V 1 à 5 :
Le torrent qui jaillit du sanctuaire
Il
reste à Ezéchiel, après la visite du temple, à considérer un élément des plus extraordinaires
de la vision qu’il a reçue. Sous le seuil du temple, à l’Est du bâtiment, le
prophète vit un filet d’eau sortir et s’orienter côté droit vers le sud en
s’écoulant. Le guide d’Ezéchiel le fit sortir de l’enceinte du sanctuaire pour
suivre le parcours de ce ruisseau naissant. Muni d’un ruban à mesurer, il fit
faire au prophète plusieurs exercices. Après 500 mètres de distance, il lui
demanda de traverser le ru. L’eau lui arrivant aux chevilles, Ezéchiel le fit
sans difficulté. 500 mètres plus loin, Ezéchiel renouvela l’opération. Des
chevilles, l’eau était montée jusqu’aux genoux du prophète. La 3ème
fois qu’Ezéchiel traversa l’eau, après 500 mètres, le niveau lui arrivait à la
taille. Ce fut la dernière fois qu’il put franchir le fleuve. Deux kilomètres,
après son point de départ, la source émanant du temple était devenue un torrent
qui nécessitait de nager pour s’y tenir.
Comme
il en est pour le reste de la vision qu’a reçu Ezéchiel, les commentateurs
bibliques ne s’accordent pas au sujet de son interprétation. Pour certains, le
fleuve qui sort du sanctuaire n’est que symbole. Pour d’autres, il sera une
réalité qui s’ajoute aux autres éléments décrivant le futur du royaume
messianique. Le parti pris dès le début du commentaire de la vision est de
considérer les faits décrits comme réels, même si leur compréhension nous
échappe, et d’en tirer les applications spirituelles qu’ils signifient. C’est
du cœur de la maison de Dieu que jaillit pour nous la source qui nous purifie.
Dans une vision précédente qui traitait de la restauration d’Israël, Ezéchiel
l’avait prophétisé : « Je vous aspergerai d’eau pure et vous serez
purifiés. Je vous purifierai de toutes vos idoles. Je vous donnerai un cœur
nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau. Je retirerai de votre corps le
cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair : Ezéchiel 36,25-26. » La vision d’Ezéchiel au
sujet de cette source jaillissante du lieu du sacrifice ne lui appartient pas
en propre. Elle est reprise autant par Joël que Zacharie, deux prophètes portés
comme lui sur le devenir d’Israël. « Une source, dit Joël, sortira
aussi de la Maison de l’Eternel et arrosera la vallée de Sittim : Joël 3,18. » « Ce jour-là, précise Zacharie,
une source jaillira pour la famille de David et les habitants de Jérusalem,
pour laver péché et souillure… Ce jour-là, de l’eau vive sortira de Jérusalem
et coulera, une moitié vers la mer Morte, l’autre moitié vers la
Méditerranée : Zacharie 13,1 ; 14,8. »
Le torrent qui jaillit du sanctuaire est le point d’orgue de la vision
glorieuse du royaume messianique terrestre du Christ. Il exprime tous les bienfaits
qui résultent pour Israël et tous les peuples de la mort sacrificielle de Jésus.
C’est de Jérusalem, là où le Seigneur fut crucifié, hors de la porte de la
ville, que se répand le fleuve de grâce qui, partout où il passe, renouvelle,
ressuscite et sème la vie là où il n’y avait que mort et stérilité.
Les
exercices que le guide d’Ezéchiel imposent aux prophètes sont didactiques. Ils
ont pour objet de lui donner de prendre conscience de la force interne du
courant qui sort du sanctuaire. Sans le concours d’aucun affluent, celui-ci
grossit de lui-même. C’est comme si la source qui jaillit du lieu de la
présence de Dieu se multipliait d’elle-même, enfantant au fur et à mesure de
son écoulement de nouvelles sources qui possèdent les mêmes capacités. Ce miracle
illustre l’œuvre vivifiante de l’Esprit, surgissant dans l’histoire de
l’épisode mystérieux de la croix. Mince filet qui débute par la régénération de
quelques-uns, nous le voyons grossir dans les Actes par l’ajout de 3 000
âmes à la Pentecôte : Actes 2,41, nombre
porté à 5 000 quelques jours plus tard : Actes
4,4. Une génération suffira pour que tout l’empire romain soit truffé de
communautés chrétiennes, fruit de la grâce. Aujourd’hui, le torrent de vie qui
procède de la croix de Jésus, poursuit sa route. Il ne cesse de pénétrer dans
de nouveaux lieux autrefois fermés à son influence. « Il est venu jusqu’à
vous, dit Paul aux Colossiens, tout comme dans le monde entier, où il porte des
fruits et progresse : Colossiens 1,6. » Jésus lui-même avait prédit et annoncé ce
développement. « Le dernier jour, le grand jour de la fête, Jésus,
debout, s’écria : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne et qu’il boive. Celui
qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de lui, comme l’a dit
l’Ecriture. Il dit cela à propos de l’Esprit que devait recevoir ceux qui
croiraient en lui : Jean 7,37 à 39. »
De la croix, la grâce
coule,
Comme un fleuve
constamment,
Oh ! Venez en
foule :
Un plein pardon vous
attend.
