vendredi 26 mars 2021

EZECHIEL 48

 

PARTAGE DU PAYS

V 1 à 7 : les 7 tribus du Nord

Le dernier chapitre d’Ezéchiel est consacré à la répartition du pays d’Israël selon ses tribus. Sept tribus sont affectées au Nord et cinq au Sud. La partie médiane du pays sera occupée par la part qui revient aux Lévites et celle attribuée au prince, à la ville sainte et au temple. Cette nouvelle distribution du pays efface totalement les anciennes frontières entre les tribus. Ruben, Gad et la demi-tribu de Manassé, qui se trouvaient en Transjordanie, intègrent le territoire. Du Nord du pays jusqu’à sa partie centrale, dont le temple est le cœur, se succèdent la tribu de Dan, d’Aser, de Nephthali, de Manassé, d’Ephraïm, de Ruben et de Juda. Remarquons ici la proximité d’Ephraïm et de Juda, séparées par la tribu de Ruben, autrefois tribus phares des deux royaumes issus du schisme opéré au temps de Roboam. « Deux des fils de Rachel, Benjamin et Joseph (comprenant Ephraïm et Manassé), l’un est au Nord, l’autre au Sud du temple ; et des six fils de Léa, trois (Ruben, Juda et Lévi) sont placés au sud d’Ephraïm, et trois (Siméon, Issacar, Zabulon) au sud de Benjamin. Tout dans ce groupement paraît tendre à briser l’ancien antagonisme qui avait été si fatal au peuple.[1] »

Apprenons de la sage pédagogie de Dieu au sujet de la portion et de l’emplacement réservés à chaque tribu dans le pays. Le premier constat est que ce partage sera totalement équitable. Finis les contours biscornus qui délimitaient les périmètres de chaque tribu. La part de chacune ira d’Est à l’Ouest, lui permettant d’avoir accès à la Mer. Le second constat est que chaque tribu occupe la place qui lui revient selon l’élection souveraine de sa grâce. L’emplacement de Juda et de Benjamin près de la partie réservée au temple ne procède pas du hasard. Il respecte et accomplit le choix de Dieu formulé par la bouche de Jacob dès la Genèse, puis par Moïse : Genèse 49,8 ; Deutéronome 33,12. Nul dans l’héritage que Dieu lui réservé n’est lésé. Chacun reçoit ce qui lui est dû, selon la place qui lui convient dans le dessein de Dieu.

V 8 à 22 : la partie médiane du pays

Comme il le lui avait déjà indiqué : Ezéchiel 451 à 7, le guide d’Ezéchiel lui confirme que la partie médiane du pays sera sa partie sainte. C’est la partie du territoire entièrement consacrée au service de l’Eternel, une portion qui se découpe en 3 parties :

a.       Une partie prélevée pour l’Eternel lui-même, donnée en gestion aux fils de Tsadok, prêtres choisis par Dieu à cause de leur fidélité passée : Ezéchiel 44,15, pour le servir dans le sanctuaire. C’est au centre de cette portion que sera le temple. Le lieu où se trouvera le temple, avec son parvis sera la partie très sainte du pays, le lieu de la résidence même de Dieu parmi son peuple.

b.       Contigüe à cette partie, vers le sud, s’adossera celle qui appartient aux Lévites. Chacune de ces parties aura la même taille que l’autre. La partie réservée aux Lévites ne pourra être ni vendue, ni troquée. Elle leur reviendra en propriété pour toujours, de par leur statut de serviteurs de l’Eternel, mis à part pour leurs fonctions cultuelles.

c.       La 3ème portion de la partie médiane, plus au sud encore, sera partagée en diverses affectations. Une première zone au centre sera occupée par la ville et ses habitants. Le territoire de la ville et de ses environs sera considéré comme une zone profane. Dans ce carré, les habitants de la ville vaqueront à leurs occupations journalières. Le pourtour de la ville sera une zone cultivée dont les produits serviront de nourriture à ses habitants. Des gens de toutes tribus pourront y travailler et contribuer ainsi à la production de vivres pour ceux qui habitent la ville sainte. De chaque côté du carré central où se trouve la ville, le reste du territoire appartiendra au prince d’Israël : Ezéchiel 45,7 et 8.

La disposition centrale de la partie sainte et très sainte du territoire n’est pas le fait du hasard. Elle souligne la nécessité impérieuse pour le peuple de Dieu de donner à Dieu et à la sainteté la place centrale de sa vie. C’est autour de la Personne de Dieu, de sa présence et du lieu de sa résidence que doit graviter l’Israël de Dieu, son peuple élu. Le règne terrestre du Messie sera le moment unique au cours duquel la primauté reviendra, aux yeux de toutes les nations, à Dieu et son Oint : cf Psaume 2,7 à 13. Alors qu’aujourd’hui, guerres, tensions et déchirements fractionnent l’humanité en partis irréconciliables, le temps vient où, sous l’égide du Messie, le Christ-Jésus, l’humanité se retrouvera unie autour d’un seul centre : le temple de Dieu. Ce point fixe, à partir duquel sera commémorée chaque jour la rédemption, sera le pivot qui liera les peuples les uns aux autres dans une entente cordiale. Le Christ sera alors « le juge des nations, l’arbitre d’un grand nombre de peuple. Ceux-ci mettront en pièces leurs épées pour en faire des socs de charrue, et leurs lances pour en faire des serpes. Aucune nation ne prendra plus les armes contre une autre et l’on apprendra plus à faire la guerre : Esaïe 2,4. »

V 23 à 29 : les 5 tribus du Sud

Sous la partie médiane du pays, la portion sainte, les cinq dernières tribus d’Israël occuperont le reste du territoire. Du haut jusqu’en bas se succéderont ainsi Benjamin, Siméon, Issacar, Zabulon et Gad. Notons ici que la résurrection d’Israël, dans les frontières que Dieu lui a attribuées dès l’origine, est un double miracle. Le 1er tient au fait que pendant des siècles le pays a été délesté de ses habitants. Aucune autre nation antique, mis à part Israël, n’a connu le miracle d’une telle résurrection après un si long temps d’exil. Le second est que les 12 tribus, si longtemps dispersées, sont reformées. Qui, parmi tous les Juifs qui, aujourd’hui, font leur Alyah en Eretz Israël, c’est-à-dire leur retour en Terre sainte, sait à quelle tribu d’origine il appartient ? Comment se fera l’identification tribale des Israélites au temps de la royauté messianique ? Nous ne le savons pas ! Le Dieu d’Israël, qui connaît toutes choses, n’est jamais dans l’embarras pour quoi que ce soit. Ce qui nous semble miraculeux n’est que la manifestation de toutes les possibilités dont sa puissance dispose. Béni soit le Dieu d’Israël, d’éternité en éternité : Psaume 41,13 ; 106,48.

V 30 à 34 : les issues de la ville

La visite de la ville sainte se termine pour Ezéchiel par celle des portes qui en permettent l’accès. Selon les mesures mentionnées, la ville forme un carré d’environ 9 à 10 kms de côté, ce qui correspond à une ville de taille moyenne pour notre époque. Chaque côté du carré possède 3 portes qui portent le nom de l’une des tribus d’Israël. Au Nord, se trouvent les portes des tribus d’Israël les plus importantes, parce que les plus honorables. Il y a la porte de Ruben, l’ainé des fils de Jacob : Genèse 49,3, suivie de celle de Juda, héritier prééminent de la bénédiction de Jacob : Genèse 49,8, puis Lévi, tribu donnée à Dieu pour les premiers-nés d’Israël : Nombres 3,11 à 13. A l’Est, on trouve ensuite, la porte de Joseph, qui réunit les tribus de Manassé et Ephraïm, ses fils, la porte de Benjamin et celle de Dan. Joseph et Benjamin, sont les deux fils de Rachel, la femme préférée de Jacob et Dan le fils aîné de sa servante. Tout ce qui compte pour Rachel est ainsi réuni du même côté. Au Sud, on trouve les noms de trois tribus qui se situent à cette position géographique dans le pays : Siméon, Issacar et Zabulon. A l’Ouest, les portes portent le nom des trois autres fils, issus des servantes de Jacob : Gad, Aser, et Nephthali. L’attribution des noms donnés aux issues de la ville selon leur emplacement ne relève pas du hasard. Elle correspond à un ordre qui relève à la fois d’éléments historiques, géographiques et spirituels.

Les 12 portes de la ville sainte, baptisées du nom des 12 tribus d’Israël, témoignent d’une réalité qui, jusqu’à ce moment, a toujours fait défaut au judaïsme traditionnel. Peuple élu de Dieu, Israël a tout au long de son histoire confisquer pour lui les privilèges dont la grâce de son Dieu l’avait pourvu. La vocation originale d’Israël était d’être le peuple au travers duquel toutes les nations du monde devaient être bénies : Genèse 12,1 à 3. Très tôt cependant, Israël s’est montré infidèle à son Dieu. Au lieu d’être le phare par lequel la lumière de la connaissance de Dieu rayonne jusqu’aux extrémités de la terre, Israël a ouvert ses portes toutes grandes aux divinités étrangères. Les faux dieux des peuples n’ont pas eu besoin de la presser longtemps pour qu’elle les accueille. Au contraire ! C’est elle qui, jouant de ses charmes, les invitait à copuler avec elle, telle une prostituée. Sous le règne terrestre du Messie, enfin, les portes de la ville sainte s’ouvriront pour déverser la connaissance du Dieu qui est dans le temple jusqu’au bout du monde. Israël réalisera alors pleinement sa vocation, celle pour laquelle, dès le début, Dieu l’a choisi pour être son peuple : être le témoin de son nom.

