mercredi 17 février 2021

EZECHIEL 45

 

V 1 à 8 : territoire réservé à l’Eternel et au prince

Au temps de la royauté terrestre du Seigneur, il sera procédé à une répartition de la terre d’Israël entre ses tribus totalement différente de celle du passé. Le dernier chapitre du livre d’Ezéchiel traite de ce sujet. Pour l’heure, le guide du prophète précise quel devra être la part réservée aux prêtres, aux Lévites et au prince dans le pays. Plusieurs changements majeurs sont ici révélés à Ezéchiel par son guide :

1.        Une part sainte

En plus de la part réservée à chaque tribu, une portion du pays longue de 12,5 kms et large de 5 kms sera déclarée sainte. Cette portion sainte n’appartiendra à aucune tribu, mais reviendra aux prêtres, fils de Tsadok.  C’est en son milieu que se trouvera le temple. Un espace libre de 25 mètres de large autour de cette zone servira de lieu tampon entre la zone extérieure au temple et le lieu saint. Sous ce lot, une seconde portion de même surface sera réservée cette fois-ci aux Lévites qui y habiteront avec leurs familles. Les Lévites seront ainsi au plus près du temple et n’auront besoin de faire qu’une courte distance pour s’y rendre. Sous cette portion se trouvera enfin celle destinée à la ville, d’une surface moitié moins large. La nouveauté qu’introduit ici la révélation d’Ezéchiel est que le temple ne se situe plus dans la ville. La portion consacrée à la ville est séparée de celle où se situe le temple par celle des Lévites. Autrefois propriété de Juda, Jérusalem (qu’Ezéchiel ne nomme pas) sera tout entière incluse dans la portion consacrée à l’Eternel. Il est notoire ici que, quoique Jérusalem soit la capitale spirituelle du monde, elle n’est pas, aux jours de la royauté terrestre du Christ, le lieu exact de résidence du temple. A cause de l’imperfection qui subsiste, celui-ci gardera ses distances à l’égard de la ville. Ce ne sera que dans la Jérusalem éternelle que Dieu habitera véritablement au milieu des siens. Sa présence sainte ne rencontrant rien qui ne porte la marque de la souillure, le temple n’aura plus de raison d’être. « Jérusalem sera le tabernacle de Dieu parmi les hommes. Il habitera avec eux, ils seront son peuple et Dieu lui-même sera avec eux, il sera leur Dieu : Apocalypse 21,3. »

2.       La part réservée au prince

Aux limites des trois lots empilés l’un sur l’autre, s’étalera de chaque côté la part du prince jusqu’aux frontières du pays. Cette portion dévouée au prince a pour objet de désamorcer une situation qui, dans le passé, a été cause de nombreuses exactions. Les rois d’Israël n’ayant pas d’autres propriétés que celles qu’ils acquéraient, la tentation était grande pour eux de spolier l’un ou l’autre de leurs sujets. L’exemple le plus représentatif de ces abus nous est fourni dans l’Ecriture par Achab, désireux de s’approprier la vigne de son voisin Naboth. Il le fera au prix du mensonge et du meurtre : 1 Rois 21. Propriétaire par décret divin d’une large part du pays, le prince d’Israël sera affranchi de la tentation qui ont conduit plusieurs de ses prédécesseurs à pécher gravement de la sorte devant l’Eternel.

V 9 à 12 : le prince, garant de la justice

Outre les faits d’exactions avérés, les rois du passé, pour asseoir leur pouvoir, pressuraient le peuple de bien des manières. Roboam, au début de son règne, voulut utiliser la manière forte. Il exaspéra le peuple au point que celui-ci se révolta et lui fit, dans sa grande majorité, sécession : 1 Rois 12,14 à 19. Il ne sera plus question, dit le guide d’Ezéchiel, que de telles choses se reproduisent. Les princes futurs d’Israël, au temps de la royauté terrestre du Messie, devront être les garants de la justice. Ils veilleront à ce que les transactions commerciales ne soient pas faussées, mais équitables. Les poids et les mesures qui serviront de normes devront être connues et respectées par tous. Le guide d’Ezéchiel en dresse d’avance le tableau comparatif.