Oui, pour tous la grâce
abonde ;
A tous le ciel est ouvert
Pour tous les pécheurs du
monde
Le Rédempteur a souffert.
Crois à sa miséricorde
Qui dure éternellement
Pour toi, la grâce déborde,
A cette heure, en ce
moment.
V 6 à 12 : les effets pratiques de l’eau
vive
Après
lui avoir fait suivre le cours du torrent qui jaillit du sanctuaire, le guide
d’Ezéchiel l’interroge. Le prophète a-t-il bien observé tout ce qui était à
voir au sujet de ce phénomène ? En a-t-il tiré toutes les leçons pour lui
et pour son peuple ? Le premier enseignement que donne le torrent est que
la vie qui surgit de la présence de Dieu est intarissable. C’est une vie qui
grossit sans cesse, se multiplie et porte en elle des bienfaits aux
possibilités illimitées : la vie éternelle. Or, cette vie, dit Jean,
parlant de Jésus, a été manifestée. « Nous l’avons vue, nous en sommes
témoins et nous vous l’annonçons : cette vie éternelle qui était auprès du
Père s’est manifestée à nous : 1 Jean 1,2. »
A cause de sa nature, le cours de la vie de Dieu ne peut s’assécher. Il ne peut
que s’amplifier et irriguer toujours plus ce qui se trouve sur son chemin. Qui
comptera tous les bienfaits que cette vie a généré dans le monde ? Le
guide d’Ezéchiel le prend par la main pour lui en donner un aperçu.
Conduit
au bord du torrent, Ezéchiel remarque soudain les magnifiques arbres de toutes
espèces qui jalonnent ses deux rives. Le guide lui explique que partout où le
torrent s’écoule, la vie apparaît. C’est cependant dans un lieu précis, connu
de tout temps pour sa stérilité absolue, que le paroxysme de la puissance de
vie du torrent se révèlera : la mer Morte. La mer Morte est l’étendue
d’eau la plus basse (400 mètres sous le niveau de la Méditerranée) et la plus
salée du globe. Sa salinité est telle qu’aucune forme de vie n’est capable de
survivre en elle. La mer Morte est un défi à la vie, défi que le torrent issu
du sanctuaire va relever. Le guide d’Ezéchiel le certifie. Désormais, à cause
des eaux du torrent qui se jetteront en elle, la mer Morte va être grouillante
de vie. Des pécheurs se tiendront sur ses rives, jetteront leurs filets et
sortiront de ses eaux quantité de poissons de toutes sortes. Sur les bords du
torrent, de multiples arbres fruitiers donneront leurs fruits chaque mois,
tandis que leur feuillage servira de remède.
La
résurrection de la mer Morte est le témoignage le plus éloquent des capacités
de la puissance de vie qui habite en Dieu. Irriguées par le torrent de vie qui
jaillit du temple, les eaux maudites cessent de l’être. La mer Morte était
l’emblème de ce qu’il y avait de plus dégradé et perdu au sein de l’humanité.
Partout où il pénètre, dans les points les plus bas et les plus désolés, le
courant de la vie de Dieu assainit, ressuscite et donne un avenir à ce qui n’en
avait pas. Le jugement et la condamnation sont levés. La bénédiction peut
affluer sans limite. Sur les rives du courant de la vie de Dieu, chacun a sa
place. Les arbres qui le bordent sont tous différents les uns des autres. Mais
chacun, à sa manière, et selon l’espèce qui le caractérise, contribue à la
nourriture et à la guérison de la communauté. Tels seront les effets de la
profusion de vie qui jaillira du temple, lieu de la présence de Dieu et du sacrifice
à partir duquel la victoire sur la mort a été remportée.
La
vision idyllique d’Ezéchiel comporte cependant un bémol. A proximité de la mer
Morte, désormais pleine de vie, des étangs et des marais restent dans leur état
de stérilité. Le royaume messianique terrestre n’est pas encore le ciel. La
présence du péché et de la mort s’y trouvent toujours. Les lagunes et les mares
pleines de sel représentent la portion de l’humanité qui, malgré l’évidence du
bonheur que procure la vie de Dieu, reste fermée à l’œuvre sanctifiante de
l’Esprit. Outre Ezéchiel, Zacharie se fait l’écho de cette frange des peuples
qui, sous la royauté du Messie, continue à lui résister : Zacharie 14,17-18. Que dès maintenant, notre cœur
s’ouvre tout entier au torrent d’amour et de grâce qui jaillit de la
croix !
V 13 à 20 :
les frontières du pays
Sujet
de bénédiction pour toutes les nations, le royaume messianique du Christ sera
pour Israël le temps où il jouira de la sécurité dans sa demeure. Israël ne
jouira de la paix dans ce monde que le jour où ses frontières seront reconnues
par tous comme les limites du territoire qui lui revient. Or, le guide
d’Ezéchiel le rappelle : l’attribution de la terre qu’Israël occupe n’est
pas un choix qui relève de sa propre conquête des peuplades qui l’occupaient.
