V 1 à 4 : la
barbe rasée
A la suite des instructions
précédentes, Ezéchiel est appelé à illustrer de nouveau le message qu’il
destine à son peuple par une leçon de choses marquante. Dans le chapitre
précédent, Ezéchiel devait être lié de cordes et se tenir couché pendant 430
jours face à la maquette de la ville assiégée qu’il avait fabriquée. Cette
fois-ci, c’est à sa physionomie que l’Eternel lui demande de s’attaquer, en se
rasant complètement la tête, barbe et cheveux. Le symbolisme auquel va se plier
le prophète dépasse le stade de l’illustration. En tant que prêtre, nous ne
savons pas si Ezéchiel avait fait vœu de naziréat. Dans ce cas, ses cheveux et
sa barbe étaient signes de consécration totale à Dieu : Nombres 6,5. Outre ce fait, il est connu que les
Israélites portaient souvent une longue barbe, dont la loi interdisait de
couper les coins : Lévitique 19,27. Se
couper les cheveux ou la barbe était un geste fort que l’on pratiquait sur soi
en signe de deuil : Esaïe 15,2. C’est ce
message que Dieu demande à Ezéchiel de faire passer à son peuple.
La parabole que Dieu demande à
Ezéchiel d’utiliser pour parler à son peuple ne se limite pas au rasage de ses
cheveux et de sa barbe. Elle se poursuit par un tri des éléments obtenus en
trois tas pesés et distincts. Un tiers de la masse pileuse récupérée devait
être brûlée au milieu de la ville, un tiers frappé par l’épée autour de la cité,
et un tiers dispersé au vent et poursuivie par l’épée. L’illustration est sans ambiguïté
quant à sa signification prophétique. Le peuple de Dieu ne doit pas s’attendre
à rester dans la ville où il se trouve. Le jugement de Dieu va le décimer par
le feu, par l’épée et par l’exil.
V 5 à 9 : procès
de Jérusalem l
« On entend dire partout
qu’il y a de l’immoralité parmi vous, et une immoralité telle qu’il ne s’en
rencontre même pas chez les païens, écrit Paul aux Corinthiens : 1 Corinthiens 5,1. » Ce que
Paul dit à l’Eglise de Corinthe, Ezéchiel le dit ici à Jérusalem. Jérusalem, la
ville de Dieu, était destinée à devenir le phare spirituel du monde. Le respect
de la loi de Dieu, de ses règles et de ses prescriptions devait donner au
peuple de Dieu une sagesse qui fonderait sa réputation : cf Deutéronome 4,5-6. Mais la Jérusalem du temps d’Ezéchiel
est aux antipodes du but de Dieu pour elle. En place d’être le témoignage de l’intelligence
divine, Jérusalem s’est montré pire dans ses exactions, son idolâtrie et ses
vices que les nations qui ne connaissaient pas Dieu. Dieu ne veut plus de cette
Jérusalem-là. Il ne la supporte plus. Elle est devenue une honte pour son nom.
C’est pourquoi il va lui infliger un châtiment qu’il n’a jamais appliqué et qui
ne se reproduira plus dans l’histoire. Le malheur, l’extrémité dans lesquels va
être plongé la ville et ses habitants, seront causés par des outils humains. Mais
c’est Dieu qui en sera l’origine. Le jeu de rôle que joue Ezéchiel est là pour
l’attester.
V 10 à 12 : je
serai sans compassion
Avant même que les faits se
produisent, la loi édictée par Moïse avait prévenu Israël. « Au milieu
de l’angoisse et de la détresse où te réduira ton ennemi, tu mangeras tes
enfants, la chair des fils et des filles que l’Eternel, ton Dieu, t’aura donnés… :
Deutéronome 28,53 à 58. » Le volet des
malédictions réservées au peuple de Dieu rebelle prévoyait que Dieu, dans son
abandon, pouvait le plonger dans un état moral pire que les peuples barbares. Comme
Israël a joui de toutes les bénédictions incluses dans la loi, il revenait à
Dieu, en vertu de la même fidélité à sa parole, de lui appliquer toutes les
menaces prévues suite à sa rébellion. L’impensable allait se produire. Le
cannibalisme était une pratique connue des tribus primitives et sauvages. Il
consistait à manger la chair des prisonniers de guerre. Mais ici, résultat de
la tactique du siège babylonien de la ville, ce seront les membres de leur
propre famille que les Juifs dévoreront pour calmer leur faim. Le triple fléau
prévu par Dieu, peste, famine et épée, va s’abattre sans pitié sur Jérusalem. Il
sera trop tard alors pour pleurer et se repentir.
V 13 à 17 : j’obtiendrai
réparation
Il est de la justice de Dieu de
rendre à chacun selon ses œuvres. Plus un homme ou un peuple a reçu de lui,
plus il lui est redevable. La colère que Dieu exprime ici envers Jérusalem n’a
rien d’arbitraire. Elle est le salaire que sa justice réclame pour que
réparation soit faite à son honneur bafoué. Parce que Jérusalem est allé au
bout de son infidélité envers Dieu, celui-ci ira au bout de sa fureur jalouse
contre elle. Le mépris dont va être l’objet le peuple de Dieu n’a d’égal que
celui qu’il a engendré parmi les nations à son égard par ses abominations. Le but
de l’existence d’Israël est de faire connaître Dieu au monde. Lorsqu’il ne peut
l’être par ses bontés, il se révèle par sa justice !
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