vendredi 22 mai 2020

EZECHIEL 7

V 1 à 6 : la fin vient

Il est des moments dans la vie où les précautions de langage sont inappropriées. Lorsqu’une catastrophe est à la porte, une seule chose compte : prévenir les habitants de la maison pour qu’ils fuient au plus vite et échappent à la mort. Pour se faire, le lanceur d’alerte doit se faire le plus insistant possible. Quitte à se répéter dix fois, il utilisera la même formule choc de manière à ce qu’elle provoque un sursaut salutaire dans le cœur de ceux qui l’entendent. Tel est le comportement d’Ezéchiel ici. Sentinelle placée par Dieu, le prophète voit venir, du haut de son poste d’observation, la fin pour Juda et tout Israël. Six fois en ces quelques versets, Ezéchiel prévient : la fin vient. Si jusqu’à ce moment, le peuple de Dieu se faisait des illusions quant à un éventuel sursis, il faut qu’il revienne rapidement à lui. Les menaces que Dieu n’a cessées de proférer sur le jugement qui attend son peuple sont en route. Ce n’est qu’une question de brefs instants avant qu’elles ne se réalisent.

Depuis longtemps, liée à la seconde venue de Jésus, la menace du jugement de Dieu pèse sur notre monde. De nombreux signes avant-coureurs de ce jour de colère se manifestent. Mais, malgré leur intensité, les hommes de notre temps sont sourds et incrédules à ce sujet. Il en est même, dit Pierre, qui se comportent comme des moqueurs à ce sujet. « Où est, disent-ils, la promesse de son retour ? En effet, depuis que nos ancêtres sont morts, tout reste dans le même état qu’au début de la création ? : 2 Pierre 3,4. » Ils veulent oublier, dit l’apôtre, qu’une fois déjà la terre fut détruite par le déluge. Or, ce que Dieu a mis en œuvre une fois, il peut le réitérer quand il le veut. Malgré les avertissements répétés et multiples de Dieu, nous devons malheureusement confesser que, par indolence, nous ne faisons pas preuve du zèle que provoque chez Ezéchiel le sentiment d’urgence qui l’anime. Nous ne supplions pas nos contemporains, comme Pierre à la Pentecôte, de se sauver de cette génération perverse qui n’échappera pas à la colère qui vient : Actes 2,40. Il nous faut avec le prophète nous souvenir de l’un des aspects vitaux de notre vocation. Nous sommes plus que des témoins des œuvres passées de Dieu en vue du salut du monde. Nous sommes des sentinelles à l’œil ouvert sur l’avenir. Avant que le jour de la colère de Dieu ne succède à la longue année de sa grâce, il nous faut insister auprès de nos concitoyens : « Nous vous en supplions ! Au nom de Christ, laissez-vous réconciliés avec Dieu : 2 Corinthiens 5,20-21. »

V 7 à 12a : le moment vient, le jour approche

« Le moment vient, le jour approche ! poursuit Ezéchiel. » Si Ezéchiel est si insistant, c’est qu’il a de bonnes raisons de l’être. Le Royaume du Nord détruit, le prophète a vu au cours des décennies qui ont suivi, celui de Juda emprunter les mêmes voies. Or, Ezéchiel le sait : les mêmes causes produisent les mêmes effets. La patience de Dieu envers les peuples s’exerce aussi longtemps qu’il y a un espoir de changement. Mais quand l’infection gagne tout le fruit, quand le péché est à son comble, quand le bien est remplacé par le mal, il n’y a plus qu’une alternative possible : la destruction. C’est à ce stade que se trouve le royaume de Juda. Après le Royaume du Nord, son tour vient et il n’y échappera pas. Le jugement de Dieu n’est pas arbitraire. Il suit une logique précise. Mais, une fois le point de non-retour atteint, il s’exerce d’une manière implacable. A ce moment-là, il n’y a plus chez Dieu ni pitié, ni compassion, seulement le désir irrépressible que justice soit faite.

V 12b à 22 : le temps des affaires est fini

Le monde dans lequel nous vivons est essentiellement un monde commerçant. Les temps ont beau être difficiles : l’obsession première des hommes continue à se porter sur l’acquisition toujours nouvelle de biens de consommation. Alors que des catastrophes naturelles s’abattaient sur des cités, des reportages ont montré que le souci premier de beaucoup était d’aller piller les magasins. Ezéchiel est témoin en son temps de cette mentalité profondément ancrée dans les cœurs. Le jour du jugement sera un choc terrible pour tous ceux pour qui vendre et acheter constitue la préoccupation première. En ce jour, ni l’argent, ni l’or n’auront de valeur. Le jour de la colère de Dieu sera le jour du nivellement de toutes les différences. Il n’y aura plus ni riches, ni pauvres. Tous jetteront leur argent et leur or par les fenêtres, ou dans les rues. Tous se lamenteront sur leur capital qui sera perdu et ne vaudra plus rien. Tous pleureront sur les idoles qu’ils se sont fabriquées avec leurs bijoux et qui ne leur seront d’aucun secours.

Que sert-il, en effet, à un homme d’être riche face à une épée qui le menace de mort ? A jour du jugement, les trois fléaux de Dieu, l’épée, la famine et la peste, se coalisent dans une parfaite synchronisation pour ne laisser échapper personne. Rassemblés sur les montagnes d’Israël, les survivants n’auront que leurs yeux pour pleurer. Tous, dit Ezéchiel, baissent les bras, plient les genoux, se lamentent couverts de sacs et tremblent comme des feuilles mortes : v 17. Le précédent que constitue la ruine qu’a connu Juda se répétera aux jours de la fin. Alors que les hommes seront soucieux de marchander et de s’enrichir, une ruine soudaine s’abattra sur eux. A cause de la chute brutale du système qui soutenait l’économie des peuples interconnectés, une dépression immense s’emparera des esprits. L’Apocalypse de Jean nous rend compte de ces moments terribles où les appuis qui soutenaient le monde se briseront sous la poussée des coups de la justice de Dieu : Apocalypse 18,9 à 19.

V 23 à 27 : le temps de l’angoisse

Le temps du jugement est un temps d’angoisse paroxystique. Alors que jusque-là on affichait un mépris royal à l’égard de la Parole de Dieu, on se mettra à chercher en Juda les prophètes, les prêtres ou les conseillers du pays. Mais leur service ne sera plus d’aucun secours. Le roi et les grands du pays sont dans l’impuissance totale. Telle une marée submergeant tout, les conquérants babyloniens s’emparent sans résistance du pays. Les hommes sont tués, faits prisonniers ou exilés, les maisons réquisitionnés, les sanctuaires profanés. C’est l’heure pour le peuple de Dieu et pour chacun de recevoir le salaire que méritent ses œuvres. Il est trop tard ici pour chercher Dieu !


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