mardi 16 juin 2020

EZECHIEL 15

C’est dans les psaumes que l’on trouve la première allusion au sujet d’Israël comme à une vigne que l’Eternel a planté : Psaume 80,8 et 14. Tout l’intérêt que porte le vigneron à la vigne tient uniquement à une seule chose : le fruit qu’elle produit. Ce qui fait la valeur de la vigne n’est pas la majesté de son tronc, sa taille, le caractère malléable de son bois. Au contraire, mis à part le fait qu’il est le porteur du raisin qu’il produit, le bois de la vigne est parmi tous les bois le moins utile. C’est un bois méprisable qui, à cause de son aspect, ne peut servir ni à la menuiserie, ni à la fabrication d’objets utiles à la vie courante. Entre tous, il est celui dont il est préférable de se débarrasser en le jetant au feu. Au moins, en brûlant, peut-il servir à quelque chose !

Si l’Eternel a porté son choix sur Israël pour en faire Son peuple, celui-ci ne doit jamais oublier que ce n’est pas en vertu de sa qualité propre qu’Il l’a fait. Le but de Dieu en faisant d’Israël Sa vigne était le fruit qu’Il escomptait qu’elle produise. Au moment de la récolte, la déception de Dieu a été à la hauteur de l’attente. « Pourquoi, interroge l’Eternel, quand J’ai espéré que ma vigne produirait de bons fruits, en a-t-elle produit de mauvais ? : Esaïe 5,4. » Que peut faire l’Eternel avec Sa vigne si la seule chose qui lui donne de la valeur et qui ait un intérêt pour lui, manque ? Si certains arbres ne remplissent pas leur fonction première, leur bois fait qu’ils peuvent servir à d’autres usages. Ils n’ont pas donné le fruit attendu, mais le propriétaire n’a pas tout perdu avec eux. Il a pu en tirer un avantage moindre que ce qu’il espérait, mais bénéfique tout de même. Pour la vigne, rien de tel. Une vigne qui ne produit pas de raisins ne vaut pas mieux que du sel lorsqu’il a perdu sa saveur : Il n’est plus bon, dit Jésus, qu’à être jeté dehors et piétiné par les hommes : Matthieu 5,13. » Il en sera de même, dit Ezéchiel, au sujet des habitants de Jérusalem. Devenus inutiles pour Dieu, incapables de produire le fruit pour lequel ils ont été élus, ils ne sont bons que pour le feu et la destruction.

Parce qu’Israël a été une vigne décevante, l’Evangile nous dit que l’Eternel, le vigneron, s’est choisi un autre cep : Jésus. Il est, Lui, le vrai cep, Celui qui, parce qu’il répond pleinement au but pour lequel il a été planté, satisfait le vigneron : Jean 15,1. Par Jésus, le fruit que le Père espérait voir se produire, est là. Jésus est, en tant que cep, Celui qui fait toute la joie et le plaisir du Père. Aucun des fruits qu’Il porte n’est décevant, avarié. Tous enchantent le fin palais du vigneron qui ne se satisfait que de l’excellence. Jésus énonce, dans la parabole de la vigne qu’Il utilise pour parler de Sa mission, plusieurs vérités fondamentales sur la fonction de chacun en vue de la réalisation du projet de Dieu :

1.        Le Père est le vigneron. Il est le propriétaire de la vigne : Jean 15,1. La vigne n’existe que pour servir à Son projet. Ce projet se résume en une seule phrase : porter du fruit. Le fruit est l’unique but poursuivi par le Père, le sujet unique de Son désir à propos de la vigne qu’Il a planté. 

2.       Jésus est le cep : Jean 15,1. C’est en Lui que se trouve la sève de vie par laquelle le fruit naît et mûrit. En-dehors de Jésus, il n’y a rien dans ce monde qui soit en mesure le produire le fruit excellent qui fait le désir du Père.

3.       La vigne ne se limite pas au cep. Elle est faite du cep et des sarments qui lui sont reliés. Le sarment est la branche sur laquelle le fruit pousse. Le sarment ne peut porter de fruit que s’il est attaché au cep et reçoit de lui la vie. Le sarments représentent les disciples de Jésus, ceux qui revendiquent une relation personnelle avec Lui : Jean 15,5. Le disciple de Jésus, en tant que sarment, doit se souvenir constamment qu’il ne peut produire aucun fruit par lui-même. Le fruit que porte le sarment ne peut que résulter de son union, de son attachement, de sa connexion avec le cep.

4.       Le sarment qui ne porte pas de fruit perd son inutilité. Comme l’Israël ancien, il n’est bon qu’à être retiré du cep et jeté pour être brûlé : Jean 15,2 et 6. La seule chose qui ait de la valeur dans la vie d’un disciple de Jésus est le fruit qu’il porte, cette vie, ce caractère qui portent la marque de ceux de Jésus.

5.       Le vigneron porte un regard attentif à l’état de sa vigne. Constamment, il y travaille pour l’amener à porter un fruit de plus en plus meilleur et excellent. Ses soins attentifs se portent sur les sarments. Il ôte ceux qui ne portent pas de fruit et taille, émonde ceux qui en produisent déjà pour qu’ils en donnent encore plus : Jean 15,2. L’émondage auquel se donne le vigneron ne poursuit qu’un seul but : ôter du sarment tout ce qui accapare la vie qui circule en lui inutilement et limite la production du fruit. La vie que le sarment reçoit du cep doit servir à la formation et la maturation du fruit. Toute autre utilisation est gâchis, une dérivation vers un but qui n’est pas celui du vigneron.

 En tant que disciple de Jésus, nous devons être attentifs à ce qui s’est produit pour Israël. « Si Dieu, dit Paul, n’a pas épargné les branches naturelles, Il ne t’épargnera pas non plus : Romains 11,21. » L’apôtre s’adresse ici aux païens entrés par la foi en Christ dans l’alliance de Dieu. Que, par Ta grâce, ô Dieu, je sois prêt en ce jour à me laisser émonder par Toi pour que je puisse porter un fruit de qualité toujours plus excellente pour Ton plaisir et Ta gloire !


vendredi 12 juin 2020

EZECHIEL 14

V 1 à 11 : rejet des idolâtres

Reconnu par ses pairs comme prophète de l’Eternel, Ezéchiel reçut en audience quelques-uns de anciens d’Israël venus le consulter. Ezéchiel aurait pu se réjouir de cette démarche, comme ce peut être le cas pour nous lorsque quelqu’un vient nous voir pour nous dire qu’il aimerait entendre la parole que Dieu a pour lui. Eclairé par l’Eternel, Ezéchiel n’est pas dupe de l’état du cœur de ces hommes. Au-delà de l’apparence, Dieu fait voir à Ezéchiel ce qui n’est pas perceptible à l’œil nu, mais qui est présent devant Ses yeux dans l’invisible. Les anciens d’Israël ne viennent pas devant Ezéchiel avec un cœur net et pur. Ils portent dans ce cœur leurs idoles et se présentent devant Dieu en portant devant eux ce qui a été l’occasion de leur chute. Ils prétendent par leur démarche se soucier de ce que Dieu a à leur dire, mais à l’intérieur d’eux-mêmes il n’y a aucune volonté de se séparer des idoles qui les rendent fautifs. Au péché qui, déjà, les condamne, les anciens d’Israël en ajoute un autre qui accentue encore cette condamnation : la duplicité ou l’hypocrisie.

Quelle que soit la nature de la démarche que nous entreprenons à l’égard de Dieu, nous devons toujours nous souvenir que ce n’est pas à nos actes que Dieu regarde en priorité, mais à notre cœur. Nous pouvons aller chez un frère pour lui demander conseil. Mais si dans notre cœur nous n’avons aucune intention de nous séparer de ce qui offense Dieu, notre démarche est vaine. Ni notre présence dans un lieu de culte ou dans une réunion de prière ou d’étude biblique ne nous garantit en elle-même la bénédiction de Dieu. Dieu ne regarde pas à l’apparence, mais au cœur. Parmi tous les péchés que Jésus a côtoyés, souvenons-nous que l’hypocrisie est celui qu’il a dénoncé le plus souvent et avec le plus de vigueur. L’hypocrisie n’était pas le péché du peuple, mais celui qui était la caractéristique majeure de l’élite religieuse de Son temps. Il est aussi celui en particulier dont le Maître a pressé Ses disciples de se garder : Luc 12,1, celui qui, d’une certaine manière, a aussi fait tomber Judas Iscariote. Veillons sur nous-mêmes à ce sujet et prions Dieu chaque jour qu’Il nous en préserve !

Comment Dieu va-t-Il accueillir les anciens d’Israël venus consulter Ezéchiel, sachant ce que sont les dispositions de leur cœur ? Va-t-Il s’arrêter à ce qu’Il sait et connait d’eux ? Ou, regardant à Lui-même, s’adresser malgré tout à eux ? C’est clairement la seconde option que Dieu choisit. Quelle que soit la réalité que Dieu rencontre lorsqu’une âme s’approche de Lui, Dieu ne regarde pas à elle, mais à Lui. Dieu ne perd jamais de vue le dessein qu’Il poursuit. A cause de la grâce dont Il est rempli, Dieu ne peut laisser le dernier mot au péché et à la rébellion. Dieu ne change pas Son message. L’âme qui pèche contre Lui, qui se présente devant Lui en portant dans son cœur les idoles qu’elle chérit, doit se repentir, s’en détourner et revenir à Lui. Mais ce que Dieu souhaite en priorité, c’est toucher par Sa miséricorde le cœur de Son peuple. Il le fait aussi bien par Sa grâce que par le jugement.

Toute l’Ecriture témoigne que la pédagogie suivie par Dieu pour enseigner Son peuple et l’attirer à Lui est celle de l’exemple. Ainsi a-t-Il choisi Abraham parmi tous les hommes et tous les peuples pour poser à travers lui les fondements sur lesquels il veut construire Sa relation avec tous. Abraham est devenu le père de tous ceux qui croient, qu’ils soient circoncis ou non : Romains 4,11-12. Il a choisi, au temps de Moïse, le Pharaon comme exemple de ce qui devait arriver à tous ceux qui, dans toutes les époques, s’entêteront à résister à Dieu : Romains 9,17. Il a choisi également au début de l’ère de l’Eglise chrétienne Paul, afin de monter en lui le premier toute Sa patience et qu’il serve d’exemple à ceux qui croiraient en Christ pour ka vie éternelle : 1 Timothée 1,16. Par sa façon d’agir envers les rebelles, qu’Il leur fasse grâce ou les châtie, Dieu parle par l’exemple à tous :  cf : Luc 13,1 à 5. En toutes choses, la souveraineté de Dieu s’exerce en vue de l’accomplissement de Son dessein !

« Que Dieu ait choisi Abraham plutôt qu’un autre croyant de son temps, comme Melchisédek, c’est là le fruit de Sa libre souveraineté. Seigneur et gouverneur de l’univers, Il distribue comme Il veut les figures de l’échiquier de l’histoire humaine. Il est vrai qu’Il n’impose pas la foi au croyant, ni l’incrédulité à l’incroyant. Il laisse à chacun la liberté et l’auto-détermination. Mais du milieu des méchants, Il choisit tel méchant (par exemple le Pharaon d’Egypte : Romains 9,17) afin de montrer en lui Son pouvoir de jugement, tandis que du milieu des croyants, Il choisit tel croyant afin d’en faire l’agent de quelque tâche spéciale dans l’accomplissement du salut. C’est dans ce sens seulement qu’Abraham fut appelé et devint, pour ainsi dire, une figure officielle, responsable de préparer la médiation du salut.[1] »

 Au-delà des causes secondes qui sont la sphère dans laquelle s’exerce la responsabilité humaine, Dieu est la Cause première de tout ce qui se produit. Ainsi, dit Dieu, si un prophète se laisse séduire par le mensonge, c’est Dieu Lui-même qui l’aura séduit. La proposition ne signifie pas ici que Dieu se plaît volontiers à tromper pour perdre. Elle signifie que, dans Sa souveraineté, Dieu utilise la séduction à laquelle le faux prophète cède pour accomplir Sa volonté. Le faux prophète est entièrement responsable du fait de céder à la séduction. Mais Dieu n’est pas emprunté avec cela. Il sait comment utiliser cela de manière utile et positive en vue de Son dessein. Le jugement qui va atteindre le faux prophète séduit va servir d’exemple et produire un fruit bénéfique à toute la communauté d’Israël. Avertie et reprise dans sa conscience, elle va en tirer leçon pour elle-même afin de ne plus s’égarer loin de Dieu et ne plus pécher par ses transgressions en se rendant impure à Ses yeux. Alors, conclut le Seigneur, ils seront Mon peuple, et Je serai à nouveau leur Dieu !

V 12 à 20 : Noé, Daniel et Job

 Quelle place occupe les justes dans le cœur de Dieu au temps du jugement ? Pour répondre à cette question, Dieu évoque 4 cas de figures différents dans lesquels peut se trouver une nation en proie au jugement de Dieu, et ce qu’il adviendrait dans cette situation de 3 hommes de Dieu connus pour leur justice et leur intégrité : Noé, Daniel et Job. Dans les cas évoqués, la 1ère leçon que l’on apprend de l’enseignement que donne l’Eternel à Ezéchiel est que les signes du jugement de Dieu sur un peuple sont facilement reconnaissables. Les manières d’agir de Dieu dans l’histoire ne sont pas innovantes, mais répétitives. Aussi ce n’est pas faire preuve de forfanterie ou de témérité que d’assimiler tel ou tel malheur se produisant sur une nation à un jugement de Dieu. Car Dieu Lui-même a défini quel type de malheur correspond à cette réalité.

 Les 4 fléaux désignés par Dieu pour réprimer l’infidélité des nations à Son égard sont successivement la famine, les bêtes féroces, l’épée et la peste. Ces 4 fléaux font tous partie de l’histoire des peuples et constituent les 4 grands malheurs qui ont ici ou là, à un moment ou un autre, décimé des nations. S’il est facile d’identifier 3 d’entre eux, il est plus difficile de comprendre à quoi correspond le second qui évoque des bêtes féroces. L’Ecriture nous y aide cependant en peignant à plusieurs reprises les dégâts considérables que provoque pour le malheur de certains peuples les ravages causés par les nuées de criquets dévorant toute la végétation d’un pays sur leur passage : Joël 1,4 ; 2,25. Ce fléau est encore bien présent aujourd’hui dans de nombreux pays d’Afrique. Ni la famine qui survient dans un pays, ni la guerre, ni les dégâts causés par des insectes voraces, ni les pandémies mortelles ne sont l’objet du hasard. Tous correspondent à l’expression du jugement de Dieu. Dieu le dit avec clarté dans l’Ecriture de manière à ce que les peuples le sachent et, lorsque ces fléaux les atteint, n’attribuent pas leur cause à d’autres facteurs.

Au jour du jugement de Dieu, quel avantage les justes ont-ils à l’être ? Et d’abord, qu’est-ce qu’un juste ? Quelles figures sont à même de les représenter ? Dans la panoplie de tous les justes évoqués par l’Ecriture, Dieu en choisit délibérément trois, vivant à des époques et dans des contextes tout à fait différents. Ce choix ne doit rien au hasard. Il est ciblé par Dieu de manière à couvrir tous les cas de figures, les situations et les temps particuliers dans lesquels peuvent se trouver à la foi les peuples et les croyants qui sont en leur sein :

1er cas : celui de Noé

Quel sorte de juste était Noé ? Né après Abel et Hénoch, Noé apparaît dans la genèse comme la figure la plus importante de l’ancien monde. L’Ecriture lui consacre ainsi pas moins de 5 chapitres : Genèse 6 à 10. Alors qu’Abel est la figure du juste du début de la 1ère humanité, Noé incarne celle qui la clôt. Le temps de Noé est un temps qui ressemble à celui dans lequel vit Ezéchiel, un temps où le jugement est imminent. Alors que la population mondiale s’est multipliée, le péché s’est accru au point que l’Eternel en vient à regretter d’avoir fait l’homme sur terre : Genèse 6,7. Si ce n’était Noé qui, par sa droiture, son intégrité, son souci de marcher avec Dieu, trouva grâce à Ses yeux, le monde d’alors aurait péri totalement, submergé par les eaux du déluge. Noé est reconnu par Dieu comme un homme juste, parce qu’il était le seul en son temps à marcher avec Dieu. Il était le seul dans une génération perverse et corrompue, mûre pour le jugement, à ne pas aller dans le sens du courant majoritaire, mais à ancrer sa vie dans la crainte de Dieu et l’obéissance à Ses voies. Noé représente ce qu’est le juste dans un temps d’iniquité absolue et de rejet global de Dieu. Dans une telle période, le juste est un homme qui se distingue des autres par un état d’esprit, une mentalité, une conduite hors du commun. Le juste est un homme qui connaît Dieu et que Dieu connaît. Parce qu’il trouve la faveur de Dieu au milieu d’un monde qui Le dégoûte, Noé sera celui que Dieu distinguera entre tous pour l’épargner et le sauver avec sa famille au temps où le jugement s’abattra. Il en sera de même pour tous ceux qui, au jour du retour de Jésus-Christ en vue du jugement du monde, auront démontré qu’ils sont faits de la même étoffe que Noé.

2ème cas : celui de Job

Le cas de Job diffère totalement de celui de Noé. Job n’est pas un juste qui se distingue des autres en un temps de corruption généralisé. Il est le juste qui, par la soumission dont il fera preuve envers Dieu dans la souffrance incompréhensible qui le frappe, justifie Dieu : Job 1,20 à 22. Job est le juste souffrant qui refuse d’accuser Dieu d’injustice lorsqu’après le bonheur, le malheur s’abat sans explication plausible sur lui. Pour les amis de Job, gens religieux, la souffrance par laquelle il passait ne pouvait avoir comme explication que le châtiment de Dieu pour le péché. Job refusera, tout au long de la confrontation qu’il aura avec eux, d’adhérer à cette thèse. Certes, Job passera par bien des lamentations et des récriminations envers Dieu. Mais Dieu, qui lisait dans son cœur, déclarera qu’à aucun moment Job n’a parlé de Lui de manière inadéquate : Job 42,7 et 9. Job est, comme Noé, l’image du juste qui, dans un contexte différent, se trouve seul contre tous, y compris ici sa femme qui l’incite à maudire Dieu : Job 2,8. Alors que les meilleurs des hommes se trompent dans leur jugement sur lui, Job, comme Noé, est distingué par Dieu qui finit par le réhabiliter et lui redonner au double les bénédictions qu’il a perdues dans l’épreuve. Dieu nous appelle nous aussi à être de tels hommes dans un temps où les bénédictions dont Il nous a gratifiés dans le passé sont mises à mal. Quand Dieu change Sa façon d’être avec nous, le juste se distingue des autres par le fait qu’il reste attaché à la connaissance qu’il a de la Personne de Dieu qui, elle, ne peut changer : Malachie 3,6.

3ème cas : celui de Daniel

 Le cas de Daniel, le prophète, diffère de celui de Noé et de Job par le cadre dans lequel se situe son histoire. Mais il les rejoint par le fait que lui, comme eux, dut opter pour la fidélité à son Dieu dans un contexte contraire. Toute l’histoire de Daniel se situe hors d’Israël. Déporté à Babylone sous le règne de Jojakim, Daniel et ses trois amis durent rapidement faire face à des choix de vie cruciaux. Invité à faire fi de ses coutumes liées aux préceptes de la Parole de Dieu, Daniel prit la résolution dès son arrivée de ne pas se souiller en consommant les plats impurs qu’on lui servait : Daniel 1,8. Plus tard, devenu l’un des grands du pays à cause de la sagesse que Dieu lui donnait, il préféra transgresser l’interdit du roi d’adorer son Dieu au risque de sa vie plutôt que de renier sa foi : Daniel 6,11 à 14. Daniel est le type même du croyant faisant le choix de l’intégrité envers Dieu dans un contexte où Celui-ci est un étranger, dût-il en payer le prix de sa vie. Le témoignage de Daniel ajoute à ceux de Noé et de Job de nouveaux éléments sur la figure des justes qui, au temps du jugement, seront épargnés par la colère.

A partir des trois noms vers lesquels l’Eternel attire notre regard, nous pouvons dresser les traits communs du portrait des justes selon Dieu :

-          Le juste se distingue des autres par le fait que ce qui conditionne sa marche, son comportement, sa conduite est sa volonté déterminée, farouche de rester fidèle à Dieu, à la connaissance qu’il a de Sa Personne et de Sa volonté, quel que soit le contexte dans lequel il se trouve.

-          Le juste est quelqu’un qui est prêt à marcher un chemin de solitude incompris par son entourage. Ce qui importe le juste n’est pas ce que les autres font ou pensent, mais ce que Dieu dit et ordonne. Le juste est prêt à être seul contre tous, pourvu que dans ce chemin Dieu soit avec Lui.

-          Le juste est celui qui a fait un trait sur son honneur, sa réputation et même sa propre vie. Il a fini de chercher à vouloir plaire aux hommes. Il est un disciple de Jésus et de Paul qui ont mis leur fierté dans la croix par laquelle le monde est crucifié pour eux, comme eux pour le monde : Galates 6,14.

-          Le juste est celui qui a mis envers et contre tout son espérance en Dieu seul. Il ne marche pas avec Dieu à cause des avantages temporels qu’il en tire. Il compte pour lui-même sur la fidélité, quels que soient les vents contraires auxquels il devra faire face. 

V 21 à 23 : les justes consolés

 A l’écoute des propos tenus ici par l’Eternel, les auditeurs d’Ezéchiel pouvaient se demander s’il n’y avait pas là quelque exagération. La corruption parmi le peuple qui était à Jérusalem était-elle si profonde qu’un Noé, un Job ou un Daniel seraient les seuls qui soient épargnés par le jugement ? Ces hommes, s’ils avaient vécu en ce temps et ce lieu, n’auraient-il pu exercer aucune influence bénéfique évitant au peuple la colère ? Les auditeurs d’Ezéchiel auront la réponse au jour où les quelques fugitifs échappés de la ville châtiée viendront jusqu’à eux. Voyant leur conduite, ils n’auront plus de doute quant à la légitimité du châtiment qui a frappé le reste habitant à Jérusalem. Il est difficile, pour nous croyants de la Nouvelle Alliance, de saisir quel poids Jérusalem avait dans le cœur des Israélites pieux de l’Ancienne Alliance. Perdre Jérusalem, c’était perdre le lieu de la présence glorieuse de Dieu au milieu de Son peuple, le temple dans lequel la gloire de Dieu résidait. Perdre Jérusalem, c’était être coupé de Dieu, connaître le plus grand malheur qui soit pour un peuple qui se savait élu, choisi entre tous pour être Son peuple. Perdre Jérusalem, c’était être plongé dans le plus grand malheur qu’on puisse imaginer. Pourtant, dit Ezéchiel, à ceux qui seront affligés par cette nouvelle, vous serez consolés au jour où vous verrez arriver au milieu de vous ceux qui auront échappés aux 4 terribles fléaux qui sont les instruments du jugement de Dieu dans le monde : épée, famine, bêtes féroces et peste. Vous ne ressentirez plus d’indignation à l’égard de votre Dieu, mais vous le justifierez en acquiesçant à Son décret.

 A cause de leur rigueur et de leur sévérité, il arrive que les jugements de Dieu heurtent la sensibilité des hommes droits. Il nous faut dépasser nos premières impressions. Les jugements de Dieu sont toujours justes. Quand, dépassant nos réactions, nous examinons les faits, ce qui nous étonne n’est plus la sévérité du jugement de Dieu, mais la longueur de la patience qui a été la Sienne !

 



[1] Erich Sauer : L’Aube de la rédemption : Edition La voix de l’Evangile


lundi 1 juin 2020

EZECHIEL 13

V 1 à 6 : malheur aux faux prophètes

Appelé par Dieu à être Sa voix dans un temps de jugement, Ezéchiel fait le tour de tout ce qui touche à la vie spirituelle de son peuple pour dénoncer en son sein ce qui provoque la colère de Dieu et prononcer le châtiment spécifique réservé à chacun. Après avoir parlé du sort qui attendait Jérusalem (CH 4 et 5), Ezéchiel a dénoncé les pratiques idolâtres du peuple sur les hauts lieux et ce qui allait s’ensuivre pour lui (CH 6 et 7). Puis, sous la conduite de Dieu, Ezéchiel a visité le temple et dénoncé les abominations idolâtres qui s’y pratiquaient. Il a vu le jugement qui allait atteindre les coupables et la gloire de Dieu quitter le sanctuaire (CH 8 à 11). Dans le chapitre précédent (CH 12), le prophète a illustré par une mise en scène l’exil qui attendait Sédécias et les princes de Jérusalem lorsque le roi de Babylone viendrait pour s’emparer de la ville. Ici, Ezéchiel, sous l’inspiration de Dieu, s’attaque à une autre catégorie de personnes, grandement coupables à ses yeux et ceux de Dieu, de l’aveuglement et de l’égarement de Son peuple à Jérusalem : les faux prophètes.

Qu’est-ce qu’un faux prophète ? Ezéchiel nous le dit en introduction du message qui leur est destiné. Un faux prophète est quelqu’un qui prétend apporter une parole de la part de Dieu alors qu’elle ne provient que de sa propre inspiration. Le faux prophète revêt de l’autorité de Dieu une parole qui n’a sa source que dans ses propres penchants. Outre le fait que la parole du faux prophète ne reflète pas la pensée de Dieu mais la sienne, Ezéchiel nous dit que le faux prophète est reconnaissable à autre chose. Le faux prophète ne poursuit que son intérêt. La situation a beau être catastrophique, ce qui compte pour lui est d’en tirer parti pour lui-même. Tel un renard au milieu de ruines, le faux prophète agit avec ruse. Il flatte et trompe ses victimes de manière à les séduire et les amener à se comporter comme il le souhaite pour son propre profit. Le faux prophète exploite la crédulité de ceux qui l’écoutent en se donnant l’apparence d’un serviteur de Dieu. Il leur fait espérer que sa parole s’accomplira alors qu’elle n’est que le fruit de sa propre imagination. 

Y-a-t-il pire péché que celui-ci ? Y-a-t-il pire audace que de prétendre être le porte-parole de Dieu alors que Celui-ci n’a ni appelé, ni envoyé, ni inspiré l’homme qui ose se réclamer de Lui ? Y-a-t-il pire attitude que celle qui consiste à utiliser le saint Nom de Dieu pour tromper, séduire et exploiter ceux qui, crédules et naïfs, croient sans vérifier et s’interroger sur la nature des paroles qu’ils entendent. Jésus, en Son temps, a pris soin d’avertir Ses disciples contre le danger des faux prophètes. Il a donné une instruction claire quant à ce qui nous permettra de les reconnaître : les fruits que leurs vies portent : Matthieu 7,15 à 20. Aussi, avant de prêter foi à une parole que quelqu’un prétend apporter de la part de Dieu, il est bon de nous interroger : Comment cette personne vit -elle ? Peut-on voir chez elle la réalité des fruits de l’Esprit : humilité, simplicité, sobriété, esprit de service, détachement à l’égard de l’argent, du profit, pureté… Ni la tonalité de la voix, ni l’éloquence, ni même les miracles ne sont une preuve que quelqu’un nous est envoyé de la part de Dieu. La vie, les attitudes profondes de la personne sont les premiers critères d’authenticité du véritable serviteur de Dieu.

