V 1 à 8 :
territoire réservé à l’Eternel et au prince
Au
temps de la royauté terrestre du Seigneur, il sera procédé à une répartition de
la terre d’Israël entre ses tribus totalement différente de celle du passé. Le
dernier chapitre du livre d’Ezéchiel traite de ce sujet. Pour l’heure, le guide
du prophète précise quel devra être la part réservée aux prêtres, aux Lévites
et au prince dans le pays. Plusieurs changements majeurs sont ici révélés à
Ezéchiel par son guide :
1.
Une
part sainte
En
plus de la part réservée à chaque tribu, une portion du pays longue de 12,5 kms
et large de 5 kms sera déclarée sainte. Cette portion sainte n’appartiendra à
aucune tribu, mais reviendra aux prêtres, fils de Tsadok. C’est en son milieu que se trouvera le temple.
Un espace libre de 25 mètres de large autour de cette zone servira de lieu
tampon entre la zone extérieure au temple et le lieu saint. Sous ce lot, une
seconde portion de même surface sera réservée cette fois-ci aux Lévites qui y
habiteront avec leurs familles. Les Lévites seront ainsi au plus près du temple
et n’auront besoin de faire qu’une courte distance pour s’y rendre. Sous cette
portion se trouvera enfin celle destinée à la ville, d’une surface moitié moins
large. La nouveauté qu’introduit ici la révélation d’Ezéchiel est que le temple
ne se situe plus dans la ville. La portion consacrée à la ville est séparée de
celle où se situe le temple par celle des Lévites. Autrefois propriété de Juda,
Jérusalem (qu’Ezéchiel ne nomme pas) sera tout entière incluse dans la portion
consacrée à l’Eternel. Il est notoire ici que, quoique Jérusalem soit la
capitale spirituelle du monde, elle n’est pas, aux jours de la royauté
terrestre du Christ, le lieu exact de résidence du temple. A cause de
l’imperfection qui subsiste, celui-ci gardera ses distances à l’égard de la
ville. Ce ne sera que dans la Jérusalem éternelle que Dieu habitera
véritablement au milieu des siens. Sa présence sainte ne rencontrant rien qui
ne porte la marque de la souillure, le temple n’aura plus de raison d’être. « Jérusalem
sera le tabernacle de Dieu parmi les hommes. Il habitera avec eux, ils seront
son peuple et Dieu lui-même sera avec eux, il sera leur Dieu : Apocalypse 21,3. »
2.
La
part réservée au prince
Aux
limites des trois lots empilés l’un sur l’autre, s’étalera de chaque côté la
part du prince jusqu’aux frontières du pays. Cette portion dévouée au prince a
pour objet de désamorcer une situation qui, dans le passé, a été cause de
nombreuses exactions. Les rois d’Israël n’ayant pas d’autres propriétés que
celles qu’ils acquéraient, la tentation était grande pour eux de spolier l’un
ou l’autre de leurs sujets. L’exemple le plus représentatif de ces abus nous
est fourni dans l’Ecriture par Achab, désireux de s’approprier la vigne de son
voisin Naboth. Il le fera au prix du mensonge et du meurtre : 1 Rois 21. Propriétaire par décret divin d’une large
part du pays, le prince d’Israël sera affranchi de la tentation qui ont conduit
plusieurs de ses prédécesseurs à pécher gravement de la sorte devant l’Eternel.
V 9 à 12 :
le prince, garant de la justice
Outre
les faits d’exactions avérés, les rois du passé, pour asseoir leur pouvoir,
pressuraient le peuple de bien des manières. Roboam, au début de son règne,
voulut utiliser la manière forte. Il exaspéra le peuple au point que celui-ci
se révolta et lui fit, dans sa grande majorité, sécession : 1 Rois 12,14 à 19. Il ne sera plus question, dit le
guide d’Ezéchiel, que de telles choses se reproduisent. Les princes futurs
d’Israël, au temps de la royauté terrestre du Messie, devront être les garants
de la justice. Ils veilleront à ce que les transactions commerciales ne soient
pas faussées, mais équitables. Les poids et les mesures qui serviront de normes
devront être connues et respectées par tous. Le guide d’Ezéchiel en dresse
d’avance le tableau comparatif.
