V 1 à 11 : rejet des idolâtres
Reconnu par ses pairs comme prophète de l’Eternel, Ezéchiel reçut en audience quelques-uns de anciens d’Israël venus le consulter. Ezéchiel aurait pu se réjouir de cette démarche, comme ce peut être le cas pour nous lorsque quelqu’un vient nous voir pour nous dire qu’il aimerait entendre la parole que Dieu a pour lui. Eclairé par l’Eternel, Ezéchiel n’est pas dupe de l’état du cœur de ces hommes. Au-delà de l’apparence, Dieu fait voir à Ezéchiel ce qui n’est pas perceptible à l’œil nu, mais qui est présent devant Ses yeux dans l’invisible. Les anciens d’Israël ne viennent pas devant Ezéchiel avec un cœur net et pur. Ils portent dans ce cœur leurs idoles et se présentent devant Dieu en portant devant eux ce qui a été l’occasion de leur chute. Ils prétendent par leur démarche se soucier de ce que Dieu a à leur dire, mais à l’intérieur d’eux-mêmes il n’y a aucune volonté de se séparer des idoles qui les rendent fautifs. Au péché qui, déjà, les condamne, les anciens d’Israël en ajoute un autre qui accentue encore cette condamnation : la duplicité ou l’hypocrisie.
Quelle que soit la nature de la démarche que nous entreprenons à l’égard de Dieu, nous devons toujours nous souvenir que ce n’est pas à nos actes que Dieu regarde en priorité, mais à notre cœur. Nous pouvons aller chez un frère pour lui demander conseil. Mais si dans notre cœur nous n’avons aucune intention de nous séparer de ce qui offense Dieu, notre démarche est vaine. Ni notre présence dans un lieu de culte ou dans une réunion de prière ou d’étude biblique ne nous garantit en elle-même la bénédiction de Dieu. Dieu ne regarde pas à l’apparence, mais au cœur. Parmi tous les péchés que Jésus a côtoyés, souvenons-nous que l’hypocrisie est celui qu’il a dénoncé le plus souvent et avec le plus de vigueur. L’hypocrisie n’était pas le péché du peuple, mais celui qui était la caractéristique majeure de l’élite religieuse de Son temps. Il est aussi celui en particulier dont le Maître a pressé Ses disciples de se garder : Luc 12,1, celui qui, d’une certaine manière, a aussi fait tomber Judas Iscariote. Veillons sur nous-mêmes à ce sujet et prions Dieu chaque jour qu’Il nous en préserve !
Comment Dieu va-t-Il accueillir les anciens d’Israël venus consulter Ezéchiel, sachant ce que sont les dispositions de leur cœur ? Va-t-Il s’arrêter à ce qu’Il sait et connait d’eux ? Ou, regardant à Lui-même, s’adresser malgré tout à eux ? C’est clairement la seconde option que Dieu choisit. Quelle que soit la réalité que Dieu rencontre lorsqu’une âme s’approche de Lui, Dieu ne regarde pas à elle, mais à Lui. Dieu ne perd jamais de vue le dessein qu’Il poursuit. A cause de la grâce dont Il est rempli, Dieu ne peut laisser le dernier mot au péché et à la rébellion. Dieu ne change pas Son message. L’âme qui pèche contre Lui, qui se présente devant Lui en portant dans son cœur les idoles qu’elle chérit, doit se repentir, s’en détourner et revenir à Lui. Mais ce que Dieu souhaite en priorité, c’est toucher par Sa miséricorde le cœur de Son peuple. Il le fait aussi bien par Sa grâce que par le jugement.
Toute l’Ecriture témoigne que la pédagogie suivie par Dieu pour enseigner Son peuple et l’attirer à Lui est celle de l’exemple. Ainsi a-t-Il choisi Abraham parmi tous les hommes et tous les peuples pour poser à travers lui les fondements sur lesquels il veut construire Sa relation avec tous. Abraham est devenu le père de tous ceux qui croient, qu’ils soient circoncis ou non : Romains 4,11-12. Il a choisi, au temps de Moïse, le Pharaon comme exemple de ce qui devait arriver à tous ceux qui, dans toutes les époques, s’entêteront à résister à Dieu : Romains 9,17. Il a choisi également au début de l’ère de l’Eglise chrétienne Paul, afin de monter en lui le premier toute Sa patience et qu’il serve d’exemple à ceux qui croiraient en Christ pour ka vie éternelle : 1 Timothée 1,16. Par sa façon d’agir envers les rebelles, qu’Il leur fasse grâce ou les châtie, Dieu parle par l’exemple à tous : cf : Luc 13,1 à 5. En toutes choses, la souveraineté de Dieu s’exerce en vue de l’accomplissement de Son dessein !
« Que Dieu ait choisi Abraham plutôt qu’un
autre croyant de son temps, comme Melchisédek, c’est là le fruit de Sa libre
souveraineté. Seigneur et gouverneur de l’univers, Il distribue comme Il veut
les figures de l’échiquier de l’histoire humaine. Il est vrai qu’Il n’impose
pas la foi au croyant, ni l’incrédulité à l’incroyant. Il laisse à chacun la
liberté et l’auto-détermination. Mais du milieu des méchants, Il choisit tel
méchant (par exemple le Pharaon d’Egypte : Romains
9,17) afin de montrer en lui Son pouvoir de jugement, tandis que du
milieu des croyants, Il choisit tel croyant afin d’en faire l’agent de quelque
tâche spéciale dans l’accomplissement du salut. C’est dans ce sens seulement
qu’Abraham fut appelé et devint, pour ainsi dire, une figure officielle,
responsable de préparer la médiation du salut.[1] »
V 12 à 20 : Noé, Daniel et Job
Au jour du jugement de Dieu, quel avantage les justes ont-ils à l’être ? Et d’abord, qu’est-ce qu’un juste ? Quelles figures sont à même de les représenter ? Dans la panoplie de tous les justes évoqués par l’Ecriture, Dieu en choisit délibérément trois, vivant à des époques et dans des contextes tout à fait différents. Ce choix ne doit rien au hasard. Il est ciblé par Dieu de manière à couvrir tous les cas de figures, les situations et les temps particuliers dans lesquels peuvent se trouver à la foi les peuples et les croyants qui sont en leur sein :
1er cas : celui de Noé
Quel sorte de juste était Noé ? Né après Abel et Hénoch, Noé apparaît dans la genèse comme la figure la plus importante de l’ancien monde. L’Ecriture lui consacre ainsi pas moins de 5 chapitres : Genèse 6 à 10. Alors qu’Abel est la figure du juste du début de la 1ère humanité, Noé incarne celle qui la clôt. Le temps de Noé est un temps qui ressemble à celui dans lequel vit Ezéchiel, un temps où le jugement est imminent. Alors que la population mondiale s’est multipliée, le péché s’est accru au point que l’Eternel en vient à regretter d’avoir fait l’homme sur terre : Genèse 6,7. Si ce n’était Noé qui, par sa droiture, son intégrité, son souci de marcher avec Dieu, trouva grâce à Ses yeux, le monde d’alors aurait péri totalement, submergé par les eaux du déluge. Noé est reconnu par Dieu comme un homme juste, parce qu’il était le seul en son temps à marcher avec Dieu. Il était le seul dans une génération perverse et corrompue, mûre pour le jugement, à ne pas aller dans le sens du courant majoritaire, mais à ancrer sa vie dans la crainte de Dieu et l’obéissance à Ses voies. Noé représente ce qu’est le juste dans un temps d’iniquité absolue et de rejet global de Dieu. Dans une telle période, le juste est un homme qui se distingue des autres par un état d’esprit, une mentalité, une conduite hors du commun. Le juste est un homme qui connaît Dieu et que Dieu connaît. Parce qu’il trouve la faveur de Dieu au milieu d’un monde qui Le dégoûte, Noé sera celui que Dieu distinguera entre tous pour l’épargner et le sauver avec sa famille au temps où le jugement s’abattra. Il en sera de même pour tous ceux qui, au jour du retour de Jésus-Christ en vue du jugement du monde, auront démontré qu’ils sont faits de la même étoffe que Noé.
2ème cas : celui de Job
Le cas de Job diffère totalement de celui de Noé. Job n’est pas un juste qui se distingue des autres en un temps de corruption généralisé. Il est le juste qui, par la soumission dont il fera preuve envers Dieu dans la souffrance incompréhensible qui le frappe, justifie Dieu : Job 1,20 à 22. Job est le juste souffrant qui refuse d’accuser Dieu d’injustice lorsqu’après le bonheur, le malheur s’abat sans explication plausible sur lui. Pour les amis de Job, gens religieux, la souffrance par laquelle il passait ne pouvait avoir comme explication que le châtiment de Dieu pour le péché. Job refusera, tout au long de la confrontation qu’il aura avec eux, d’adhérer à cette thèse. Certes, Job passera par bien des lamentations et des récriminations envers Dieu. Mais Dieu, qui lisait dans son cœur, déclarera qu’à aucun moment Job n’a parlé de Lui de manière inadéquate : Job 42,7 et 9. Job est, comme Noé, l’image du juste qui, dans un contexte différent, se trouve seul contre tous, y compris ici sa femme qui l’incite à maudire Dieu : Job 2,8. Alors que les meilleurs des hommes se trompent dans leur jugement sur lui, Job, comme Noé, est distingué par Dieu qui finit par le réhabiliter et lui redonner au double les bénédictions qu’il a perdues dans l’épreuve. Dieu nous appelle nous aussi à être de tels hommes dans un temps où les bénédictions dont Il nous a gratifiés dans le passé sont mises à mal. Quand Dieu change Sa façon d’être avec nous, le juste se distingue des autres par le fait qu’il reste attaché à la connaissance qu’il a de la Personne de Dieu qui, elle, ne peut changer : Malachie 3,6.
3ème cas : celui de Daniel
A partir des trois noms vers lesquels l’Eternel attire notre regard, nous pouvons dresser les traits communs du portrait des justes selon Dieu :
-
Le juste se distingue des autres par le fait que
ce qui conditionne sa marche, son comportement, sa conduite est sa volonté
déterminée, farouche de rester fidèle à Dieu, à la connaissance qu’il a de Sa
Personne et de Sa volonté, quel que soit le contexte dans lequel il se trouve.
-
Le juste est quelqu’un qui est prêt à marcher un
chemin de solitude incompris par son entourage. Ce qui importe le juste n’est
pas ce que les autres font ou pensent, mais ce que Dieu dit et ordonne. Le
juste est prêt à être seul contre tous, pourvu que dans ce chemin Dieu soit
avec Lui.
-
Le juste est celui qui a fait un trait sur son
honneur, sa réputation et même sa propre vie. Il a fini de chercher à vouloir
plaire aux hommes. Il est un disciple de Jésus et de Paul qui ont mis leur
fierté dans la croix par laquelle le monde est crucifié pour eux, comme eux
pour le monde : Galates 6,14.
- Le juste est celui qui a mis envers et contre tout son espérance en Dieu seul. Il ne marche pas avec Dieu à cause des avantages temporels qu’il en tire. Il compte pour lui-même sur la fidélité, quels que soient les vents contraires auxquels il devra faire face.
V 21 à 23 : les justes consolés
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