samedi 20 mars 2021

EZECHIEL 47

 

V 1 à 5 : Le torrent qui jaillit du sanctuaire

Il reste à Ezéchiel, après la visite du temple, à considérer un élément des plus extraordinaires de la vision qu’il a reçue. Sous le seuil du temple, à l’Est du bâtiment, le prophète vit un filet d’eau sortir et s’orienter côté droit vers le sud en s’écoulant. Le guide d’Ezéchiel le fit sortir de l’enceinte du sanctuaire pour suivre le parcours de ce ruisseau naissant. Muni d’un ruban à mesurer, il fit faire au prophète plusieurs exercices. Après 500 mètres de distance, il lui demanda de traverser le ru. L’eau lui arrivant aux chevilles, Ezéchiel le fit sans difficulté. 500 mètres plus loin, Ezéchiel renouvela l’opération. Des chevilles, l’eau était montée jusqu’aux genoux du prophète. La 3ème fois qu’Ezéchiel traversa l’eau, après 500 mètres, le niveau lui arrivait à la taille. Ce fut la dernière fois qu’il put franchir le fleuve. Deux kilomètres, après son point de départ, la source émanant du temple était devenue un torrent qui nécessitait de nager pour s’y tenir.

Comme il en est pour le reste de la vision qu’a reçu Ezéchiel, les commentateurs bibliques ne s’accordent pas au sujet de son interprétation. Pour certains, le fleuve qui sort du sanctuaire n’est que symbole. Pour d’autres, il sera une réalité qui s’ajoute aux autres éléments décrivant le futur du royaume messianique. Le parti pris dès le début du commentaire de la vision est de considérer les faits décrits comme réels, même si leur compréhension nous échappe, et d’en tirer les applications spirituelles qu’ils signifient. C’est du cœur de la maison de Dieu que jaillit pour nous la source qui nous purifie. Dans une vision précédente qui traitait de la restauration d’Israël, Ezéchiel l’avait prophétisé : « Je vous aspergerai d’eau pure et vous serez purifiés. Je vous purifierai de toutes vos idoles. Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau. Je retirerai de votre corps le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair : Ezéchiel 36,25-26. » La vision d’Ezéchiel au sujet de cette source jaillissante du lieu du sacrifice ne lui appartient pas en propre. Elle est reprise autant par Joël que Zacharie, deux prophètes portés comme lui sur le devenir d’Israël. « Une source, dit Joël, sortira aussi de la Maison de l’Eternel et arrosera la vallée de Sittim : Joël 3,18. » « Ce jour-là, précise Zacharie, une source jaillira pour la famille de David et les habitants de Jérusalem, pour laver péché et souillure… Ce jour-là, de l’eau vive sortira de Jérusalem et coulera, une moitié vers la mer Morte, l’autre moitié vers la Méditerranée : Zacharie 13,1 ; 14,8. » Le torrent qui jaillit du sanctuaire est le point d’orgue de la vision glorieuse du royaume messianique terrestre du Christ. Il exprime tous les bienfaits qui résultent pour Israël et tous les peuples de la mort sacrificielle de Jésus. C’est de Jérusalem, là où le Seigneur fut crucifié, hors de la porte de la ville, que se répand le fleuve de grâce qui, partout où il passe, renouvelle, ressuscite et sème la vie là où il n’y avait que mort et stérilité.

Les exercices que le guide d’Ezéchiel imposent aux prophètes sont didactiques. Ils ont pour objet de lui donner de prendre conscience de la force interne du courant qui sort du sanctuaire. Sans le concours d’aucun affluent, celui-ci grossit de lui-même. C’est comme si la source qui jaillit du lieu de la présence de Dieu se multipliait d’elle-même, enfantant au fur et à mesure de son écoulement de nouvelles sources qui possèdent les mêmes capacités. Ce miracle illustre l’œuvre vivifiante de l’Esprit, surgissant dans l’histoire de l’épisode mystérieux de la croix. Mince filet qui débute par la régénération de quelques-uns, nous le voyons grossir dans les Actes par l’ajout de 3 000 âmes à la Pentecôte : Actes 2,41, nombre porté à 5 000 quelques jours plus tard : Actes 4,4. Une génération suffira pour que tout l’empire romain soit truffé de communautés chrétiennes, fruit de la grâce. Aujourd’hui, le torrent de vie qui procède de la croix de Jésus, poursuit sa route. Il ne cesse de pénétrer dans de nouveaux lieux autrefois fermés à son influence. « Il est venu jusqu’à vous, dit Paul aux Colossiens, tout comme dans le monde entier, où il porte des fruits et progresse : Colossiens 1,6. » Jésus lui-même avait prédit et annoncé ce développement. « Le dernier jour, le grand jour de la fête, Jésus, debout, s’écria : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne et qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de lui, comme l’a dit l’Ecriture. Il dit cela à propos de l’Esprit que devait recevoir ceux qui croiraient en lui : Jean 7,37 à 39. »

De la croix, la grâce coule,

Comme un fleuve constamment,

Oh ! Venez en foule :

Un plein pardon vous attend.

