vendredi 22 mai 2020

EZECHIEL 8

V 1 à 4 : visions divines

Après qu’il eut donné à Ezéchiel le message qu’il devait proclamer, l’Eternel le ravit en vision jusqu’à l’intérieur du temple qui est à Jérusalem pour lui montrer ce qui provoque el lui sa colère. Si le péché provoque toujours le courroux de Dieu, celui-ci, lorsqu’il juge, ne s’en tient pas à une généralisation. C’est sur la base de faits précis que le jugement de Dieu se prononce à l’encontre des idolâtres. En général, il faut le dire, nous sommes, en tant qu’humains, très peu outrés par le mal. Le terme est trop vague et imprécis pour nous toucher. Ce n’est que lorsque nous le voyons incarné dans un visage défiguré par des coups, dans les meurtrissures diverses qu’il occasionne à ses victimes, dans les injustices qui touchent des faibles, que notre indignation se réveille. En donnant à Ezéchiel la possibilité de constater ce qu’il voit se faire dans le temple de Jérusalem, et qui est caché aux yeux de beaucoup, le Seigneur veut sensibiliser son serviteur à la légitimité de la fureur qu’il ressent à l’égard de son peuple.

Le serviteur de Dieu a besoin de la révélation de Dieu pour être le porteur de son message. La prédication n’est pas un simple exposé de connaissance. Elle correspond quelque part au compte-rendu de ce que nous avons vu et connu de Dieu par le Saint-Esprit. Notre message ne peut s’alimenter à la source stérile de la connaissance intellectuelle. Il doit provenir de ce que Dieu nous a révélé de lui. Sans cette révélation, il nous est impossible de parler des choses de Dieu avec le ton, la gravité et la profondeur qu’elles nécessitent. Car, de nous-mêmes, nous sommes aveugles. Nous sommes dans l’incapacité de ressentir la douleur qu’occasionne dans le cœur de Dieu le péché. Nous avons besoin d’être transporté dans le monde de Dieu, le royaume de la sainteté pour ressentir l’effroi, le caractère abominable que revêt toute idolâtrie à ses yeux. C’est ce que Dieu fait ici avec Ezéchiel. Il agit de manière à ce que, non seulement le prophète sache ce qu’il a à dire, mais qu’il voit pourquoi il doit le dire.

Transporté en vision dans le temple à Jérusalem, Dieu le conduit successivement à 4 endroits précis dans lesquels se pratiquaient la plus honteuse des idolâtries. Ce qu’Ezéchiel va découvrir est monstrueux en soi. Mais le pire est que c’est dans le temple, la maison sainte de Dieu, le lieu mis à part pour l’adoration de Dieu que les choses qu’Ezéchiel va voir se passent. Que l’idolâtrie se pratique dans le monde, Dieu le supporte ! Mais que celle-ci soit pratiquée avec la même intensité dans le temple de Dieu, c’est là quelque chose qui provoque sa colère comme rien d’autre ne peut le faire ! En sommes-nous conscients ? Conscients que notre corps et l’Eglise de Jésus-Christ sont un temple saint qui lui est dédié ? Conscients que rien n’attriste et ne provoque autant le courroux de Dieu que l’idolâtrie pratiquée en ce lieu ?

V 5 à 18 : les 4 abominations :

1.        La 1ère : l’idole de la jalousie : v 5 et 6

La 1ère cause d’abomination provoquant la colère de l’Eternel est l’idole dressée devant l’entrée intérieure du temple, côté nord. Cette idole, placée à la vue des fidèles dès qu’ils approchent du temple, est désignée par le Seigneur lui-même, comme l’idole de la jalousie. Le nom exprime les sentiments qu’elle provoque dans le cœur de Dieu à sa vue. Le préjudice principal que son érection à cet endroit pose est qu’elle détourne du cœur des judéens l’affection qui revenait à Dieu en vertu de son alliance avec eux. L’idole est semblable à une amante qui captive l’amour d’un époux et la déroute à son profit, brisant le cœur de l’épouse. L’Eternel ne nous donne pas d’autre indication sur l’identité de cette idole. Elle se pose en rivale à Dieu, une idole séduisante prétendant offrir à son peuple ce que lui seul peut lui donner.

