mercredi 20 mai 2020

EZECHIEL 5

V 1 à 4 : la barbe rasée

A la suite des instructions précédentes, Ezéchiel est appelé à illustrer de nouveau le message qu’il destine à son peuple par une leçon de choses marquante. Dans le chapitre précédent, Ezéchiel devait être lié de cordes et se tenir couché pendant 430 jours face à la maquette de la ville assiégée qu’il avait fabriquée. Cette fois-ci, c’est à sa physionomie que l’Eternel lui demande de s’attaquer, en se rasant complètement la tête, barbe et cheveux. Le symbolisme auquel va se plier le prophète dépasse le stade de l’illustration. En tant que prêtre, nous ne savons pas si Ezéchiel avait fait vœu de naziréat. Dans ce cas, ses cheveux et sa barbe étaient signes de consécration totale à Dieu : Nombres 6,5. Outre ce fait, il est connu que les Israélites portaient souvent une longue barbe, dont la loi interdisait de couper les coins : Lévitique 19,27. Se couper les cheveux ou la barbe était un geste fort que l’on pratiquait sur soi en signe de deuil : Esaïe 15,2. C’est ce message que Dieu demande à Ezéchiel de faire passer à son peuple.

La parabole que Dieu demande à Ezéchiel d’utiliser pour parler à son peuple ne se limite pas au rasage de ses cheveux et de sa barbe. Elle se poursuit par un tri des éléments obtenus en trois tas pesés et distincts. Un tiers de la masse pileuse récupérée devait être brûlée au milieu de la ville, un tiers frappé par l’épée autour de la cité, et un tiers dispersé au vent et poursuivie par l’épée. L’illustration est sans ambiguïté quant à sa signification prophétique. Le peuple de Dieu ne doit pas s’attendre à rester dans la ville où il se trouve. Le jugement de Dieu va le décimer par le feu, par l’épée et par l’exil.

V 5 à 9 : procès de Jérusalem l

« On entend dire partout qu’il y a de l’immoralité parmi vous, et une immoralité telle qu’il ne s’en rencontre même pas chez les païens, écrit Paul aux Corinthiens : 1 Corinthiens 5,1. » Ce que Paul dit à l’Eglise de Corinthe, Ezéchiel le dit ici à Jérusalem. Jérusalem, la ville de Dieu, était destinée à devenir le phare spirituel du monde. Le respect de la loi de Dieu, de ses règles et de ses prescriptions devait donner au peuple de Dieu une sagesse qui fonderait sa réputation : cf Deutéronome 4,5-6. Mais la Jérusalem du temps d’Ezéchiel est aux antipodes du but de Dieu pour elle. En place d’être le témoignage de l’intelligence divine, Jérusalem s’est montré pire dans ses exactions, son idolâtrie et ses vices que les nations qui ne connaissaient pas Dieu. Dieu ne veut plus de cette Jérusalem-là. Il ne la supporte plus. Elle est devenue une honte pour son nom. C’est pourquoi il va lui infliger un châtiment qu’il n’a jamais appliqué et qui ne se reproduira plus dans l’histoire. Le malheur, l’extrémité dans lesquels va être plongé la ville et ses habitants, seront causés par des outils humains. Mais c’est Dieu qui en sera l’origine. Le jeu de rôle que joue Ezéchiel est là pour l’attester.

V 10 à 12 : je serai sans compassion

Avant même que les faits se produisent, la loi édictée par Moïse avait prévenu Israël. « Au milieu de l’angoisse et de la détresse où te réduira ton ennemi, tu mangeras tes enfants, la chair des fils et des filles que l’Eternel, ton Dieu, t’aura donnés… : Deutéronome 28,53 à 58. » Le volet des malédictions réservées au peuple de Dieu rebelle prévoyait que Dieu, dans son abandon, pouvait le plonger dans un état moral pire que les peuples barbares. Comme Israël a joui de toutes les bénédictions incluses dans la loi, il revenait à Dieu, en vertu de la même fidélité à sa parole, de lui appliquer toutes les menaces prévues suite à sa rébellion. L’impensable allait se produire. Le cannibalisme était une pratique connue des tribus primitives et sauvages. Il consistait à manger la chair des prisonniers de guerre. Mais ici, résultat de la tactique du siège babylonien de la ville, ce seront les membres de leur propre famille que les Juifs dévoreront pour calmer leur faim. Le triple fléau prévu par Dieu, peste, famine et épée, va s’abattre sans pitié sur Jérusalem. Il sera trop tard alors pour pleurer et se repentir.

V 13 à 17 : j’obtiendrai réparation

Il est de la justice de Dieu de rendre à chacun selon ses œuvres. Plus un homme ou un peuple a reçu de lui, plus il lui est redevable. La colère que Dieu exprime ici envers Jérusalem n’a rien d’arbitraire. Elle est le salaire que sa justice réclame pour que réparation soit faite à son honneur bafoué. Parce que Jérusalem est allé au bout de son infidélité envers Dieu, celui-ci ira au bout de sa fureur jalouse contre elle. Le mépris dont va être l’objet le peuple de Dieu n’a d’égal que celui qu’il a engendré parmi les nations à son égard par ses abominations. Le but de l’existence d’Israël est de faire connaître Dieu au monde. Lorsqu’il ne peut l’être par ses bontés, il se révèle par sa justice !


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