V 1 à 9 : annonce
au chef de Tyr
Jusqu’ici, l’objet de la
prophétie d’Ezéchiel sur Tyr s’est concentré sur la cité qui est le centre
névralgique de la puissance de l’empire commercial phénicien. Toute puissance
dans le monde n’existe que parce qu’elle est personnifiée. L’Allemagne nazie
n’est pas seulement un concept ou une entité. Elle est inextricablement liée
aux traits du visage d’Adolphe Hitler. L’Amérique actuelle est l’Amérique de
Donald Trump. A la tête de chaque empire se dessine le visage d’un homme qui en
est la figure connue de tous. Ainsi en est-il de Tyr ! Aussi après s’être
adressé à l’empire phénicien, c’est vers son chef, la figure qui l’incarne, que
la prophétie d’Ezéchiel vise.
Que reproche l’Eternel au chef de
Tyr ? Qu’est-ce qui, dans son attitude, attire sur lui le jugement qui
conduira à la ruine de son empire ? Il se résume à une seule chose qui,
malheureusement, est trop souvent commune à ceux qui se trouvent au faîte du
pouvoir : l’orgueil. Devenu maître d’une puissance incontournable, le chef
de Tyr, qui n’est qu’un homme, se prend pour un dieu. Il se croit à cause de
ces richesses et de sa sagesse invincible, à l’abri de tout malheur et de toute
ruine. Il est la démonstration vivante, avant et après tant d’autres, que
l’homme n’est décidément pas fait pour la gloire et les hauteurs. Avant Jésus,
mais après Moïse, Ezéchiel pointe la source d’où émane cette attitude si
détestable qu’est l’orgueil : le cœur. « Ton cœur s’est
enorgueilli, dit Dieu : v 5 ». Le
chef de Tyr a perdu le sens des réalités. Il a oublié le fait que, dans sa
faiblesse, c’est à Dieu seul qu’il devait à chaque seconde de vivre. Aussi lui
faut-il passer à son tour par la leçon que l’Eternel réserve à tous ceux qui,
abusivement, s’élèvent et cherchent à lui ravir la gloire qui lui est
due : l’abaissement, le brisement, la ruine.
C’est par des hommes violents et
des étrangers que le chef de Tyr va recevoir la correction que Dieu lui
destine. Face à leur rage destructrice, il va soudain ouvrir les yeux et se
rendre compte de sa folie et de sa vanité. Un vrai Dieu ne tremble pas. Il ne
se trouve jamais dans une situation où il a peur, panique et s’effraie. Après
l’arrogance, le chef de Tyr va devoir apprendre l’épouvante. Qu’en sera-t-il de
ses prétentions lorsqu’il se trouvera soudain face à ceux qui, par leur épée,
mettront fin à sa vie ? Comme les autres hommes, il ne sera rien. Si Dieu
lui en laisse le temps, il devra confesser ce que Nebucadnetsar a reconnu après
son humiliation : « Maintenant, moi, Nabuchodonosor, je loue,
j’exalte et je glorifie le Roi des cieux, car il agit en accord avec ses
paroles et tout ce qu’il fait est juste, il a le pouvoir d’abaisser ceux qui
vivent dans l’orgueil : Daniel 4,34. »
Quelle grâce pour nous de savoir
que la figure représentative de la puissance et du royaume de Dieu soit notre
bien-aimé Seigneur Jésus-Christ ! Alors que c’est de lui, par lui et pour
lui que sont toutes choses, il aurait le droit légitime de s’attribuer tous les
honneurs et tous les titres. Il n’a pas fait ce choix. Au contraire ! « Lui
qui est de condition divine, il n’a pas regardé son égalité avec Dieu comme un
butin à préserver, mais il s’est dépouillé lui-même en prenant une condition de
serviteur, en devenant semblable aux êtres humains. Reconnu comme un simple
homme, il s’est humilié lui-même en faisant preuve d’obéissance jusqu’à la
mort, même la mort sur la croix : Philippiens 2,6
à 8. » Pour toujours, le Dieu que nous aimons et que nous
servons, celui qui est au sommet de tous les pouvoirs, a les traits d’un seul
visage : celui du Crucifié de Golgotha. Il est le Roi qui s’est abaissé au
point d’être un ver, et plus un homme : Psaume
22,6. Mais la faiblesse de Dieu s’est révélée plus forte que les hommes
et sa folie plus sage qu’eux. Que Dieu nous donne d’être dans ce monde ses
dignes apprentis !
