lundi 1 juin 2020

EZECHIEL 13

V 1 à 6 : malheur aux faux prophètes

Appelé par Dieu à être Sa voix dans un temps de jugement, Ezéchiel fait le tour de tout ce qui touche à la vie spirituelle de son peuple pour dénoncer en son sein ce qui provoque la colère de Dieu et prononcer le châtiment spécifique réservé à chacun. Après avoir parlé du sort qui attendait Jérusalem (CH 4 et 5), Ezéchiel a dénoncé les pratiques idolâtres du peuple sur les hauts lieux et ce qui allait s’ensuivre pour lui (CH 6 et 7). Puis, sous la conduite de Dieu, Ezéchiel a visité le temple et dénoncé les abominations idolâtres qui s’y pratiquaient. Il a vu le jugement qui allait atteindre les coupables et la gloire de Dieu quitter le sanctuaire (CH 8 à 11). Dans le chapitre précédent (CH 12), le prophète a illustré par une mise en scène l’exil qui attendait Sédécias et les princes de Jérusalem lorsque le roi de Babylone viendrait pour s’emparer de la ville. Ici, Ezéchiel, sous l’inspiration de Dieu, s’attaque à une autre catégorie de personnes, grandement coupables à ses yeux et ceux de Dieu, de l’aveuglement et de l’égarement de Son peuple à Jérusalem : les faux prophètes.

Qu’est-ce qu’un faux prophète ? Ezéchiel nous le dit en introduction du message qui leur est destiné. Un faux prophète est quelqu’un qui prétend apporter une parole de la part de Dieu alors qu’elle ne provient que de sa propre inspiration. Le faux prophète revêt de l’autorité de Dieu une parole qui n’a sa source que dans ses propres penchants. Outre le fait que la parole du faux prophète ne reflète pas la pensée de Dieu mais la sienne, Ezéchiel nous dit que le faux prophète est reconnaissable à autre chose. Le faux prophète ne poursuit que son intérêt. La situation a beau être catastrophique, ce qui compte pour lui est d’en tirer parti pour lui-même. Tel un renard au milieu de ruines, le faux prophète agit avec ruse. Il flatte et trompe ses victimes de manière à les séduire et les amener à se comporter comme il le souhaite pour son propre profit. Le faux prophète exploite la crédulité de ceux qui l’écoutent en se donnant l’apparence d’un serviteur de Dieu. Il leur fait espérer que sa parole s’accomplira alors qu’elle n’est que le fruit de sa propre imagination. 

Y-a-t-il pire péché que celui-ci ? Y-a-t-il pire audace que de prétendre être le porte-parole de Dieu alors que Celui-ci n’a ni appelé, ni envoyé, ni inspiré l’homme qui ose se réclamer de Lui ? Y-a-t-il pire attitude que celle qui consiste à utiliser le saint Nom de Dieu pour tromper, séduire et exploiter ceux qui, crédules et naïfs, croient sans vérifier et s’interroger sur la nature des paroles qu’ils entendent. Jésus, en Son temps, a pris soin d’avertir Ses disciples contre le danger des faux prophètes. Il a donné une instruction claire quant à ce qui nous permettra de les reconnaître : les fruits que leurs vies portent : Matthieu 7,15 à 20. Aussi, avant de prêter foi à une parole que quelqu’un prétend apporter de la part de Dieu, il est bon de nous interroger : Comment cette personne vit -elle ? Peut-on voir chez elle la réalité des fruits de l’Esprit : humilité, simplicité, sobriété, esprit de service, détachement à l’égard de l’argent, du profit, pureté… Ni la tonalité de la voix, ni l’éloquence, ni même les miracles ne sont une preuve que quelqu’un nous est envoyé de la part de Dieu. La vie, les attitudes profondes de la personne sont les premiers critères d’authenticité du véritable serviteur de Dieu.

 

