vendredi 30 octobre 2020

EZECHIEL 30

 

V 1 à 3 : le jour de l’Eternel

Il existe dans la parole prophétique un jour unique, un jour qui ne ressemble à aucun autre. Il est le jour de l’Eternel. Tous les jours que Dieu a fait sont à lui. C’est pourquoi ils doivent être un sujet de joie pour son peuple : Psaume 118,24. Mais il y a un jour particulier qui ne revient qu’à Dieu. C’est le jour où, sa patience tarie, l’Eternel tire le trait de ce que lui doivent les nations et exerce sans retenue sa vengeance contre elles. Le jour de l’Eternel a été un thème récurrent chez bon nombre de prophètes. Joël en a fait le sujet principal de son livre. Il le décrit comme le jour du ravage du Tout-Puissant : Joël 1,15. Ce jour sera si terrible que personne n’aura la force de le soutenir : Joël 2,11. En ce jour, Dieu convoquera les armées du monde dans la vallée de Josaphat, la vallée de leur jugement : Joël 3,14. Opprimé, le peuple de Dieu aspire à la venue de ce jour. Amos prévient cependant : le jour de l’Eternel ne sera pas lumière, mais ténèbres : Amos 5,20. Il sera, selon Esaïe, un jour cruel, de colère et d’ardente fureur, qui réduira la terre en solitude et en exterminera les pécheurs : Esaïe 13,9. Le jour de l’Eternel sera le temps du jugement des nations : Esaïe 30,3, la période qui, de la part de Dieu, leur est spécifiquement réservée : Ezéchiel 30,3.

Si le jour de l’Eternel est un jour obscur pour les nations sans Dieu, il revêt pour le peuple de Dieu une connotation toute autre. Le jour de l’Eternel est le jour de la venue en gloire de notre Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ. C’est le jour que le peuple de Dieu racheté attend avec impatience. Bien que survenant à l’improviste : Luc 21,34, le jour de la parousie ne saurait le surprendre. Car celui-ci ne vit pas dans les ténèbres, mais dans la lumière : 1 Thessaloniciens 5,4. En ce jour-là, Christ viendra pour être glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru : 2 Thessaloniciens 1,10. Veillons donc et prions en tout temps, afin que nous ayons la force d’échapper à tout ce qui se produira à ce moment-là, et de paraître debout devant le Fils de l’homme : Luc 21,36.

V 4 à 9 : l’Egypte et ses soutiens anéantis

Le monde dans lequel vit Ezéchiel a de nombreux traits de ressemblance avec le nôtre. C’est un mode multipolaire, fait de puissances qui s’agrègent en blocs qui finissent par s’opposer l’un à l’autre. Roi du Nil, l’Egypte n’est pas une puissance solitaire. Elle est un crocodile auquel sont attachés par ses écailles de nombreux poissons : Ezéchiel 29,4. La puissance de l’Egypte repose sur une alliance faite avec de nombreux peuples, comme l’était celle de l’URSS au XXème siècle. A cause des liens qui la rattachent à ses affidés, son jugement ne la touchera pas elle seule, mais tous les états qui lui sont alliés. L’épée qui s’abattra sur l’Egypte ne pourra laisser indemne ses soutiens. Aux yeux du conquérant qui la combat, l’Egypte est une entité qui les inclut tous. L’Ethiopie (le Soudan actuel), Puth (la Lybie ou la Somalie moderne), Lud et Cub sont l’Egypte, le bloc dont elle est la puissance majeure. L’affaiblissement de celle-ci ne peut se faire que d’une manière. Elle nécessite que l’alliance qui l’unit à ses alliés soit démantelée. Nebucadnetsar ne conquerra pas seulement l’Egypte. L’Ethiopie tremblera à sa chute, car elle sait qu’après elle, son tour vient. Comme le fut la fin de Tyr, celle de la coalition qui était à la base de la puissance de l’Egypte a un effet didactique pour le peuple de Dieu. Elle lui rappelle la leçon fondamentale qui fut à l’origine de sa naissance, lors de sa sortie d’Egypte au temps de Moïse. Cette leçon est que l’Eternel seul doit être son appui, la source de sa sécurité, la puissance qui lui sert d’appui. Tout autre recours est un roseau qui finit par casser et blesser quiconque s’appuie sur lui : Ezéchiel 29,7.

Entrer dans une alliance quelle qu’elle soit, n’est pas sans conséquence. L’alliance lie entre elles toutes les parties qui la composent. Au jour de sa puissance, les éléments faibles de l’alliance ont tout à gagner dans le fait d’y être inclus. Ils jouissent de la protection et de la sécurité que leur offre la puissance forte qui en est le moteur. Au jour de l’adversité, ils ne pourront pas échapper à son sort. Unis dans la vie, ils le seront dans la douleur et jusque dans la mort. Si, sur le plan politique, rares sont les pays hors de toute alliance, sur le plan spirituel, aucun homme ne connaît de neutralité. Que nous le voulions ou non, nous sommes tous rattachés par alliance à Dieu ou à Satan. Le sort final qui touche à l’un embrasse tous ceux qui lui sont unis. Au jour du jugement, dit Jésus, les rebelles ne pourront être séparés de celui qu’ils ont suivi. Ils iront dans le feu éternel qui lui a été préparé avec ses anges : Matthieu 25,41. Les bénis de Dieu partageront, quant à eux, pour une félicité éternelle, la gloire et les bienfaits de son royaume : Matthieu 25,34. Béni soit Dieu pour l’alliance par laquelle il nous a rattachés à Son Fils Jésus-Christ pour l’éternité !

