vendredi 26 mars 2021

EPILOGUE

 

Chant, psaume des descendants de Koré.

 L’Eternel est grand, il est l’objet de toutes les louanges dans la ville de notre Dieu, sur sa montagne sainte.

Elle est belle, la colline qui fait la joie de toute la terre, le mont Sion ; du côté nord, c’est la ville du grand roi.

Dieu, dans ses palais, est connu comme une forteresse. 4 

Les rois s’étaient ligués, ensemble ils se sont avancés.

Ils ont regardé, tout stupéfaits, saisis de peur ils ont pris la fuite.

Un tremblement s’est emparé d’eux sur place, comme la douleur s’empare d’une femme qui accouche.

Ils ont été chassés comme par le vent d’est qui brise les bateaux long-courriers.

Ce que nous avions entendu dire, nous l’avons vu dans la ville de l’Eternel, le maître de l’univers, dans la ville de notre Dieu : Dieu l’affermira pour toujours.

O Dieu, nous pensons à ta bonté au milieu de ton temple.

Ton nom, ô Dieu, et ta louange retentissent jusqu’aux extrémités de la terre ; ta main droite est pleine de justice.

Le mont Sion se réjouit, les villes de Juda sont dans l’allégresse, à cause de tes jugements.

Parcourez Sion, parcourez son enceinte, comptez ses tours,

Observez son rempart, examinez ses palais, pour annoncer à la génération future :

« Voilà le Dieu qui est notre Dieu pour toujours et à perpétuité ; il sera notre guide jusqu’à la mort. »

PSAUME 48

EZECHIEL 48

 

PARTAGE DU PAYS

V 1 à 7 : les 7 tribus du Nord

Le dernier chapitre d’Ezéchiel est consacré à la répartition du pays d’Israël selon ses tribus. Sept tribus sont affectées au Nord et cinq au Sud. La partie médiane du pays sera occupée par la part qui revient aux Lévites et celle attribuée au prince, à la ville sainte et au temple. Cette nouvelle distribution du pays efface totalement les anciennes frontières entre les tribus. Ruben, Gad et la demi-tribu de Manassé, qui se trouvaient en Transjordanie, intègrent le territoire. Du Nord du pays jusqu’à sa partie centrale, dont le temple est le cœur, se succèdent la tribu de Dan, d’Aser, de Nephthali, de Manassé, d’Ephraïm, de Ruben et de Juda. Remarquons ici la proximité d’Ephraïm et de Juda, séparées par la tribu de Ruben, autrefois tribus phares des deux royaumes issus du schisme opéré au temps de Roboam. « Deux des fils de Rachel, Benjamin et Joseph (comprenant Ephraïm et Manassé), l’un est au Nord, l’autre au Sud du temple ; et des six fils de Léa, trois (Ruben, Juda et Lévi) sont placés au sud d’Ephraïm, et trois (Siméon, Issacar, Zabulon) au sud de Benjamin. Tout dans ce groupement paraît tendre à briser l’ancien antagonisme qui avait été si fatal au peuple.[1] »

Apprenons de la sage pédagogie de Dieu au sujet de la portion et de l’emplacement réservés à chaque tribu dans le pays. Le premier constat est que ce partage sera totalement équitable. Finis les contours biscornus qui délimitaient les périmètres de chaque tribu. La part de chacune ira d’Est à l’Ouest, lui permettant d’avoir accès à la Mer. Le second constat est que chaque tribu occupe la place qui lui revient selon l’élection souveraine de sa grâce. L’emplacement de Juda et de Benjamin près de la partie réservée au temple ne procède pas du hasard. Il respecte et accomplit le choix de Dieu formulé par la bouche de Jacob dès la Genèse, puis par Moïse : Genèse 49,8 ; Deutéronome 33,12. Nul dans l’héritage que Dieu lui réservé n’est lésé. Chacun reçoit ce qui lui est dû, selon la place qui lui convient dans le dessein de Dieu.

V 8 à 22 : la partie médiane du pays

Comme il le lui avait déjà indiqué : Ezéchiel 451 à 7, le guide d’Ezéchiel lui confirme que la partie médiane du pays sera sa partie sainte. C’est la partie du territoire entièrement consacrée au service de l’Eternel, une portion qui se découpe en 3 parties :

a.       Une partie prélevée pour l’Eternel lui-même, donnée en gestion aux fils de Tsadok, prêtres choisis par Dieu à cause de leur fidélité passée : Ezéchiel 44,15, pour le servir dans le sanctuaire. C’est au centre de cette portion que sera le temple. Le lieu où se trouvera le temple, avec son parvis sera la partie très sainte du pays, le lieu de la résidence même de Dieu parmi son peuple.

b.       Contigüe à cette partie, vers le sud, s’adossera celle qui appartient aux Lévites. Chacune de ces parties aura la même taille que l’autre. La partie réservée aux Lévites ne pourra être ni vendue, ni troquée. Elle leur reviendra en propriété pour toujours, de par leur statut de serviteurs de l’Eternel, mis à part pour leurs fonctions cultuelles.

c.       La 3ème portion de la partie médiane, plus au sud encore, sera partagée en diverses affectations. Une première zone au centre sera occupée par la ville et ses habitants. Le territoire de la ville et de ses environs sera considéré comme une zone profane. Dans ce carré, les habitants de la ville vaqueront à leurs occupations journalières. Le pourtour de la ville sera une zone cultivée dont les produits serviront de nourriture à ses habitants. Des gens de toutes tribus pourront y travailler et contribuer ainsi à la production de vivres pour ceux qui habitent la ville sainte. De chaque côté du carré central où se trouve la ville, le reste du territoire appartiendra au prince d’Israël : Ezéchiel 45,7 et 8.

