Il est impossible d’évoquer Dieu
sans la gloire. La gloire est l’environnement dans lequel Dieu se meut comme un
poisson dans l’eau ou un oiseau dans l’air. La gloire est cependant plus qu’un
élément extérieur à Dieu. Elle est la manifestation, l’éclat merveilleux qui
émane de son Être. La gloire est si intimement liée à Dieu que, dans son
palais, tout s’écrie : Gloire ! : Psaume
29,9. La splendeur et la magnificence sont devant sa face, la gloire et
la majesté sont dans son sanctuaire : Psaume 96,6.
Aussi, dès la construction d’une maison pour Dieu, le tabernacle, la gloire va
la remplir : Exode 40, 34 à 38. La preuve
que Dieu résidait vraiment dans la tente de la Rencontre érigée par Moïse était
la présence visible de la gloire.
La présence de la gloire au
milieu du peuple de Dieu était la garantie de sa sécurité. Il y eut un jour où,
suite à la désobéissance des Israélites, l’Eternel permit aux philistins de
voler l’arche de l’alliance. L’arche était le lieu par excellence où Dieu se
tenait dans le tabernacle. A cette nouvelle désastreuse, la femme d’un des fils
du grand-prêtre en exercice, Eli, accoucha et mourut. Elle eut le temps
d’apprendre, avant d’expirer, qu’elle donnait naissance à un fils. Elle
l’appela l’enfant I-Kabod et justifia cette appellation en disant :
« La gloire est bannie d’Israël ! » : 1 Samuel 4,19 à 22. I-Kabod pourrait être le titre
légitime donné à cette partie du livre d’Ezéchiel. Les chapitres qui suivent
nous relatent les causes du drame majeur que va être la dispersion et la disparition
d’Israël du cortège des nations. Ce drame a une raison : l’idolâtrie
récurrente et les forfaits multiples dont s’est rendu coupable le peuple de
Dieu. La désobéissance opiniâtre dont ont fait preuve le peuple et ses
dirigeants a fini par lasser la patience de Dieu au point de l’amener à prendre
la décision de déserter Israël, Jérusalem et le temple. La gloire est bannie
d’Israël. Elle quitte la maison de Dieu, laissant le peuple sans défense livré
à ses ennemis. Ezéchiel a la charge d’annoncer cette terrible nouvelle. Avec
l’aide de Dieu, il le fera dans la douleur, mais sans indulgence envers
quiconque. A la lecture de son réquisitoire, nous ne pouvons dire que ce n’est
que justice quand Dieu décide de se retirer de la compagnie des hommes si irrespectueux
de ce qu’Il est ! Rien n’est plus terrible à vivre pour l’humanité que
l’instant où Dieu retire sa gloire du milieu d’elle !
CHAPITRE 4
V 1 à 3 :
mise en scène
Il y a toujours eu de la part de
Dieu le souci de rendre son message explicite autrement que par la Parole. Le
serpent dressé sur le bois dans le désert : Nombres
21,8-9, la manne : Exode 16,31, le
rocher qui suivait le peuple : Exode 17,6,
étaient des figures qui parlaient de réalités qui les dépassaient. Dans la même
logique illustrative, l’Eternel appelle Ezéchiel à mettre en scène par des
miniatures le siège auquel doit s’attendre Jérusalem. Qui voudrait imiter dans
le Seigneur dans cette façon pédagogique d’agir doit tenir compte d’un principe
mis en œuvre ici. Ce principe est que, toujours, l’illustration choisie se doit
d’être aussi explicite que le message qu’elle soutient. Si ce n’est pas le cas,
elle ne sert pas, mais dessert celui-ci. Si l’ordre de l’Eternel s’était arrêté
au verset 3, il aurait été plaisant pour Ezéchiel de l’exécuter. Mettant à
l’œuvre sa capacité créatrice, il se serait fait un jeu de faire deviner par sa
construction ce que Dieu voulait communiquer à son peuple. Mais l’intention de
Dieu dans l’implication de son serviteur dépasse largement la mise en œuvre
figurative et théâtrale de son message.
V 4 à 13 :
tu porteras leur faute
Que représente Jésus-Christ pour
nous ? Lorsque nous évoquons son nom, à quel moment et à quel objet
pensons-nous immédiatement ? Quelle est la scène qui, spontanément, se
présente à nos yeux ? Pour le disciple du Christ, il n’y en a qu’une :
la croix érigée à Golgotha. La croix est le moment majeur du ministère de
Jésus, le plus douloureux, le plus abject. Il est celui où le saint Fils de
Dieu a porté nos fautes devant son Père.