 

Parce qu’ils sont avant tout des prédateurs, une des caractéristiques des faux prophètes est qu’ils n’ont pas l’attitude spirituelle attendue pour un homme qui prétend porter le fardeau de Dieu. Le véritable homme de Dieu n’est pas un simple porte-voix. C’est un homme affecté, pénétré tout entier par la vision qu’il a de Dieu et le message qu’il est chargé de transmettre de Sa part. Parce qu’il est à la fois au contact de Dieu et des hommes, le prophète est attendu là où personne, autre que lui, ne peut se tenir : sur la brèche. Qu’est-ce qu’être sur la brèche ? Une brèche est un passage dans un mur censé protéger à l’origine ceux qu’il abrite. A cause de la brèche, le mur, qui devait assurer la sécurité et la défense de ceux qui étaient sous sa garde, perd sa fonction protectrice. L’image du mur et de la brèche nous parle ici de ce qui protège le peuple de Dieu de Sa colère et de ce qui fait tomber cette protection. Le mur est celui de la justice, la brèche, quant à elle, est occasionnée par le péché pratiqué et admis. Le rôle du prophète, sentinelle de Dieu, n’est pas seulement d’avertir le peuple de Dieu des dangers extérieurs auxquels il est exposé. Il est aussi de se tenir sur la brèche pour en quelque sorte faire barrière à la colère de Dieu. Le prophète n’avertit pas seulement. Il dénonce le péché, exhorte à la repentance, prie et intercède pour le peuple comme Moïse l’a fait : Nombres 11,2 ; 21,7. Comme Jésus l’a été du temps de Son humanité, le vrai prophète joue un rôle de médiateur entre Dieu et les hommes. Il est à la fois la voix de Dieu parmi les hommes, mais aussi l’avocat des hommes devant Dieu. C’est cette double identification avec Dieu et les hommes qui est le signe distinctif, la marque d’authenticité du ministère prophétique, une signature qui fait défaut chez les faux prophètes qui ne servent que pour leur profit. 

V 8 à 16 : le jugement des faux prophètes

Qu’est-ce qui attend les faux prophètes ? Et pourquoi ? Parce qu’ils égarent le peuple de Dieu et lui font entendre des paroles mensongères soi-disant de la part de Dieu, les faux prophètes se trouvent dans la pire posture qui soit. Car c’est à Dieu Lui-même qu’ils s’en sont pris, usurpant Son nom pour leur propre profit. Aussi, c’est à Sa vengeance qu’ils devront faire face. La vengeance de Dieu est le moyen par lequel Dieu, dans Sa justice, répare les affronts qui Lui ont été faits. Elle est la réaction légitime par laquelle Il rétablit l’honneur bafoué de Son nom et de Sa Personne. Puisqu’ils ont été des guides fallacieux pour son peuple, Dieu va les exclure de celui-ci de manière à ce que leur nom soit retiré à jamais du registre de la communauté. Non seulement, ils seront déportés, mais jamais plus ils ne reviendront dans le pays d’Israël. La sentence équivaut sur le plan spirituel à une déclaration d’exclusion définitive du royaume de Dieu.

La raison principale de leur condamnation tient à la teneur des messages qu’ils ont délivrés au peuple de Dieu. Alors que celui-ci était au bord du jugement, les faux prophètes ont tout fait pour le rassurer. Ils ont annoncé la paix, alors que la guerre était à la porte. Ils l’ont assuré de la protection de Dieu au lieu de l’appeler à la repentance et l’abandon de leurs péchés. Ils l’ont consolidé dans ses fausses espérances, au lieu de le préparer à la tempête qui allait venir. Le vrai et seul mur qui pouvait protéger le peuple de la colère était le mur de la justice. Au lieu de cela, le peuple a construit un petit muret constitué de briques de mauvaise qualité. Quelques changements en surface se sont produits, mais rien de profond, de décisif, de déterminant quant au passé. Sur le muret construit par le peuple, les faux prophètes ont ajouté le badigeon de leurs paroles doucereuses. Au lieu de mettre en lumière les faiblesses de la construction, ils se sont contentés de les recouvrir de manière à ce qu’en surface tout paraisse bien. La façon d’agir des faux prophètes témoigne de ce qui les habite. Au lieu de servir Dieu et de transmettre son point de vue sur les choses, c’est au peuple qu’ils cherchent à plaire. Ils refusent de lui faire mal, comme le font souvent les vrais prophètes pour son bien. Ils ne mettent pas la plaie à nu, mais la recouvre, s’imaginant qu’il suffit de ne plus la voir pour croire qu’elle n’existe plus.

Malheureusement, rien n’a changé dans l’histoire. Alors que les preuves d’un jugement imminent s’accumulent, on refuse d’aller au fond des choses pour en examiner les raisons. On se remet en question, mais pas plus qu’il ne faut pour ne rien changer de profond. On endort ainsi le peuple dans ses fausses illusions, lui laissant croire que quelques changement superficiels suffiront pour nous éviter le pire. On badigeonne de paroles rassurantes les mesurettes prises, pour que personne ne s’effraie. La tempête qui vient n’a cependant rien à voir avec ce qu’on a déjà vu. Elle sera si forte, les grêlons si énormes, qu’aucun mur construit pas les hommes ne tiendra. Les fausses protections derrière lesquelles chacun se rassure seront renversées. Leurs fondations seront mises à nu, montrant à quel point elles étaient illusoires. Les murets que les hommes se construisent pour se prémunir des dangers de l’avenir sont nombreux. Ils sont d’ordre économique, financier, philosophique, militaire, occulte même… Au jour de la colère, aucun ne tiendra : cf Apocalypse 6,12 à 16. La seule barrière de protection efficace pour nous est celle de la justice que Dieu nous donne en Christ. Que Dieu nous aide à la faire connaître sans oublier d’y inclure la nécessité de la repentance à ceux à qui nous l’annonçons !