Parce qu’ils sont avant tout des prédateurs, une des caractéristiques des faux prophètes est qu’ils n’ont pas l’attitude spirituelle attendue pour un homme qui prétend porter le fardeau de Dieu. Le véritable homme de Dieu n’est pas un simple porte-voix. C’est un homme affecté, pénétré tout entier par la vision qu’il a de Dieu et le message qu’il est chargé de transmettre de Sa part. Parce qu’il est à la fois au contact de Dieu et des hommes, le prophète est attendu là où personne, autre que lui, ne peut se tenir : sur la brèche. Qu’est-ce qu’être sur la brèche ? Une brèche est un passage dans un mur censé protéger à l’origine ceux qu’il abrite. A cause de la brèche, le mur, qui devait assurer la sécurité et la défense de ceux qui étaient sous sa garde, perd sa fonction protectrice. L’image du mur et de la brèche nous parle ici de ce qui protège le peuple de Dieu de Sa colère et de ce qui fait tomber cette protection. Le mur est celui de la justice, la brèche, quant à elle, est occasionnée par le péché pratiqué et admis. Le rôle du prophète, sentinelle de Dieu, n’est pas seulement d’avertir le peuple de Dieu des dangers extérieurs auxquels il est exposé. Il est aussi de se tenir sur la brèche pour en quelque sorte faire barrière à la colère de Dieu. Le prophète n’avertit pas seulement. Il dénonce le péché, exhorte à la repentance, prie et intercède pour le peuple comme Moïse l’a fait : Nombres 11,2 ; 21,7. Comme Jésus l’a été du temps de Son humanité, le vrai prophète joue un rôle de médiateur entre Dieu et les hommes. Il est à la fois la voix de Dieu parmi les hommes, mais aussi l’avocat des hommes devant Dieu. C’est cette double identification avec Dieu et les hommes qui est le signe distinctif, la marque d’authenticité du ministère prophétique, une signature qui fait défaut chez les faux prophètes qui ne servent que pour leur profit. 

V 8 à 16 : le jugement des faux prophètes

Qu’est-ce qui attend les faux prophètes ? Et pourquoi ? Parce qu’ils égarent le peuple de Dieu et lui font entendre des paroles mensongères soi-disant de la part de Dieu, les faux prophètes se trouvent dans la pire posture qui soit. Car c’est à Dieu Lui-même qu’ils s’en sont pris, usurpant Son nom pour leur propre profit. Aussi, c’est à Sa vengeance qu’ils devront faire face. La vengeance de Dieu est le moyen par lequel Dieu, dans Sa justice, répare les affronts qui Lui ont été faits. Elle est la réaction légitime par laquelle Il rétablit l’honneur bafoué de Son nom et de Sa Personne. Puisqu’ils ont été des guides fallacieux pour son peuple, Dieu va les exclure de celui-ci de manière à ce que leur nom soit retiré à jamais du registre de la communauté. Non seulement, ils seront déportés, mais jamais plus ils ne reviendront dans le pays d’Israël. La sentence équivaut sur le plan spirituel à une déclaration d’exclusion définitive du royaume de Dieu.

La raison principale de leur condamnation tient à la teneur des messages qu’ils ont délivrés au peuple de Dieu. Alors que celui-ci était au bord du jugement, les faux prophètes ont tout fait pour le rassurer. Ils ont annoncé la paix, alors que la guerre était à la porte. Ils l’ont assuré de la protection de Dieu au lieu de l’appeler à la repentance et l’abandon de leurs péchés. Ils l’ont consolidé dans ses fausses espérances, au lieu de le préparer à la tempête qui allait venir. Le vrai et seul mur qui pouvait protéger le peuple de la colère était le mur de la justice. Au lieu de cela, le peuple a construit un petit muret constitué de briques de mauvaise qualité. Quelques changements en surface se sont produits, mais rien de profond, de décisif, de déterminant quant au passé. Sur le muret construit par le peuple, les faux prophètes ont ajouté le badigeon de leurs paroles doucereuses. Au lieu de mettre en lumière les faiblesses de la construction, ils se sont contentés de les recouvrir de manière à ce qu’en surface tout paraisse bien. La façon d’agir des faux prophètes témoigne de ce qui les habite. Au lieu de servir Dieu et de transmettre son point de vue sur les choses, c’est au peuple qu’ils cherchent à plaire. Ils refusent de lui faire mal, comme le font souvent les vrais prophètes pour son bien. Ils ne mettent pas la plaie à nu, mais la recouvre, s’imaginant qu’il suffit de ne plus la voir pour croire qu’elle n’existe plus.

Malheureusement, rien n’a changé dans l’histoire. Alors que les preuves d’un jugement imminent s’accumulent, on refuse d’aller au fond des choses pour en examiner les raisons. On se remet en question, mais pas plus qu’il ne faut pour ne rien changer de profond. On endort ainsi le peuple dans ses fausses illusions, lui laissant croire que quelques changement superficiels suffiront pour nous éviter le pire. On badigeonne de paroles rassurantes les mesurettes prises, pour que personne ne s’effraie. La tempête qui vient n’a cependant rien à voir avec ce qu’on a déjà vu. Elle sera si forte, les grêlons si énormes, qu’aucun mur construit pas les hommes ne tiendra. Les fausses protections derrière lesquelles chacun se rassure seront renversées. Leurs fondations seront mises à nu, montrant à quel point elles étaient illusoires. Les murets que les hommes se construisent pour se prémunir des dangers de l’avenir sont nombreux. Ils sont d’ordre économique, financier, philosophique, militaire, occulte même… Au jour de la colère, aucun ne tiendra : cf Apocalypse 6,12 à 16. La seule barrière de protection efficace pour nous est celle de la justice que Dieu nous donne en Christ. Que Dieu nous aide à la faire connaître sans oublier d’y inclure la nécessité de la repentance à ceux à qui nous l’annonçons !

