V 1 à 3 :
la porte côté Est
Dans
le chapitre 43 du livre, le guide d’Ezéchiel a révélé que c’est par la porte
Est du parvis extérieur que la gloire de Dieu pénétrerait dans le nouveau
temple, une fois construit : Ezéchiel 43,1.4.
De ce fait, cette porte ne devait plus être franchie par quiconque. Jour et
nuit, et pour toujours, elle devait rester fermée : Ezéchiel 44,1 et 2. Foulé par les pas du Dieu très
saint, le pas de la porte entrée Est du temple ne pouvait plus l’être par
d’autres pieds que les siens. L’interdit ordonné ici rappelle celui que Moïse
reçut au jour de son appel au ministère lorsqu’en plein désert la voix de Dieu
s’adressa à lui pour lui dire : « Ote tes souliers de tes pieds,
car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte : Exode 3,5 ; Actes 7,33. » A cause de la
nature tout autre de Dieu, il est des distances et des interdits qui sont
nécessaires, pour leur salut, entre lui et ses créatures. La sainteté de Dieu
est ce qui inspire aux anges et aux hommes pieux la crainte de son nom. Qu’elle
puisse aussi habiter en nous !
Représentant
du peuple auprès de Dieu, le prince d’Israël avait ordre de se présenter devant
la porte Est du parvis intérieur du temple les jours de sabbat et pour la fête
du début de mois. Il n’entrait pas dans le temple lui-même, mais se tenait là, près
des montants de la porte, sur le parcours qu’avait emprunté la gloire de Dieu
pour y pénétrer. En ces jours solennels, le prince ne venait pas les mains
vides. Il apportait avec lui, au nom du peuple, un holocauste et des sacrifices
de communion que les prêtres, mandatés par Dieu, offraient. Le protocole suivi
était tout entier empreint des vérités de l’Evangile. Il stipulait que le
peuple de Dieu n’avait aucune liberté de s’approcher de Dieu si ce n’est par
les voies et les moyens ordonnés par lui. Le Seigneur est le premier qui entre
dans le temple. Nul ne peut avoir communion avec lui sans la médiation du
prêtre et du sang offert par son entremise. La sainteté de Dieu exclut toute
légèreté et toute témérité à ce sujet. La grâce que Dieu octroie à son peuple
n’a rien de spontané. Elle exige des nécessités auxquelles nul ne peut se
dérober. Le protocole imposé ici témoigne de la médiation de Jésus, notre
grand-prêtre et notre sacrifice. « Ainsi donc, frères, puisque nous
avons, au moyen du sang de Jésus, une libre entrée dans le sanctuaire par la route
nouvelle et vivante qu’il a inaugurée pour nous au travers du voile,
c’est-à-dire, de sa chair, et puisque nous avons un souverain sacrificateur
établi sur la maison de Dieu, approchons-nous avec un cœur sincère, dans la
plénitude de la foi, les cœurs purifiés d’une mauvaise conscience, et le corps
lavé d’une eau pure : Hébreux 10,19 à 22. »
V 4 à 7 :
l’holocauste et l’offrande offerts par le prince
Il
y avait pour les sacrifices et les offrandes apportées par le prince le jour du
sabbat et au début de chaque mois une part prescrite par Dieu et une autre
laissée à la volonté du prince. La part prescrite touchait aux nombres
d’animaux sacrifiés en ces jours (6 agneaux et un bélier pour le sabbat, plus
un taureau au début de chaque mois). Les offrandes végétales et l’huile qui
accompagnaient les sacrifices étaient en partie imposées et en partie
volontaires. La part imposée par Dieu dans le sacrifice témoignait d’une
nécessité incontournable. Le peuple de Dieu, représenté dans la personne de son
prince, ne pouvait entrer en communion avec lui qu’au travers du sang versé, de
l’offrande végétale et de l’huile. Les trois éléments, déjà présents dans le
culte lévitique, nous parlent du sacrifice parfait de notre Seigneur. Le sang
évoque l’expiation des péchés, l’offrande végétale de fleur de farine sa vie
parfaite, et l’huile l’onction dont il était revêtu. Faisant référence à ces
dispositions, l’auteur de l’épître aux hébreux nous rappelle que « si
le sang des taureaux et des boucs, et la cendre d’une vache, répandue sur ceux
qui sont souillés, sanctifient et procurent la pureté de la chair, combien plus
le sang de Christ, qui, par un esprit éternel, s’est offert lui-même sans tache
à Dieu, purifiera-t-il votre conscience des œuvres mortes, afin que vous serviez
le Dieu vivant ! : Hébreux 9,13-14. »
Le
chemin de la communion avec Dieu ouvert grâce aux sacrifices et aux offrandes
imposés, place est faite pour des offrandes volontaires à Dieu de la part de
ceux qui ont été purifiés. Bien que volontaires, les offrandes apportées
librement par le prince ne pouvaient pas être de n’importe quelle espèce. Elles
étaient de même nature que celles qui étaient imposées, des offrandes végétales
de fleur de farine. La disposition qui les réglementait avait comme objet de
donner au prince l’occasion d’exprimer au nom du peuple sa reconnaissance pour
la purification dont il avait été l’objet. Provenant de cœurs purifiés, elles
étaient revêtues, elles aussi, de la sainteté qui caractérisait les offrandes
imposées. Le premier don qui nous ouvre la voie de la communion avec Dieu
procède de la vie livrée du Seigneur Jésus pour nous. Ce don initial est
fondamental et incontournable. Accompli une fois pour toutes, il ne sera pas
renouvelé, mais constamment rappelé à la mémoire du peuple de Dieu. A partir de
lui, de multiples dons, sensés exprimés la gratitude du peuple de Dieu, lui
sont possibles. L’apôtre Paul, soutenu par les Philippiens dans son ministère,
interprète leur geste dans cette optique : « J’ai tout reçu, et je
suis dans l’abondance, dit-il ; j’ai été comblé de biens, en recevant par
Epaphrodite ce qui vient de vous comme un parfum de bonne odeur, un sacrifice
que Dieu accepte, et qui lui est agréable : Philippiens
4,18. » Veillons à ce que notre cœur, lavé par le sang de l’Agneau,
ne soit pas chiche à son égard ! Que notre vie entière soit comme une
offrande qui lui est consacrée volontairement, ce qui sera de notre part un sacrifice
vivant, saint, agréable à Dieu, un culte raisonnable : Romains 12,1.
V 8 à 10 :
le circuit du prince et du peuple
La
longueur du temps que prend le guide d’Ezéchiel pour lui faire visiter le
temple, le mesurer et l’instruire sur la façon dont le culte rendu à Dieu
devait se dérouler tient à une chose : la réglementation stricte avec
laquelle Dieu tient à codifier ses rapports avec son peuple. Dans le passé, de
nombreux écarts ont été commis par le peuple, les prêtres et les rois.
Désormais, de tels errements ne seront plus possibles. Le culte à Dieu devra
être rendu selon ses directives et sa volonté formellement explicitée. Les
règles ordonnées n’épargneront personne. Elles concerneront chacun, qu’il soit
un dignitaire ou un simple membre du peuple.
Après
les sacrifices et les offrandes apportées par le prince, c’est ici le parcours
qu’il fera dans le parvis intérieur du temple lors des fêtes cultuelles qui lui
est ici signifié. Le parcours du prince ne sera pas le même selon qu’il se
présente seul devant l’Eternel ou au milieu de son peuple. Lorsqu’il se
présente seul, le prince passera par le vestibule de l’entrée et reprendra le
même chemin en quittant les lieux : une prescription déjà énoncée : Ezéchiel 44,3. Aux jours des fêtes qui rassembleront
le peuple, le prince ne sera pas séparé des gens qui le composent, mais au milieu
d’eux. Ce rapport de proximité a un double bénéfice. Il rappelle que le prince
n’est pas, comme les rois du passé, au-dessus des membres du peuple de Dieu,
mais l’un d’eux. Il en est certes leur chef ou leur représentant, mais il leur
est totalement assimilé. Le second bénéfice met en valeur le lien fraternel qui
le lie aux autres Israélites. Le prince, dirait-on dans le langage chrétien,
est un frère parmi les frères. Après qu’il eut accompli le service qui lui est
dévolu, le prince ne s’attardera pas dans le temple. Il entrera et sortira avec
le peuple, faisant un avec lui du début jusqu’à la fin de l’acte cultuel.
Aux
jours où le peuple entrera dans le parvis, un circuit précis lui est imposé. La
population des Israélites qui entrera par la porte Nord sortira par celle du Sud,
et vice-versa pour celle qui pénétrera dans le parvis par l’autre côté. Tout le
peuple traversera le parvis dans on entier dans un sens ou dans un autre. Cette
exigence n’est pas seulement d’ordre pratique. Elle a aussi comme but que
chaque pèlerin fasse un parcours complet du lieu en le traversant de part en
part. Elle indique que la marche avec Dieu est une marche ininterrompue qui a
comme objet de nous donner la vision la plus complète des choses de Dieu. Aucun
arrêt suivi d’un retour en arrière n’y est prévu : cf Luc 9,62. Que notre cœur soit tout entier porté vers
ce qui est devant nous, l’excellence de la vision de la gloire et de la
plénitude de notre Dieu : cf Philippiens 3,13.
V 11 et 12 :
les offrandes volontaires du prince
Outre
les solennités au cours desquelles sacrifices et offrandes lui étaient
ordonnés, le prince pouvait, lorsqu’il le désirait, venir de son propre chef au
temple pour offrir à Dieu un sacrifice volontaire. Non imposé, le sacrifice
volontaire du prince, qui relevait de sa seule initiative personnelle, avait
une portée qui dépassait la valeur de tous les sacrifices prescrits. Il
témoignait à lui seul de la gratitude du prince pour les bontés de son Dieu.
Les sacrifices volontaires offerts par des membres du peuple de Dieu ont toujours
été des révélateurs des dispositions qui habitent les cœurs des uns et des
autres. C’est au jour où Marie de Béthanie offrit un parfum de grand prix
qu’elle répandit sur les pieds de Jésus, que la cupidité secrète qui logeait
dans le cœur de Judas fut dévoilée : Jean 12,4 à 6.
Le faux disciple ne supporta pas la manifestation gratuite et généreuse de
l’adoration qu’exprimait l’amie de Jésus. Elle lui était, à cause de son
idolâtrie pour l’argent, insupportable. De même, Ananias et Saphira, pour ne pas
être en reste à l’égard de la communauté, crurent s’en tirer à bon compte en
simulant le même détachement que leurs frères à l’égard de leurs biens. Caché
aux yeux des hommes, le mensonge ne passa pas inaperçu à ceux de Dieu. Le
couple y laissa sa vie, créant un précédent qui inspira une crainte salutaire à
toute l’Eglise : Actes 5,1 à 11.
Parce
que l’amour du Christ à notre égard a été sans limite, il nous revient de lui
exprimer notre amour par l’offrande de tout ce que nous sommes. A cet égard,
Dieu s’attend à ce que, pour entretenir notre relation avec lui, nous
pratiquions les disciplines qu’il a prévues à cet effet. Tout, dans la relation
que nous avons avec Dieu par Christ, n’est cependant pas codifié. Il y a place
dans notre vie avec lui pour des actes spontanés et volontaires qui, plus que
tout, témoignent de notre reconnaissance à son égard. Que l’action de grâces
soit toujours l’état d’esprit qui nous anime lorsque nous entrons dans les
parvis de la maison de Dieu : Psaume 50,14 ;
96,8 ; 100,4 ; 107,22.
V 13 à 15 :
l’holocauste perpétuel
Comme
ce fut le cas au temps de l’alliance mosaïque, l’holocauste quotidien d’un
agneau d’un an sans défaut sera offert dans le temple. Une différence notoire
existe cependant entre la prescription lévitique et celle énoncée par le guide
d’Ezéchiel. Dans le passé, l’holocauste perpétuel était double : un agneau
était offert le matin et un autre le soir : Exode
29,38-39. Désormais, seul celui du matin sera offert. Selon certains
commentateurs, cette nouveauté serait due au temps différent dans lequel se
trouve Israël dans les vues d’Ezéchiel. L’holocauste du soir était offert juste
avant que la nuit tombe. Dans les ténèbres par lesquelles devait passer Israël,
il était primordial que le peuple de Dieu sache que le sang versé pour sa
rédemption ne perdait en rien de son efficacité. L’Israël de demain ne
connaîtra plus la nuit. Il vivra dans une lumière continue. Aussi l’holocauste
du soir ne lui sera plus utile. Seul celui du matin, symbole de l’efficacité de
la rédemption accomplie par Christ, suffira pour en perpétuer le souvenir.
Alors
qu’une offrande végétale de deux litres de farine, accompagnée d’un litre
d’huile, était offerte avec l’agneau lors du culte lévitique, elle passe ici du
simple au double. La contenance de l’huile s’amplifie quant à elle de sa
moitié. L’offrande offerte le matin cumule celle du matin et du soir apportée
dans le passé. L’offrande de farine et l’huile, rappelons-le, symbolisent la
vie pure, sainte et consacrée de l’Agneau qui s’est offert pour les péchés de
son peuple. La valeur de cette vie ne peut être diminuée. Elle est la seule
offrande qui satisfait pleinement la justice de Dieu. C’est pourquoi elle se
retrouve ici figurée dans sa totalité.
V 16 à 18 :
les cadeaux du prince
Héritier
par la volonté de Dieu d’une portion du pays attenante à la ville et à
l’emplacement du temple, le prince était libre de gratifier un de ses fils ou
de ses serviteurs d’une part de ses biens. Il ne pouvait le faire que sous
certaines conditions définies ici. Si l’un de ses fils recevait du prince une
portion de sa terre, celle-ci lui serait comptée comme un héritage qui passerait
ensuite à ses enfants. Si la même opération se faisait en faveur d’un
serviteur, celui-ci en serait le propriétaire jusqu’à l’année du jubilé, qui se
produisait tous les 50 ans : Lévitique 25,10 à 12.
Cette disposition, énoncée dans la loi mosaïque, poursuivait un but. Elle
visait à ce que personne parmi les fils et les tribus d’Israël ne soit
dépossédé à jamais du patrimoine qu’il avait reçu de Dieu dans le pays. La loi
du jubilé protégeait le bien du prince, mais aussi celui du simple citoyen. Outre
l’application de cette mesure, le prince se devait de s’interdire de spolier un
habitant du pays en lui prenant de force sa terre. Les cadeaux du prince ne
devaient pas être pris sur le bien des autres, mais sur les siens propres. La
part que l’Eternel lui accordait dans le pays était suffisamment grande pour
que les exactions commises par les rois du passé ne se reproduisent plus.
La
prescription imposée ici au prince induit une vérité qui n’a pas encore été
soulignée. Elle exprime le fait que, du temps de la royauté terrestre du
Christ, c’est à une famille unique que reviendra le privilège de la dignité
princière. La charge sera transmise de père en fils avec les biens qui lui sont
afférents. Dans le royaume éternel de notre Seigneur chacun aura une part
réservée qui lui sera propre. Il n’en sera jamais dépossédé et nul ne pourra
lui prendre. C’est l’héritage que l’Eternel réserve à ses saints.
V 19 à 24 :
les cuisines du temple
Le
dernier lieu que le guide d’Ezéchiel lui fit visiter fut les cuisines du
temple. Comme toutes celles qui existent dans les maisons, les cuisines étaient
le lieu où étaient cuites les viandes qui étaient apportées au temple pour le
sacrifice. En effet, la loi prescrivait que des repas soient préparés à la fois
pour les prêtres et pour le peuple à partir des sacrifices. Les cuisines destinées
aux repas des prêtres n’étaient pas au même endroit que celles qui servaient pour
le peuple. Les premières se situaient à l’intérieur du parvis du temple, les
secondes étaient installées aux quatre coins du parvis extérieur. La part des
sacrifices qui revenait aux prêtres était une part sainte. C’était une part
prise sur les sacrifices de culpabilité et d’expiation offerts à Dieu en figure
de la rédemption du peuple. Personne ne pouvait rien retrancher pour lui-même
de ces sacrifices offerts tout entiers en vue de la justification. Les parts
prélevées par les serviteurs du temple pour le peuple provenaient des sacrifices
de reconnaissance. Elles étaient l’expression de la communion rétablie entre l’Eternel
et son peuple, comme la célébration d’une amitié retrouvée autour d’un repas :
cf 1 Corinthiens 10,21 ; Apocalypse 3,20.
La
visite finale des cuisines, et la dissociation faite entre elles selon leur
utilité, témoigne qu’aucun détail n’est le fait du hasard dans l’arrangement du
temple comme l’organisation du culte. Tout répond à un but précis et une
signification porteuse de sens. Tout évoque en premier lieu l’œuvre parfaite du
Christ. Le temple n’a plus besoin de grand-prêtre, car il l’est, lui, pour
toujours. Le sacrifice crée le lien d’alliance définitif avec le peuple de Dieu.
Les prescriptions cultuelles définissent le type de rapport que Dieu a établi
par Christ avec le nouvel Israël, rétabli dans sa terre et dans la communion
avec lui. Cette réalité, vécue par la foi dans l’Eglise de Jésus-Christ, sera
figurée par le nouvel Israël à la vue de toutes les nations dans le temps béni
de la royauté terrestre du Christ. Nous ne sommes pas encore ici dans la phase
achevée du royaume. Le péché sera toujours présent et nécessitera l’expiation
par le sang. Mais ce sera l’époque où « il ne se fera ni tort ni
dommage, dit Dieu, sur toute ma montagne sainte ; car la terre sera
remplie de la connaissance de l’Eternel, comme le fond de la mer par les eaux
qui le couvrent : Esaïe 11,9. »
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