« Les poids dans l’Antiquité étaient fabriqués à partir de métaux ou de pierres semi-précieuses et souvent sculptés en forme de canards, de lions ou de tortues. La loi appelait à une standardisation des poids et des mesures (Lévitique 19,35-36). Cependant, parmi les poids mis au jour grâce aux fouilles, très peu sont identiques, en dépit de leur dénomination similaire. Il est important de prendre conscience que, dans l’Antiquité, les poids ne pouvaient pas avoir la même précision que les poids modernes. C’était dû en partie à la méthode de fabrication mais aussi à la variation des standards suivant les époques et les régions. Aussi devons-nous plutôt considérer qu’il s’agissait d’estimations communément admises. Ceux qui faisaient en toute connaissance de cause usage de poids et de balances fausses étaient la cible de critiques prophétiques car ils cherchaient à tromper à la foi Dieu et leurs semblables (Amos 8,5-6 ; Michée 6,11 ; Malachie 3,8-9).[1] »

V 13 à 17 : contribution pour le prince

Souverain de son royaume, le Seigneur accordera au temps de sa royauté une valeur insigne au prince d’Israël. Sans conteste, il sera à cette époque le dirigeant le plus considéré de la terre. En plus du territoire qui lui sera alloué près du temple et de la ville sainte en Israël, le prince d’Israël jouira de contributions prélevées parmi le peuple sur leurs récoltes et leurs troupeaux. En contrepartie, c’est lui qui aura la charge de présenter à Dieu les holocaustes et les offrandes apportées par les Israélites lors des fêtes cultuelles instituées dans l’année. Comme tout dirigeant, il sera celui qui représente son peuple devant son Dieu. Il sera pour toutes les familles de la terre l’exemple de ce qui doit être fait et rendu à l’égard de l’Eternel, un exemple qui, s’il n’est pas suivi, sera immédiatement sanctionné : Zacharie 14,16 à 19. Tout en lui rendant un honneur remarquable, les ordonnances prescrites en faveur du prince poursuivent un objectif précis. Elles ont pour but d’assurer entre lui et le peuple de Dieu des rapports fraternels et bienveillants tout en prévenant toute source d’oppression ou d’abus de pouvoir. Parce qu’il lui sera beaucoup donné, le prince n’aura pas la tentation prédite par Samuel au sujet des rois d’Israël, de spolier et d’exploiter le peuple qui sera sous son gouvernement :  1 Samuel 8,10 à 18.

V 18 à 25 : les fêtes cultuelles principales

Comme ce fut le cas au temps de l’alliance mosaïque, l’année religieuse des Israélites à l’époque de la royauté terrestre du Christ sera ponctuée par la célébration de fêtes destinées à commémorer les grands actes rédempteurs de Dieu. Trois fêtes sont ici mentionnées :

a.       La fête du premier mois

Le premier jour du mois de l’année sera le jour de la purification du sanctuaire. Ce jour se substituera au dixième du septième mois de l’ancienne alliance, qui était le jour des expiations : Lévitique 16. Le sang d’un jeune taureau sans défaut sera répandu à la vue de tous sur les montants des portes du temple, sur les quatre angles du socle de l’autel et sur les montants des portes du parvis intérieur. Le peuple rassemblé en ce jour se souviendra que seul le sang versé par une victime innocente lui permet l’accès à la présence de Dieu. Le sang versé est le principe fondamental de la justification. La purification du temple différera de celle du tabernacle en ce que certains éléments qui y figuraient ne seront plus là, tel l’autel des parfums.

Le septième jour du mois, le même rituel sera répété. Il ne s’agit plus ici de purifier le sanctuaire, mais de faire l’expiation des péchés commis par inadvertance ou par ignorance parmi le peuple. En dépit de toute la lumière dont bénéficieront les Israélites, le peuple de Dieu restera une formation composite au sein de laquelle le degré de conscience et de connaissance variera selon les individus. La justification, pour être efficace, doit embrasser et recouvrir tous les cas de figures, y compris ceux qui concernent les plus simples. Que le peuple de Dieu n’ait à ce sujet aucune crainte ! Le sang purifie le peuple de ses péchés, mais aussi des imperfections inhérentes à sa nature. Notons ici que la fête du septième jour est une nouveauté de cette ère. Elle n’existait pas au temps de la période mosaïque.

b.       La fête de la Pâque

La fête de la Pâque, souvenir pour les Israélites de la sortie hâtive d’Egypte, durera sept jours durant lesquels on mangera du pain sans levain. Le premier jour de la fête, le prince offrira pour lui et pour le peuple, en sacrifice d’expiation, un taureau. Puis les jours suivants, il offrira chaque jour les mêmes sacrifices. La Pâque reste la grande fête institutionnelle qui traverse toutes les époques. Ordonnée en Egypte, célébrée dans le désert, elle a été remise à l’honneur au temps du roi Josias après des siècles d’oubli : 2 Rois 23,21 à 23. Réalisée pleinement par le sacrifice de Jésus, la Pâque sera le temps où le peuple de Dieu dans son entier célèbrera l’Agneau immolé pour son péché.

c.       La fête du quinzième jour su septième mois

C’est ici la date de l’ancienne fête des tentes : Nombres 29,12. Destinée à rappeler au peuple sa condition de pèlerins, elle s’étalera aussi sur sept jours pendant lesquels seront offerts les mêmes sacrifices que lors de la fête de Pâque.



[1] La Bible avec Notes d’étude archéologiques et historiques : page 1287

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