V 1 à 3 :
appel d’Ezéchiel
C’est la 30ème année
de sa vie qu’Ezéchiel reçut de la part de Dieu les premières visions qui furent
à l’origine de son ministère de prophète. Ce renseignement que nous donne
Ezéchiel n’est pas anodin. 30 ans était l’âge auquel les prêtres entraient dans
le sacerdoce : Nombres 4,3. Ezéchiel
lorsqu’il reçut ses visions divines ne se trouvait pas à Jérusalem, là où était
le temple, mais avec les exilés emportés à Babylone. Il n’avait pas la
possibilité d’exercer son ministère de prêtre comme l’avait fait son père avant
lui. Pour autant, cet homme de Dieu ne serait pas sans service. Le prêtre ne
faisait pas fonction de sacrificateur seulement. Il devait aussi enseigner la
Parole de Dieu. Ezéchiel serait donc prophète.
Même si le livre n’insiste pas
sur ce point, le fait qu’Ezéchiel soit le fils du prêtre Buzi n’est pas anodin.
Dieu se plaît à préparer ses serviteurs en leur donnant de naître dans la bonne
lignée, celle qui leur donne le cadre de leur futur ministère. Rien n’est le
fruit du hasard dans l’anamnèse de notre vie. Dieu sait de quelle influence
nous avons besoin pour devenir les hommes qu’il veut que nous soyons. Aucune
circonstance n’est fortuite. Tout contribue à la réalisation du dessein de
Dieu, aussi bien pour notre propre construction que pour notre utilité au sein
du peuple de Dieu.
V 4 à 28 :
vision de la gloire de Dieu
Le ministère d’Ezéchiel débute
par une vision de réalités qui échappent à la vue humaine : les réalités
célestes. Cette révélation faite à Ezéchiel signe le caractère authentique du
ministère dont il a la charge. Le prophète de Dieu ne s’institue pas dans sa
charge lui-même. Il est un homme choisi par Dieu, à qui il lui a plu de se
révéler. Le prophète de Dieu ne parle pas de sa propre autorité. Le message
dont il est le porteur n’est pas le fruit de la spéculation ou de son
imagination débordante. Il parle de choses qu’il a vues ou entendues de Dieu,
de réalités qui ne sont pas du ressort de l’intelligence, mais de l’Esprit de
Dieu : cf 1 Corinthiens 2,9. Pour être le
héraut de Dieu, il n’est pas demandé au prophète de comprendre dans le détail
le sens des révélations qu’il reçoit. Il n’est pas un professeur de la parole
de Dieu, mais son média.
La vision qui inaugure le ministère
d’Ezéchiel se découpe en 4 parties :
1ère partie : v 4 à 14 : la vision glorieuse 4 êtres vivants
La vision se centre sur la
manifestation de 4 êtres vivants. Dans la description qu’en fait Ezéchiel, les
4 créatures, quoique séparées, possèdent les mêmes caractéristiques. Elles sont
dotées de 4 visages et de 4 ailes. L’aspect de leurs figures ne relève pas du
hasard. Elles sont, chacune d’elles, une représentation des composantes
majeures de la création animée. Le lion représente l’ordre des animaux
sauvages, le taureau, l’ordre domestique, et l’aigle la gente ailée. La figure
d’homme évoque l’humanité. Une étroite solidarité les lie l’une à l’autre par
le fait que, dans leur déplacement commun, leurs ailes ne cessent de se
toucher. Les créatures agissent donc de concert et se déplacent ensemble dans
la même direction. Leur apparition impressionne Ezéchiel par son aspect éblouissant.
Il les décrit comme des braises ardentes, incandescentes. Plus tard, le
prophète les identifiera comme des chérubins : Ezéchiel
10,15 et 20, des créatures porteuses de la gloire de Dieu : Psaumes 18,10 ; 80,1 ; 99,1. La même vision
se retrouve dans l’Apocalypse, le dernier livre de la Bible : Apocalypse 4,6 à 8.
La marche des chérubins dans leur
déplacement n’est pas le fait de leur propre volonté. Ceux-ci, dit Ezéchiel, ne
font que suivre la direction que leur indique l’Esprit. Les chérubins ne sont
pas les décideurs de leurs actions, mais les exécutants des volontés de Dieu,
par l’Esprit. Ils rappellent par leur soumission à toute la création de quelle
manière fonctionne l’ordre normal des choses.
2ème partie : v 15 à 21 : la vision des roues
Alors que les êtres vivants sont
dans la sphère céleste, les roues sont sur la terre, en connexion parfaite avec
eux. Les roues font exactement ce que les êtres vivants font. Elles exécutent
leur volonté sur terre. Si les êtres vivants, conduits par l’Esprit, vont dans
une direction, les roues les suivent. S’ils décident de s’élever dans les airs,
les roues font de même. C’est dans les roues, précise Ezéchiel, que se trouvait
l’esprit des êtres vivants. Bien que mécaniques, les roues ne sont pas inertes.
Elles sont chacune dotées de multiples yeux qui leur permettent de voir.
Symbole de la création inanimée, les roues pleines d’yeux témoignent du fait
que les actions de Dieu par la nature ne sont pas aveugles. Témoins des
exactions des hommes, les forces de la nature sont les instruments de sa
volonté et de son jugement. La Parole de Dieu l’affirme partout. La neige et la
pluie ne tombent que parce que Dieu l’ordonne : Job
37,6. Les eaux du déluge n’ont recouvert la terre qu’au moment décidé
par Dieu : Genèse 7,4. La sécheresse ne
frappe les pays que sur son ordre : Aggée 1,11.