 

Oui, pour tous la grâce abonde ;

A tous le ciel est ouvert

Pour tous les pécheurs du monde

Le Rédempteur a souffert.

 

Crois à sa miséricorde

Qui dure éternellement

Pour toi, la grâce déborde,

A cette heure, en ce moment.

 

V 6 à 12 : les effets pratiques de l’eau vive

Après lui avoir fait suivre le cours du torrent qui jaillit du sanctuaire, le guide d’Ezéchiel l’interroge. Le prophète a-t-il bien observé tout ce qui était à voir au sujet de ce phénomène ? En a-t-il tiré toutes les leçons pour lui et pour son peuple ? Le premier enseignement que donne le torrent est que la vie qui surgit de la présence de Dieu est intarissable. C’est une vie qui grossit sans cesse, se multiplie et porte en elle des bienfaits aux possibilités illimitées : la vie éternelle. Or, cette vie, dit Jean, parlant de Jésus, a été manifestée. « Nous l’avons vue, nous en sommes témoins et nous vous l’annonçons : cette vie éternelle qui était auprès du Père s’est manifestée à nous : 1 Jean 1,2. » A cause de sa nature, le cours de la vie de Dieu ne peut s’assécher. Il ne peut que s’amplifier et irriguer toujours plus ce qui se trouve sur son chemin. Qui comptera tous les bienfaits que cette vie a généré dans le monde ? Le guide d’Ezéchiel le prend par la main pour lui en donner un aperçu.

Conduit au bord du torrent, Ezéchiel remarque soudain les magnifiques arbres de toutes espèces qui jalonnent ses deux rives. Le guide lui explique que partout où le torrent s’écoule, la vie apparaît. C’est cependant dans un lieu précis, connu de tout temps pour sa stérilité absolue, que le paroxysme de la puissance de vie du torrent se révèlera : la mer Morte. La mer Morte est l’étendue d’eau la plus basse (400 mètres sous le niveau de la Méditerranée) et la plus salée du globe. Sa salinité est telle qu’aucune forme de vie n’est capable de survivre en elle. La mer Morte est un défi à la vie, défi que le torrent issu du sanctuaire va relever. Le guide d’Ezéchiel le certifie. Désormais, à cause des eaux du torrent qui se jetteront en elle, la mer Morte va être grouillante de vie. Des pécheurs se tiendront sur ses rives, jetteront leurs filets et sortiront de ses eaux quantité de poissons de toutes sortes. Sur les bords du torrent, de multiples arbres fruitiers donneront leurs fruits chaque mois, tandis que leur feuillage servira de remède.

La résurrection de la mer Morte est le témoignage le plus éloquent des capacités de la puissance de vie qui habite en Dieu. Irriguées par le torrent de vie qui jaillit du temple, les eaux maudites cessent de l’être. La mer Morte était l’emblème de ce qu’il y avait de plus dégradé et perdu au sein de l’humanité. Partout où il pénètre, dans les points les plus bas et les plus désolés, le courant de la vie de Dieu assainit, ressuscite et donne un avenir à ce qui n’en avait pas. Le jugement et la condamnation sont levés. La bénédiction peut affluer sans limite. Sur les rives du courant de la vie de Dieu, chacun a sa place. Les arbres qui le bordent sont tous différents les uns des autres. Mais chacun, à sa manière, et selon l’espèce qui le caractérise, contribue à la nourriture et à la guérison de la communauté. Tels seront les effets de la profusion de vie qui jaillira du temple, lieu de la présence de Dieu et du sacrifice à partir duquel la victoire sur la mort a été remportée.

La vision idyllique d’Ezéchiel comporte cependant un bémol. A proximité de la mer Morte, désormais pleine de vie, des étangs et des marais restent dans leur état de stérilité. Le royaume messianique terrestre n’est pas encore le ciel. La présence du péché et de la mort s’y trouvent toujours. Les lagunes et les mares pleines de sel représentent la portion de l’humanité qui, malgré l’évidence du bonheur que procure la vie de Dieu, reste fermée à l’œuvre sanctifiante de l’Esprit. Outre Ezéchiel, Zacharie se fait l’écho de cette frange des peuples qui, sous la royauté du Messie, continue à lui résister : Zacharie 14,17-18. Que dès maintenant, notre cœur s’ouvre tout entier au torrent d’amour et de grâce qui jaillit de la croix !