« Les poids dans l’Antiquité étaient fabriqués à partir
de métaux ou de pierres semi-précieuses et souvent sculptés en forme de
canards, de lions ou de tortues. La loi appelait à une standardisation des
poids et des mesures (Lévitique 19,35-36). Cependant, parmi les poids mis au
jour grâce aux fouilles, très peu sont identiques, en dépit de leur
dénomination similaire. Il est important de prendre conscience que, dans
l’Antiquité, les poids ne pouvaient pas avoir la même précision que les poids
modernes. C’était dû en partie à la méthode de fabrication mais aussi à la
variation des standards suivant les époques et les régions. Aussi devons-nous
plutôt considérer qu’il s’agissait d’estimations communément admises. Ceux qui
faisaient en toute connaissance de cause usage de poids et de balances fausses
étaient la cible de critiques prophétiques car ils cherchaient à tromper à la
foi Dieu et leurs semblables (Amos 8,5-6 ; Michée 6,11 ;
Malachie 3,8-9).[1] »
V 13 à 17 :
contribution pour le prince
Souverain
de son royaume, le Seigneur accordera au temps de sa royauté une valeur insigne
au prince d’Israël. Sans conteste, il sera à cette époque le dirigeant le plus
considéré de la terre. En plus du territoire qui lui sera alloué près du temple
et de la ville sainte en Israël, le prince d’Israël jouira de contributions
prélevées parmi le peuple sur leurs récoltes et leurs troupeaux. En
contrepartie, c’est lui qui aura la charge de présenter à Dieu les holocaustes
et les offrandes apportées par les Israélites lors des fêtes cultuelles
instituées dans l’année. Comme tout dirigeant, il sera celui qui représente son
peuple devant son Dieu. Il sera pour toutes les familles de la terre l’exemple
de ce qui doit être fait et rendu à l’égard de l’Eternel, un exemple qui, s’il n’est
pas suivi, sera immédiatement sanctionné : Zacharie
14,16 à 19. Tout en lui rendant un honneur remarquable, les ordonnances
prescrites en faveur du prince poursuivent un objectif précis. Elles ont pour but
d’assurer entre lui et le peuple de Dieu des rapports fraternels et
bienveillants tout en prévenant toute source d’oppression ou d’abus de pouvoir.
Parce qu’il lui sera beaucoup donné, le prince n’aura pas la tentation prédite
par Samuel au sujet des rois d’Israël, de spolier et d’exploiter le peuple qui
sera sous son gouvernement : 1 Samuel 8,10 à 18.
V 18 à 25 :
les fêtes cultuelles principales
Comme
ce fut le cas au temps de l’alliance mosaïque, l’année religieuse des
Israélites à l’époque de la royauté terrestre du Christ sera ponctuée par la
célébration de fêtes destinées à commémorer les grands actes rédempteurs de
Dieu. Trois fêtes sont ici mentionnées :
a.
La
fête du premier mois
Le
premier jour du mois de l’année sera le jour de la purification du sanctuaire.
Ce jour se substituera au dixième du septième mois de l’ancienne alliance, qui
était le jour des expiations : Lévitique 16.
Le sang d’un jeune taureau sans défaut sera répandu à la vue de tous sur les
montants des portes du temple, sur les quatre angles du socle de l’autel et sur
les montants des portes du parvis intérieur. Le peuple rassemblé en ce jour se
souviendra que seul le sang versé par une victime innocente lui permet l’accès
à la présence de Dieu. Le sang versé est le principe fondamental de la
justification. La purification du temple différera de celle du tabernacle en ce
que certains éléments qui y figuraient ne seront plus là, tel l’autel des
parfums.
Le
septième jour du mois, le même rituel sera répété. Il ne s’agit plus ici de
purifier le sanctuaire, mais de faire l’expiation des péchés commis par
inadvertance ou par ignorance parmi le peuple. En dépit de toute la lumière
dont bénéficieront les Israélites, le peuple de Dieu restera une formation
composite au sein de laquelle le degré de conscience et de connaissance variera
selon les individus. La justification, pour être efficace, doit embrasser et
recouvrir tous les cas de figures, y compris ceux qui concernent les plus
simples. Que le peuple de Dieu n’ait à ce sujet aucune crainte ! Le sang
purifie le peuple de ses péchés, mais aussi des imperfections inhérentes à sa
nature. Notons ici que la fête du septième jour est une nouveauté de cette ère.
Elle n’existait pas au temps de la période mosaïque.
b.
La
fête de la Pâque
La
fête de la Pâque, souvenir pour les Israélites de la sortie hâtive d’Egypte,
durera sept jours durant lesquels on mangera du pain sans levain. Le premier
jour de la fête, le prince offrira pour lui et pour le peuple, en sacrifice d’expiation,
un taureau. Puis les jours suivants, il offrira chaque jour les mêmes sacrifices.
La Pâque reste la grande fête institutionnelle qui traverse toutes les époques.
Ordonnée en Egypte, célébrée dans le désert, elle a été remise à l’honneur au
temps du roi Josias après des siècles d’oubli : 2
Rois 23,21 à 23. Réalisée pleinement par le sacrifice de Jésus, la Pâque
sera le temps où le peuple de Dieu dans son entier célèbrera l’Agneau immolé
pour son péché.
c.
La
fête du quinzième jour su septième mois
C’est
ici la date de l’ancienne fête des tentes : Nombres
29,12. Destinée à rappeler au peuple sa condition de pèlerins, elle s’étalera
aussi sur sept jours pendant lesquels seront offerts les mêmes sacrifices que
lors de la fête de Pâque.
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