour l’amener à une conception
plus juste de la réalité, va l’en sortir. Harponné par un pécheur habile, le
crocodile du Nil va être extrait du fleuve dans lequel il était à l’aise pour
être jeté dans le désert avec tous ceux qui lui étaient affiliés. Là, il fera
le constat amer que, tout Pharaon qu’il est en Egypte, il n’est rien. Il verra
son empire se démanteler et ses biens spoliés sans qu’il ne puisse rien faire
pour l’en empêcher.
L’orgueil, disait quelqu’un, est
d’abord et avant tout un défaut de perspective, une distorsion de la vérité. Il
est, selon l’Ecriture, le péché premier commis par le diable, celui qui a
entraîné les autres à sa suite : 1 Timothée 3,6.
L’orgueil nous aveugle au sujet des limites inhérentes à notre condition de
créature. Il nous fait croire quelque part que nous sommes l’égal de Dieu. Mais
le pouvoir de l’orgueilleux n’est et ne sera jamais le sien. Il ne tient qu’à
des circonstances qui lui sont favorables. Au jour où elles changent,
l’orgueilleux perd de sa superbe et est ramené à la réalité. Ce n’est qu’à la
volonté souveraine de Dieu que l’orgueilleux devait la position qu’il occupait.
Que Dieu la lui retire et il n’est plus rien. La différence entre Dieu et les
tyrans de ce monde tient à une seule chose. L’autorité que Dieu possède est
inhérente à ce qu’Il est : l’Eternel créateur de toutes choses. Parce
qu’ils dépendent de lui, les autres puissances portent en elles-mêmes la marque
intrinsèque de la faiblesse. Elles ne tiennent qu’à lui : Apocalypse 17,12. Malheur à ceux qui, séduits par la
puissance temporelle d’un Pharaon, s’agrègent à lui comme s’il était un dieu. Ils
feront avec lui l’expérience humiliante de la chute, au jour où Dieu brisera
leur chef. Seul ceux et celles qui s’attachent à Dieu ne seront jamais
confus : Psaume 97,7 ; Esaïe 45,17.
V 6 et 7 :
l’Egypte, un soutien décevant pour Israël
Mise à part l’arrogance de son
chef, le Pharaon, la cause du jugement de l’Egypte rejoint celle qui présida à
la ruine des nations voisines d’Israël. L’Egypte est jugée pour ce qu’elle a
été pour le peuple de Dieu, ici un recours décevant. Alors que Juda devait
faire face à l’hostilité de nations puissantes qui s’élevaient, la tentation
était grande pour lui de chercher de l’aide auprès d’alliés humains capables de
le protéger. Parmi eux, l’Egypte figurait en bonne position. En son temps, le
roi d’Assyrie qui assiégeait Jérusalem, avertit Juda avec justesse. « Voici,
dira le Rabshaké, tu as placé ta confiance dans l’Egypte, tu as pris pour
soutien ce roseau cassé, qui pénètre et perce la main de quiconque s’appuie
dessus : tel est Pharaon, roi d’Egypte, pour tous ceux qui se confient en
lui : 1 Rois 18,21. » L’accusation
faite ici par le conquérant assyrien n’était pas justifiée. Ezéchias, le roi de
Juda, s’appuyait sur l’Eternel, et c’est l’Eternel qui le délivra de sa main.
Elle était cependant un avertissement inspiré qui se vérifiera plus tard.
Etabli dans ses fonctions royales par le Pharaon, Jojakim fera l’amère
expérience de devoir être seul à faire face à Nébucadnetsar. Dépouillé lui-même
par le roi de Babylone, le Pharaon ne pourra lever la tête pour secourir son protégé :
2 Rois 23,34 à 24,7. L’Egypte, secours
illusoire, ne peut rien pour le peuple de Dieu au jour où celui-ci reçoit son
châtiment. Elle est, comme toutes les ressources que le monde prétend offrir, une
source de dépit, de désillusion et de souffrances amères pour le peuple de
Dieu.
Lorsque le jugement vient, il
frappe non seulement les ennemis viscéraux de Juda et d’Israël, mais aussi ses
faux amis. Les faux amis d’Israël ne sont pas mieux pour lui que ses ennemis.
Ils représentent seulement un danger plus sournois. Le jugement des faux amis
du peuple de Dieu a pour but de ramener le cœur de celui-ci à son Dieu. Il faut
qu’Israël le sache ! Le seul qui soit en mesure de le secourir et
d’assurer sa sécurité est son Dieu. Chaque fois qu’un souverain a fait ce
choix, il n’a pas été déçu. Il a vu l’Eternel agir pour mettre, de manière
miraculeuse, ses ennemis en déroute. Qui d’autre que l’Eternel, le Roi
tout-puissant, peut mieux sauver que lui ? Que Dieu nous aide pour
nous-mêmes à retenir les nombreuses leçons de l’histoire de son peuple !
Notre Dieu est aujourd’hui le même qu’hier, et cela éternellement !