V 35 : le nom de la ville

Il est remarquable que, pas une seule fois, tout au long de la visite de la ville, Ezéchiel ne l’identifie à Jérusalem. Ses dimensions, son emplacement ont conduit plusieurs commentateurs à penser que celle-ci ne sera pas celle-là. Située au centre du pays, la ville qu’a vu Ezéchiel sera construite avec le temple dans un lieu à part, non loin de sa capitale historique. Il est difficile de se prononcer sur le sujet avec une totale certitude. Ce qui est certain est que la ville vue par Ezéchiel n’est pas la Jérusalem vue par Jean dans l’Apocalypse. Toutes les deux ont des portes au nom des tribus d’Israël, mais la Jérusalem céleste possède quelque chose que ne présente pas la ville carrée du temps messianique : une muraille dont les fondations portent les noms des douze apôtres de l’Agneau : Apocalypse 21,14. Malgré toute la beauté et la gloire de la ville qui est l’objet de la vision d’Ezéchiel, l’époque qui la concerne fait partie d’un temps encore imparfait et provisoire. La cité qu’a vue Abraham n’est pas la ville d’Ezéchiel, mais la Jérusalem finale, celle dans laquelle il n’y aura plus de temple. Laissons Jean nous parler d’elle :

« Je ne vis pas de temple dans la ville, car le Seigneur, le Dieu tout-puissant, est son temple, ainsi que l’Agneau. La ville n’a besoin ni du soleil ni de la lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’éclaire et l’Agneau est son flambeau. Les nations marcheront à sa lumière et les rois de la terre y apporteront leur gloire.  Ses portes ne seront pas fermées de toute la journée, car il n’y aura plus de nuit. On y apportera la gloire et l’honneur des nations. Il n’entrera chez elle rien de souillé, ni personne qui se livre à des pratiques abominables et au mensonge ; il n’entrera que ceux qui sont inscrits dans le livre de vie de l’Agneau. Puis il me montra le fleuve d’eau de la vie, limpide comme du cristal, qui sortait du trône de Dieu et de l’Agneau. Au milieu de la place de la ville et entre les deux bras du fleuve se trouvait l’arbre de vie qui produit douze récoltes ; il donne son fruit chaque mois et ses feuilles servent à la guérison des nations. Il n’y aura plus de malédiction. Le trône de Dieu et de l’Agneau sera dans la ville ; ses serviteurs lui rendront un culte. Ils verront son visage et son nom sera sur leur front. Il n’y aura plus de nuit et ils n’auront besoin ni de la lumière d’une lampe ni de celle du soleil, parce que le Seigneur Dieu les éclairera. Et ils régneront aux siècles des siècles : Apocalypse 21,22 à 22,5.

La ville qu’a vue Ezéchiel est l’expression la plus glorieuse de l’alliance de Dieu avec Israël. Son rayonnement universel se manifestera tout au long du règne messianique terrestre, cadre de la vocation d’Israël. Son nom évoquera à lui seul la présence de Dieu ici-bas. « En ces jours-là, dit Zacharie, dix hommes de toutes les langues des nations saisiront un Juif par le pan de son vêtement et diront : Nous irons avec vous, car nous avons appris que Dieu est avec vous : Zacharie 8,23. » Oui ! L’Eternel est ici, se diront tous les peuples. Mais la ville du temps messianique n’est que l’expression partielle de toute l’œuvre de Dieu. Sa plénitude s’incarnera dans la Jérusalem définitive, dans laquelle vivront tous les serviteurs de l’Agneau. Les uns, tels Abraham, Moïse, David, Elie ont cru par anticipation à sa venue, sa mort et sa résurrection. Les autres, tels les apôtres, Paul, les croyants de tous les peuples ont cru à sa prédication. Tous sont réunis ensemble pour célébrer à jamais sa gloire dans une joie infinie et ininterrompue.

 



[1] https://www.levangile.com/Bible-Annotee-Ezechiel-47.htm

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