V 17 à 23 : les fausses prophétesses

 Si de faux prophètes s’élevaient parmi les hommes au milieu du peuple, les femmes n’étaient pas en reste. Le phénomène est suffisamment important dans la période dans laquelle Ezéchiel vit pour que l’Eternel charge son serviteur d’une parole spécifique à leur intention. Si l’arme essentielle des faux prophètes hommes est la parole, les fausses prophétesses ont à leur portée d’autres atouts plus dangereux encore. Ce sont les armes de la séduction par lesquelles elles gagnent les âmes à leurs discours. Comme il en est pour les hommes, leur objectif n’est pas de travailler pour la vérité, mais pour leur profit. Elles déshonorent Dieu au même titre que leurs confrères pour une poignée d’orge et des morceaux de pain. Ezéchiel ne nous détaille pas le rôle et la fonction des atours dont elle se revêtait pour tromper et séduire ceux qui les écoutaient. Il parle de coussinets et de voiles qu’elles mettaient à leurs poignets et sur leur tête, lingeries toutes féminines qui produisaient un effet destiné à mieux captiver leurs auditeurs. David Wilkerson y voit un rapprochement avec les faux prophètes de notre époque qui déforment l’Evangile, lui ôtant tous les éléments que l’oreille humaine ne veut pas entendre. Sa réflexion vaut la peine ici d’être rapportée :

« Ezéchiel était horrifié à la vue des prophètes qui avaient développé l’art de mettre à l’aise le peuple de Dieu… Tout comme les prophètes de coussinets de l’Ancien Testament, leur désir suprême est de promouvoir le luxe et d’apaiser la conscience des gens face à la recherche d’une belle vie. Ils ne parlent pas au nom de Dieu. Ils ne font que distribuer des coussinets, de façon à ce que chacun de leurs partisans en ait un sous chaque coude. Il n’y a rien d’étonnant à ce que les foules s’assemblent pour écouter leur message car il ne contient que de belles choses. On n’y trouve pas cet appel de Christ à renoncer à soi-même et à prendre sa croix… Les prophètes qui prédisent le confort, la tranquillité et la prospérité ont créé l’âge de l’Eglise de Laodicée dont il est question au 3ème chapitre de l’Apocalypse, une église tiède qui se vantait de toujours s’enrichir, de connaître un accroissement de biens, de richesses et de tout ce dont le corps avait besoin… Ce qui attriste le plus mon cœur dans tout cela est que ces croyants qui sont pris dans cet enseignement sectaire sont plus difficiles à atteindre avec l’Evangile du sacrifice et de l’abandon de soi que ceux qui n’ont jamais entendu parler de Christ… Ils aveuglent les croyants et les empêchent de prendre conscience de la nécessité qu’il y a à débarrasser leur vie du péché et du bien-être qu’ils ressentent en vivant dans le monde… Je scrute le message des prophètes de coussinets dans l’espoir d’y trouver un point de partage ou un évangile auquel je pourrais m’identifier, mais en vain. En les écoutant proclamer fièrement que la prospérité représente le message de ces derniers jours, j’ai tout simplement envie de me précipiter vers le lieu secret de la prière pour dire à mon Père céleste : « Est-il possible que nous soyons inexorablement aveugles ? Comment des hommes de Dieu peuvent-ils adopter un tel message ? » Dans leur prédication, il n’y a aucune mention de sacrifice, de renoncement à soi, de fardeau ou du sang de Jésus ? Ils ne parlent pas non plus de l’importance qu’il y a à prendre la croix de Christ, et ils ne s’élèvent pas contre le péché et l’iniquité. On n’y retrouve aucun appel à la sainteté, à la repentance, à l’humilité et à la séparation d’avec le monde. On n’y parle pas non plus de brisement, de conviction, d’intercession ou de fardeau pour les âmes perdues.[1] »

 Dieu, qui chérit Son Peuple par-dessus tout, prévient. Il ne laissera pas indéfiniment captives les âmes de ceux qui ont été pris au filet des fausses prophétesses. Elles aussi vont connaître le châtiment de Dieu. Par ce qui arrivera aux faux prophètes, tous reconnaîtront qui est l’Eternel, dont on a à la fois déformé le message et l’identité.



[1] Sonne la trompette et avertis mon peuple : David Wilkerson : Edition Sentinelle