Les essaims de criquets qui ravagent tout sur leur passage sont les armées de l’Eternel :
Joël 2,25.
3ème partie : v 22 à 25 : la voûte céleste
Au-dessus de la tête des êtres
vivants, Ezéchiel aperçoit une voûte céleste dont l’éclat est semblable à celui
du cristal. D’une pureté et d’une transparence indescriptible, la voûte que
contemple le prophète l’impressionne. Jamais il n’a vu un spectacle d’un tel
éclat. La voûte céleste reflète le monde de Dieu, un monde dont la
caractéristique la plus marquante est la sainteté absolue. Dans le monde de
Dieu, tout est à nu et à découvert. Il n’y a de place pour aucune ombre, aucun
nuage, aucune ténèbres. Le monde de Dieu est le royaume de la vérité, de la
justice, de la transparence parfaites. La vision d’Ezéchiel rejoint celle
donnée à Moïse, Aaron, Nadab, Abihu et les 70 anciens d’Israël au jour où ils
se tenaient ensemble devant Dieu sur le mont Sinaï. « Sous les pieds de
Dieu, ils virent comme une œuvre en saphir transparent, comme le ciel lui-même dans
toute sa pureté : Exode 24,10. » C’est
vers ce ciel que se tournent nos regards et notre attente.
4ème partie : v 26 à 28 : le trône
La voûte que voit Ezéchiel n’est
pas l’élément le plus élevé de sa vision. Au-dessus d’elle se trouve un trône occupé
par quelqu’un qui a un aspect humain. Le fait que la voûte se trouve sous le
trône n’est pas anecdotique. Il souligne une vérité que ne cesse de rappeler l’Ecriture.
Dieu n’est pas l’égal de ses créatures, fût-ce-t-elles dotées d’une gloire étincelante.
Dieu est le Tout Autre qui se distingue par des caractéristiques uniques. Les chérubins
peuvent être proches de lui. Ils ne sauraient supporter sa vue et son éclat :
Esaïe 6,2.
Le Très-Haut habite une demeure
éternelle et dans la sainteté. Il est et restera toujours au-dessus de tout et
de tous. Pourtant, Ezéchiel souligne le fait que ce Dieu majestueux ne nous est
pas étranger. Il possède dans sa personne quelque chose qui nous est bien
familier : une allure humaine. Jésus-Christ n’est pas encore paru dans ce
monde au moment où Ezéchiel écrit. Mais c’est lui que le prophète voit. En lui,
par lui, le Dieu inaccessible nous est devenu proche. Le Dieu élevé s’est
abaissé. Celui qui n’existait que sous la forme de Dieu a pris forme humaine…
et l’a conservé. Jean, le visionnaire, l’a lui aussi contemplé sur le trône :
Apocalypse 5,6. Il est celui qui partage avec
son Père la gloire éternelle. Il est à la fois le Rédempteur des croyants et le
Juge de tous les peuples. Rien de ce que va décrire et annoncer Ezéchiel dans
son livre ne lui est étranger. Le Dieu qui a partagé notre humanité est le Dieu
qui règne aujourd’hui et pour toujours au-dessus de tous les cieux !
La vision que reçut Ezéchiel
avait de quoi l’impressionner, voire l’effrayer. Elle est porteuse cependant d’un
message d’espérance. Le dernier élément que remarque Ezéchiel dans sa vision ne
se rapporte ni aux roues, ni aux chérubins, ni au feu. Il s’agit de l’arc-en-ciel,
le premier témoin de la grâce de Dieu pour un monde qui ne mérite que son
jugement : Genèse 9,8 à 17. L’ordre des
éléments apparus dans la vision d’Ezéchiel corrobore le récit biblique. Sa note
de fin n’est pas marquée par la tristesse, l’échec, mais par la joie que procure
la réconciliation accomplie par le Christ entre Dieu, le Créateur, et les
hommes faits à son image. Tout rentre dans l’ordre et finit bien. Lorsque tout
aura été soumis au Fils, alors le Fils lui-même se soumettra à celui qui lui a
soumis toute chose, afin que Dieu soit tout en tous : 1 Corinthiens 15,28. Ce n’est pas le jugement, mais la
grâce, qui est le cœur du message biblique.
V 28 :
réaction d’Ezéchiel
La vision que reçoit Ezéchiel est
si impressionnante qu’il ne peut rester debout. Il tombe à terre et se
prosterne, confondu par la sainteté qui s’en dégage et sa propre insignifiance.
Comme pour lui, le besoin de chaque serviteur de Dieu est d’être habité par
cette double réalité. Être serviteur de Dieu ne se décrète pas. C’est le fruit
d’un appel direct et personnel de Dieu. Ce ne sont ni les études, ni les
talents naturels qui font le serviteur de Dieu, même si celles-ci lui sont
utiles. Le préalable à tout ministère est une connaissance intime, personnelle
de Dieu… et de sa propre petitesse devant lui. La vision de Dieu précède le
message. Elle détermine la conscience que nous avons de la réalité céleste et
équipe le serviteur de Dieu pour la mission périlleuse qui va être la sienne
ici-bas. Le début d’Ezéchiel dans son ministère n’est pas unique. Il est commun
à la plupart des prophètes, une composante nécessaire de l’appel de Dieu aux
grands hommes qui ont marqué l’histoire de la révélation ou de l’Eglise. Que
Dieu nous donne la grâce de le connaître pour le servir !
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