A quoi correspond pour nous, dans la Nouvelle Alliance, cette idole qui égare le peuple ? A l’écoute de l’enseignement de Jésus et des apôtres, deux choses viennent à l’esprit. La première est l’Argent. Jésus l’a identifié dans le sermon sur la montagne comme le plus sérieux concurrent à Dieu : Matthieu 6,24. Dans le monde dans lequel il se trouve, le disciple de Jésus est dans le danger de faire de l’argent un dieu dans lequel il cherche ce que Dieu seul peut lui donner : sécurité, réponse à ses inquiétudes, refuge… La seconde chose que le Nouveau Testament identifie comme l’idole de la jalousie est l’amour du monde : Jacques 4,4-5. L’amour du monde est, selon Jacques, inimitié contre Dieu. Il vole à Dieu ce qui lui revient de droit. Il repose sur la satisfaction de toutes les convoitises : celles de la chair, de la vue, et de toutes les ambitions issues de l’orgueil.

L’emplacement géographique de l’idole de la jalousie suscite une interrogation. Qu’est-ce qui, à l’entrée de nos vies, de nos foyers de nos églises, saute en premier à la vue des gens ? Notre profonde affection pour Dieu ou notre goût prononcé pour le faste, le luxe, le matériel, le plaisir, l’argent… ? Les gens qui nous côtoient ne sont pas dupes. Nous pouvons leur parler de notre attachement profond à Dieu. Mais, ils remarquent vite par ce qui se trouve à l’entrée de notre vie, si nous disons ou non la vérité. Même nos locaux d’église disent quelque chose au sujet de la gloire que nous recherchons. Leur architecture, leur intérieur, l’impression qui s’en dégage dès qu’on y pénètre, tout contribue à signer ce que nous aimons.

2.       V 7 à 13 : l’idolâtrie secrète des anciens

Les pratiques idolâtres secrètes des anciens de la communauté constituent la seconde abomination qui provoque l’irritation de Dieu contre son peuple. Il aurait été impossible à Ezéchiel de les découvrir si l’Eternel ne les lui avait révélées. La gravité du péché des anciens tient à deux choses. La 1ère tient au lieu où elles se produisent : le temple, le cœur de la vie cultuelle du peuple ; la seconde, à l’identité des personnes dénoncées. Dieu aurait pu, pour donner à Ezéchiel une idée de l’ampleur du mal caché qui se trouve parmi son peuple, lui faire visiter les maisons de Jérusalem. Il aurait constaté ce qui se passait derrière leurs murs. Il ne le fait pas, car Ezéchiel n’aurait eu qu’une connaissance minime de la réalité. Il lui fallait voir le pire : le sacrilège du nom et de la gloire de Dieu dans le lieu même où ils devaient être exaltés par les plus hautes instances du pays.

Que se passe-t-il dans le secret du temple ? « Perce la muraille derrière laquelle se cachent les anciens, et tu le sauras, dit Dieu à Ezéchiel. » Ce qu’il va découvrir va le stupéfier. Dans un pièce qui n’est pas identifiée, Ezéchiel voit 70 hommes, tous responsables connus parmi la communauté, prosternés devant des divinités peintes sur les murs, représentées sous la forme de reptiles et de bêtes monstrueuses. Dans le lieu même où le Dieu unique devait être adoré, le paganisme s’est substitué au monothéisme. Ce n’est pas ici la seconde table de la loi qui est transgressée, mais le 1er commandement de la 1ère table. Si au plus haut niveau de la communauté, l’idolâtrie la plus vulgaire et la plus ténébreuse est pratiquée, que reste-t-il à faire à Dieu ?

La seconde raison de la gravité du péché qu’Ezéchiel constate tient dans l’identité des personnes qui le pratiquent. S’il s’agissait de gens du peuple, ignorants, mal éduqués, la faute serait moindre. Mais il s’agit ici de ceux qui sont à la tête de la communauté : les anciens du peuple chargés de veiller sur lui. Ce qui se passe ici n’est pas nouveau. Dans les discours qu’Il leur a inspiré, l’Eternel a souvent pris pour première cible les responsables : anciens, rois, sacrificateurs, prophètes… C’est d’eux, en effet, que le peuple tire le modèle qu’il est appelé à suivre. C’est pourquoi ce sont eux qui sont les premiers responsables des abominations qui se commettent en son sein. Jésus, lorsqu’Il sera sur terre, ne fera pas autre chose que suivre cette ligne. S’il a fait preuve de vérité envers tous dans Ses paroles, c’est à l’égard des chefs religieux de Son peuple que Ses paroles seront les plus sévères et les plus véhémentes.