La disposition centrale de la partie sainte et très sainte du territoire n’est pas le fait du hasard. Elle souligne la nécessité impérieuse pour le peuple de Dieu de donner à Dieu et à la sainteté la place centrale de sa vie. C’est autour de la Personne de Dieu, de sa présence et du lieu de sa résidence que doit graviter l’Israël de Dieu, son peuple élu. Le règne terrestre du Messie sera le moment unique au cours duquel la primauté reviendra, aux yeux de toutes les nations, à Dieu et son Oint : cf Psaume 2,7 à 13. Alors qu’aujourd’hui, guerres, tensions et déchirements fractionnent l’humanité en partis irréconciliables, le temps vient où, sous l’égide du Messie, le Christ-Jésus, l’humanité se retrouvera unie autour d’un seul centre : le temple de Dieu. Ce point fixe, à partir duquel sera commémorée chaque jour la rédemption, sera le pivot qui liera les peuples les uns aux autres dans une entente cordiale. Le Christ sera alors « le juge des nations, l’arbitre d’un grand nombre de peuple. Ceux-ci mettront en pièces leurs épées pour en faire des socs de charrue, et leurs lances pour en faire des serpes. Aucune nation ne prendra plus les armes contre une autre et l’on apprendra plus à faire la guerre : Esaïe 2,4. »

V 23 à 29 : les 5 tribus du Sud

Sous la partie médiane du pays, la portion sainte, les cinq dernières tribus d’Israël occuperont le reste du territoire. Du haut jusqu’en bas se succéderont ainsi Benjamin, Siméon, Issacar, Zabulon et Gad. Notons ici que la résurrection d’Israël, dans les frontières que Dieu lui a attribuées dès l’origine, est un double miracle. Le 1er tient au fait que pendant des siècles le pays a été délesté de ses habitants. Aucune autre nation antique, mis à part Israël, n’a connu le miracle d’une telle résurrection après un si long temps d’exil. Le second est que les 12 tribus, si longtemps dispersées, sont reformées. Qui, parmi tous les Juifs qui, aujourd’hui, font leur Alyah en Eretz Israël, c’est-à-dire leur retour en Terre sainte, sait à quelle tribu d’origine il appartient ? Comment se fera l’identification tribale des Israélites au temps de la royauté messianique ? Nous ne le savons pas ! Le Dieu d’Israël, qui connaît toutes choses, n’est jamais dans l’embarras pour quoi que ce soit. Ce qui nous semble miraculeux n’est que la manifestation de toutes les possibilités dont sa puissance dispose. Béni soit le Dieu d’Israël, d’éternité en éternité : Psaume 41,13 ; 106,48.

V 30 à 34 : les issues de la ville

La visite de la ville sainte se termine pour Ezéchiel par celle des portes qui en permettent l’accès. Selon les mesures mentionnées, la ville forme un carré d’environ 9 à 10 kms de côté, ce qui correspond à une ville de taille moyenne pour notre époque. Chaque côté du carré possède 3 portes qui portent le nom de l’une des tribus d’Israël. Au Nord, se trouvent les portes des tribus d’Israël les plus importantes, parce que les plus honorables. Il y a la porte de Ruben, l’ainé des fils de Jacob : Genèse 49,3, suivie de celle de Juda, héritier prééminent de la bénédiction de Jacob : Genèse 49,8, puis Lévi, tribu donnée à Dieu pour les premiers-nés d’Israël : Nombres 3,11 à 13. A l’Est, on trouve ensuite, la porte de Joseph, qui réunit les tribus de Manassé et Ephraïm, ses fils, la porte de Benjamin et celle de Dan. Joseph et Benjamin, sont les deux fils de Rachel, la femme préférée de Jacob et Dan le fils aîné de sa servante. Tout ce qui compte pour Rachel est ainsi réuni du même côté. Au Sud, on trouve les noms de trois tribus qui se situent à cette position géographique dans le pays : Siméon, Issacar et Zabulon. A l’Ouest, les portes portent le nom des trois autres fils, issus des servantes de Jacob : Gad, Aser, et Nephthali. L’attribution des noms donnés aux issues de la ville selon leur emplacement ne relève pas du hasard. Elle correspond à un ordre qui relève à la fois d’éléments historiques, géographiques et spirituels.

Les 12 portes de la ville sainte, baptisées du nom des 12 tribus d’Israël, témoignent d’une réalité qui, jusqu’à ce moment, a toujours fait défaut au judaïsme traditionnel. Peuple élu de Dieu, Israël a tout au long de son histoire confisquer pour lui les privilèges dont la grâce de son Dieu l’avait pourvu. La vocation originale d’Israël était d’être le peuple au travers duquel toutes les nations du monde devaient être bénies : Genèse 12,1 à 3. Très tôt cependant, Israël s’est montré infidèle à son Dieu. Au lieu d’être le phare par lequel la lumière de la connaissance de Dieu rayonne jusqu’aux extrémités de la terre, Israël a ouvert ses portes toutes grandes aux divinités étrangères. Les faux dieux des peuples n’ont pas eu besoin de la presser longtemps pour qu’elle les accueille. Au contraire ! C’est elle qui, jouant de ses charmes, les invitait à copuler avec elle, telle une prostituée. Sous le règne terrestre du Messie, enfin, les portes de la ville sainte s’ouvriront pour déverser la connaissance du Dieu qui est dans le temple jusqu’au bout du monde. Israël réalisera alors pleinement sa vocation, celle pour laquelle, dès le début, Dieu l’a choisi pour être son peuple : être le témoin de son nom.

