vendredi 12 juin 2020

EZECHIEL 14

V 1 à 11 : rejet des idolâtres

Reconnu par ses pairs comme prophète de l’Eternel, Ezéchiel reçut en audience quelques-uns de anciens d’Israël venus le consulter. Ezéchiel aurait pu se réjouir de cette démarche, comme ce peut être le cas pour nous lorsque quelqu’un vient nous voir pour nous dire qu’il aimerait entendre la parole que Dieu a pour lui. Eclairé par l’Eternel, Ezéchiel n’est pas dupe de l’état du cœur de ces hommes. Au-delà de l’apparence, Dieu fait voir à Ezéchiel ce qui n’est pas perceptible à l’œil nu, mais qui est présent devant Ses yeux dans l’invisible. Les anciens d’Israël ne viennent pas devant Ezéchiel avec un cœur net et pur. Ils portent dans ce cœur leurs idoles et se présentent devant Dieu en portant devant eux ce qui a été l’occasion de leur chute. Ils prétendent par leur démarche se soucier de ce que Dieu a à leur dire, mais à l’intérieur d’eux-mêmes il n’y a aucune volonté de se séparer des idoles qui les rendent fautifs. Au péché qui, déjà, les condamne, les anciens d’Israël en ajoute un autre qui accentue encore cette condamnation : la duplicité ou l’hypocrisie.

Quelle que soit la nature de la démarche que nous entreprenons à l’égard de Dieu, nous devons toujours nous souvenir que ce n’est pas à nos actes que Dieu regarde en priorité, mais à notre cœur. Nous pouvons aller chez un frère pour lui demander conseil. Mais si dans notre cœur nous n’avons aucune intention de nous séparer de ce qui offense Dieu, notre démarche est vaine. Ni notre présence dans un lieu de culte ou dans une réunion de prière ou d’étude biblique ne nous garantit en elle-même la bénédiction de Dieu. Dieu ne regarde pas à l’apparence, mais au cœur. Parmi tous les péchés que Jésus a côtoyés, souvenons-nous que l’hypocrisie est celui qu’il a dénoncé le plus souvent et avec le plus de vigueur. L’hypocrisie n’était pas le péché du peuple, mais celui qui était la caractéristique majeure de l’élite religieuse de Son temps. Il est aussi celui en particulier dont le Maître a pressé Ses disciples de se garder : Luc 12,1, celui qui, d’une certaine manière, a aussi fait tomber Judas Iscariote. Veillons sur nous-mêmes à ce sujet et prions Dieu chaque jour qu’Il nous en préserve !

Comment Dieu va-t-Il accueillir les anciens d’Israël venus consulter Ezéchiel, sachant ce que sont les dispositions de leur cœur ? Va-t-Il s’arrêter à ce qu’Il sait et connait d’eux ? Ou, regardant à Lui-même, s’adresser malgré tout à eux ? C’est clairement la seconde option que Dieu choisit. Quelle que soit la réalité que Dieu rencontre lorsqu’une âme s’approche de Lui, Dieu ne regarde pas à elle, mais à Lui. Dieu ne perd jamais de vue le dessein qu’Il poursuit. A cause de la grâce dont Il est rempli, Dieu ne peut laisser le dernier mot au péché et à la rébellion. Dieu ne change pas Son message. L’âme qui pèche contre Lui, qui se présente devant Lui en portant dans son cœur les idoles qu’elle chérit, doit se repentir, s’en détourner et revenir à Lui. Mais ce que Dieu souhaite en priorité, c’est toucher par Sa miséricorde le cœur de Son peuple. Il le fait aussi bien par Sa grâce que par le jugement.

Toute l’Ecriture témoigne que la pédagogie suivie par Dieu pour enseigner Son peuple et l’attirer à Lui est celle de l’exemple. Ainsi a-t-Il choisi Abraham parmi tous les hommes et tous les peuples pour poser à travers lui les fondements sur lesquels il veut construire Sa relation avec tous. Abraham est devenu le père de tous ceux qui croient, qu’ils soient circoncis ou non : Romains 4,11-12. Il a choisi, au temps de Moïse, le Pharaon comme exemple de ce qui devait arriver à tous ceux qui, dans toutes les époques, s’entêteront à résister à Dieu : Romains 9,17. Il a choisi également au début de l’ère de l’Eglise chrétienne Paul, afin de monter en lui le premier toute Sa patience et qu’il serve d’exemple à ceux qui croiraient en Christ pour ka vie éternelle : 1 Timothée 1,16. Par sa façon d’agir envers les rebelles, qu’Il leur fasse grâce ou les châtie, Dieu parle par l’exemple à tous :  cf : Luc 13,1 à 5. En toutes choses, la souveraineté de Dieu s’exerce en vue de l’accomplissement de Son dessein !