Dieu va revenir plus tard sur la responsabilité particulière des bergers quant à l’état dans lequel se trouve le troupeau dont ils ont la garde : Ezéchiel 34. Nous devons, quant à nous, nous souvenir que notre responsabilité est à la hauteur du devoir qu’oblige notre fonction. Nous n’avons devant Dieu ni vie publique, ni vie privée, mais une seule vie dont nous devrons rendre compte. Ce qui est cache aux yeux des hommes ne l’est pas devant lui. Y-a-t-il malheur plus grand pour une communauté lorsque ceux qui sont à sa tête s’entendent en secret pour déshonorer le Dieu qu’ils prétendent servir ?

3.       V 14 et 15 : le culte rendu à Thammuz  

Comme les autres faits idolâtres, ce culte rendu par des femmes se déroulait dans le temple, du même côté que celui où se trouvait l’idole de la jalousie. Le dieu Thammuz était une divinité populaire de l’Orient, dont on retrouve la symbolique chez de nombreux peuples. Thammuz, comme Baal ou Osiris, était un dieu qui passait par la mort et la résurrection, grâce à Ishtar, sa déesse partenaire. Pour des raisons inconnues, peut-être à cause du caractère romantique de son histoire, la popularité de Thammuz était grande auprès des femmes.

Comme il en fut au moment où Jésus allait vers le Calvaire, les femmes de Jérusalem ne pleurent pas pour les bonnes raisons : Luc 23,28. Au lieu de se lamenter sur leur idole, c’est sur elles et sur leur peuple, au bord du jugement, qu’elles auraient dû le faire. Peut-on imaginer la scène ? Nous sommes ici au comble de l’abjection. Aller dans le temple de Dieu pour pleurer une idole qui n’est que le fruit d’un récit mythique ? Y-a-t-il pire égarement, alors que les menaces de la destruction du pays ne cessent d’être réitérées par les prophètes ? N’est-ce pas le temps de se repentir, de venir avec larmes dans le sanctuaire de Dieu, en déchirant ses vêtements, pour implorer son pardon et sa grâce ? Le culte de l’idole de la jalousie, l’idolâtrie des anciens, l’égarement dont font preuve les femmes, tout témoigne que le temps du jugement est aussi le temps où l’aveuglement est à son maximal. Quand les fondements sont renversés, interroge le psalmiste, que peut faire le juste ? : Psaume 11,3.

4.       V 16 à 18 : le culte rendu au soleil 

Continuant la visite des lieux, l’Esprit de Dieu conduit Ezéchiel dans le parvis du temple. 25 hommes, dos tourné à la maison de Dieu, se tenaient dans la direction de l’est, face au soleil. Ces adorateurs de l’astre céleste confirment le jugement de Paul sur l’essence de l’idolâtrie. « Les hommes, dit-il, ont remplace la vérité de Dieu par le mensonge. Ils adorent la créature au lieu du Créateur : Romains 1,24. » Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Nos peuples éduqués et christianisés ne valent pas mieux que les idolâtres panthéistes du passé. Il suffit de voir l’engouement de notre génération pour le culte de Gaïa, la terre-mère, pour s’en rendre compte.

L’idolâtrie est la mère, le commencement de tous les vices. Paul et Ezéchiel le constatent. « Comme ils n’ont pas jugé bon de connaître Dieu, dit l’apôtre, Dieu les a livrés à leur intelligence déréglée, de sorte qu’ils commettent toutes sortes d’actes indignes : Romains 1,28. » Egarés dans leur faux cultes, les Judéens ajoutent à leur faute la violence qui couvre le pays. Le temps est proche où le bâton de Dieu va s’abattre sur eux. En ce jour, les Judéens se souviendront qu’ils avaient un Dieu qui, autrefois, les avait délivrés. Ils crieront à lui, mais il ne les écoutera pas. Sa fureur les consumera sans pitié ni compassion.

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