Elle est le fait d’une décision arrêtée de Dieu, d’un engagement assermenté de
Dieu à ses ancêtres, au jour où il les mit à part en vue du dessein qu’il avait
projeté pour eux. « Le jour où j’ai choisi Israël, dit Dieu, j’ai levé
ma main vers la postérité de la maison de Jacob, et je me suis fait connaître à
eux dans le pays d’Egypte ; j’ai levé ma main vers eux, en disant :
Je suis l’Eternel, votre Dieu. En ce jour-là, j’ai levé ma main vers eux, pour
les faire passer du pays d’Egypte dans un pays que j’avais cherché pour eux,
pays où coulent le lait et le miel, le plus beau de tous les pays : Ezéchiel 20,25-26. » Le royaume du Messie
établi, le temps de la guerre et de la contestation des peuples au sujet des
prérogatives divines dont Israël est l’objet est pour toujours révolu. Ce
jour-là, Israël pourra dire avec Esaïe : « « Je te célèbre,
Eternel, car tu as été irrité contre moi. Ta colère s’est détournée et tu m’as
consolé. Dieu est mon Sauveur. Je serai plein de confiance et je n’aurai plus
peur, car l’Eternel, oui, l’Eternel est ma force et le sujet de mes louanges.
C’est lui qui m’a sauvé : Esaïe 12,1-2. »
Avant
même que le peuple hébreu n’entame la conquête de la terre promise, Dieu en
avait marqué les frontières. Celles-ci débordaient largement le périmètre
qu’occupa Israël lorsqu’il chassa les peuples qui s’y trouvaient. Elles
s’étalaient du désert du Liban jusqu’en Mésopotamie, sur les rives de
l’Euphrate : Deutéronome 11,24 ; Josué 1,4.
A aucun moment de son histoire, même au temps de Salomon, Israël n’occupera la
totalité du territoire qu’il lui était échu. Dans la vision que reçoit
Ezéchiel, Dieu ne revient pas sur la promesse faite aux ancêtres. Israël est
cantonné aux limites qui furent celles tracées du temps de Moïse : Nombres 34,7 à 9. Le Jourdain marque la frontière orientale
et la Méditerranée l’occidentale. Au Nord, la frontière frôle la Syrie, tandis
qu’au Sud, elle suit les eaux de Mériba dans le désert, jusqu’à la mer
Méditerranée. L’arrangement des tribus sur le territoire diffère quelque peu de
l’installation historique des tribus après la conquête. Les tribus qui étaient
en Cisjordanie (Ruben, Gad et la demi-tribu de Manassé) occupent le pays avec
les autres. La tribu de Joseph reçoit deux parts pour Ephraïm et Manassé, ses
fils. La tribu de Lévi n’est pas mentionnée du fait de la part spéciale qui lui
est réservée dans le pays à cause de sa vocation particulière. Chaque tribu
recevra de Dieu la part qui correspond à ses besoins et sa population. Le
chapitre 48 en définit l’arrangement.
V 21 à 23 :
les étrangers dans le pays
Si
Israël appartient aux Juifs, une mesure d’une importance considérable conclut
ce chapitre traitant de la répartition du territoire entre les tribus.
Désormais, les étrangers devenus citoyens de la nation auront également un
droit de propriété en Israël. Ils seront, au même titre qu’un Israélite,
comptés parmi ceux qui bénéficieront d’une part d’héritage dans le pays. L’Israël
de Dieu ne se limitera plus aux seuls Israélites de naissance. Il inclura en
son sein des croyants d’origine païenne, intégré dans le peuple de Dieu par une
conversion du cœur.
La
mesure que préconise ici le guide d’Ezéchiel ne fait qu’entériner un fait qui
résulte de l’œuvre de Christ dans le monde. Dans sa lettre aux Ephésiens, consacrée
à l’Eglise, Paul se fait l’apôtre de cette nouvelle réalité qui procède de la
grâce. « Souvenez-vous, écrit-il aux chrétiens d’origine païenne, qu’autrefois
vous étiez identifiés comme non juifs dans votre corps, appelés incirconcis par
ceux qui se disent circoncis et qui le sont dans leur corps, par la main de l’homme.
Souvenez-vous qu’à ce moment-là vous étiez sans Messie, exclus du droit de cité
en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu
dans le monde. Mais maintenant, en Jésus-Christ, vous qui autrefois étiez loin,
vous êtes devenus proches par le sang de Christ. En effet, il est notre paix,
lui qui des deux groupes n’en a fait qu’un et qui a renversé le mur qui les
séparait, la haine… Il a voulu les réconcilier l’un et l’autre avec Dieu en les
réunissant dans un seul corps au moyen de la croix… Il est venu annoncer la
paix à vous qui étiez loin et à ceux qui étaient près. A travers lui, en effet,
nous avons les uns et les autres accès auprès du Père par le même Esprit :
Ephésiens 2,11 à 14.16 à 19. » Béni
soit Dieu qui, par Jésus-Christ, a fait d’Israël et de l’Eglise, un seul
peuple, une seule nation de laquelle Il est le Roi.
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