V 8 à 16 :
un châtiment limité dans le temps
Pour le bien futur d’Israël et en
raison de l’arrogance de son chef, l’Egypte va passer à son tour par la dévastation.
Tout ce qui faisait l’orgueil du Pharaon va lui être ôté. Ses villes vont être
détruites, son Nil asséché : cf Esaïe 19,4 à 6.
Sa population va connaître l’exil. Le châtiment dont l’Egypte sera l’objet
n’aura cependant pas pour but sa destruction. L’Egypte sera corrigée, mais avec
mesure. Le temps de son humiliation sera de 40 ans, nombre qui, dans
l’Ecriture, correspond à le durée de l’épreuve et du test : Nombres 14,33-34 ; Marc 1,13. Après cela,
l’Egypte sera rétablie. Les Egyptiens exilés retourneront dans le pays. Mais
l’ancienne puissance ne retrouvera jamais son éclat. L’Egypte existera, mais
restera une nation modeste. Sa faiblesse la sauvera d’elle-même et sauvera
Israël de la tentation de chercher en elle un appui qui se substitue à son Dieu.
Il est vital que le peuple de
Dieu apprenne dans tous les temps que le meilleur appui qu’il puisse posséder
est son Dieu. L’Israël d’aujourd’hui ne l’a pas encore appris, lui qui cherche
dans ses alliances avec les Etats-Unis et d’autres, sa sécurité. Ce qui s’est
produit avec l’Egypte au temps de Nebucadnetsar pourrait très bien se
reproduire pour lui aujourd’hui. Zacharie l’a prédit ! C’est dans son
extrême détresse qu’Israël, enfin, cessera de s’appuyer sur des roseaux humains
qui le percent pour se tourner vers celui qu’ils ont percé, son Messie : Zacharie 12,10. Le but de l’histoire est d’apprendre à
chaque nation qu’aucune ne peut être le sauveur des autres et du monde. Il y a
un seul royaume, celui de Dieu, et un seul chef qui peut assurer le salut de
tous, individus comme peuple, Jésus-Christ. Au jour où l’Egypte l’apprendra,
elle ne sera plus l’objet du châtiment de Dieu, mais, avec Israël, celui de sa
bénédiction : Esaïe 19,24 à 25. Que ce jour
vienne bientôt !
V 17 à 21 :
la prise de l’Egypte : la récompense de l’armée babylonienne
Personne ici-bas ne pourra
accuser Dieu de l’avoir servi sans jamais en être récompensé. Dieu, certes, ne
doit rien à personne. Auteur de toutes choses, c’est en lui que nous avons la
vie, le mouvement et l’être : Actes 17,28.
Qui sert spécifiquement au dessein de Dieu est au bénéfice d’une double grâce.
Il peut être sûr de son appui et il en est enrichi. Jamais il ne sera dit par
quiconque que, au service de Dieu, le prix payé a été supérieur au salaire
reçu. Il est de l’honneur de Dieu de gratifier dans sa grâce chacun de ses
serviteurs pour le service qu’il lui a rendu. Il n’y a là de sa part aucun dû
légal, mais quelque chose qui a trait à la bienséance inhérente à sa bonté.
Roi de Babylone, Nebucadnetsar n’est
pas un conquérant comme les autres. Il n’agit pas d’abord en vue de sa propre
gloire, mais au service de Dieu. Jusqu’à quel point en est-il conscient ? Le
livre de Daniel nous relate le fait qu’à un certain moment de son règne, il a
appris qui était Dieu et lui a rendu gloire : Daniel
4,31-32. Avant d’humilier de nombreux peuples au service de Dieu,
Nebucadnetsar a lui-même été brisé par Dieu. Ce rôle de vengeur de Dieu parmi
les nations n’a pas été sans peine pour lui. Pour exemple, la conquête de Tyr
fut longue, éprouvante. Le bénéfice que le roi de Babylone et ses armées en ont
retiré a été pratiquement nul. Pour autant, Dieu ne l’a pas oublié. Puisque
Nebucadnetsar a servi au dessein de Dieu à Tyr, il doit être récompensé. L’Egypte,
dit Ezéchiel, sera son salaire, la compensation divine de ses efforts et de ses
blessures.
Le regard divin qu’Ezéchiel nous
apporte ici éclaire notre compréhension au sujet de ce qui se joue au niveau
des conflits qui opposent les nations les unes aux autres. Il nous rappelle que
nul ne peut s’élever et nul n’est abaissé sans que Dieu le décide. Le dépouillement
des uns qui sert à la richesse des autres est l’œuvre ponctuelle de Dieu. Tout
a pour centre le projet que Dieu poursuit avec son peuple, ici l’Israël de la
terre promise. Le prophète de Dieu seul a la capacité de comprendre les liens
et les ramifications qui tissent l’histoire des peuples et la noue au dessein
de Dieu. Pour les autres, tout n’est qu’affaire de puissance militaire. Rien de
ce qui se produit à l’échelle des nations n’est sans signification. Tout est
orchestré par la sagesse du divin Souverain.
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