« Que Dieu ait choisi Abraham plutôt qu’un autre croyant de son temps, comme Melchisédek, c’est là le fruit de Sa libre souveraineté. Seigneur et gouverneur de l’univers, Il distribue comme Il veut les figures de l’échiquier de l’histoire humaine. Il est vrai qu’Il n’impose pas la foi au croyant, ni l’incrédulité à l’incroyant. Il laisse à chacun la liberté et l’auto-détermination. Mais du milieu des méchants, Il choisit tel méchant (par exemple le Pharaon d’Egypte : Romains 9,17) afin de montrer en lui Son pouvoir de jugement, tandis que du milieu des croyants, Il choisit tel croyant afin d’en faire l’agent de quelque tâche spéciale dans l’accomplissement du salut. C’est dans ce sens seulement qu’Abraham fut appelé et devint, pour ainsi dire, une figure officielle, responsable de préparer la médiation du salut.[1] »

 Au-delà des causes secondes qui sont la sphère dans laquelle s’exerce la responsabilité humaine, Dieu est la Cause première de tout ce qui se produit. Ainsi, dit Dieu, si un prophète se laisse séduire par le mensonge, c’est Dieu Lui-même qui l’aura séduit. La proposition ne signifie pas ici que Dieu se plaît volontiers à tromper pour perdre. Elle signifie que, dans Sa souveraineté, Dieu utilise la séduction à laquelle le faux prophète cède pour accomplir Sa volonté. Le faux prophète est entièrement responsable du fait de céder à la séduction. Mais Dieu n’est pas emprunté avec cela. Il sait comment utiliser cela de manière utile et positive en vue de Son dessein. Le jugement qui va atteindre le faux prophète séduit va servir d’exemple et produire un fruit bénéfique à toute la communauté d’Israël. Avertie et reprise dans sa conscience, elle va en tirer leçon pour elle-même afin de ne plus s’égarer loin de Dieu et ne plus pécher par ses transgressions en se rendant impure à Ses yeux. Alors, conclut le Seigneur, ils seront Mon peuple, et Je serai à nouveau leur Dieu !

V 12 à 20 : Noé, Daniel et Job

 Quelle place occupe les justes dans le cœur de Dieu au temps du jugement ? Pour répondre à cette question, Dieu évoque 4 cas de figures différents dans lesquels peut se trouver une nation en proie au jugement de Dieu, et ce qu’il adviendrait dans cette situation de 3 hommes de Dieu connus pour leur justice et leur intégrité : Noé, Daniel et Job. Dans les cas évoqués, la 1ère leçon que l’on apprend de l’enseignement que donne l’Eternel à Ezéchiel est que les signes du jugement de Dieu sur un peuple sont facilement reconnaissables. Les manières d’agir de Dieu dans l’histoire ne sont pas innovantes, mais répétitives. Aussi ce n’est pas faire preuve de forfanterie ou de témérité que d’assimiler tel ou tel malheur se produisant sur une nation à un jugement de Dieu. Car Dieu Lui-même a défini quel type de malheur correspond à cette réalité.

 Les 4 fléaux désignés par Dieu pour réprimer l’infidélité des nations à Son égard sont successivement la famine, les bêtes féroces, l’épée et la peste. Ces 4 fléaux font tous partie de l’histoire des peuples et constituent les 4 grands malheurs qui ont ici ou là, à un moment ou un autre, décimé des nations. S’il est facile d’identifier 3 d’entre eux, il est plus difficile de comprendre à quoi correspond le second qui évoque des bêtes féroces. L’Ecriture nous y aide cependant en peignant à plusieurs reprises les dégâts considérables que provoque pour le malheur de certains peuples les ravages causés par les nuées de criquets dévorant toute la végétation d’un pays sur leur passage : Joël 1,4 ; 2,25. Ce fléau est encore bien présent aujourd’hui dans de nombreux pays d’Afrique. Ni la famine qui survient dans un pays, ni la guerre, ni les dégâts causés par des insectes voraces, ni les pandémies mortelles ne sont l’objet du hasard. Tous correspondent à l’expression du jugement de Dieu. Dieu le dit avec clarté dans l’Ecriture de manière à ce que les peuples le sachent et, lorsque ces fléaux les atteint, n’attribuent pas leur cause à d’autres facteurs.

Au jour du jugement de Dieu, quel avantage les justes ont-ils à l’être ? Et d’abord, qu’est-ce qu’un juste ? Quelles figures sont à même de les représenter ? Dans la panoplie de tous les justes évoqués par l’Ecriture, Dieu en choisit délibérément trois, vivant à des époques et dans des contextes tout à fait différents. Ce choix ne doit rien au hasard. Il est ciblé par Dieu de manière à couvrir tous les cas de figures, les situations et les temps particuliers dans lesquels peuvent se trouver à la foi les peuples et les croyants qui sont en leur sein :

1er cas : celui de Noé

Quel sorte de juste était Noé ? Né après Abel et Hénoch, Noé apparaît dans la genèse comme la figure la plus importante de l’ancien monde. L’Ecriture lui consacre ainsi pas moins de 5 chapitres : Genèse 6 à 10. Alors qu’Abel est la figure du juste du début de la 1ère humanité, Noé incarne celle qui la clôt. Le temps de Noé est un temps qui ressemble à celui dans lequel vit Ezéchiel, un temps où le jugement est imminent. Alors que la population mondiale s’est multipliée, le péché s’est accru au point que l’Eternel en vient à regretter d’avoir fait l’homme sur terre : Genèse 6,7. Si ce n’était Noé qui, par sa droiture, son intégrité, son souci de marcher avec Dieu, trouva grâce à Ses yeux, le monde d’alors aurait péri totalement, submergé par les eaux du déluge. Noé est reconnu par Dieu comme un homme juste, parce qu’il était le seul en son temps à marcher avec Dieu. Il était le seul dans une génération perverse et corrompue, mûre pour le jugement, à ne pas aller dans le sens du courant majoritaire, mais à ancrer sa vie dans la crainte de Dieu et l’obéissance à Ses voies. Noé représente ce qu’est le juste dans un temps d’iniquité absolue et de rejet global de Dieu. Dans une telle période, le juste est un homme qui se distingue des autres par un état d’esprit, une mentalité, une conduite hors du commun. Le juste est un homme qui connaît Dieu et que Dieu connaît. Parce qu’il trouve la faveur de Dieu au milieu d’un monde qui Le dégoûte, Noé sera celui que Dieu distinguera entre tous pour l’épargner et le sauver avec sa famille au temps où le jugement s’abattra. Il en sera de même pour tous ceux qui, au jour du retour de Jésus-Christ en vue du jugement du monde, auront démontré qu’ils sont faits de la même étoffe que Noé.

2ème cas : celui de Job

Le cas de Job diffère totalement de celui de Noé. Job n’est pas un juste qui se distingue des autres en un temps de corruption généralisé. Il est le juste qui, par la soumission dont il fera preuve envers Dieu dans la souffrance incompréhensible qui le frappe, justifie Dieu : Job 1,20 à 22. Job est le juste souffrant qui refuse d’accuser Dieu d’injustice lorsqu’après le bonheur, le malheur s’abat sans explication plausible sur lui. Pour les amis de Job, gens religieux, la souffrance par laquelle il passait ne pouvait avoir comme explication que le châtiment de Dieu pour le péché. Job refusera, tout au long de la confrontation qu’il aura avec eux, d’adhérer à cette thèse. Certes, Job passera par bien des lamentations et des récriminations envers Dieu. Mais Dieu, qui lisait dans son cœur, déclarera qu’à aucun moment Job n’a parlé de Lui de manière inadéquate : Job 42,7 et 9. Job est, comme Noé, l’image du juste qui, dans un contexte différent, se trouve seul contre tous, y compris ici sa femme qui l’incite à maudire Dieu : Job 2,8. Alors que les meilleurs des hommes se trompent dans leur jugement sur lui, Job, comme Noé, est distingué par Dieu qui finit par le réhabiliter et lui redonner au double les bénédictions qu’il a perdues dans l’épreuve. Dieu nous appelle nous aussi à être de tels hommes dans un temps où les bénédictions dont Il nous a gratifiés dans le passé sont mises à mal. Quand Dieu change Sa façon d’être avec nous, le juste se distingue des autres par le fait qu’il reste attaché à la connaissance qu’il a de la Personne de Dieu qui, elle, ne peut changer : Malachie 3,6.