V 17 à 23 : les fausses prophétesses

 Si de faux prophètes s’élevaient parmi les hommes au milieu du peuple, les femmes n’étaient pas en reste. Le phénomène est suffisamment important dans la période dans laquelle Ezéchiel vit pour que l’Eternel charge son serviteur d’une parole spécifique à leur intention. Si l’arme essentielle des faux prophètes hommes est la parole, les fausses prophétesses ont à leur portée d’autres atouts plus dangereux encore. Ce sont les armes de la séduction par lesquelles elles gagnent les âmes à leurs discours. Comme il en est pour les hommes, leur objectif n’est pas de travailler pour la vérité, mais pour leur profit. Elles déshonorent Dieu au même titre que leurs confrères pour une poignée d’orge et des morceaux de pain. Ezéchiel ne nous détaille pas le rôle et la fonction des atours dont elle se revêtait pour tromper et séduire ceux qui les écoutaient. Il parle de coussinets et de voiles qu’elles mettaient à leurs poignets et sur leur tête, lingeries toutes féminines qui produisaient un effet destiné à mieux captiver leurs auditeurs. David Wilkerson y voit un rapprochement avec les faux prophètes de notre époque qui déforment l’Evangile, lui ôtant tous les éléments que l’oreille humaine ne veut pas entendre. Sa réflexion vaut la peine ici d’être rapportée :

« Ezéchiel était horrifié à la vue des prophètes qui avaient développé l’art de mettre à l’aise le peuple de Dieu… Tout comme les prophètes de coussinets de l’Ancien Testament, leur désir suprême est de promouvoir le luxe et d’apaiser la conscience des gens face à la recherche d’une belle vie. Ils ne parlent pas au nom de Dieu. Ils ne font que distribuer des coussinets, de façon à ce que chacun de leurs partisans en ait un sous chaque coude. Il n’y a rien d’étonnant à ce que les foules s’assemblent pour écouter leur message car il ne contient que de belles choses. On n’y trouve pas cet appel de Christ à renoncer à soi-même et à prendre sa croix… Les prophètes qui prédisent le confort, la tranquillité et la prospérité ont créé l’âge de l’Eglise de Laodicée dont il est question au 3ème chapitre de l’Apocalypse, une église tiède qui se vantait de toujours s’enrichir, de connaître un accroissement de biens, de richesses et de tout ce dont le corps avait besoin… Ce qui attriste le plus mon cœur dans tout cela est que ces croyants qui sont pris dans cet enseignement sectaire sont plus difficiles à atteindre avec l’Evangile du sacrifice et de l’abandon de soi que ceux qui n’ont jamais entendu parler de Christ… Ils aveuglent les croyants et les empêchent de prendre conscience de la nécessité qu’il y a à débarrasser leur vie du péché et du bien-être qu’ils ressentent en vivant dans le monde… Je scrute le message des prophètes de coussinets dans l’espoir d’y trouver un point de partage ou un évangile auquel je pourrais m’identifier, mais en vain. En les écoutant proclamer fièrement que la prospérité représente le message de ces derniers jours, j’ai tout simplement envie de me précipiter vers le lieu secret de la prière pour dire à mon Père céleste : « Est-il possible que nous soyons inexorablement aveugles ? Comment des hommes de Dieu peuvent-ils adopter un tel message ? » Dans leur prédication, il n’y a aucune mention de sacrifice, de renoncement à soi, de fardeau ou du sang de Jésus ? Ils ne parlent pas non plus de l’importance qu’il y a à prendre la croix de Christ, et ils ne s’élèvent pas contre le péché et l’iniquité. On n’y retrouve aucun appel à la sainteté, à la repentance, à l’humilité et à la séparation d’avec le monde. On n’y parle pas non plus de brisement, de conviction, d’intercession ou de fardeau pour les âmes perdues.[1] »

 Dieu, qui chérit Son Peuple par-dessus tout, prévient. Il ne laissera pas indéfiniment captives les âmes de ceux qui ont été pris au filet des fausses prophétesses. Elles aussi vont connaître le châtiment de Dieu. Par ce qui arrivera aux faux prophètes, tous reconnaîtront qui est l’Eternel, dont on a à la fois déformé le message et l’identité.



[1] Sonne la trompette et avertis mon peuple : David Wilkerson : Edition Sentinelle


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