V 13 à 20 : les frontières du pays

Sujet de bénédiction pour toutes les nations, le royaume messianique du Christ sera pour Israël le temps où il jouira de la sécurité dans sa demeure. Israël ne jouira de la paix dans ce monde que le jour où ses frontières seront reconnues par tous comme les limites du territoire qui lui revient. Or, le guide d’Ezéchiel le rappelle : l’attribution de la terre qu’Israël occupe n’est pas un choix qui relève de sa propre conquête des peuplades qui l’occupaient. Elle est le fait d’une décision arrêtée de Dieu, d’un engagement assermenté de Dieu à ses ancêtres, au jour où il les mit à part en vue du dessein qu’il avait projeté pour eux. « Le jour où j’ai choisi Israël, dit Dieu, j’ai levé ma main vers la postérité de la maison de Jacob, et je me suis fait connaître à eux dans le pays d’Egypte ; j’ai levé ma main vers eux, en disant : Je suis l’Eternel, votre Dieu. En ce jour-là, j’ai levé ma main vers eux, pour les faire passer du pays d’Egypte dans un pays que j’avais cherché pour eux, pays où coulent le lait et le miel, le plus beau de tous les pays : Ezéchiel 20,25-26. » Le royaume du Messie établi, le temps de la guerre et de la contestation des peuples au sujet des prérogatives divines dont Israël est l’objet est pour toujours révolu. Ce jour-là, Israël pourra dire avec Esaïe : « « Je te célèbre, Eternel, car tu as été irrité contre moi. Ta colère s’est détournée et tu m’as consolé. Dieu est mon Sauveur. Je serai plein de confiance et je n’aurai plus peur, car l’Eternel, oui, l’Eternel est ma force et le sujet de mes louanges. C’est lui qui m’a sauvé : Esaïe 12,1-2. »

Avant même que le peuple hébreu n’entame la conquête de la terre promise, Dieu en avait marqué les frontières. Celles-ci débordaient largement le périmètre qu’occupa Israël lorsqu’il chassa les peuples qui s’y trouvaient. Elles s’étalaient du désert du Liban jusqu’en Mésopotamie, sur les rives de l’Euphrate : Deutéronome 11,24 ; Josué 1,4. A aucun moment de son histoire, même au temps de Salomon, Israël n’occupera la totalité du territoire qu’il lui était échu. Dans la vision que reçoit Ezéchiel, Dieu ne revient pas sur la promesse faite aux ancêtres. Israël est cantonné aux limites qui furent celles tracées du temps de Moïse : Nombres 34,7 à 9. Le Jourdain marque la frontière orientale et la Méditerranée l’occidentale. Au Nord, la frontière frôle la Syrie, tandis qu’au Sud, elle suit les eaux de Mériba dans le désert, jusqu’à la mer Méditerranée. L’arrangement des tribus sur le territoire diffère quelque peu de l’installation historique des tribus après la conquête. Les tribus qui étaient en Cisjordanie (Ruben, Gad et la demi-tribu de Manassé) occupent le pays avec les autres. La tribu de Joseph reçoit deux parts pour Ephraïm et Manassé, ses fils. La tribu de Lévi n’est pas mentionnée du fait de la part spéciale qui lui est réservée dans le pays à cause de sa vocation particulière. Chaque tribu recevra de Dieu la part qui correspond à ses besoins et sa population. Le chapitre 48 en définit l’arrangement.

V 21 à 23 : les étrangers dans le pays

Si Israël appartient aux Juifs, une mesure d’une importance considérable conclut ce chapitre traitant de la répartition du territoire entre les tribus. Désormais, les étrangers devenus citoyens de la nation auront également un droit de propriété en Israël. Ils seront, au même titre qu’un Israélite, comptés parmi ceux qui bénéficieront d’une part d’héritage dans le pays. L’Israël de Dieu ne se limitera plus aux seuls Israélites de naissance. Il inclura en son sein des croyants d’origine païenne, intégré dans le peuple de Dieu par une conversion du cœur.

La mesure que préconise ici le guide d’Ezéchiel ne fait qu’entériner un fait qui résulte de l’œuvre de Christ dans le monde. Dans sa lettre aux Ephésiens, consacrée à l’Eglise, Paul se fait l’apôtre de cette nouvelle réalité qui procède de la grâce. « Souvenez-vous, écrit-il aux chrétiens d’origine païenne, qu’autrefois vous étiez identifiés comme non juifs dans votre corps, appelés incirconcis par ceux qui se disent circoncis et qui le sont dans leur corps, par la main de l’homme. Souvenez-vous qu’à ce moment-là vous étiez sans Messie, exclus du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde. Mais maintenant, en Jésus-Christ, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang de Christ. En effet, il est notre paix, lui qui des deux groupes n’en a fait qu’un et qui a renversé le mur qui les séparait, la haine… Il a voulu les réconcilier l’un et l’autre avec Dieu en les réunissant dans un seul corps au moyen de la croix… Il est venu annoncer la paix à vous qui étiez loin et à ceux qui étaient près. A travers lui, en effet, nous avons les uns et les autres accès auprès du Père par le même Esprit : Ephésiens 2,11 à 14.16 à 19. » Béni soit Dieu qui, par Jésus-Christ, a fait d’Israël et de l’Eglise, un seul peuple, une seule nation de laquelle Il est le Roi.   

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