Ezéchiel n’est pas appelé à
monter sur une croix. Mais l’Eternel lui impose une mission figurative qui est
porteuse de la même réalité : porter la faute de son peuple. Couché au sol
pendant 430 jours, lié par des cordes pour entraver sa liberté de mouvement,
rationné dans sa nourriture et la quantité d’eau disponible pour le désaltérer,
Ezéchiel devait rendre visuelle par l’épreuve qu’il lui imposait la souffrance
qu’allait connaître dans un avenir proche tout son peuple. Le nombre de jours
que doit passer le prophète, couché, entravé, correspond exactement au compte
d’années dont Israël, puis Juda, s’est rendu coupable d’idolâtrie devant Dieu.
Au service de Dieu, remarquons que, pas un seul instant, l’Eternel requerra
l’accord d’Ezéchiel. Ezéchiel est le doulos de Dieu, son esclave. Comme
il le lui a signifié, il ne s’appartient plus. Ce premier exercice imposé est
là pour le concrétiser.
Il ne nous est pas possible de
mesurer la dose de souffrances vécues par ceux qui, tout au long de l’histoire,
furent choisis par Dieu pour être les porteurs de sa révélation. Un point
commun les relie tous. Ils n’ont pas aimé leurs vies jusqu’à craindre la mort.
Serviteurs de Dieu, ils ont tous été les témoins et les porteurs de l’image du
Serviteur par excellence, Jésus-Christ. L’expiation qu’a accomplie le Fils de
Dieu dans l’histoire est unique, inimitable et irremplaçable. Mais, quelque
part, qu’ils l’aient précédé ou suivi, les serviteurs de Dieu rendent complètes
par leurs souffrances celles qu’a connues le plus parfait d’entre eux dans son
corps : Colossiens 1,24. Moïse, David,
Ezéchiel, Paul nous parlent tous de Jésus. Car Dieu leur a fait l’honneur, non
seulement de croire en lui, mais aussi de souffrir pour et avec lui !
V 14 à 17 : clause
d’aménagement
A l’écoute du scénarii auquel il
devait se soumettre pour visualiser le message que Dieu voulait communiquer à
son peuple, Ezéchiel fit part à son Seigneur de ses réticences. Comme l’apôtre
Pierre au jour où il reçut la vision qui lui ordonnait d’aller vers les
païens : Actes 10,13-14, ce que Dieu exigeait
de lui allait profondément à l’encontre de la notion de sainteté qui l’habitait.
Avant d’être prophète, Ezéchiel était prêtre, un homme consacré à Dieu. Dieu le
savait. Pourtant, il n’hésite pas à lui demander de faire quelque chose qu’il
sait révulser profondément son serviteur. La réaction d’Ezéchiel est du même
ordre, quoique pour une raison moindre, que celle de Jésus face à la
perspective de la croix. Pour Ezéchiel comme pour Jésus, ce que Dieu leur demande
est de se souiller. Cela consiste à se laisser salir par les déchets exécrables
qui sortent des hommes. Avec d’autres, Dieu impose ici à Ezéchiel d’être de
manière figurative un type du Christ. Il nous montre sous un angle inédit le
caractère répugnant qu’a prise pour le Saint et le Juste l’expiation, le fait
de porter les péchés de son peuple. Outre le fait de parler à son peuple, la
mission du prophète est aussi, comme le reste de l’Ecriture, de parler de
lui : Jean 5,39.
Par égard pour la sensibilité
d’Ezéchiel, Dieu va lui accorder une mesure de faveur. Au lieu d’excréments
humains, le prophète pourra, pour cuire ses aliments utiliser du fumier de
bétail. La clause d’aménagement n’ôte pas le caractère répugnant de l’exercice,
mais elle l’adoucit. Jésus, quant à lui, ne bénéficiera pas de cette grâce. Bien
qu’ayant présenté à grands cris et avec larmes des prières à celui qui pouvait
lui épargner la mort, le Fils ne bénéficiera d’aucune mesure de douceur. Il
devra porter en son corps toute la malédiction conséquente au péché. Il l’a
fait pour nous. Il a vécu l’horreur de la salissure de la croix pour que nous
soyons lavés, purifiés à jamais de nos souillures. Que la reconnaissance de nos
cœurs lui soit éternelle !
Sommes-nous prêts à être des
portraits figuratifs de Christ, dans sa vie, sa mort, ses souffrances ?
Serais-je prêt comme Osée d’épouser une femme infidèle pour signifier à Israël
la souffrance que représente pour le cœur de Dieu ses adultères
répétitifs ? Suis-je prêt comme Job de souffrir sans cause, d’être l’objet
du harcèlement du malin, de tout perdre pour justifier Dieu et démontrer que
son amour vaut mieux que la vie ? Nous sommes, en tant que rachetés, le
corps de Christ. Par nous, Dieu veut exprimer ce qu’il est ! Que Dieu nous
donne la grâce de vivre en lui et pour lui ce pour quoi il nous a choisi !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire