vendredi 12 mars 2021

EZECHIEL 46

 

V 1 à 3 : la porte côté Est

Dans le chapitre 43 du livre, le guide d’Ezéchiel a révélé que c’est par la porte Est du parvis extérieur que la gloire de Dieu pénétrerait dans le nouveau temple, une fois construit : Ezéchiel 43,1.4. De ce fait, cette porte ne devait plus être franchie par quiconque. Jour et nuit, et pour toujours, elle devait rester fermée : Ezéchiel 44,1 et 2. Foulé par les pas du Dieu très saint, le pas de la porte entrée Est du temple ne pouvait plus l’être par d’autres pieds que les siens. L’interdit ordonné ici rappelle celui que Moïse reçut au jour de son appel au ministère lorsqu’en plein désert la voix de Dieu s’adressa à lui pour lui dire : « Ote tes souliers de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte : Exode 3,5 ; Actes 7,33. » A cause de la nature tout autre de Dieu, il est des distances et des interdits qui sont nécessaires, pour leur salut, entre lui et ses créatures. La sainteté de Dieu est ce qui inspire aux anges et aux hommes pieux la crainte de son nom. Qu’elle puisse aussi habiter en nous !

Représentant du peuple auprès de Dieu, le prince d’Israël avait ordre de se présenter devant la porte Est du parvis intérieur du temple les jours de sabbat et pour la fête du début de mois. Il n’entrait pas dans le temple lui-même, mais se tenait là, près des montants de la porte, sur le parcours qu’avait emprunté la gloire de Dieu pour y pénétrer. En ces jours solennels, le prince ne venait pas les mains vides. Il apportait avec lui, au nom du peuple, un holocauste et des sacrifices de communion que les prêtres, mandatés par Dieu, offraient. Le protocole suivi était tout entier empreint des vérités de l’Evangile. Il stipulait que le peuple de Dieu n’avait aucune liberté de s’approcher de Dieu si ce n’est par les voies et les moyens ordonnés par lui. Le Seigneur est le premier qui entre dans le temple. Nul ne peut avoir communion avec lui sans la médiation du prêtre et du sang offert par son entremise. La sainteté de Dieu exclut toute légèreté et toute témérité à ce sujet. La grâce que Dieu octroie à son peuple n’a rien de spontané. Elle exige des nécessités auxquelles nul ne peut se dérober. Le protocole imposé ici témoigne de la médiation de Jésus, notre grand-prêtre et notre sacrifice. « Ainsi donc, frères, puisque nous avons, au moyen du sang de Jésus, une libre entrée dans le sanctuaire par la route nouvelle et vivante qu’il a inaugurée pour nous au travers du voile, c’est-à-dire, de sa chair, et puisque nous avons un souverain sacrificateur établi sur la maison de Dieu, approchons-nous avec un cœur sincère, dans la plénitude de la foi, les cœurs purifiés d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’une eau pure : Hébreux 10,19 à 22. »

V 4 à 7 : l’holocauste et l’offrande offerts par le prince

Il y avait pour les sacrifices et les offrandes apportées par le prince le jour du sabbat et au début de chaque mois une part prescrite par Dieu et une autre laissée à la volonté du prince. La part prescrite touchait aux nombres d’animaux sacrifiés en ces jours (6 agneaux et un bélier pour le sabbat, plus un taureau au début de chaque mois). Les offrandes végétales et l’huile qui accompagnaient les sacrifices étaient en partie imposées et en partie volontaires. La part imposée par Dieu dans le sacrifice témoignait d’une nécessité incontournable. Le peuple de Dieu, représenté dans la personne de son prince, ne pouvait entrer en communion avec lui qu’au travers du sang versé, de l’offrande végétale et de l’huile. Les trois éléments, déjà présents dans le culte lévitique, nous parlent du sacrifice parfait de notre Seigneur. Le sang évoque l’expiation des péchés, l’offrande végétale de fleur de farine sa vie parfaite, et l’huile l’onction dont il était revêtu. Faisant référence à ces dispositions, l’auteur de l’épître aux hébreux nous rappelle que « si le sang des taureaux et des boucs, et la cendre d’une vache, répandue sur ceux qui sont souillés, sanctifient et procurent la pureté de la chair, combien plus le sang de Christ, qui, par un esprit éternel, s’est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il votre conscience des œuvres mortes, afin que vous serviez le Dieu vivant ! : Hébreux 9,13-14. »

Le chemin de la communion avec Dieu ouvert grâce aux sacrifices et aux offrandes imposés, place est faite pour des offrandes volontaires à Dieu de la part de ceux qui ont été purifiés. Bien que volontaires, les offrandes apportées librement par le prince ne pouvaient pas être de n’importe quelle espèce. Elles étaient de même nature que celles qui étaient imposées, des offrandes végétales de fleur de farine. La disposition qui les réglementait avait comme objet de donner au prince l’occasion d’exprimer au nom du peuple sa reconnaissance pour la purification dont il avait été l’objet. Provenant de cœurs purifiés, elles étaient revêtues, elles aussi, de la sainteté qui caractérisait les offrandes imposées. Le premier don qui nous ouvre la voie de la communion avec Dieu procède de la vie livrée du Seigneur Jésus pour nous. Ce don initial est fondamental et incontournable. Accompli une fois pour toutes, il ne sera pas renouvelé, mais constamment rappelé à la mémoire du peuple de Dieu. A partir de lui, de multiples dons, sensés exprimés la gratitude du peuple de Dieu, lui sont possibles. L’apôtre Paul, soutenu par les Philippiens dans son ministère, interprète leur geste dans cette optique : « J’ai tout reçu, et je suis dans l’abondance, dit-il ; j’ai été comblé de biens, en recevant par Epaphrodite ce qui vient de vous comme un parfum de bonne odeur, un sacrifice que Dieu accepte, et qui lui est agréable : Philippiens 4,18. » Veillons à ce que notre cœur, lavé par le sang de l’Agneau, ne soit pas chiche à son égard ! Que notre vie entière soit comme une offrande qui lui est consacrée volontairement, ce qui sera de notre part un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, un culte raisonnable : Romains 12,1.

V 8 à 10 : le circuit du prince et du peuple

La longueur du temps que prend le guide d’Ezéchiel pour lui faire visiter le temple, le mesurer et l’instruire sur la façon dont le culte rendu à Dieu devait se dérouler tient à une chose : la réglementation stricte avec laquelle Dieu tient à codifier ses rapports avec son peuple. Dans le passé, de nombreux écarts ont été commis par le peuple, les prêtres et les rois. Désormais, de tels errements ne seront plus possibles. Le culte à Dieu devra être rendu selon ses directives et sa volonté formellement explicitée. Les règles ordonnées n’épargneront personne. Elles concerneront chacun, qu’il soit un dignitaire ou un simple membre du peuple.

Après les sacrifices et les offrandes apportées par le prince, c’est ici le parcours qu’il fera dans le parvis intérieur du temple lors des fêtes cultuelles qui lui est ici signifié. Le parcours du prince ne sera pas le même selon qu’il se présente seul devant l’Eternel ou au milieu de son peuple. Lorsqu’il se présente seul, le prince passera par le vestibule de l’entrée et reprendra le même chemin en quittant les lieux : une prescription déjà énoncée : Ezéchiel 44,3. Aux jours des fêtes qui rassembleront le peuple, le prince ne sera pas séparé des gens qui le composent, mais au milieu d’eux. Ce rapport de proximité a un double bénéfice. Il rappelle que le prince n’est pas, comme les rois du passé, au-dessus des membres du peuple de Dieu, mais l’un d’eux. Il en est certes leur chef ou leur représentant, mais il leur est totalement assimilé. Le second bénéfice met en valeur le lien fraternel qui le lie aux autres Israélites. Le prince, dirait-on dans le langage chrétien, est un frère parmi les frères. Après qu’il eut accompli le service qui lui est dévolu, le prince ne s’attardera pas dans le temple. Il entrera et sortira avec le peuple, faisant un avec lui du début jusqu’à la fin de l’acte cultuel.

Aux jours où le peuple entrera dans le parvis, un circuit précis lui est imposé. La population des Israélites qui entrera par la porte Nord sortira par celle du Sud, et vice-versa pour celle qui pénétrera dans le parvis par l’autre côté. Tout le peuple traversera le parvis dans on entier dans un sens ou dans un autre. Cette exigence n’est pas seulement d’ordre pratique. Elle a aussi comme but que chaque pèlerin fasse un parcours complet du lieu en le traversant de part en part. Elle indique que la marche avec Dieu est une marche ininterrompue qui a comme objet de nous donner la vision la plus complète des choses de Dieu. Aucun arrêt suivi d’un retour en arrière n’y est prévu : cf Luc 9,62. Que notre cœur soit tout entier porté vers ce qui est devant nous, l’excellence de la vision de la gloire et de la plénitude de notre Dieu : cf Philippiens 3,13.

V 11 et 12 : les offrandes volontaires du prince

Outre les solennités au cours desquelles sacrifices et offrandes lui étaient ordonnés, le prince pouvait, lorsqu’il le désirait, venir de son propre chef au temple pour offrir à Dieu un sacrifice volontaire. Non imposé, le sacrifice volontaire du prince, qui relevait de sa seule initiative personnelle, avait une portée qui dépassait la valeur de tous les sacrifices prescrits. Il témoignait à lui seul de la gratitude du prince pour les bontés de son Dieu. Les sacrifices volontaires offerts par des membres du peuple de Dieu ont toujours été des révélateurs des dispositions qui habitent les cœurs des uns et des autres. C’est au jour où Marie de Béthanie offrit un parfum de grand prix qu’elle répandit sur les pieds de Jésus, que la cupidité secrète qui logeait dans le cœur de Judas fut dévoilée : Jean 12,4 à 6. Le faux disciple ne supporta pas la manifestation gratuite et généreuse de l’adoration qu’exprimait l’amie de Jésus. Elle lui était, à cause de son idolâtrie pour l’argent, insupportable. De même, Ananias et Saphira, pour ne pas être en reste à l’égard de la communauté, crurent s’en tirer à bon compte en simulant le même détachement que leurs frères à l’égard de leurs biens. Caché aux yeux des hommes, le mensonge ne passa pas inaperçu à ceux de Dieu. Le couple y laissa sa vie, créant un précédent qui inspira une crainte salutaire à toute l’Eglise : Actes 5,1 à 11.

Parce que l’amour du Christ à notre égard a été sans limite, il nous revient de lui exprimer notre amour par l’offrande de tout ce que nous sommes. A cet égard, Dieu s’attend à ce que, pour entretenir notre relation avec lui, nous pratiquions les disciplines qu’il a prévues à cet effet. Tout, dans la relation que nous avons avec Dieu par Christ, n’est cependant pas codifié. Il y a place dans notre vie avec lui pour des actes spontanés et volontaires qui, plus que tout, témoignent de notre reconnaissance à son égard. Que l’action de grâces soit toujours l’état d’esprit qui nous anime lorsque nous entrons dans les parvis de la maison de Dieu : Psaume 50,14 ; 96,8 ; 100,4 ; 107,22.

V 13 à 15 : l’holocauste perpétuel

Comme ce fut le cas au temps de l’alliance mosaïque, l’holocauste quotidien d’un agneau d’un an sans défaut sera offert dans le temple. Une différence notoire existe cependant entre la prescription lévitique et celle énoncée par le guide d’Ezéchiel. Dans le passé, l’holocauste perpétuel était double : un agneau était offert le matin et un autre le soir : Exode 29,38-39. Désormais, seul celui du matin sera offert. Selon certains commentateurs, cette nouveauté serait due au temps différent dans lequel se trouve Israël dans les vues d’Ezéchiel. L’holocauste du soir était offert juste avant que la nuit tombe. Dans les ténèbres par lesquelles devait passer Israël, il était primordial que le peuple de Dieu sache que le sang versé pour sa rédemption ne perdait en rien de son efficacité. L’Israël de demain ne connaîtra plus la nuit. Il vivra dans une lumière continue. Aussi l’holocauste du soir ne lui sera plus utile. Seul celui du matin, symbole de l’efficacité de la rédemption accomplie par Christ, suffira pour en perpétuer le souvenir.

Alors qu’une offrande végétale de deux litres de farine, accompagnée d’un litre d’huile, était offerte avec l’agneau lors du culte lévitique, elle passe ici du simple au double. La contenance de l’huile s’amplifie quant à elle de sa moitié. L’offrande offerte le matin cumule celle du matin et du soir apportée dans le passé. L’offrande de farine et l’huile, rappelons-le, symbolisent la vie pure, sainte et consacrée de l’Agneau qui s’est offert pour les péchés de son peuple. La valeur de cette vie ne peut être diminuée. Elle est la seule offrande qui satisfait pleinement la justice de Dieu. C’est pourquoi elle se retrouve ici figurée dans sa totalité.

V 16 à 18 : les cadeaux du prince

Héritier par la volonté de Dieu d’une portion du pays attenante à la ville et à l’emplacement du temple, le prince était libre de gratifier un de ses fils ou de ses serviteurs d’une part de ses biens. Il ne pouvait le faire que sous certaines conditions définies ici. Si l’un de ses fils recevait du prince une portion de sa terre, celle-ci lui serait comptée comme un héritage qui passerait ensuite à ses enfants. Si la même opération se faisait en faveur d’un serviteur, celui-ci en serait le propriétaire jusqu’à l’année du jubilé, qui se produisait tous les 50 ans : Lévitique 25,10 à 12. Cette disposition, énoncée dans la loi mosaïque, poursuivait un but. Elle visait à ce que personne parmi les fils et les tribus d’Israël ne soit dépossédé à jamais du patrimoine qu’il avait reçu de Dieu dans le pays. La loi du jubilé protégeait le bien du prince, mais aussi celui du simple citoyen. Outre l’application de cette mesure, le prince se devait de s’interdire de spolier un habitant du pays en lui prenant de force sa terre. Les cadeaux du prince ne devaient pas être pris sur le bien des autres, mais sur les siens propres. La part que l’Eternel lui accordait dans le pays était suffisamment grande pour que les exactions commises par les rois du passé ne se reproduisent plus.

La prescription imposée ici au prince induit une vérité qui n’a pas encore été soulignée. Elle exprime le fait que, du temps de la royauté terrestre du Christ, c’est à une famille unique que reviendra le privilège de la dignité princière. La charge sera transmise de père en fils avec les biens qui lui sont afférents. Dans le royaume éternel de notre Seigneur chacun aura une part réservée qui lui sera propre. Il n’en sera jamais dépossédé et nul ne pourra lui prendre. C’est l’héritage que l’Eternel réserve à ses saints.

V 19 à 24 : les cuisines du temple

Le dernier lieu que le guide d’Ezéchiel lui fit visiter fut les cuisines du temple. Comme toutes celles qui existent dans les maisons, les cuisines étaient le lieu où étaient cuites les viandes qui étaient apportées au temple pour le sacrifice. En effet, la loi prescrivait que des repas soient préparés à la fois pour les prêtres et pour le peuple à partir des sacrifices. Les cuisines destinées aux repas des prêtres n’étaient pas au même endroit que celles qui servaient pour le peuple. Les premières se situaient à l’intérieur du parvis du temple, les secondes étaient installées aux quatre coins du parvis extérieur. La part des sacrifices qui revenait aux prêtres était une part sainte. C’était une part prise sur les sacrifices de culpabilité et d’expiation offerts à Dieu en figure de la rédemption du peuple. Personne ne pouvait rien retrancher pour lui-même de ces sacrifices offerts tout entiers en vue de la justification. Les parts prélevées par les serviteurs du temple pour le peuple provenaient des sacrifices de reconnaissance. Elles étaient l’expression de la communion rétablie entre l’Eternel et son peuple, comme la célébration d’une amitié retrouvée autour d’un repas : cf 1 Corinthiens 10,21 ; Apocalypse 3,20.

La visite finale des cuisines, et la dissociation faite entre elles selon leur utilité, témoigne qu’aucun détail n’est le fait du hasard dans l’arrangement du temple comme l’organisation du culte. Tout répond à un but précis et une signification porteuse de sens. Tout évoque en premier lieu l’œuvre parfaite du Christ. Le temple n’a plus besoin de grand-prêtre, car il l’est, lui, pour toujours. Le sacrifice crée le lien d’alliance définitif avec le peuple de Dieu. Les prescriptions cultuelles définissent le type de rapport que Dieu a établi par Christ avec le nouvel Israël, rétabli dans sa terre et dans la communion avec lui. Cette réalité, vécue par la foi dans l’Eglise de Jésus-Christ, sera figurée par le nouvel Israël à la vue de toutes les nations dans le temps béni de la royauté terrestre du Christ. Nous ne sommes pas encore ici dans la phase achevée du royaume. Le péché sera toujours présent et nécessitera l’expiation par le sang. Mais ce sera l’époque où « il ne se fera ni tort ni dommage, dit Dieu, sur toute ma montagne sainte ; car la terre sera remplie de la connaissance de l’Eternel, comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent : Esaïe 11,9. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire