vendredi 22 mai 2020

EZECHIEL 11

V 1 à 3 : le groupe des profiteurs

Il y a toujours eu, dans des périodes de crise, des hommes qui se sont retrouvés entre eux pour voir comment tirer le meilleur parti de la situation. Sans scrupules, ces comploteurs n’ont en vue qu’une seule chose : leur profit et leurs intérêts. Peu importe que la situation de la nation soit gravissime ! Ce qui compte pour eux n’a rien à voir avec l’ordre moral des choses. Ils n’ont d’yeux, dirait Paul, que pour leur ventre.

Alors qu’Ezéchiel est le sujet de visions des plus glorieuses, il est soudainement ramené aux réalités les plus terre à terre qui soient. Saisi par l’esprit, il est transporté à la porte de la maison de l’Eternel, côté Est. Là, il y découvre 25 hommes qui ne sont là ni pour adorer, ni pour prier, ni pour sacrifier, mais pour se concerter au sujet de leur avenir immédiat. « Certes, le jugement va venir, se disent-ils ! Mais ce n’est pas pour tout de suite. On peut encore faire des affaires ! La ville est comme une marmite ! Mais nous sommes la viande en son sein ! Si nous nous entendons entre nous, la meilleure part peut nous revenir maintenant ! » La mentalité qui prévaut dans le cœur de ces hommes est, selon Jésus, aussi celle qui primera dans le monde avant son retour. « Ce qui arriva du temps de Noé arrivera de même à l’avènement du Fils de l’homme. Car, dans les jours qui précédèrent le déluge, les hommes mangeaient et buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; et ils ne se doutèrent de rien, jusqu’à ce que le déluge vînt et les emportât tous : il en sera de même à l’avènement du Fils de l’homme : Matthieu 24,37 à 39. » L’idolâtrie la plus couramment dénoncée en Israël est celle qui consiste à substituer à Dieu d’autres dieux d’origine païenne. Mais la plus récurrente est sans nul doute le matérialisme. C’est cette forme d’idolâtrie qui habite le cœur de ce groupe d’Israélites désireux de devenir, au travers de la ruine qui s’approche, les futurs notables de la ville.

Avec ce groupe, Ezéchiel a fait le tour de tout ce qui se trame dans la maison de l’Eternel. On comprend dès lors pourquoi la décision arrêtée de Dieu de quitter le temple est prise. La maison de Dieu n’est plus qu’un lieu de réunion qui sert à tous les prétextes, sauf celui pour laquelle elle a été conçue à l’origine. Face à ce qu’on y trouve, il n’y a en réalité que deux solutions possibles. Soit, comme le fera Jésus, il faut chasser avec violence tous ceux qui y trafiquent : cf Jean 2,15-16. Soit, c’est Dieu lui-même qui, en quittant le lieu, le désavoue et le livre à la colère. C’est ce qu’il décide de faire ici.

V 5 à 13 : l’épée sera votre jugement

Quel message Dieu a-t-il pour le groupe de matérialistes qui se retrouvent pour comploter contre le peuple dans sa propre maison ? Le même que pour les autres ! Le fléau qui s’approche et qu’ils ne veulent pas voir les frappera, comme il a frappé déjà nombre d’hommes avant eux. Et, pour leur signifier qu’ils sont dans l’illusion quant au temps qu’ils ont devant eux, l’un d’entre eux, Pelathia, meurt sur le champ. Il faut parfois user de méthodes cruelles pour ramener les hommes à la raison. Mais les moyens utilisés sont à la hauteur de l’aveuglement qui obscurcit les cœurs. Or, dans ce domaine, rien n’est pire que l’ambition que fait naître la soif du pouvoir et le désir de s’enrichir. C’est ce péché qui, dans la communauté nouvelle née de la résurrection du Christ, fut la cause du premier châtiment qui valut lui aussi la mort de ceux qui le commirent : cf Actes 5,1 à 10. On ne se moque pas de ce qui est sacré. La vie humaine, nous devons le savoir, n’a pas une valeur supérieure à la gloire de Dieu. Que la crainte de son nom habite le cœur de son peuple !

V 14 à 24 : message aux exilés

Si la parole de l’Eternel n’est porteuse d’aucune grâce, ni d’aucun avenir pour le groupe qui complote dans les parvis du temple, tel n’est pas le cas pour ceux qui sont exilés avec Ezéchiel en Babylonie. Certes, les compagnons d’Ezéchiel, emportés avec lui n’ont pas le privilège d’être là où se trouve le temple. Mais, à cette heure, ce n’est pas là ce qui compte. Au temps de Jérémie déjà, l’illusion qui prévalait et qui faisait que les Juifs restaient incrédules à l’égard de sa prédication, était qu’ils leur étaient impossible de croire à la menace d’une déportation à cause de la présence du temple : Jérémie 7,4. Le temple, leur dira Jérémie, est le lieu de la présence de Dieu, mais non la garantie de cette présence. En tant que bâtiment, il n’a aucune vertu sacrée si ce n’est par la présence de celui qui l’habite. Au jour où Dieu déserte le temple, il n’est plus qu’une coquille vide. Or, c’est là ce qui va se produire.

Si le temple disparaît, la présence de Dieu, qui faisait de lui un sanctuaire, ne peut être anéantie. Les Juifs exilés, dit Ezéchiel, sont loin de la maison de Dieu construite par Salomon. Mais cet éloignement ne saurait empêcher Dieu d’être présent avec eux. Destinée à leur apporter consolation, la promesse que fait Ezéchiel aux exilés dépasse le cadre de leur situation. Elle est l’anticipation prophétique de ce que sera la réalité du temple après la venue de Jésus. Le Seigneur l’a dit à la Samaritaine. Le lieu où chacun se trouve pour rendre son culte à Dieu n’est plus important. « L’heure vient où ce n’est ni sur cette montagne, ni à Jérusalem que vous adorerez le Père… L’heure vient, et elle est déjà là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité : Jean 4,21 à 23. » La promesse faite par Jésus à la samaritaine sera renouvelée à ses disciples au moment de son départ final : Matthieu 28,20. Elle est d’actualité chaque fois que quelques disciples se retrouvent quelque part en son nom : Matthieu 18,20.

A la promesse de la présence de Dieu avec eux, Ezéchiel en adjoint plusieurs qui touchent à leur avenir. La première est celle selon laquelle la situation d’exil que vivent les Israélites qui sont avec Ezéchiel à Babylone, est provisoire. Le jour viendra où l’exil se terminera. De la même façon que Dieu a agi pour disperser son peuple désobéissant, il étendra sa main pour les faire sortir du milieu des nations et les reconduire dans leur territoire, en Israël. La promesse donnée ici s’accomplira historiquement en plusieurs étapes. La première se déroulera au temps de Néhémie et d’Esdras où, sous l’impulsion des souverains perses, les Juifs recevront l’autorisation de retourner à Jérusalem pour reconstruire la ville et le temple. La seconde se produit en notre temps où, après des siècles d’exil, Israël existe de nouveau en tant que peuple sur son territoire.

Le retour d’Israël dans sa terre n’est pas, comme certains le pensent, un accident de l’histoire. Elle est la confirmation de son élection comme peuple mis à part pour le révéler. Israël est le peuple à qui Dieu a donné l’adoption, la gloire, les alliances, la loi, le culte, les promesses, les patriarches et le Christ : Romains 9,4-5. C’est sur sa racine qu’est entée l’Eglise. Les promesses données par Dieu à Abraham ne sont pas caduques, malgré la désobéissance d’Israël. Elles restent valides pour la durée des temps. Le don d’un pays propre à Israël fait partie dès le début des engagements de Dieu envers Jacob. C’est pourquoi, simultanément à l’annonce de l’exil, la promesse est faite qu’Israël reviendra de sa dispersion et sera de nouveau rassemblé sur sa terre.

A cette promesse, Dieu en ajoute une seconde qui trouve sa réalisation dans la Nouvelle Alliance. Que servirait-il en effet aux Israélites de retrouver leur terre, si ce qui a conduit Dieu à les en rejeter n’était traité ? Ce dont Israël a le plus besoin n’est pas de faire partie à nouveau du concert des peuples. Il faut qu’Israël naisse de nouveau, que le cœur de pierre des Israélites soient changés en cœur de chair, qu’un esprit nouveau, totalement différent du précédent, les habite. Ezéchiel n’est pas le seul à faire cette déclaration prophétique. Jérémie l’a précédé. Témoin de la prise de Jérusalem par les babyloniens, Jérémie a annoncé la conclusion d’une Nouvelle Alliance entre Dieu et Israël, fondée sur le pardon des péchés et une vie nouvelle engendrée par l’Esprit : Jérémie 31,31 à 34. C’est au sein de cette Nouvelle Alliance que vont se retrouver Juifs et non-Juifs, régénérés par le même souffle et sauvés par la même grâce en Jésus-Christ. Le mur de séparation qui divisait le monde entre Israël et les peuples païens est ici aboli : Ephésiens 2,11 à 18. Il n’y a plus qu’un seul peuple de Dieu, adopté et aimé en Jésus-Christ.

Pour l’heure, la pleine réalisation de la promesse est à venir. Elle s’accomplira dans sa totalité au jour où Israël repentant pleurera sur celui qu’ils ont percé : Zacharie 12,10. Ce jour sera un jour de joie pour le monde. Car, dit Paul, « si le faux pas des Juifs a fait la richesse du monde et leur déchéance la richesse des non-Juifs, cela sera d’autant plus le cas avec leur complet rétablissement : Romains 11,12. » C’est par la grâce seule que tous, Juifs et non-Juifs, sommes sauvés. Que Dieu fasse que, bientôt, Israël revienne à lui et à son Christ.


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