3ème cas : celui de Daniel

 Le cas de Daniel, le prophète, diffère de celui de Noé et de Job par le cadre dans lequel se situe son histoire. Mais il les rejoint par le fait que lui, comme eux, dut opter pour la fidélité à son Dieu dans un contexte contraire. Toute l’histoire de Daniel se situe hors d’Israël. Déporté à Babylone sous le règne de Jojakim, Daniel et ses trois amis durent rapidement faire face à des choix de vie cruciaux. Invité à faire fi de ses coutumes liées aux préceptes de la Parole de Dieu, Daniel prit la résolution dès son arrivée de ne pas se souiller en consommant les plats impurs qu’on lui servait : Daniel 1,8. Plus tard, devenu l’un des grands du pays à cause de la sagesse que Dieu lui donnait, il préféra transgresser l’interdit du roi d’adorer son Dieu au risque de sa vie plutôt que de renier sa foi : Daniel 6,11 à 14. Daniel est le type même du croyant faisant le choix de l’intégrité envers Dieu dans un contexte où Celui-ci est un étranger, dût-il en payer le prix de sa vie. Le témoignage de Daniel ajoute à ceux de Noé et de Job de nouveaux éléments sur la figure des justes qui, au temps du jugement, seront épargnés par la colère.

A partir des trois noms vers lesquels l’Eternel attire notre regard, nous pouvons dresser les traits communs du portrait des justes selon Dieu :

-          Le juste se distingue des autres par le fait que ce qui conditionne sa marche, son comportement, sa conduite est sa volonté déterminée, farouche de rester fidèle à Dieu, à la connaissance qu’il a de Sa Personne et de Sa volonté, quel que soit le contexte dans lequel il se trouve.

-          Le juste est quelqu’un qui est prêt à marcher un chemin de solitude incompris par son entourage. Ce qui importe le juste n’est pas ce que les autres font ou pensent, mais ce que Dieu dit et ordonne. Le juste est prêt à être seul contre tous, pourvu que dans ce chemin Dieu soit avec Lui.

-          Le juste est celui qui a fait un trait sur son honneur, sa réputation et même sa propre vie. Il a fini de chercher à vouloir plaire aux hommes. Il est un disciple de Jésus et de Paul qui ont mis leur fierté dans la croix par laquelle le monde est crucifié pour eux, comme eux pour le monde : Galates 6,14.

-          Le juste est celui qui a mis envers et contre tout son espérance en Dieu seul. Il ne marche pas avec Dieu à cause des avantages temporels qu’il en tire. Il compte pour lui-même sur la fidélité, quels que soient les vents contraires auxquels il devra faire face. 

V 21 à 23 : les justes consolés

 A l’écoute des propos tenus ici par l’Eternel, les auditeurs d’Ezéchiel pouvaient se demander s’il n’y avait pas là quelque exagération. La corruption parmi le peuple qui était à Jérusalem était-elle si profonde qu’un Noé, un Job ou un Daniel seraient les seuls qui soient épargnés par le jugement ? Ces hommes, s’ils avaient vécu en ce temps et ce lieu, n’auraient-il pu exercer aucune influence bénéfique évitant au peuple la colère ? Les auditeurs d’Ezéchiel auront la réponse au jour où les quelques fugitifs échappés de la ville châtiée viendront jusqu’à eux. Voyant leur conduite, ils n’auront plus de doute quant à la légitimité du châtiment qui a frappé le reste habitant à Jérusalem. Il est difficile, pour nous croyants de la Nouvelle Alliance, de saisir quel poids Jérusalem avait dans le cœur des Israélites pieux de l’Ancienne Alliance. Perdre Jérusalem, c’était perdre le lieu de la présence glorieuse de Dieu au milieu de Son peuple, le temple dans lequel la gloire de Dieu résidait. Perdre Jérusalem, c’était être coupé de Dieu, connaître le plus grand malheur qui soit pour un peuple qui se savait élu, choisi entre tous pour être Son peuple. Perdre Jérusalem, c’était être plongé dans le plus grand malheur qu’on puisse imaginer. Pourtant, dit Ezéchiel, à ceux qui seront affligés par cette nouvelle, vous serez consolés au jour où vous verrez arriver au milieu de vous ceux qui auront échappés aux 4 terribles fléaux qui sont les instruments du jugement de Dieu dans le monde : épée, famine, bêtes féroces et peste. Vous ne ressentirez plus d’indignation à l’égard de votre Dieu, mais vous le justifierez en acquiesçant à Son décret.

 A cause de leur rigueur et de leur sévérité, il arrive que les jugements de Dieu heurtent la sensibilité des hommes droits. Il nous faut dépasser nos premières impressions. Les jugements de Dieu sont toujours justes. Quand, dépassant nos réactions, nous examinons les faits, ce qui nous étonne n’est plus la sévérité du jugement de Dieu, mais la longueur de la patience qui a été la Sienne !

 



[1] Erich Sauer : L’Aube de la rédemption : Edition La voix de l’Evangile


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