V 1 à 9 : appel
et mission d’Ezéchiel
V 1 et 2 : debout
par l’Esprit
Nous avons quitté, à la fin du
chapitre 1, Ezéchiel face contre terre suite à la fulgurance de la révélation
reçue. La réaction d’Ezéchiel n’est pas unique. Elle rejoint celle de Daniel
face au messager divin qui lui parle : Daniel 8,17 ;
10,9, ou de Jean face à Jésus glorifié : Apocalypse
1,17. Il est impossible à l’homme naturel de supporter la vision de la
gloire qui vient du royaume de Dieu. Il lui faut bénéficier d’une grâce
particulière pour cela. C’est ce que va vivre Ezéchiel. Alors qu’il mord la
poussière, l’Esprit de Dieu, avec toute la douceur qui le caractérise, relève
le prophète. Ezéchiel peut alors se tenir sur ses pieds pour recevoir de son
Dieu l’ordre de mission qui lui est destiné.
S’il nous faut pour un instant
être jeté face à terre contre Dieu, il n’est pas dans le plaisir de Dieu de
nous laisser dans cette position. Pour un temps, il nous est bon d’être humilié :
Lamentations 3,25 à 28. Le brisement, l’humiliation,
le sentiment de notre néant, la conscience de notre état de péché sont des préliminaires
nécessaires à un service utile à Dieu. Nous ne nous tenons pas debout pour
parler en son nom par notre propre force, mais par celle de son Esprit. Et seul
celui qui sait qu’il n’a rien à faire valoir bénéficie de ses ressources.
V 3 à 5 :
la cible
Ezéchiel debout sur ses deux
pieds, l’Eternel lui précise la cible de la mission qu’il lui confie. Dieu l’envoie
en premier auprès de son peuple, les Israélites. Israël est le peuple élu de
Dieu. A cause de sa vocation particulière, c’est vers lui que s’oriente en
premier la parole de Dieu. Après que les Juifs aient rejeté le Christ, leur Sauveur,
l’apôtre Paul ne dérogera pas de cette priorité. L’Evangile, dit-il, est la
puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif d’abord, puis du
non-Juif : Romains 1,16. Avant Paul, l’Eternel
ouvre à Ezéchiel les portes d’un ministère dont la portée est universelle. Il ira
vers les Israélites, mais aussi vers des nations rebelles qui se sont élevées
contre lui. Les subdivisions du livre d’Ezéchiel suivront l’ordre de priorité
établi ici par Dieu pour lui.
Ezéchiel n’est pas encore entré
dans son ministère public. Mais l’Eternel le prévient : sa tâche ne sera
pas aisée. Le peuple vers lequel il l’envoie, son peuple, est un peuple rétif.
Sa tête est dure et son cœur endurci. Cet état ne date pas d’hier. Il est la
caractéristique récurrente des générations qui ont précédé celle à laquelle Ezéchiel
va s’adresser. « Hommes réfractaires, incirconcis de cœur et d’oreilles !
Vous vous opposez toujours au Saint-Esprit, vous êtes bien comme vos ancêtres »,
leur dira des siècles plus tard Etienne, le martyr : Actes 7,51. Oui, c’est vers des rebelles (mot qui
revient ici 7 fois) qu’Ezéchiel est envoyé. Il ne doit donc pas s’attendre à
être accueilli à bras ouverts.
Dans le chapitre 33 de son livre,
l’Eternel va préciser à nouveau quel est le rôle qu’Ezéchiel va devoir jouer auprès
des Israélites. Il est une sentinelle appelée à les avertir. Sa responsabilité
est de leur parler au nom de son Dieu. La leur est de l’écouter. Ezéchiel ne
doit pas conditionner la fidélité à sa mission à leur réaction. Que les
Israélites l’écoutent ou non, ils doivent savoir qu’un prophète mandaté par
Dieu se tient au milieu d’eux. Sa présence servira de témoignage contre eux. Au
jour où la tempête dévastatrice de la colère de Dieu s’abattra sur eux, aucun
ne pourra dire qu’il n’était pas prévenu.
V 6 à 8 :
quant à toi…
Tous les prophètes appelés par
Dieu peuvent en témoigner : le ministère est un service à risque. A plusieurs
reprises, Jérémie ne manquera pas de s’en plaindre au Seigneur : Jérémie 15,10 à 21 ; 20,14 à 18. Le danger auquel
Ezéchiel est exposé, en tant que prophète, est double. Le premier est de céder
à la pression qui va être exercée sur lui pour qu’il se taise. Ezéchiel doit
savoir qu’il ne peut se fier à personne dans son entourage. La corruption des cœurs
est telle qu’il n’y a autour de lui ni droiture, ni fidélité. Juda est devenu
un champ de ronces et d’épines, habité par des scorpions. La fourberie et la
traîtrise sont partout. Ezéchiel doit refuser de se laisser impressionner par
les autres. La crainte de Dieu doit prévaloir dans son cœur par rapport à la
crainte des hommes. Le second danger qui guette le prophète, non des moindres,
est la tentation de la conformité au milieu dans lequel il se trouve. Le cœur d’Ezéchiel
n’est pas infaillible. Pour être fidèle à Dieu, il devra veiller avec une
attention particulière sur lui-même. Qu’Ezéchiel se souvienne de Moïse et David !
L’appel de Dieu ne garantit pas par lui-même l’immunité contre la faute. « L’esprit
est bien disposé, dira Jésus à ses disciples, mais la chair est faible ? Restez
vigilants et priez : Matthieu 26,41. »
V 8 et 9 :
ouvre ta bouche et mange
En tant que prophète, Ezéchiel n’est
pas que le porte-voix de Dieu. Il doit, non seulement recevoir de lui la parole
à transmettre, mais aussi l’assimiler. Dieu lui donne ainsi l’ordre d’ouvrir la
bouche et de manger le livre qu’il lui tend. L’apôtre Jean, dont le livre est
proche de celui d’Ezéchiel, recevra de la part de Dieu le même ordre : Apocalypse 10,9. Le ministère de prophète n’est en
aucun cas un ministère froid et mécanique. C’est un ministère vivant pour
lequel messager et message ne font qu’un. « J’ai recueilli tes paroles
et je les ai dévorées, dira Jérémie : Jérémie
15,16. » Bien qu’elle vise un public précis, le premier que la Parole
de Dieu touche et émeut est son messager. La parole est tissée dans les fibres
de l’être de celui qui la délivre, ceci à tel point que Jean dira de Jésus qu’il
est la Parole : Jean 1,1. Debout Ezéchiel !
Va par la force de l’Esprit ! Sois fidèle à ton Dieu et au message qu’il
te charge de proclamer. Lui et toi, désormais, vous n’êtes qu’un !
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