vendredi 23 octobre 2020

EZECHIEL 29

 

SUR L’EGYPTE : Ezéchiel 29,1 à 32,32

V 1 à 3 : raison de l’animosité de Dieu contre l’Egypte

Après les Etats voisins d’Israël, c’est vers le Pharaon, roi d’Egypte, que l’Eternel appelle Ezéchiel à se tourner. A cause du lien particulier qui la lie à Israël depuis sa naissance, l’Egypte est sans nul doute la nation la plus citée de toute la Bible après lui. La carte d’identité d’Israël précise que c’est d’Egypte qu’il est sorti. L’Egypte est pour Israël l’ancienne maison de la servitude. La délivrance d’Egypte n’a pas été qu’une épopée humaine. Elle est l’affirmation de la suprématie de Dieu sur tous les faux dieux qui étaient l’objet d’un culte dans le pays.

Si l’Eternel demande à Ezéchiel de prophétiser sur l’Egypte, ce n’est nullement en raison du passé. Ce qui s’est fait dans le passé n’est plus d’actualité. Dieu, qui a châtié à l’époque de Moïse le Pharaon, ne revient pas sur ce sujet. Le péché qui attire le jugement de Dieu sur l’Egypte est celui dont il se rend coupable au temps d’Ezéchiel, et non il y a des siècles. Il est le même que celui de Tyr, le péché de l’orgueil et de la suffisance. Les raisons qui sont à l’origine de la vantardise du Pharaon sont différentes de celles qui gonflaient la poitrine du roi de Tyr. Mais la nature de leur vanité est la même. Le Pharaon, comme le roi de Tyr, se prend pour un dieu. Il se croit tout-puissant. Il pense que c’est à lui seul qu’il doit le pouvoir qu’il a de terroriser les autres. Il se comporte comme le roi du Nil, un crocodile monstrueux qui s’abuse de son pouvoir. S’il était intelligent, celui-ci saurait que c’est à Dieu qu’il doit l’environnement dans lequel il baigne. Mais le Pharaon l’a oublié. Il ne se voit plus comme une créature, mais comme celui de qui tout dépend en Egypte. Ayant ravi à Dieu la gloire qui lui est due, Dieu estime qu’il est temps de le ramener lui aussi à la raison.

V 4 à 5 : l’affaiblissement de la puissance de l’Egypte

Aussi puissant soit-il, le Pharaon d’Egypte ne pourra éviter ce que Dieu a prévu pour lui pour le corriger. Après le roi de Tyr, il sera la prochaine proie qui tombera dans la nasse de Nebucadnetsar. Roi du Nil, il se croyait invincible. Parce qu’il exerce un pouvoir absolu dans la sphère où il règne, le Pharaon commet la même erreur que tous ceux qui sont dans son cas. Il se pense au-dessus de tout. Il ne réalise pas qu’à côté de lui, il existe d’autres puissances qui, si Dieu le veut, peuvent mettre fin d’un jour à l’autre à son empire. Puisque le milieu dans lequel le Pharaon règne l’aveugle, Dieu, pour l’amener à une conception plus juste de la réalité, va l’en sortir. Harponné par un pécheur habile, le crocodile du Nil va être extrait du fleuve dans lequel il était à l’aise pour être jeté dans le désert avec tous ceux qui lui étaient affiliés. Là, il fera le constat amer que, tout Pharaon qu’il est en Egypte, il n’est rien. Il verra son empire se démanteler et ses biens spoliés sans qu’il ne puisse rien faire pour l’en empêcher.

L’orgueil, disait quelqu’un, est d’abord et avant tout un défaut de perspective, une distorsion de la vérité. Il est, selon l’Ecriture, le péché premier commis par le diable, celui qui a entraîné les autres à sa suite : 1 Timothée 3,6. L’orgueil nous aveugle au sujet des limites inhérentes à notre condition de créature. Il nous fait croire quelque part que nous sommes l’égal de Dieu. Mais le pouvoir de l’orgueilleux n’est et ne sera jamais le sien. Il ne tient qu’à des circonstances qui lui sont favorables. Au jour où elles changent, l’orgueilleux perd de sa superbe et est ramené à la réalité. Ce n’est qu’à la volonté souveraine de Dieu que l’orgueilleux devait la position qu’il occupait. Que Dieu la lui retire et il n’est plus rien. La différence entre Dieu et les tyrans de ce monde tient à une seule chose. L’autorité que Dieu possède est inhérente à ce qu’Il est : l’Eternel créateur de toutes choses. Parce qu’ils dépendent de lui, les autres puissances portent en elles-mêmes la marque intrinsèque de la faiblesse. Elles ne tiennent qu’à lui : Apocalypse 17,12. Malheur à ceux qui, séduits par la puissance temporelle d’un Pharaon, s’agrègent à lui comme s’il était un dieu. Ils feront avec lui l’expérience humiliante de la chute, au jour où Dieu brisera leur chef. Seul ceux et celles qui s’attachent à Dieu ne seront jamais confus : Psaume 97,7 ; Esaïe 45,17.

V 6 et 7 : l’Egypte, un soutien décevant pour Israël

Mise à part l’arrogance de son chef, le Pharaon, la cause du jugement de l’Egypte rejoint celle qui présida à la ruine des nations voisines d’Israël. L’Egypte est jugée pour ce qu’elle a été pour le peuple de Dieu, ici un recours décevant. Alors que Juda devait faire face à l’hostilité de nations puissantes qui s’élevaient, la tentation était grande pour lui de chercher de l’aide auprès d’alliés humains capables de le protéger. Parmi eux, l’Egypte figurait en bonne position. En son temps, le roi d’Assyrie qui assiégeait Jérusalem, avertit Juda avec justesse. « Voici, dira le Rabshaké, tu as placé ta confiance dans l’Egypte, tu as pris pour soutien ce roseau cassé, qui pénètre et perce la main de quiconque s’appuie dessus : tel est Pharaon, roi d’Egypte, pour tous ceux qui se confient en lui : 1 Rois 18,21. » L’accusation faite ici par le conquérant assyrien n’était pas justifiée. Ezéchias, le roi de Juda, s’appuyait sur l’Eternel, et c’est l’Eternel qui le délivra de sa main. Elle était cependant un avertissement inspiré qui se vérifiera plus tard. Etabli dans ses fonctions royales par le Pharaon, Jojakim fera l’amère expérience de devoir être seul à faire face à Nébucadnetsar. Dépouillé lui-même par le roi de Babylone, le Pharaon ne pourra lever la tête pour secourir son protégé : 2 Rois 23,34 à 24,7. L’Egypte, secours illusoire, ne peut rien pour le peuple de Dieu au jour où celui-ci reçoit son châtiment. Elle est, comme toutes les ressources que le monde prétend offrir, une source de dépit, de désillusion et de souffrances amères pour le peuple de Dieu.

Lorsque le jugement vient, il frappe non seulement les ennemis viscéraux de Juda et d’Israël, mais aussi ses faux amis. Les faux amis d’Israël ne sont pas mieux pour lui que ses ennemis. Ils représentent seulement un danger plus sournois. Le jugement des faux amis du peuple de Dieu a pour but de ramener le cœur de celui-ci à son Dieu. Il faut qu’Israël le sache ! Le seul qui soit en mesure de le secourir et d’assurer sa sécurité est son Dieu. Chaque fois qu’un souverain a fait ce choix, il n’a pas été déçu. Il a vu l’Eternel agir pour mettre, de manière miraculeuse, ses ennemis en déroute. Qui d’autre que l’Eternel, le Roi tout-puissant, peut mieux sauver que lui ? Que Dieu nous aide pour nous-mêmes à retenir les nombreuses leçons de l’histoire de son peuple ! Notre Dieu est aujourd’hui le même qu’hier, et cela éternellement !

V 8 à 16 : un châtiment limité dans le temps

Pour le bien futur d’Israël et en raison de l’arrogance de son chef, l’Egypte va passer à son tour par la dévastation. Tout ce qui faisait l’orgueil du Pharaon va lui être ôté. Ses villes vont être détruites, son Nil asséché : cf Esaïe 19,4 à 6. Sa population va connaître l’exil. Le châtiment dont l’Egypte sera l’objet n’aura cependant pas pour but sa destruction. L’Egypte sera corrigée, mais avec mesure. Le temps de son humiliation sera de 40 ans, nombre qui, dans l’Ecriture, correspond à le durée de l’épreuve et du test : Nombres 14,33-34 ; Marc 1,13. Après cela, l’Egypte sera rétablie. Les Egyptiens exilés retourneront dans le pays. Mais l’ancienne puissance ne retrouvera jamais son éclat. L’Egypte existera, mais restera une nation modeste. Sa faiblesse la sauvera d’elle-même et sauvera Israël de la tentation de chercher en elle un appui qui se substitue à son Dieu.

Il est vital que le peuple de Dieu apprenne dans tous les temps que le meilleur appui qu’il puisse posséder est son Dieu. L’Israël d’aujourd’hui ne l’a pas encore appris, lui qui cherche dans ses alliances avec les Etats-Unis et d’autres, sa sécurité. Ce qui s’est produit avec l’Egypte au temps de Nebucadnetsar pourrait très bien se reproduire pour lui aujourd’hui. Zacharie l’a prédit ! C’est dans son extrême détresse qu’Israël, enfin, cessera de s’appuyer sur des roseaux humains qui le percent pour se tourner vers celui qu’ils ont percé, son Messie : Zacharie 12,10. Le but de l’histoire est d’apprendre à chaque nation qu’aucune ne peut être le sauveur des autres et du monde. Il y a un seul royaume, celui de Dieu, et un seul chef qui peut assurer le salut de tous, individus comme peuple, Jésus-Christ. Au jour où l’Egypte l’apprendra, elle ne sera plus l’objet du châtiment de Dieu, mais, avec Israël, celui de sa bénédiction : Esaïe 19,24 à 25. Que ce jour vienne bientôt !

V 17 à 21 : la prise de l’Egypte : la récompense de l’armée babylonienne

Personne ici-bas ne pourra accuser Dieu de l’avoir servi sans jamais en être récompensé. Dieu, certes, ne doit rien à personne. Auteur de toutes choses, c’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être : Actes 17,28. Qui sert spécifiquement au dessein de Dieu est au bénéfice d’une double grâce. Il peut être sûr de son appui et il en est enrichi. Jamais il ne sera dit par quiconque que, au service de Dieu, le prix payé a été supérieur au salaire reçu. Il est de l’honneur de Dieu de gratifier dans sa grâce chacun de ses serviteurs pour le service qu’il lui a rendu. Il n’y a là de sa part aucun dû légal, mais quelque chose qui a trait à la bienséance inhérente à sa bonté.

Roi de Babylone, Nebucadnetsar n’est pas un conquérant comme les autres. Il n’agit pas d’abord en vue de sa propre gloire, mais au service de Dieu. Jusqu’à quel point en est-il conscient ? Le livre de Daniel nous relate le fait qu’à un certain moment de son règne, il a appris qui était Dieu et lui a rendu gloire : Daniel 4,31-32. Avant d’humilier de nombreux peuples au service de Dieu, Nebucadnetsar a lui-même été brisé par Dieu. Ce rôle de vengeur de Dieu parmi les nations n’a pas été sans peine pour lui. Pour exemple, la conquête de Tyr fut longue, éprouvante. Le bénéfice que le roi de Babylone et ses armées en ont retiré a été pratiquement nul. Pour autant, Dieu ne l’a pas oublié. Puisque Nebucadnetsar a servi au dessein de Dieu à Tyr, il doit être récompensé. L’Egypte, dit Ezéchiel, sera son salaire, la compensation divine de ses efforts et de ses blessures.

Le regard divin qu’Ezéchiel nous apporte ici éclaire notre compréhension au sujet de ce qui se joue au niveau des conflits qui opposent les nations les unes aux autres. Il nous rappelle que nul ne peut s’élever et nul n’est abaissé sans que Dieu le décide. Le dépouillement des uns qui sert à la richesse des autres est l’œuvre ponctuelle de Dieu. Tout a pour centre le projet que Dieu poursuit avec son peuple, ici l’Israël de la terre promise. Le prophète de Dieu seul a la capacité de comprendre les liens et les ramifications qui tissent l’histoire des peuples et la noue au dessein de Dieu. Pour les autres, tout n’est qu’affaire de puissance militaire. Rien de ce qui se produit à l’échelle des nations n’est sans signification. Tout est orchestré par la sagesse du divin Souverain.

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