V 11 à 19 :
le vrai roi de Tyr
Il y a dans le monde dans lequel
nous vivons deux réalités : une visible, l’autre invisible. La réalité
visible est celle que l’on perçoit avec nos yeux physiques. Elle est faite
d’éléments que l’on peut décrire, analyser et toucher. Dans le domaine du
gouvernement du monde, la réalité visible s’arrête sur les figures qui
incarnent le pouvoir. Tel pays, disons-nous, a à sa tête tel roi, tel
président, tel chef. S’ils permettent d’en saisir une partie, nos yeux sont
incapables d’embrasser à eux seuls toute la réalité. Car derrière le visible,
existe la partie déterminante de celle-ci dans laquelle nous sommes
plongés : l’invisible. Pour la capter, il nous faut plus que de bons yeux.
Il nous faut une révélation de Dieu dans l’esprit, cette partie de nous-mêmes
qui échappe à nos sens. C’est grâce à elle qu’Ezéchiel pénètre dans le domaine
de l’invisible pour nous livrer ce que Dieu lui a montré.
Si la première partie de la
prophétie d’Ezéchiel s’adressait au dirigeant humain de Tyr, la seconde
concerne nettement quelqu’un qui n’est pas fait de chair et d’os. Il ne s’agit
donc pas du même personnage. Bien qu’il fasse partie de l’histoire de
l’humanité, l’être dont il est question ici a une origine qui dépasse largement
son cadre. Alors qu’aucune nation n’existait encore, il était déjà là en Eden
lorsque le 1er homme y a été placé. Créature magnifique, chef
d’œuvre de la création de Dieu, cet être occupait dans la hiérarchie des milices
angéliques la place la plus élevée. Il était un chérubin protecteur, un être
céleste chargé d’être porteur de la gloire de Dieu : Ezéchiel 9,3. Il bénéficiait ainsi d’un rang et d’un
statut qui étaient un privilège rare. Destiné à de hautes fonctions, ce chérubin
possédait des atouts que peu partageait avec lui. D’un beauté sans égale, mis à
part celle de Dieu qui la surpassait, son entrée dans le monde créé fut un jour
de joie et d’allégresse à la gloire de Dieu. Chants, musique, concerts
d’instruments de toutes sortes saluèrent sa venue. Jamais encore on n’avait vu
de créature si admirable. Jamais personne jusque là n’avait été doté de si
magnifiques atours (Ezéchiel dénombre dix pierres précieuses composant son
ornement).
Si tous les anges sont nés pour être
au service de Dieu, tous n’assument pas la même fonction. Le chérubin dont
parle ici Ezéchiel faisait partie des rares privilégiés qui vivaient dans
l’entourage même du Créateur. Cette place qu’il occupait n’était pas le résultat
d’un parcours méritant. Elle lui avait été attribuée par grâce par le Dieu
souverain dès sa naissance. Au bénéfice de tant de faveurs, on aurait pu
s’attendre à ce que ce chérubin, débordant de reconnaissance, mette toute sa
personne au service de son Roi. Ce fut le cas un temps, jusqu’à ce qu’une
pensée et un désir insidieux s’insinuent en lui. « Servir la gloire de
Dieu, contribuer à engendrer l’adoration de sa personne dans le cœur de ses
créatures, soit ! Mais ne suis-je pas moi aussi digne de louange ? Ma
beauté et ma sagesse ne méritent-elles pas de faire l’objet de l’admiration de
tous ? » Au moment où cette pensée s’installa en lui et gagna
l’adhésion de sa volonté, l’idolâtrie, source de tous les maux et provocatrice
de toutes les colères divines, naquit. Dans son essence profonde, l’idolâtrie
n’est pas le fait d’adorer d’autres dieux que Dieu. C’est d’abord et avant tout
l’adoration de sa propre personne à la place de Dieu.
Nous savons par le reste de
l’Ecriture qui est le chérubin protecteur qui est l’objet de la complainte
d’Ezéchiel. Il n’est personne d’autre que l’astre brillant, le fils de
l’aurore, Lucifer devenu Satan, l’adversaire viscéral de Dieu : Esaïe 14,12. Le roitelet orgueilleux de Tyr n’en est
qu’une représentation. Le fait que celui-ci lui soit assimilé n’est cependant
pas anodin. L’Ecriture nous rapporte que, dans sa révolte contre Dieu, le
chérubin protecteur maléfique a entraîné de nombreux anges derrière lui : Apocalypse 12,4. Ensemble, ils forment un monde
spirituel parallèle à celui de Dieu dans lequel chacun exerce, au service de son
maître, des fonctions d’autorité et de domination : Ephésiens 6,12. Ils constituent collectivement le
monde des ténèbres. Depuis l’entrée du péché dans le monde, ils ont pris le
contrôle partiel de l’humanité, Dieu restant souverain malgré tout : cf 1 Jean 5,19. Des nations, des régions, des villes, des
empires sont sous la juridiction particulière des uns et des autres : Daniel 10,20. Cette réalité explique la raison de tant
de divergences de mentalités et d’idéologies dans le monde selon les pays dans
lesquels on se trouve.
Comme il en est de son chef
terrestre, la fin du chef spirituel de Tyr est, elle aussi, déjà arrêtée par
Dieu. Vient le jour où il sera précipité de son poste élevé pour être réduit à
rien, à l’étonnement de tous ceux qui l’auront admiré et suivi. Le chérubin
protecteur, si doué de Dieu, voulait être son égal. Il finira par être la plus
misérable et la plus dépouillée de toutes les créatures. Que son parcours
rappelle à tous une chose, qui est le principe sur lequel repose toute
gloire : c’est à la louage de la grâce de Dieu seule que nous devons
d’être ce que nous sommes, rien d’autre.
V 20 à 23 : le
jugement de Sidon
Après Tyr, Sidon était la 2ème
ville importante de l’empire commercial phénicien. Les deux villes étaient si
liées entre elles qu’elles forment ensemble un couple pratiquement inséparable.
C’est pourquoi il n’est pas étonnant que la prophétie d’Ezéchiel sur la ruine
qui atteindra Tyr touche également Sidon, son alliée et sa complice. Située à
35 kms au nord de Tyr, Sidon tombera suite à un double fléau qui la frappera.
Sidon mourra de la peste et de l’épée. Prise par Nebucadnetsar, elle sera
l’objet d’un véritable carnage.
Aussi sévère soit le jugement qui
frappa Tyr et Sidon, les cités phéniciennes ne sont pas celles qui, sous l’angle
de la culpabilité, tiennent la tête d’affiche devant Dieu. Les villes les plus
coupables sont ailleurs. Elles ne sont pas hors du territoire d’Israël, mais sur
lui. Elles sont les cités qui, du temps de Jésus, ont été les témoins
privilégiés des œuvres de puissance qu’il a accomplies en leur sein. Jésus est
formel ! Si les miracles qu’il a opérés au milieu de Chorazin et Bethsaïda
l’avaient été à Tyr et Sidon, leurs habitants se seraient repentis et auraient
échappé au jugement. « C’est pourquoi, dit le Seigneur, au jour du
jugement Tyr et Sidon seront traitées moins sévèrement qu’elles : Matthieu 11,21-22. »
Il nous faut, en lisant le récit
et les prophéties qui traitent du jugement des villes anciennes, retenir le
principe induit ici par Jésus. Le degré de culpabilité des hommes n’est pas
établi sur le seul critère de leur vanité, leurs vices ou leur orgueil. Il est
aussi lié à la mesure de grâce reçue. Plus une nation a été au bénéfice de la
connaissance de Dieu par Jésus, plus elle est coupable de ne pas se repentir.
Il se peut que, sur le plan moral, elle soit plus respectable que Sodome et
Gomorrhe ou Tyr et Sidon. Mais le poids du péché de ces villes ne peut
rivaliser, en termes de responsabilité, avec celui qui pèse sur les cités qui
se sont montrées indifférentes à la lumière de l’Evangile reçue. Dans les mêmes
circonstances, Jésus estime que les cités antiques se seraient comportées
autrement. Elles auraient pris le sac et la cendre et se seraient amendées de
leurs péchés. Cette règle de mesure, qui s’applique aux villes dans lesquelles
Jésus est passé de son vivant sur terre, est vraie aussi pour les nations qui,
au cours de l’histoire, ont bénéficié d’une connaissance plus ample de Christ
que les autres. Au jour du jugement, ce critère prévaudra sur tout autre. Que
Dieu donne à ceux que l’Evangile a éclairé la grâce de se repentir vite et
profondément !
V 24 à 26 :
Tyr et Sidon jugées pour le bien d’Israël
Quel est le but des jugements qui
frappent les Etats voisins d’Israël : Ammon, Moab, Philistie, Tyr et Sidon ?
S’il est, dans un premier temps, qu’ils reconnaissent que l’Eternel, le Dieu d’Israël,
est le seul Dieu qui soit, il poursuit également un autre objectif. Il est, dit
Ezéchiel, d’assurer la tranquillité future d’Israël. Depuis sa naissance en
tant que nation, Israël n’a jamais vraiment été reconnu comme un Etat légitime
par ses voisins. Toujours, il a dû se battre contre l’un ou l’autre d’entre eux.
Tous considéraient sa présence en Canaan comme une occupation illégitime. L’allergie
que les voisins d’Israël ont développé contre lui n’a cependant rien d’humain.
Elle n’est pas liée à la race ou à une couleur de peau. Elle trouve sa raison
dans l’histoire même de la naissance de la nation. Toutes les nations
frontalières d’Israël le savent : la nation hébraïque ne s’est pas
installée en Canaan à la faveur de sa force. Ce n’est ni par sa puissance, ni
par l’épée qu’Israël a dépossédé de leurs places les peuples qui occupaient le
territoire qu’il a conquis. Israël a triomphé d’eux par l’assistance de l’armée
de l’Eternel. La guerre qui oppose Israël à ses voisins est d’ordre spirituel,
même si elle se traduit sur le terrain par des affrontements militaires.
En tant que maison de Dieu,
Israël est le premier à connaître le jugement de Dieu. Celui-ci cependant n’est
pas pour sa perte, mais pour sa purification. Aussi sinueux et tortueux soit le
parcours du peuple élu, il faut que le dessein de Dieu à son sujet se réalise.
En dispersant Israël parmi tous les peuples, l’Eternel n’abandonne pas son
projet initial avec lui. Il libère son territoire pour le purifier de l’idolâtrie
qui l’a infesté. Cet objectif n’a cependant pas été perçu de cette manière par
ses voisins. Aveuglés par leur haine et leur animosité contre Israël, ceux-ci ont
célébré la vengeance qui frappait le peuple élu, accumulant sur leur tête le
courroux de Dieu. Leur joie aura été de courte durée. Après Israël, l’un après
l’autre, les Etats voisins qui lui étaient hostiles recevront leur rétribution
de la part du Dieu d’Israël, pour leur perte et leur ruine définitive.
Le terme de l’œuvre étrange de
Dieu sera atteint au jour où, sous l’effet de la grâce de Dieu, Israël
reviendra de l’exil pour occuper à nouveau son territoire. Ce temps sera pour
lui celui de la paix, du repos et de la sûreté. Israël n’aura plus à craindre l’hostilité
des peuples qui lui étaient voisins. Car ils ne seront plus. Chacun pourra
construira sa maison et cultiver sa vigne sans redouter une invasion, une
attaque soudaine ou une destruction. Israël aura la sécurité dans sa demeure.
La fin heureuse que Dieu destine à son peuple choisi nous invite à ne pas nous
prononcer trop rapidement au sujet de ce qui lui arrive en cours de route. N’ayant
pas la vue finale du dessein que Dieu poursuit, nous risquons fort de mal
interpréter les actes temporels qui jalonnent son parcours. Quoi que nous
connaissions et traversions dans nos vies, gardons confiance en la capacité de
Dieu de réaliser ses projets et ses promesses. Israël comme l’Eglise
existent dans le monde pour une seule raison : célébrer la gloire de la
grâce de Dieu : cf Ephésiens 1,6. « Quelle
profondeur ont la richesse, la sagesse et la connaissance de Dieu, dira Paul !
Que ses jugements sont insondables et ses voies impénétrables… C’est de lui,
par lui et pour lui que sont toutes choses. A lui la gloire dans tous les
siècles ! Amen ! : Romains 11,33 et 36. »
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