V 35 : le nom de la ville

Il est remarquable que, pas une seule fois, tout au long de la visite de la ville, Ezéchiel ne l’identifie à Jérusalem. Ses dimensions, son emplacement ont conduit plusieurs commentateurs à penser que celle-ci ne sera pas celle-là. Située au centre du pays, la ville qu’a vu Ezéchiel sera construite avec le temple dans un lieu à part, non loin de sa capitale historique. Il est difficile de se prononcer sur le sujet avec une totale certitude. Ce qui est certain est que la ville vue par Ezéchiel n’est pas la Jérusalem vue par Jean dans l’Apocalypse. Toutes les deux ont des portes au nom des tribus d’Israël, mais la Jérusalem céleste possède quelque chose que ne présente pas la ville carrée du temps messianique : une muraille dont les fondations portent les noms des douze apôtres de l’Agneau : Apocalypse 21,14. Malgré toute la beauté et la gloire de la ville qui est l’objet de la vision d’Ezéchiel, l’époque qui la concerne fait partie d’un temps encore imparfait et provisoire. La cité qu’a vue Abraham n’est pas la ville d’Ezéchiel, mais la Jérusalem finale, celle dans laquelle il n’y aura plus de temple. Laissons Jean nous parler d’elle :

« Je ne vis pas de temple dans la ville, car le Seigneur, le Dieu tout-puissant, est son temple, ainsi que l’Agneau. La ville n’a besoin ni du soleil ni de la lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’éclaire et l’Agneau est son flambeau. Les nations marcheront à sa lumière et les rois de la terre y apporteront leur gloire.  Ses portes ne seront pas fermées de toute la journée, car il n’y aura plus de nuit. On y apportera la gloire et l’honneur des nations. Il n’entrera chez elle rien de souillé, ni personne qui se livre à des pratiques abominables et au mensonge ; il n’entrera que ceux qui sont inscrits dans le livre de vie de l’Agneau. Puis il me montra le fleuve d’eau de la vie, limpide comme du cristal, qui sortait du trône de Dieu et de l’Agneau. Au milieu de la place de la ville et entre les deux bras du fleuve se trouvait l’arbre de vie qui produit douze récoltes ; il donne son fruit chaque mois et ses feuilles servent à la guérison des nations. Il n’y aura plus de malédiction. Le trône de Dieu et de l’Agneau sera dans la ville ; ses serviteurs lui rendront un culte. Ils verront son visage et son nom sera sur leur front. Il n’y aura plus de nuit et ils n’auront besoin ni de la lumière d’une lampe ni de celle du soleil, parce que le Seigneur Dieu les éclairera. Et ils régneront aux siècles des siècles : Apocalypse 21,22 à 22,5.

La ville qu’a vue Ezéchiel est l’expression la plus glorieuse de l’alliance de Dieu avec Israël. Son rayonnement universel se manifestera tout au long du règne messianique terrestre, cadre de la vocation d’Israël. Son nom évoquera à lui seul la présence de Dieu ici-bas. « En ces jours-là, dit Zacharie, dix hommes de toutes les langues des nations saisiront un Juif par le pan de son vêtement et diront : Nous irons avec vous, car nous avons appris que Dieu est avec vous : Zacharie 8,23. » Oui ! L’Eternel est ici, se diront tous les peuples. Mais la ville du temps messianique n’est que l’expression partielle de toute l’œuvre de Dieu. Sa plénitude s’incarnera dans la Jérusalem définitive, dans laquelle vivront tous les serviteurs de l’Agneau. Les uns, tels Abraham, Moïse, David, Elie ont cru par anticipation à sa venue, sa mort et sa résurrection. Les autres, tels les apôtres, Paul, les croyants de tous les peuples ont cru à sa prédication. Tous sont réunis ensemble pour célébrer à jamais sa gloire dans une joie infinie et ininterrompue.

 



[1] https://www.levangile.com/Bible-Annotee-Ezechiel-47.htm

samedi 20 mars 2021

EZECHIEL 47

 

V 1 à 5 : Le torrent qui jaillit du sanctuaire

Il reste à Ezéchiel, après la visite du temple, à considérer un élément des plus extraordinaires de la vision qu’il a reçue. Sous le seuil du temple, à l’Est du bâtiment, le prophète vit un filet d’eau sortir et s’orienter côté droit vers le sud en s’écoulant. Le guide d’Ezéchiel le fit sortir de l’enceinte du sanctuaire pour suivre le parcours de ce ruisseau naissant. Muni d’un ruban à mesurer, il fit faire au prophète plusieurs exercices. Après 500 mètres de distance, il lui demanda de traverser le ru. L’eau lui arrivant aux chevilles, Ezéchiel le fit sans difficulté. 500 mètres plus loin, Ezéchiel renouvela l’opération. Des chevilles, l’eau était montée jusqu’aux genoux du prophète. La 3ème fois qu’Ezéchiel traversa l’eau, après 500 mètres, le niveau lui arrivait à la taille. Ce fut la dernière fois qu’il put franchir le fleuve. Deux kilomètres, après son point de départ, la source émanant du temple était devenue un torrent qui nécessitait de nager pour s’y tenir.

Comme il en est pour le reste de la vision qu’a reçu Ezéchiel, les commentateurs bibliques ne s’accordent pas au sujet de son interprétation. Pour certains, le fleuve qui sort du sanctuaire n’est que symbole. Pour d’autres, il sera une réalité qui s’ajoute aux autres éléments décrivant le futur du royaume messianique. Le parti pris dès le début du commentaire de la vision est de considérer les faits décrits comme réels, même si leur compréhension nous échappe, et d’en tirer les applications spirituelles qu’ils signifient. C’est du cœur de la maison de Dieu que jaillit pour nous la source qui nous purifie. Dans une vision précédente qui traitait de la restauration d’Israël, Ezéchiel l’avait prophétisé : « Je vous aspergerai d’eau pure et vous serez purifiés. Je vous purifierai de toutes vos idoles. Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau. Je retirerai de votre corps le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair : Ezéchiel 36,25-26. » La vision d’Ezéchiel au sujet de cette source jaillissante du lieu du sacrifice ne lui appartient pas en propre. Elle est reprise autant par Joël que Zacharie, deux prophètes portés comme lui sur le devenir d’Israël. « Une source, dit Joël, sortira aussi de la Maison de l’Eternel et arrosera la vallée de Sittim : Joël 3,18. » « Ce jour-là, précise Zacharie, une source jaillira pour la famille de David et les habitants de Jérusalem, pour laver péché et souillure… Ce jour-là, de l’eau vive sortira de Jérusalem et coulera, une moitié vers la mer Morte, l’autre moitié vers la Méditerranée : Zacharie 13,1 ; 14,8. » Le torrent qui jaillit du sanctuaire est le point d’orgue de la vision glorieuse du royaume messianique terrestre du Christ. Il exprime tous les bienfaits qui résultent pour Israël et tous les peuples de la mort sacrificielle de Jésus. C’est de Jérusalem, là où le Seigneur fut crucifié, hors de la porte de la ville, que se répand le fleuve de grâce qui, partout où il passe, renouvelle, ressuscite et sème la vie là où il n’y avait que mort et stérilité.

Les exercices que le guide d’Ezéchiel imposent aux prophètes sont didactiques. Ils ont pour objet de lui donner de prendre conscience de la force interne du courant qui sort du sanctuaire. Sans le concours d’aucun affluent, celui-ci grossit de lui-même. C’est comme si la source qui jaillit du lieu de la présence de Dieu se multipliait d’elle-même, enfantant au fur et à mesure de son écoulement de nouvelles sources qui possèdent les mêmes capacités. Ce miracle illustre l’œuvre vivifiante de l’Esprit, surgissant dans l’histoire de l’épisode mystérieux de la croix. Mince filet qui débute par la régénération de quelques-uns, nous le voyons grossir dans les Actes par l’ajout de 3 000 âmes à la Pentecôte : Actes 2,41, nombre porté à 5 000 quelques jours plus tard : Actes 4,4. Une génération suffira pour que tout l’empire romain soit truffé de communautés chrétiennes, fruit de la grâce. Aujourd’hui, le torrent de vie qui procède de la croix de Jésus, poursuit sa route. Il ne cesse de pénétrer dans de nouveaux lieux autrefois fermés à son influence. « Il est venu jusqu’à vous, dit Paul aux Colossiens, tout comme dans le monde entier, où il porte des fruits et progresse : Colossiens 1,6. » Jésus lui-même avait prédit et annoncé ce développement. « Le dernier jour, le grand jour de la fête, Jésus, debout, s’écria : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne et qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de lui, comme l’a dit l’Ecriture. Il dit cela à propos de l’Esprit que devait recevoir ceux qui croiraient en lui : Jean 7,37 à 39. »

De la croix, la grâce coule,

Comme un fleuve constamment,

Oh ! Venez en foule :

Un plein pardon vous attend.

 

Oui, pour tous la grâce abonde ;

A tous le ciel est ouvert

Pour tous les pécheurs du monde

Le Rédempteur a souffert.

 

Crois à sa miséricorde

Qui dure éternellement

Pour toi, la grâce déborde,

A cette heure, en ce moment.

 

V 6 à 12 : les effets pratiques de l’eau vive

Après lui avoir fait suivre le cours du torrent qui jaillit du sanctuaire, le guide d’Ezéchiel l’interroge. Le prophète a-t-il bien observé tout ce qui était à voir au sujet de ce phénomène ? En a-t-il tiré toutes les leçons pour lui et pour son peuple ? Le premier enseignement que donne le torrent est que la vie qui surgit de la présence de Dieu est intarissable. C’est une vie qui grossit sans cesse, se multiplie et porte en elle des bienfaits aux possibilités illimitées : la vie éternelle. Or, cette vie, dit Jean, parlant de Jésus, a été manifestée. « Nous l’avons vue, nous en sommes témoins et nous vous l’annonçons : cette vie éternelle qui était auprès du Père s’est manifestée à nous : 1 Jean 1,2. » A cause de sa nature, le cours de la vie de Dieu ne peut s’assécher. Il ne peut que s’amplifier et irriguer toujours plus ce qui se trouve sur son chemin. Qui comptera tous les bienfaits que cette vie a généré dans le monde ? Le guide d’Ezéchiel le prend par la main pour lui en donner un aperçu.

Conduit au bord du torrent, Ezéchiel remarque soudain les magnifiques arbres de toutes espèces qui jalonnent ses deux rives. Le guide lui explique que partout où le torrent s’écoule, la vie apparaît. C’est cependant dans un lieu précis, connu de tout temps pour sa stérilité absolue, que le paroxysme de la puissance de vie du torrent se révèlera : la mer Morte. La mer Morte est l’étendue d’eau la plus basse (400 mètres sous le niveau de la Méditerranée) et la plus salée du globe. Sa salinité est telle qu’aucune forme de vie n’est capable de survivre en elle. La mer Morte est un défi à la vie, défi que le torrent issu du sanctuaire va relever. Le guide d’Ezéchiel le certifie. Désormais, à cause des eaux du torrent qui se jetteront en elle, la mer Morte va être grouillante de vie. Des pécheurs se tiendront sur ses rives, jetteront leurs filets et sortiront de ses eaux quantité de poissons de toutes sortes. Sur les bords du torrent, de multiples arbres fruitiers donneront leurs fruits chaque mois, tandis que leur feuillage servira de remède.

La résurrection de la mer Morte est le témoignage le plus éloquent des capacités de la puissance de vie qui habite en Dieu. Irriguées par le torrent de vie qui jaillit du temple, les eaux maudites cessent de l’être. La mer Morte était l’emblème de ce qu’il y avait de plus dégradé et perdu au sein de l’humanité. Partout où il pénètre, dans les points les plus bas et les plus désolés, le courant de la vie de Dieu assainit, ressuscite et donne un avenir à ce qui n’en avait pas. Le jugement et la condamnation sont levés. La bénédiction peut affluer sans limite. Sur les rives du courant de la vie de Dieu, chacun a sa place. Les arbres qui le bordent sont tous différents les uns des autres. Mais chacun, à sa manière, et selon l’espèce qui le caractérise, contribue à la nourriture et à la guérison de la communauté. Tels seront les effets de la profusion de vie qui jaillira du temple, lieu de la présence de Dieu et du sacrifice à partir duquel la victoire sur la mort a été remportée.

La vision idyllique d’Ezéchiel comporte cependant un bémol. A proximité de la mer Morte, désormais pleine de vie, des étangs et des marais restent dans leur état de stérilité. Le royaume messianique terrestre n’est pas encore le ciel. La présence du péché et de la mort s’y trouvent toujours. Les lagunes et les mares pleines de sel représentent la portion de l’humanité qui, malgré l’évidence du bonheur que procure la vie de Dieu, reste fermée à l’œuvre sanctifiante de l’Esprit. Outre Ezéchiel, Zacharie se fait l’écho de cette frange des peuples qui, sous la royauté du Messie, continue à lui résister : Zacharie 14,17-18. Que dès maintenant, notre cœur s’ouvre tout entier au torrent d’amour et de grâce qui jaillit de la croix !

V 13 à 20 : les frontières du pays

Sujet de bénédiction pour toutes les nations, le royaume messianique du Christ sera pour Israël le temps où il jouira de la sécurité dans sa demeure. Israël ne jouira de la paix dans ce monde que le jour où ses frontières seront reconnues par tous comme les limites du territoire qui lui revient. Or, le guide d’Ezéchiel le rappelle : l’attribution de la terre qu’Israël occupe n’est pas un choix qui relève de sa propre conquête des peuplades qui l’occupaient. Elle est le fait d’une décision arrêtée de Dieu, d’un engagement assermenté de Dieu à ses ancêtres, au jour où il les mit à part en vue du dessein qu’il avait projeté pour eux. « Le jour où j’ai choisi Israël, dit Dieu, j’ai levé ma main vers la postérité de la maison de Jacob, et je me suis fait connaître à eux dans le pays d’Egypte ; j’ai levé ma main vers eux, en disant : Je suis l’Eternel, votre Dieu. En ce jour-là, j’ai levé ma main vers eux, pour les faire passer du pays d’Egypte dans un pays que j’avais cherché pour eux, pays où coulent le lait et le miel, le plus beau de tous les pays : Ezéchiel 20,25-26. » Le royaume du Messie établi, le temps de la guerre et de la contestation des peuples au sujet des prérogatives divines dont Israël est l’objet est pour toujours révolu. Ce jour-là, Israël pourra dire avec Esaïe : « « Je te célèbre, Eternel, car tu as été irrité contre moi. Ta colère s’est détournée et tu m’as consolé. Dieu est mon Sauveur. Je serai plein de confiance et je n’aurai plus peur, car l’Eternel, oui, l’Eternel est ma force et le sujet de mes louanges. C’est lui qui m’a sauvé : Esaïe 12,1-2. »

Avant même que le peuple hébreu n’entame la conquête de la terre promise, Dieu en avait marqué les frontières. Celles-ci débordaient largement le périmètre qu’occupa Israël lorsqu’il chassa les peuples qui s’y trouvaient. Elles s’étalaient du désert du Liban jusqu’en Mésopotamie, sur les rives de l’Euphrate : Deutéronome 11,24 ; Josué 1,4. A aucun moment de son histoire, même au temps de Salomon, Israël n’occupera la totalité du territoire qu’il lui était échu. Dans la vision que reçoit Ezéchiel, Dieu ne revient pas sur la promesse faite aux ancêtres. Israël est cantonné aux limites qui furent celles tracées du temps de Moïse : Nombres 34,7 à 9. Le Jourdain marque la frontière orientale et la Méditerranée l’occidentale. Au Nord, la frontière frôle la Syrie, tandis qu’au Sud, elle suit les eaux de Mériba dans le désert, jusqu’à la mer Méditerranée. L’arrangement des tribus sur le territoire diffère quelque peu de l’installation historique des tribus après la conquête. Les tribus qui étaient en Cisjordanie (Ruben, Gad et la demi-tribu de Manassé) occupent le pays avec les autres. La tribu de Joseph reçoit deux parts pour Ephraïm et Manassé, ses fils. La tribu de Lévi n’est pas mentionnée du fait de la part spéciale qui lui est réservée dans le pays à cause de sa vocation particulière. Chaque tribu recevra de Dieu la part qui correspond à ses besoins et sa population. Le chapitre 48 en définit l’arrangement.

V 21 à 23 : les étrangers dans le pays

Si Israël appartient aux Juifs, une mesure d’une importance considérable conclut ce chapitre traitant de la répartition du territoire entre les tribus. Désormais, les étrangers devenus citoyens de la nation auront également un droit de propriété en Israël. Ils seront, au même titre qu’un Israélite, comptés parmi ceux qui bénéficieront d’une part d’héritage dans le pays. L’Israël de Dieu ne se limitera plus aux seuls Israélites de naissance. Il inclura en son sein des croyants d’origine païenne, intégré dans le peuple de Dieu par une conversion du cœur.

La mesure que préconise ici le guide d’Ezéchiel ne fait qu’entériner un fait qui résulte de l’œuvre de Christ dans le monde. Dans sa lettre aux Ephésiens, consacrée à l’Eglise, Paul se fait l’apôtre de cette nouvelle réalité qui procède de la grâce. « Souvenez-vous, écrit-il aux chrétiens d’origine païenne, qu’autrefois vous étiez identifiés comme non juifs dans votre corps, appelés incirconcis par ceux qui se disent circoncis et qui le sont dans leur corps, par la main de l’homme. Souvenez-vous qu’à ce moment-là vous étiez sans Messie, exclus du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde. Mais maintenant, en Jésus-Christ, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang de Christ. En effet, il est notre paix, lui qui des deux groupes n’en a fait qu’un et qui a renversé le mur qui les séparait, la haine… Il a voulu les réconcilier l’un et l’autre avec Dieu en les réunissant dans un seul corps au moyen de la croix… Il est venu annoncer la paix à vous qui étiez loin et à ceux qui étaient près. A travers lui, en effet, nous avons les uns et les autres accès auprès du Père par le même Esprit : Ephésiens 2,11 à 14.16 à 19. » Béni soit Dieu qui, par Jésus-Christ, a fait d’Israël et de l’Eglise, un seul peuple, une seule nation de laquelle Il est le Roi.   

vendredi 12 mars 2021

EZECHIEL 46

 

V 1 à 3 : la porte côté Est

Dans le chapitre 43 du livre, le guide d’Ezéchiel a révélé que c’est par la porte Est du parvis extérieur que la gloire de Dieu pénétrerait dans le nouveau temple, une fois construit : Ezéchiel 43,1.4. De ce fait, cette porte ne devait plus être franchie par quiconque. Jour et nuit, et pour toujours, elle devait rester fermée : Ezéchiel 44,1 et 2. Foulé par les pas du Dieu très saint, le pas de la porte entrée Est du temple ne pouvait plus l’être par d’autres pieds que les siens. L’interdit ordonné ici rappelle celui que Moïse reçut au jour de son appel au ministère lorsqu’en plein désert la voix de Dieu s’adressa à lui pour lui dire : « Ote tes souliers de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte : Exode 3,5 ; Actes 7,33. » A cause de la nature tout autre de Dieu, il est des distances et des interdits qui sont nécessaires, pour leur salut, entre lui et ses créatures. La sainteté de Dieu est ce qui inspire aux anges et aux hommes pieux la crainte de son nom. Qu’elle puisse aussi habiter en nous !

Représentant du peuple auprès de Dieu, le prince d’Israël avait ordre de se présenter devant la porte Est du parvis intérieur du temple les jours de sabbat et pour la fête du début de mois. Il n’entrait pas dans le temple lui-même, mais se tenait là, près des montants de la porte, sur le parcours qu’avait emprunté la gloire de Dieu pour y pénétrer. En ces jours solennels, le prince ne venait pas les mains vides. Il apportait avec lui, au nom du peuple, un holocauste et des sacrifices de communion que les prêtres, mandatés par Dieu, offraient. Le protocole suivi était tout entier empreint des vérités de l’Evangile. Il stipulait que le peuple de Dieu n’avait aucune liberté de s’approcher de Dieu si ce n’est par les voies et les moyens ordonnés par lui. Le Seigneur est le premier qui entre dans le temple. Nul ne peut avoir communion avec lui sans la médiation du prêtre et du sang offert par son entremise. La sainteté de Dieu exclut toute légèreté et toute témérité à ce sujet. La grâce que Dieu octroie à son peuple n’a rien de spontané. Elle exige des nécessités auxquelles nul ne peut se dérober. Le protocole imposé ici témoigne de la médiation de Jésus, notre grand-prêtre et notre sacrifice. « Ainsi donc, frères, puisque nous avons, au moyen du sang de Jésus, une libre entrée dans le sanctuaire par la route nouvelle et vivante qu’il a inaugurée pour nous au travers du voile, c’est-à-dire, de sa chair, et puisque nous avons un souverain sacrificateur établi sur la maison de Dieu, approchons-nous avec un cœur sincère, dans la plénitude de la foi, les cœurs purifiés d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’une eau pure : Hébreux 10,19 à 22. »

V 4 à 7 : l’holocauste et l’offrande offerts par le prince

Il y avait pour les sacrifices et les offrandes apportées par le prince le jour du sabbat et au début de chaque mois une part prescrite par Dieu et une autre laissée à la volonté du prince. La part prescrite touchait aux nombres d’animaux sacrifiés en ces jours (6 agneaux et un bélier pour le sabbat, plus un taureau au début de chaque mois). Les offrandes végétales et l’huile qui accompagnaient les sacrifices étaient en partie imposées et en partie volontaires. La part imposée par Dieu dans le sacrifice témoignait d’une nécessité incontournable. Le peuple de Dieu, représenté dans la personne de son prince, ne pouvait entrer en communion avec lui qu’au travers du sang versé, de l’offrande végétale et de l’huile. Les trois éléments, déjà présents dans le culte lévitique, nous parlent du sacrifice parfait de notre Seigneur. Le sang évoque l’expiation des péchés, l’offrande végétale de fleur de farine sa vie parfaite, et l’huile l’onction dont il était revêtu. Faisant référence à ces dispositions, l’auteur de l’épître aux hébreux nous rappelle que « si le sang des taureaux et des boucs, et la cendre d’une vache, répandue sur ceux qui sont souillés, sanctifient et procurent la pureté de la chair, combien plus le sang de Christ, qui, par un esprit éternel, s’est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il votre conscience des œuvres mortes, afin que vous serviez le Dieu vivant ! : Hébreux 9,13-14. »

Le chemin de la communion avec Dieu ouvert grâce aux sacrifices et aux offrandes imposés, place est faite pour des offrandes volontaires à Dieu de la part de ceux qui ont été purifiés. Bien que volontaires, les offrandes apportées librement par le prince ne pouvaient pas être de n’importe quelle espèce. Elles étaient de même nature que celles qui étaient imposées, des offrandes végétales de fleur de farine. La disposition qui les réglementait avait comme objet de donner au prince l’occasion d’exprimer au nom du peuple sa reconnaissance pour la purification dont il avait été l’objet. Provenant de cœurs purifiés, elles étaient revêtues, elles aussi, de la sainteté qui caractérisait les offrandes imposées. Le premier don qui nous ouvre la voie de la communion avec Dieu procède de la vie livrée du Seigneur Jésus pour nous. Ce don initial est fondamental et incontournable. Accompli une fois pour toutes, il ne sera pas renouvelé, mais constamment rappelé à la mémoire du peuple de Dieu. A partir de lui, de multiples dons, sensés exprimés la gratitude du peuple de Dieu, lui sont possibles. L’apôtre Paul, soutenu par les Philippiens dans son ministère, interprète leur geste dans cette optique : « J’ai tout reçu, et je suis dans l’abondance, dit-il ; j’ai été comblé de biens, en recevant par Epaphrodite ce qui vient de vous comme un parfum de bonne odeur, un sacrifice que Dieu accepte, et qui lui est agréable : Philippiens 4,18. » Veillons à ce que notre cœur, lavé par le sang de l’Agneau, ne soit pas chiche à son égard ! Que notre vie entière soit comme une offrande qui lui est consacrée volontairement, ce qui sera de notre part un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, un culte raisonnable : Romains 12,1.