V 10 à 19 : la dévastation qui attend l’Egypte

La dévastation de l’Egypte, annoncée par Ezéchiel, correspond à un objectif précis de la part de Dieu. Dieu n’a pas seulement pour objet de ruiner l’Egypte. Par le jugement, Dieu s’en prend aux symboles de sa puissance. Le but du châtiment qui s’abat sur l’Egypte est de manifester aux yeux des Egyptiens et de toutes les nations que l’Eternel seul est Dieu. C’est pourquoi les cibles visées ne sont pas prises au hasard. Elles sont représentatives de l’identité spirituelle de l’Egypte. Qui connait l’Egypte sait que c’est à ses dieux qu’elle doit son rayonnement et sa gloire. Il convient donc que, pour faire éclater la magnificence de son nom, l’Eternel s’en prenne aux hauts lieux cultuels significatifs de ses divinités : Thèbes (No), Memphis, Pathros, Tsoan, …

« Dans l’histoire égyptienne, No (appelée aussi Thèbes) a longtemps servi de ville phare pour la partie sud de l’Egypte. Située sur la rive est du Nil, à plus de 700 kilomètres du Caire, elle était le centre du culte d’Amon, le « roi des dieux ». Elle a atteint son apogée entre 1500 et 1000 av J-C., étant alors la capitale d’un vaste Empire comptant parmi les plus riches et les plus célèbres cités de l’Antiquité. Le site de la Thèbes antique, correspondant à Louxor et Karnak aujourd’hui, offre le plus grand rassemblement de monument antiques, couvrant une superficie de 26 à 29 kilomètres carrés. Le magnifique temps d’Amon, sur la rive est à Karnak, est le plus grand jamais construit et, jusqu’à l’époque moderne, il pouvait se vanter de posséder les colonnes les plus importantes au monde : 10 mètres de circonférence, 21 mètres de hauteur. Les pharaons ont fait le récit de leurs exploits sur les parois du temple… Sur la rive ouest du Nil se trouve la nécropole royale qui comprend de nombreux temples mortuaires et tombes des souverains du Nouvel Empire (1570 – 1070 av J-C.) : le magnifique temple mortuaire de la reine Hatsheput, la célèbre tombe de Toutankhamon, le temple mortuaire de Ramsès III, qui relate sur ses murs sa victoire de 1176 av J-C. contre les peuples de la mer… Jérémie, le premier, a annoncé que l’Eternel interviendrait contre le dieu Amon de No, le pharaon et les dieux de l’Egypte : ils seraient livrés entre les mains de Nebucadnetsar, le roi de Babylone : Jérémie 46,25-26… Plus tard, les Perses ont aussi mis la ville à sac. A l’époque romaine, la gloire de Thèbes n’était plus qu’un souvenir.[1] »

Annoncée par Jérémie et Ezéchiel, la conquête de Thèbes et de l’Egypte par Nebucadnetsar, est restée dans les annales de son histoire. Une tablette en argile fragmentaire la confirme. Pour abaisser la superbe de l’Empire égyptien, Dieu n’a pas fait dans la dentelle. Il a voulu prendre pour instrument le plus violent, le plus impitoyable des peuples de l’époque. Si le temps de la patience de Dieu est celui de sa tempérance, le jour de sa colère ne laisse aucune place à la pitié. Il est l’expression de la fureur sainte et jalouse de Dieu, une fureur qui ne laisse à ceux qui en sont l’objet aucun espoir de salut.

V 20 à 26 : brisement du Pharaon et exil des Egyptiens

Si l’Egypte est le sujet de la section prophétique traitée ici par Ezéchiel, nous devons nous souvenir que le but de Dieu à travers elle est de s’adresser à Juda pour lui signifier à quel point la confiance qu’il a mis en Pharaon pour le délivrer de la main de Nebucadnetsar est illusoire : Ezéchiel 29,7. Il fut un temps en effet au cours duquel Juda crut vraiment que le Pharaon et ses armées le délivreraient de la main du roi de Babylone. Le prophète Jérémie relate cet épisode. Alors que les babyloniens assiégeaient Jérusalem, ils durent un instant relâcher l’étau qui l’enserrait à cause de l’armée du Pharaon venue voler à son secours. Cette tentative ne fera pas long feu. Le Pharaon rebroussera chemin : Jérémie 37,5 à 8. Il retournera dans ses terres, comme un guerrier dont un bras serait cassé. Blessé, diminué, le Pharaon n’aura pas le temps de se remettre de sa défaite. Après avoir terminé son œuvre en Juda, puis à Tyr, Nebucadnetsar se souviendra de l’Egypte. Il prendra le pays et terminera d’abattre la puissance du Pharaon qui, défait, gémira devant lui comme le font les mourants à l’approche de leur dernière heure. Les deux bras cassés, Pharaon devra lâcher son épée au profit de Nebucadnetsar fortifié par la puissance de Dieu. Le paradoxe est ici à son comble. Alors que Juda, peuple de Dieu, fait appel à Pharaon pour se protéger de son assaillant, c’est lui que l’Eternel fortifie et arme pour le vaincre ainsi que son allié. L’Eternel qui, logiquement, aurait dû se tenir dans le camp de Juda, se trouve dans celui de son ennemi pour lui enseigner ce qu’il lui en coûte d’être infidèle à son Dieu. Notre Dieu a mille moyens pour rappeler à son peuple qui il est. Qu’il nous donne la grâce de l’honorer par la fidélité plutôt que par le châtiment !



[1] La Bible avec notes d’études archéologiques et historiques : page 1200 : Société Biblique de Genève

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