lundi 1 février 2021

EZECHIEL 43

 

V 1 à 12 : la gloire de l’Eternel dans le temple

Nous ne savons pas quels furent les sentiments d’Ezéchiel après que son guide lui ait fait visiter le temple, ses parvis, et l’extraordinaire esplanade qui l’entourait. Au temps où Jésus était sur terre, la simple vue des pierres énormes du temple construit par Hérode avait suffi pour susciter l’admiration de ses disciples : Matthieu 24,1. Aussi impressionnant et magnifique soit un édifice, il n’est rien si celui pour qui il a été conçu le délaisse. Au temps de Jérémie et d’Ezéchiel, les Israélites s’étaient accrochés à l’idée que, à cause du temple, il était impossible que Dieu déserte la nation : Jérémie 7,4. Mais l’Eternel, à cause de l’idolâtrie pratiqué dans le pays et jusque dans les murs de sa maison, avait fui le lieu : Ezéchiel 11,22. Jusqu’à ce que la vision reçue ici par Ezéchiel se réalise, la gloire de Dieu n’y était plus revenue. Le temple avait été rebâti au temps d’Aggée le prophète, puis agrandi au temps d’Hérode. Mais à aucun moment, la gloire de l’Eternel n’était réapparue. 70 ans après Jésus-Christ, le temple était détruit inaugurant une longue période pendant laquelle les Israélites n’auraient plus ni roi, ni chef, ni sacrifice, ni temple : Osée 3,4. Revenus dans leurs terres, les Israélites sont toujours à ce jour sans temple. Mais la parenthèse est proche de se refermer.

Nous pouvons imaginer la joie que procura pour Ezéchiel la vision qu’il relate dans ce chapitre. Après s’être fait pendant des décennies le porte-parole de la situation affligeante d’Israël, cause du départ de la gloire de Dieu du temple, le prophète la voit revenir et entrer dans la maison de Dieu par la porte Est, celle par laquelle il a commencé sa visite. Le retour de la gloire de Dieu au milieu de son peuple témoigne une fois de plus que, dans l’histoire, le péché, aussi tragique soit-il, n’a pas le dernier mot. Notre Dieu est l’Alpha et l’Oméga de l’histoire. C’est lui qui l’ouvre et lui qui la ferme. Et si tristes soient les temps intermédiaires, ils ne sont pas éternels. La victoire de Dieu sur les forces du mal est assurée, certaine. Quelle que soit la puissance de l’adversité rencontrée, elle constitue pour le peuple de Dieu affligé une source inaltérable d’espérance.

La vision que reçoit Ezéchiel de la gloire de Dieu n’est pas nouvelle. Elle est trait pour trait identique à celle qu’il a reçue au début de son ministère, près des rives du fleuve Kébar. La voix de Dieu, au moment de son apparition, couvre tous les autres sons, un effet semblable au bruit que font de grandes chutes d’eau lorsqu’on se tient à leur proximité. Transporté dans le parvis intérieur, Ezéchiel voit la gloire de Dieu remplir le temple. Cette visibilité de la gloire de Dieu dans le temple rebâti mettra fin dans les nations à tout doute et toute spéculation. Les anciens athées comme les idolâtres de tout poil devront se rendre à l’évidence. Un seul Dieu existe : c’est le Dieu d’Israël, le Dieu de l’Ecriture. Ce Dieu nous a donné un seul Sauveur, Jésus-Christ, son Fils unique et éternel. Ce témoignage sera si patent qu’il sera la raison première du pèlerinage des peuples et de leurs rois chaque année vers Jérusalem.

La présence de la gloire de Dieu dans le temple signera la fin de toute idolâtrie en Israël. Parce que Dieu ne partage pas sa gloire avec un autre, ni son honneur avec des idoles : Esaïe 42,8, les anciennes manières d’agir des rois d’Israël disparaîtront à jamais. Comme toutes les nations, Israël sera dirigé par un prince à sa tête : Ezéchiel 44,3 ; 45,7.16-17.22 ; 46. Mais il n’y aura plus d’infidélité en lui, seule une dévotion passionnée pour son Dieu, exemplaire pour tous les autres souverains du monde. Comme souligné en introduction de cette partie du livre, la révélation que reçoit ici Ezéchiel ne lui est pas donnée qu’en vue de dévoiler ce qui se produira dans l’avenir. Elle est un message destiné à faire rougir ses contemporains pour leurs fautes et leurs méfaits devant Dieu. Elle a pour but de leur montrer ce dont leur péché les prive, la finalité qui était celle visée par Dieu pour Israël quant à son élection. La perdition des âmes est douleur à cause du péché. Mais elle est remords essentiellement par la prise de conscience de ce dont elles sont dessaisies en voyant la félicité des élus : Luc 16,23. L’incroyable grandeur du temple, sa beauté majestueuse magnifiée par la présence visible de Dieu poursuivent aussi ce but. Elles sont comme un aiguillon qui a pour objet de raviver la honte liée au péché des contemporains d’Ezéchiel, et d’en souligner le caractère tragique. Que les Israélites retiennent la leçon, mais, qu’en même temps, ils ne désespèrent pas ! Si Dieu leur a révélé les plans, les formes, les dimensions du futur temple, c’est qu’il y a un espoir pour eux dans l’avenir. Le Dieu saint qui abhorre le péché est un Dieu de grâce. Ses projets pour son peuple ne sont pas faits de malheur, mais d’espérance : Jérémie 29,11. Que sa grâce reste pour nous chaque jour la source de notre salut !

V 13 à 27 : l’autel des sacrifices et les offrandes

Pour conclure la visite et la description du sanctuaire de l’Eternel, Ezéchiel s’arrête sur l’élément qui, par son aspect imposant, ne devait pas manquer de frapper le regard de tous ceux qui y entraient : l’autel des sacrifices. Elevé à plus de 5 mètres du sol, la hauteur de l’autel était telle qu’elle dépassait celle du mur extérieur. De loin, alors que les pèlerins n’étaient pas encore passés par les portes du sanctuaire, il leur était possible de le voir. L’autel est le mémorial de la croix sur laquelle Jésus a été élevé. C’est de cette position, peu avantageuse pour lui, que Jésus a dit qu’il attirerait tous les hommes à lui : Jean 3,14-16 ; 12,32. La hauteur extraordinaire de l’autel, auquel le sacrificateur ne pouvait avoir accès pour offrir des sacrifices qu’en montant un escalier, répondait au même but que la croix dressée au mont Golgotha. Du haut de la croix, Dieu, par Son Fils, invite tous les hommes à s’approcher de lui sur la base du sang versé pour être purifié de leurs péchés et entrer en communion avec lui. C’est le sens qu’aura l’autel, visible par tous de loin, dans le nouveau temple.

Outre la hauteur, l’emplacement où se trouve l’autel, au centre même du sanctuaire, accentue la primauté qu’a celui-ci dans le culte que les pèlerins sont invités à rendre à Dieu au temple. Alors qu’il prêchait l’Evangile, l’apôtre Paul a rappelé aux Corinthiens qu’il ne voulait avoir parmi eux d’autre message que celui de Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié : 1 Corinthiens 2,2. Dans la théologie de Paul, le sacrifice de Jésus occupe la même place que l’autel dans le sanctuaire érigé au temps de la royauté terrestre du Christ : le centre. Toute théologie qui ne respecte pas la centralité de la croix est illégitime et contraire à la volonté de Dieu. Elle est comparable, en termes d’usurpation, à la façon d’agir du voleur qui, au lieu d’entrer dans la bergerie par la porte, s’y introduit par la fenêtre : Jean 10,9-10.

La mise en fonction de l’autel répondra à un protocole précis, révélé par le guide d’Ezéchiel. Seuls les sacrificateurs agréés par Dieu, les fils de Tsadok, officieront.  Le premier sacrifice offert sera celui d’un taureau en signe d’expiation. Son sang sera répandu sur les 4 cornes de l’autel, puis sur les 4 angles du socle et sur le rebord qui l’entoure. Après que le sang aura été versé, le taureau sera brûlé à l’extérieur du sanctuaire, dans un endroit réservé à cet office. Le second jour, un bouc sera offert en sacrifice d’expiation selon le même schéma que le premier jour. Puis, on prendra un jeune taureau et un bélier sans défaut pour les offrir, avec du sel, en holocauste à Dieu. Les 7 jours suivants, le sacrificateur offrira chaque jour un bouc en sacrifice d’expiation, puis de nouveau un jeune taureau et un bélier sans défaut. L’expiation pour le péché faite, l’autel pourra recevoir par la suite les holocaustes et les sacrifices de communion offerts par le peuple.

Comme il en est pour toutes les autres modifications du culte lévitique, celui pratiqué dans le nouveau temple intègre à la fois judaïsme et christianisme. Les rites conservés ne contredisent pas, mais servent de support au message évangélique. Ainsi le sacrifice d’expiation n’est pas renouvelé. Il est accompli une fois pour toutes. Il rappelle l’efficacité de celui de Jésus : Hébreux 9,12, et souligne que, pour se faire, notre Seigneur souffrit hors de la porte de la ville : Hébreux 13,12. L’expiation faite, ce n’est plus en vue du péché que les fidèles apportent des sacrifices, mais pour témoigner de leur consécration et de leur reconnaissance à Dieu.  Le foyer de l’autel, un carré de 6 mètres de côté, permettait d’en recevoir une grande quantité en même temps. Le type de sacrifices offerts rejoint ceux que l’Evangile nous invite aussi à apporter à Dieu. Le sacrifice offert par Christ est unique, mais les nôtres sont multiples, variés et renouvelables à l’infini. « Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable : Romains 12,1. » « Ne livrez pas vos membres au péché, comme des instruments d’iniquité ; mais donnez-vous vous-mêmes à Dieu, comme étant vivants de morts que vous étiez, et offrez à Dieu vos membres, comme des instruments de justice : Romains 6,13. » « Par lui, offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom : Hébreux 13,15. » « Vous-mêmes, comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former une maison spirituelle, un saint sacerdoce, afin d’offrir des victimes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus-Christ : 1 Pierre 2,5. » Que nous puissions réjouir le cœur de Dieu par l’offrande de nos vies et de tous nos biens sur son autel.

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