V 8 à 10 : le circuit du prince et du peuple

La longueur du temps que prend le guide d’Ezéchiel pour lui faire visiter le temple, le mesurer et l’instruire sur la façon dont le culte rendu à Dieu devait se dérouler tient à une chose : la réglementation stricte avec laquelle Dieu tient à codifier ses rapports avec son peuple. Dans le passé, de nombreux écarts ont été commis par le peuple, les prêtres et les rois. Désormais, de tels errements ne seront plus possibles. Le culte à Dieu devra être rendu selon ses directives et sa volonté formellement explicitée. Les règles ordonnées n’épargneront personne. Elles concerneront chacun, qu’il soit un dignitaire ou un simple membre du peuple.

Après les sacrifices et les offrandes apportées par le prince, c’est ici le parcours qu’il fera dans le parvis intérieur du temple lors des fêtes cultuelles qui lui est ici signifié. Le parcours du prince ne sera pas le même selon qu’il se présente seul devant l’Eternel ou au milieu de son peuple. Lorsqu’il se présente seul, le prince passera par le vestibule de l’entrée et reprendra le même chemin en quittant les lieux : une prescription déjà énoncée : Ezéchiel 44,3. Aux jours des fêtes qui rassembleront le peuple, le prince ne sera pas séparé des gens qui le composent, mais au milieu d’eux. Ce rapport de proximité a un double bénéfice. Il rappelle que le prince n’est pas, comme les rois du passé, au-dessus des membres du peuple de Dieu, mais l’un d’eux. Il en est certes leur chef ou leur représentant, mais il leur est totalement assimilé. Le second bénéfice met en valeur le lien fraternel qui le lie aux autres Israélites. Le prince, dirait-on dans le langage chrétien, est un frère parmi les frères. Après qu’il eut accompli le service qui lui est dévolu, le prince ne s’attardera pas dans le temple. Il entrera et sortira avec le peuple, faisant un avec lui du début jusqu’à la fin de l’acte cultuel.

Aux jours où le peuple entrera dans le parvis, un circuit précis lui est imposé. La population des Israélites qui entrera par la porte Nord sortira par celle du Sud, et vice-versa pour celle qui pénétrera dans le parvis par l’autre côté. Tout le peuple traversera le parvis dans on entier dans un sens ou dans un autre. Cette exigence n’est pas seulement d’ordre pratique. Elle a aussi comme but que chaque pèlerin fasse un parcours complet du lieu en le traversant de part en part. Elle indique que la marche avec Dieu est une marche ininterrompue qui a comme objet de nous donner la vision la plus complète des choses de Dieu. Aucun arrêt suivi d’un retour en arrière n’y est prévu : cf Luc 9,62. Que notre cœur soit tout entier porté vers ce qui est devant nous, l’excellence de la vision de la gloire et de la plénitude de notre Dieu : cf Philippiens 3,13.

V 11 et 12 : les offrandes volontaires du prince

Outre les solennités au cours desquelles sacrifices et offrandes lui étaient ordonnés, le prince pouvait, lorsqu’il le désirait, venir de son propre chef au temple pour offrir à Dieu un sacrifice volontaire. Non imposé, le sacrifice volontaire du prince, qui relevait de sa seule initiative personnelle, avait une portée qui dépassait la valeur de tous les sacrifices prescrits. Il témoignait à lui seul de la gratitude du prince pour les bontés de son Dieu. Les sacrifices volontaires offerts par des membres du peuple de Dieu ont toujours été des révélateurs des dispositions qui habitent les cœurs des uns et des autres. C’est au jour où Marie de Béthanie offrit un parfum de grand prix qu’elle répandit sur les pieds de Jésus, que la cupidité secrète qui logeait dans le cœur de Judas fut dévoilée : Jean 12,4 à 6. Le faux disciple ne supporta pas la manifestation gratuite et généreuse de l’adoration qu’exprimait l’amie de Jésus. Elle lui était, à cause de son idolâtrie pour l’argent, insupportable. De même, Ananias et Saphira, pour ne pas être en reste à l’égard de la communauté, crurent s’en tirer à bon compte en simulant le même détachement que leurs frères à l’égard de leurs biens. Caché aux yeux des hommes, le mensonge ne passa pas inaperçu à ceux de Dieu. Le couple y laissa sa vie, créant un précédent qui inspira une crainte salutaire à toute l’Eglise : Actes 5,1 à 11.

Parce que l’amour du Christ à notre égard a été sans limite, il nous revient de lui exprimer notre amour par l’offrande de tout ce que nous sommes. A cet égard, Dieu s’attend à ce que, pour entretenir notre relation avec lui, nous pratiquions les disciplines qu’il a prévues à cet effet. Tout, dans la relation que nous avons avec Dieu par Christ, n’est cependant pas codifié. Il y a place dans notre vie avec lui pour des actes spontanés et volontaires qui, plus que tout, témoignent de notre reconnaissance à son égard. Que l’action de grâces soit toujours l’état d’esprit qui nous anime lorsque nous entrons dans les parvis de la maison de Dieu : Psaume 50,14 ; 96,8 ; 100,4 ; 107,22.

V 13 à 15 : l’holocauste perpétuel

Comme ce fut le cas au temps de l’alliance mosaïque, l’holocauste quotidien d’un agneau d’un an sans défaut sera offert dans le temple. Une différence notoire existe cependant entre la prescription lévitique et celle énoncée par le guide d’Ezéchiel. Dans le passé, l’holocauste perpétuel était double : un agneau était offert le matin et un autre le soir : Exode 29,38-39. Désormais, seul celui du matin sera offert. Selon certains commentateurs, cette nouveauté serait due au temps différent dans lequel se trouve Israël dans les vues d’Ezéchiel. L’holocauste du soir était offert juste avant que la nuit tombe. Dans les ténèbres par lesquelles devait passer Israël, il était primordial que le peuple de Dieu sache que le sang versé pour sa rédemption ne perdait en rien de son efficacité. L’Israël de demain ne connaîtra plus la nuit. Il vivra dans une lumière continue. Aussi l’holocauste du soir ne lui sera plus utile. Seul celui du matin, symbole de l’efficacité de la rédemption accomplie par Christ, suffira pour en perpétuer le souvenir.

Alors qu’une offrande végétale de deux litres de farine, accompagnée d’un litre d’huile, était offerte avec l’agneau lors du culte lévitique, elle passe ici du simple au double. La contenance de l’huile s’amplifie quant à elle de sa moitié. L’offrande offerte le matin cumule celle du matin et du soir apportée dans le passé. L’offrande de farine et l’huile, rappelons-le, symbolisent la vie pure, sainte et consacrée de l’Agneau qui s’est offert pour les péchés de son peuple. La valeur de cette vie ne peut être diminuée. Elle est la seule offrande qui satisfait pleinement la justice de Dieu. C’est pourquoi elle se retrouve ici figurée dans sa totalité.

V 16 à 18 : les cadeaux du prince

Héritier par la volonté de Dieu d’une portion du pays attenante à la ville et à l’emplacement du temple, le prince était libre de gratifier un de ses fils ou de ses serviteurs d’une part de ses biens. Il ne pouvait le faire que sous certaines conditions définies ici. Si l’un de ses fils recevait du prince une portion de sa terre, celle-ci lui serait comptée comme un héritage qui passerait ensuite à ses enfants. Si la même opération se faisait en faveur d’un serviteur, celui-ci en serait le propriétaire jusqu’à l’année du jubilé, qui se produisait tous les 50 ans : Lévitique 25,10 à 12. Cette disposition, énoncée dans la loi mosaïque, poursuivait un but. Elle visait à ce que personne parmi les fils et les tribus d’Israël ne soit dépossédé à jamais du patrimoine qu’il avait reçu de Dieu dans le pays. La loi du jubilé protégeait le bien du prince, mais aussi celui du simple citoyen. Outre l’application de cette mesure, le prince se devait de s’interdire de spolier un habitant du pays en lui prenant de force sa terre. Les cadeaux du prince ne devaient pas être pris sur le bien des autres, mais sur les siens propres. La part que l’Eternel lui accordait dans le pays était suffisamment grande pour que les exactions commises par les rois du passé ne se reproduisent plus.

La prescription imposée ici au prince induit une vérité qui n’a pas encore été soulignée. Elle exprime le fait que, du temps de la royauté terrestre du Christ, c’est à une famille unique que reviendra le privilège de la dignité princière. La charge sera transmise de père en fils avec les biens qui lui sont afférents. Dans le royaume éternel de notre Seigneur chacun aura une part réservée qui lui sera propre. Il n’en sera jamais dépossédé et nul ne pourra lui prendre. C’est l’héritage que l’Eternel réserve à ses saints.

V 19 à 24 : les cuisines du temple

Le dernier lieu que le guide d’Ezéchiel lui fit visiter fut les cuisines du temple. Comme toutes celles qui existent dans les maisons, les cuisines étaient le lieu où étaient cuites les viandes qui étaient apportées au temple pour le sacrifice. En effet, la loi prescrivait que des repas soient préparés à la fois pour les prêtres et pour le peuple à partir des sacrifices. Les cuisines destinées aux repas des prêtres n’étaient pas au même endroit que celles qui servaient pour le peuple. Les premières se situaient à l’intérieur du parvis du temple, les secondes étaient installées aux quatre coins du parvis extérieur. La part des sacrifices qui revenait aux prêtres était une part sainte. C’était une part prise sur les sacrifices de culpabilité et d’expiation offerts à Dieu en figure de la rédemption du peuple. Personne ne pouvait rien retrancher pour lui-même de ces sacrifices offerts tout entiers en vue de la justification. Les parts prélevées par les serviteurs du temple pour le peuple provenaient des sacrifices de reconnaissance. Elles étaient l’expression de la communion rétablie entre l’Eternel et son peuple, comme la célébration d’une amitié retrouvée autour d’un repas : cf 1 Corinthiens 10,21 ; Apocalypse 3,20.

La visite finale des cuisines, et la dissociation faite entre elles selon leur utilité, témoigne qu’aucun détail n’est le fait du hasard dans l’arrangement du temple comme l’organisation du culte. Tout répond à un but précis et une signification porteuse de sens. Tout évoque en premier lieu l’œuvre parfaite du Christ. Le temple n’a plus besoin de grand-prêtre, car il l’est, lui, pour toujours. Le sacrifice crée le lien d’alliance définitif avec le peuple de Dieu. Les prescriptions cultuelles définissent le type de rapport que Dieu a établi par Christ avec le nouvel Israël, rétabli dans sa terre et dans la communion avec lui. Cette réalité, vécue par la foi dans l’Eglise de Jésus-Christ, sera figurée par le nouvel Israël à la vue de toutes les nations dans le temps béni de la royauté terrestre du Christ. Nous ne sommes pas encore ici dans la phase achevée du royaume. Le péché sera toujours présent et nécessitera l’expiation par le sang. Mais ce sera l’époque où « il ne se fera ni tort ni dommage, dit Dieu, sur toute ma montagne sainte ; car la terre sera remplie de la connaissance de l’Eternel, comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent : Esaïe 11,9. »